mercredi 26 décembre 2018

Noël, la trêve amère

C'est la belle nuit de Noël
La neige étend son manteau blanc....

Emmanuel Macron rêvait de faire revenir la France dans le concert des grandes nations. Il a cru que le peuple de son pays allait le suivre pour ajouter une nouvelle page à son roman national sous l'ombre glorieuse de ses  héros, Vercingétorix, Charlemagne, Bayard, Napoléon, Ce Gaulle. Peine perdue, la France ne croit plus en rien. Il n’y a plus de « rêve français », il n’y a plus qu’un drame existentiel. La grandeur de la France ne fait plus recette. Cette nation est devenue petite, smicarde et fière de cela. Le pays ne parvient plus à résorber ses fractures, il a repris le cours de sa chute, lente mais continue, jusqu’au gouffre du surendettement.

Il a totalement enterré l’esprit jadis consensuel du « 20 heures » de Poivre D’Arvor pour se dissoudre dans le contre miroir des chaînes d’info continue. Celles-ci ont trahi le fond au profit de la forme, forcées pour exister de courir vers le moindre évènement, afin d’en faire un sujet d’actualité. On a, en fait, confondu la rubrique des chiens écrasés avec le journalisme d’investigation, jetant aux orties la réflexion, le recul et l’approche critique. Tout est aujourd’hui dans l’immédiateté, la réactivité à la seconde. On n’échange plus, on s'invective. On ne débat plus, on récite des éléments de langage.

Ils sont certes loin les temps où les télés ne faisaient pas loi mais les fake-news et les théories du ne manquaient pas pour autant. 
On appelait cela la rumeur, la fameuse rumeur qui envoyait des soi-disant sorcières au bûcher, qui lynchait les noirs au Kentucky, qui s’en prenait aux minorités juives de Lituanie, boucs-émissaires faciles de tous les malheurs du monde. Les temps ont changé mais l’irrationnalité des sociétés en perte de repères conduit toujours à des débordements. Nous sommes certes passés à l’heure du numérique, des technologies les plus sophistiquées, de l’intelligence artificielle mais le nouveau monde qui sort du chapeau connaît des trous d'air. 

Avant de partir, il faudra bien te couvrir...
Il y a les gagnants, les fameux GAFA américains ou les Ali-Baba chinois, et il y a aussi les perdants, tous ceux qui sont trop isolés pour représenter un poids quelconque face aux géants de ces nouvelles technologies. Ceux-là sont infiltrées malgré eux par ces monstres numériques que ce soit par l’intermédiaire de leurs smartphones et leurs cartes bancaires. Ils sont contrôlés et surveillés où qui’ils soient présageant l’avènement d’un monde orwellien terrifiant. 
D’un côté, une poignée de génies de l’algorithme, capables de manipuler les individus jusque dans le plus intime de leur existence et de l’autre des milliards d’humains sous influence qu’on incite sans cesse à consommer tout et n’importe quoi, que ce soit des produits, de l’info, de l’intox, en fait peu de rêves, peu d’espoir, peu d’avenir.

Il reste cependant des lanceurs d’alerte, des gens qui ne s’en laissent pas compter et veulent garder les yeux ouverts. Les Gilets Jaunes auraient pu en faire partie, mais cette armée mexicaine est trop protéiforme pour faire corps. Ces gens doivent commencer à faire le ménage chez eux. Ils ont été infiltrés par des extrémistes qui ont bien compris que cette masse contestataire spongieuse serait un bon terreau pour y semer leurs idées. D’hétérogène, le mouvement s’est ainsi doucement cristallisé autour d’une idéologie d’extrême droite, anti-IVG, anti-Europe, anti-migrant, anti-République, anti-parlementaire, anti-démocratie. Le vandalisme, l’antisémitisme et le racisme qui progressent dans leurs rangs sont devenus les corollaires visibles du mouvement, agissant comme autant de signes de ralliement à une idéologie populiste fascisante. Qu’il y ait des fascistes parmi eux, bien évidemment qu’il y en a. Mais restera-t-il des Gilets Jaunes pour oser les affronter et les exclure de leurs rangs ? Il est à craindre que non. Les gentils « mickeys » n’ont guère de voix quand les hyènes se mettent à hurler.

Noël, on fait la paix jusqu'à demain
Les Gilets Jaunes adhèrent pour la plupart à la vision politique d’un Matteo Salvini ou d’un Viktor Orban. Il n’est plus exclus que l’Europe puisse basculer du côté des nationalistes et des populistes mais si cela s’avère vrai, que va-t-il advenir de la France ? On ne va pas effacer les déficits par un revers de main et il n’échappe plus à personne que le pays est, en raison de la gabegie de ses services publics le pire élève de la classe. En conclusion, dans une Europe des Nations, la solidarité risquant de ne pas être la norme, nos voisins ne mettront pas la main à la poche pour compenser nos facilités à sortir le carnet de chèques. On devra passer au régime eau et pain sec. 
Et en cas de révolte des affamés, l’armée sera appelée en renfort pour sécuriser les ronds-points et les péages. On peut dès lors imaginer le pire : baisse des retraites de 30%, baisse d’autant des salaires, hausse de la TVA à 25%, hausse de 15% du carburant, baisse de 50% des APL, et tout le monde fermera sa gueule. Le temps sera venu pour beaucoup d’entre nous de tenter la traversée jusqu’aux « White Cliffs of Dover »

Alors, une trêve pour Noël ? La France est comme la dinde, farcie aux aides sociales, cuite aux prélèvements fiscaux, bonne à se faire désosser sur l’autel des déficits afin de finir à la poubelle des promesses perdues. Allez, ne dramatisons pas, « C’est la Vie » comme disait Florence Bates (Mrs Van Hopper) dans Rebecca (A. Hitcock, 1940). 

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