mercredi 11 septembre 2019

Vivons nous sous une dictature ?

Biarritz
Sommet du G7, certains promettaient l'enfer. Ils sont repartis la tête basse 

C’est ce qu’ont voulu dire, en filigrane, ceux qui ont animé le contre sommet du G7 qui s’est tenu à la frontière franco-espagnole, il y a quelques semaines. Il faut toutefois comprendre à travers leur dialectique bien huilée, qu’en affichant comme une vertu leur anti-capitalisme, les tenants de cette gauche radicalisée qui a troqué l’idéal productiviste au profit d’un écologisme planifié restent fondamentalement acquis à la doctrine marxiste la plus conservatrice.

Biarritz à feu et à sang, le côté pile de l'altermondialisme
De ce point de vue, tous les chefs d’état qui se sont retrouvés, fin août, à Biarritz représentent les régimes à combattre, sous prétexte qu’ils spolient les peuples, qu’ils exploitent la planète sans vergogne, détruisant allègrement  l’environnement dans leur course effrénée au profit. On entend bien le discours, même si les altermondialistes qui estiment leur lutte légitime se heurtent toutefois à ce que les membres du G7 ont en commun, c’est-à-dire la démocratie. Rappelons simplement que les chefs de gouvernement des pays les plus industrialisés le sont du fait d'élections pluralistes. 

Les altermondialistes, pour que tout le monde soit beau et soit gentil
Les anti-G7 ont eu tôt fait de critiquer la présence massive de forces de l’ordre, y voyant la preuve que le pouvoir en France est devenu autoritaire et bafoue la constitution en limitant le droit de manifester. Là encore, on comprend le discours. Sauf que l’histoire de ces derniers mois a prouvé que ce droit de manifester a été dévoyé, devenant surtout un droit de casser. On ne compte plus les centaines de millions d’Euros de destructions et de saccages de toutes sortes qui ont, notamment, émaillé les déploiements hebdomadaires des Gilets Jaunes. Accusé de s’être fait régulièrement débordé par les mouvements ultra- gauchistes et des "black bocks" unis dans une même haine de la démocratie, le Ministère de l’Intérieur a mis, cette fois, le paquet, conscient que les télés du monde entier ne manqueraient pas de relayer les éventuelles violences de la rue, sachant leurs abonnés friands de ce genre de spectacle. Certains se préparaient déjà à provoquer les forces de l’ordre espérant d'elles des réactions suffisamment violentes pour démontrer en les diffusant sur les réseaux sociaux que le gouvernement tend à instaurer un régime totalitaire.

On annonçait un sommet pour rien
Pari perdu
Or, de ce sommet des « dictatures » capitalistes est sorti un vainqueur, devinez-qui, celui-là même qu’il y a six mois encore, espéraient voir pendu haut et court ceux qui s’étaient auto-proclamés la voix de le France, à savoir le président Emmanuel Macron, le prétendu imposteur . Cette sémantique confinerait à la sémiologie si elle n’émanait de la philosophie très « art brutal » des ronds-points. Malgré des mois de mobilisation, on n’était toujours pas parvenu à lui trancher la tête mais on se vengeait en le voyant isolé face aux populistes triomphants, prêchant dans le désert, voué à échouer dans la vanité de ce nouveau monde qu’il avait imaginé, affublé d’un ego plus propre à agacer qu’à plaire. Bref, c’était l’échec annoncé, surtout espéré. A la veille du sommet, tous, politiques de gauche et de l’ultra-droite, écolos radicaux s'étaient appropriés les plateaux télé pour railler ce sommet aussi bunkerisé qu’inutile et coûteux. On y préférait à ce moment là les gentils altermondialistes et leur contre-G7, y trouvant de la sincérité, y ressentant de l’espérance, y entendant des idées nouvelles, y décelant le monde de demain. Or, à lui seul, le président français a tout chamboulé. D’un sommet convenu et stérile, il en a fait un suspense plein d’imprévus et de rebondissements, reléguant ceux qui pensaient lui faire la peau à un rôle pathétique d’opposants si frustrés qu’ils ont cru bon de justifier la violence pour faire triompher leurs idées. Marginalisés, décrédibilisés, les altermondialistes qui pensaient tenir le rôle vedette ont même fini par jeter l’éponge, renonçant à leurs grandes manifs du dernier jour.

On ne va pas refaire le monde, on n’en a pas les moyens mais reconnaissons que, dans un contexte aussi tendu que celui que Donald Trump impose à l’emporte- pièce à travers ses tweets impétueux, souvent irréfléchis, maîtriser l’Anglais donne un avantage certain. 

Un G7 sous François Hollande
Beaucoup de sourires pour peu de résultats
C’est peut-être là aussi une des clés du succès de notre président. Souvenons-nous juste de François Hollande lors des sommets du G7, un simple figurant, exprimant par des mimiques et des sourires son assentiment à des discussions dont il ne comprenait rien si un traducteur n’était pas à ses côtés. Là, on peut le dire, on est passé dans un nouveau monde et même si l’opposition a vite fait de chercher la petite bête, qu’elle reste bien là où elle est, car il y a fort à parier qu’avec ses représentants aux commandes, la France ne tarderait pas à retrouver son rôle d’accessoire. De toute les manières, des Républicains aux Insoumis en passant par le RN, tous ont annoncé le couleur, le G7 deviendra bientôt le G6 une fois que notre pays s’en sera retiré. La preuve par 9 que si le malheur les voyait parvenir aux responsabilités, ce ne serait plus le G7 qui ne servirait à rien mais bel et bien la France.

Les anti-G7 auront failli dans leur volonté de proposer une autre vision du monde. Est-ce regrettable? Cette auberge espagnole qui dissimule sous un écologisme de façade une idéologie fortement imprégnée de marxisme laisse dubitative une immense majorité de nos concitoyens. Qu’on le veuille ou non, la France est capitaliste dans l’âme, dans ses structures, dans sa constitution. Le capitalisme que d’aucuns s’obstinent à confondre avec les multinationales et le CAC 40 baigne en fait toute la société française grâce à cette liberté accordée à chacun de créer sa propre entreprise. Ce n’est un secret pour personne qu’un Jean-Luc Mélenchon est opposé à cette liberté, qu’il juge contradictoire avec l’esprit de la lutte des classes hérité de la révolution industrielle du 19ème siècle. 
Constatant l’échec de leur contre-sommet, les altermondialistes, tout au moins une bonne partie d’entre eux, ont estimé que dans un cadre démocratique normal, c’est-à-dire en passant par les élections, ils resteraient toujours fortement minoritaires. C’est pourquoi, c’est à leur yeux l’usage seul de la violence qui permettra d’imposer leur vision du monde. 

D'un côté les gentils, de l'autre les méchants et vice-versa
On n’est pas loin de l’esprit de la révolution d’octobre 1917 en Russie, où après la chute du tsar, le gouvernement inspiré des démocraties d’Europe occidentale qui avait suivi s’était vu liquidé par une minorité armée et fortement structurée :  les Bolcheviks . C’est par la violence qu’ils s’étaient emparés du pouvoir, éliminant physiquement les uns après les autres tous les tenants d’une transition démocratique. Oui, la violence paye. Les faits l’ont souvent prouvé. Les Gilets Jaunes en sont, par ailleurs, une des dernières illustrations. Ils ne se sont pas gênés pour crier haut et fort que c’est par la violence de leurs manifestations qu’ils ont obtenu les milliards d'Euros de la part du Président de la République, espérant d’encore plus de violences davantage de concessions, jusqu’à, peut-être, la prise de l’Elysée. 

Un héritage de Mai 68 toujours vivace plus de
50 ans après
Vues de cet angle, les forces de l’ordre sont assimilées à une véritable garde prétorienne ; non plus comme les garantes des lois de la République mais plutôt comme une bande de mercenaires profitant des moyens mis à sa disposition pour mutiler ou tuer si nécessaire tous ceux qui oseraient se lever contre ce pouvoir usurpé auquel elle a fait allégeance. La police que, comme chacun sait, « tout le monde déteste » est, depuis ces dernières années, la cible privilégiée des mouvements dits révolutionnaires (d’inpiration trotskiste, léniniste, voire staliniste) dans la mesure où elle symbolise la force, c’est-à-dire la contrainte, la coercition ou la répression, des missions qu’ils jugent contraires à l’esprit libertaire qu’ils prétendent incarner. L’ordre est, pour eux, ce mot honnis évoquant les tristes mouvances d’extrême droite, avec en mémoire le groupuscule Ordre Nouveau. Quand on dit ordre, on voit encore les troupes nazies défiler au pas de l’oie sur les Champs-Elysées, on voit tomber les otages fusillés par les SS ; l’ordre : une notion par ailleurs si chère au Rassemblement National qu’elle est devenue corollaire de fascisme ou de dictature pour la gauche radicale. On adore mélanger les genres tant que c’est pour la bonne cause, c’est-à-dire la sienne. D'où cette façon de considérer le maintien de l’ordre comme l’expression du fascisme, là encore le mot qui fait peur tant il reste associé à la Seconde Guerre Mondiale et à son cortège d’horreurs.

C’est à présent la rentrée, et de retour de vacances, les Gilets Jaunes relancent la machine de guerre. A peine deux à trois mille indécrottables toujours prêts à faire tout péter, au nom d’on ne sait plus trop quoi. « Ils ne nous écoutent pas » disent-ils, mais en fait, qui n’écoute pas qui ? Un peu de patience, dans six mois vont avoir lieu les élections municipales. Une occasion pour ceux qu’on n’écoute pas de se faire entendre, si tant est qu’ils aient quelque chose à dire en dehors de « Macron démission ! ».

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