jeudi 17 mai 2018

Mais où sont passées les violences policières?


Sivens morne vallon, une ZAD pour rien

La mort accidentelle de Rémy Fraisse à Sivens lors d’une confrontation dans les espaces perdus du Tarn entre militants écolo-altermondialistes et gendarmes mobiles, qualifiée opportunément d’"assassinat" par les idéologues de la gauche radicale cristallise depuis cette époque toutes les stratégies des responsables du maintien de l’ordre. 

La consigne : surtout pas de blessés, surtout aucun mort tant les réseaux sociaux, si prompts à dégainer leur venin, y trouveraient un relais pour dénoncer la férocité du gouvernement et justifier ses propres exactions. Conscient des condamnations sans appel dont il serait inévitablement l’objet en cas de débordement, le Ministère de l’Intérieur s’efforce de modérer jusqu’à l’indigence les interventions des gendarmes et autres CRS, de prendre garde à temporiser toute violence intempestive, limitant à la portion congrue les jets de grenades, jouant surtout sur la pression du nombre et la persuasion. Il est évident que cette façon d’agir peu anodine a de quoi déboussoler tous ceux qui espéreraient une confrontation musclée voire sanglante. Pas de chance, du sang, il n’y en a pas ou très peu. 

Un ordre : éviter tout affrontement, éviter les violences
C’est là le problème. On a bien entendu dans les médias des témoins raconter avec force détails des choses absolument horribles, des militants grièvement blessés, piétinés, des jeunes pacifistes matraqués sans ménagement et laissés demi morts sur le trottoir, des hordes de CRS en uniformes de guerre avançant masqués au milieu d’étudiants sans défense telle une phalange spartiate, écrasant tout sur son passage. Sauf que tout cela s’est avéré faux, les témoins se sont rétractés, ils avaient tout inventé. Les flics n’ont pas frappé, le sang n’a pas coulé. 

C’est le monde à l’envers. Sans s’attarder sur les évacuations de facultés bloquées par une poignée d’activistes naïfs, moins préoccupés par leur réussite aux examens que par l’urgence de prendre le pouvoir, aiguillonnés par des représentants de la France Insoumise, prompts à surenchérir sur la "violence inouïe" dont ont fait preuve des forces surarmées pour déloger au petit jour quelques gentils bloqueurs, reconnaissons tout de même, à moins de faire preuve d’une absolue mauvaise foi, que l’opération de Notre Dame des Landes a été rondement menée. 

La seule décision raisonnable après des décennies d'atermoiements. Le gouvernement a tenu son engagement,n'en déplaise à ceux qui espéraient des larmes et du sang
N’en déplaise à la grande masse des détracteurs, alors qu’on annonçait la reculade d’un gouvernement taxé de mollesse, que se profilait la victoire des zadistes et la reconnaissance définitive de l’état de non droit, tout s’est passé autrement et pire, en douceur. Il y a bien eu quelques échauffourées, on s’est même plu à rire de la démesure du dispositif policier face à une pauvre poignée de vétérans de l’agriculture alternative. 
Des projets d'agriculture alternative validés, d'autres en cours de validation, un label national "Origine Notre Dame des Landes" serait le bienvenu pour soutenir les courageux qui sont allés au bout de leur rêve pour éviter que ce lieu ne disparaisse à jamais sous le béton

On attendait une guerre ouverte, des blessés, des morts, et bien rien. Même si tout n’est pas réglé, le pire a été évité, au grand dam de certains.
La semaine dernière, les salles où devaient se dérouler des examens ont été bloquées par des étudiants manifestement sans soucis financiers qui, surs d’échouer à leurs partiels, ont trouvé que ce moyen leur permettrait d’échapper à la sanction, soutenus par une poignée de cheminots et de postiers désœuvrés venus là pour narguer, eux qui ont la garantie de l’emploi, des jeunes désemparés, inquiets à juste titre pour leur propre avenir. 
Tolbiac, de drôle d'étudiants sortis tout droit d'un épisode de "Hunger Games"
Que font donc les cheminots devant les salles d’examen? On sait qu’ils n’ont guère de sympathie pour les étudiants, selon eux des privilégiés issus de la bourgeoisie mais en venir à se mobiliser pour les empêcher de réussir! On s'éloigne de la défense du service public! Pour ceux qui avaient encore des doutes sur le contenu idéologique de leur mouvement, la preuve par 9 est faite. 

Le député Eric Coquerel ne s’y est pas trompé, venu en renfort pour empêcher les étudiants d’étudier, lui, un élu de la République, un représentant de la nation. Il y a certainement eu tromperie car on ne doit pas parler de la même république. A l’instar de son gourou marseillais qui s'émeut à présent de la disparition de l’Allemagne de l’Est, n'afficherait-il pas une certaine nostalgie pour les régimes populaires et démocratiques satellites de feue l’Union Soviétique. Il a tenté de faire le buzz en s’estimant victime de violences policières délibérées, prétendant même avoir été volontairement gazé, eh ! oui, gazé, comme au temps des nazis. Cela a fait pschitt!! 

La convergence des "dupes", quand les futurs sans emploi soutiennent les emplois à vie
Les Services Publics, une épine dans le pied des Français, à réformer avant que la gangrène ne gagne
Reconnaissons-le, Eric Coquerel maîtrise parfaitement l’art de la provocation, qui oserait le lui reprocher, mais il fait en même temps preuve d'une flagrante malhonnêteté intellectuelle. Car au grand désespoir de ce trublion et de ses adeptes, on ne déplore qu’un blessé, pas de chance. Souvenons-nous de Mai 68, des barricades, des ruées sanglantes des CRS, des rues totalement dépavées, des arbres arrachés, de l’état d’insurrection. 
Force est de constater que Mai 2018, ça ne marche pas. Les temps ont changé, terriblement changé, fini l'époque où l'on saluait la victoire d'Israël au cours de la Guerre des 6 Jours. Le Che n'est désormais qu'une illisible sérigraphie sur un T-shirt, tandis que Lénine, Staline, Mao ou encore Castro ont tous transformé l'enchantement des premiers jours en vrais cauchemars.

mercredi 16 mai 2018

Les urnes moins légitimes que la rue ?

Le temps de l'insouciance.
Il y a un an, un siècle, une éternité
Qu’il est déjà loin le temps de François Hollande, si loin même qu’on en parlerait presque avec un brin de nostalgie comme du bon vieux temps.
Voilà qu’on se met à regretter l’inversion annoncée de la courbe du chômage qui n’a jamais eu lieu, les lamentables opérations de restauration de l’ordre républicain comme à Notre Dame des Landes, Sivens avec « l’assassinat » d’un militant pacifiste ou l’Hôpital Necker et ses scènes dignes d’une nuit de cristal. Voilà aussi qu’on regrette le tirage au sort à l’entrée de l’Université préférant le hasard du chapeau à l’injustice de l’orientation selon les compétences. 
Voilà qu’on regrette déjà Léonarda, la rue du Cirque, le « ça va mieux », enfin tout ce qui nous a exaspéré lors du précédent quinquennat. On a affirmé que François Hollande avait signé sa perte en n’ayant pas fait ce qu’il avait promis lors de sa campagne, mais voilà qu’on reproche à présent à son successeur de suivre à la lettre ce qu’il a énoncé dans son programme. 
Etrange paradoxe qui fait de la France un pays vraiment à part et pas nécessairement dans le bon sens. Emmanuel Macron l’avait reconnu, les Français détestent les réformes, avait-il déclaré, parlant plutôt de transformer ce fichu pays. Le voilà qui mesure désormais jour après jour la difficulté de changer ce petit monde de ronchonneurs habitué à perdre, véritable parangon de la "loose" selon Yannick Noah, obnubilé par la sauvegarde du matelas illusoire de ses acquis d’un temps révolu, à l’abri derrière les murs de l’Etat providence. 
Face à un monde en pleine ébullition, où les menaces et les dangers grignotent chaque jour un peu plus nos confortables routines et nos petits avantages au risque de faire couler le rafiot sur lequel nous sommes embarqués, le président de la France n’a eu d’autre choix que de relever un colossal défi, allant si besoin à la confrontation là où ses prédécesseurs avaient choisi le compromis du carnet de chèque et la stratégie mortifère de l’autruche. 
Mais cela ne suffit pas dans la mesure où il reste aux yeux de certains marqué par le sceau de la trahison. 
Illégitime, il l’est donc, car sans parcours politique préalable, sans parti, sans passé d’appareil, il constitue une hérésie pour tous ceux qui ont peiné des années durant à se faire une place dans la hiérarchie. Pire, il a fréquenté le monde de l’argent, et cerise sur le gâteau, a travaillé pour la banque Rotschild, un nom qui donne toujours des « haut le cœur » à une frange de cette bonne vieille nation française, jadis dreyfusarde, aujourd’hui antisioniste, mais surtout pas antisémite, enfin, pas officiellement. Dans ce registre, l’élection d’Emmanuel Macron est donc, comme on l’entend quotidiennement, une imposture, une usurpation. Sa mise à la porte, son renversement sont de toute évidence la mission incombant à un peuple floué, abusé, trompé, spolié dans le but de restaurer l’ordre naturel de la république. 
Pour ses opposants les plus virulents, l’imposture dont il s’est rendu coupable en s’emparant du pouvoir avec, comme ils se plaisent à le rappeler, seulement 25% des voix et surtout 12% des inscrits, soit une part négligeable du corps électoral, rend d’autant plus impérative, voire sans délai sa déchéance. Pendre son effigie au bout d’une corde avant d’y mettre le feu, suggérer de l’assassiner, de le faire sauter, de le guillotiner, ou tout bonnement de lui faire sa fête, tels sont les arguments utilisés sans retenue et sans réserve à l’encontre de celui que l’on considère comme un voleur d’élection, un président par effraction qui ne mérite qu’un châtiment à la mesure du crime de lèse-république qu’il a commis.

Sidérée par le verdict des urnes, s’étant sentie humiliée par l’arrivée au pouvoir d’un novice en politique, cette bulle insignifiante qui faisait sourire en son temps Roselyne Bachelot tant, selon elle, le vide qu’elle incarnait se traduirait à la fin par un pitoyable pschitt, la classe politique traditionnelle n’a dès lors eu de cesse d’obtenir une revanche sanglante. Dans le registre de l’opposition à tout crin, la France Insoumise a décroché le pompon. Prétendument frustrée d’avoir été privée d’une victoire à la Présidentielle pour quelques 600 000 voix, un petit rien, elle veut désormais croire que son échec dans les urnes peut se transformer en victoire dans la rue.

L'alliance bolivarienne, le gouffre promis en cas de victoire de LFI
No comment
En fait, quoiqu’elle en dise, la France Insoumise se sent tellement bien dans l’opposition qu’elle savoure sans retenue la liberté qui lui est offerte de porter la charge contre ceux qui ont osé la priver du pouvoir qui lui revenait de droit. Profitant de ses talents de tribun, à l’instar de ses modèles revendiqués allant de Robespierre à Castro en passant par Lénine, tous inspirateurs de sa gestuelle et de sa manière à la fois autoritaire et magnanime de séduire un auditoire, Monsieur Mélenchon tire à tout va, mélangeant avec le même brio contre-vérités, éléments de langage populiste ou anticapitaliste, associant l’invective et les fake news pour ne pas dire les mensonges. Il excuse les extrémismes idéologiques voire religieux face à la soi-disant violence du gouvernement tout en justifiant la violence d’état quand il s’agit de celle de chefs d’état amis, au passage davantage des régimes autoritaires que des démocraties, en lutte contre les représentants de ce qu’il désigne comme l’Empire ( le terme qu’il a choisi en évoquant les Etats-Unis) et de ses sbires, au rang desquels la France de l’indigne Macron, l’homme à abattre. 
Dès lors, tout est bon pour s’attaquer à sa politique. Les opportunités que lui offrent les divers conflits du moment et les cinquante ans de mai 68 sont autant de ballons d’oxygène pour les Insoumis. Ils se mettent même à y croire. Après une première insurrection avortée en septembre dernier, la mayonnaise de la révolution est en train de prendre, la déferlante humaine est programmée pour le 26 mai. 
A ce rythme, l’Elysée, ce sera pour juin. Et alors la France baignera dans le bonheur, fut-ce malgré elle. Ce sera la fête à tous les étages. Macron sera arrêté et traduit devant un tribunal d’exception pour haute trahison. 
Citoyens, le ci-devant Macron s'est rendu coupable de haute trahison.
Votre verdict : "La Mort!", "La Mort", "La Mort", "La Mort", "La Mort par pendaison, comme un illettré qui n'est rien!"
 En route pour la 6ème République avec l’élection d’une Assemblée Constituante dont la France Insoumise obtiendra la majorité absolue, très absolue, l’opposition ayant été mise sous tutelle. Et après ? après, les usines aux ouvriers, les entreprises aux salariés, les syndicats devenus les commissariats du peuple, les patrons à la lanterne, les biens confisqués au nom de l’Etat, les milices populaires et religieuses, une rupture fracassante avec l’Europe, les règlements de compte, l’armée, les manifestations réprimées, les charges féroces des commandos russes appelés en renfort, des morts, encore des morts, la pénurie, plus d’Euros, plus rien. les Européens qui vivaient en France ont fait leurs bagages, alors partir, vite partir, impossible, les contrôles à la frontière, les Belges, les Allemands, maintenant les Italiens, on ne passe plus, l’arrestation, le camp …… un peu plus tard à la radio, le chef de l’Etat annonce en direct de Caracas qu’il instaure un état d’exception, la Terreur en souvenir de nos grands héros St Just et Fouquier-Tinville. Il se montrera, dit-il, impitoyable envers les ennemis de la Révolution, ce sera la mort, une détonation, et puis le noir………Non, il est temps de mettre fin à tout ça, ce cauchemar doit s’arrêter. Je me réveille traumatisé par ces dernières images. Il est 4 heures du matin, j’allume la télé, angoissé. On annonce qu’Air Macron One va bientôt se poser à Sydney. Ouf, j’ai cru un moment, mais non, l’enfer attendra.

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