Quel étrange pays que la France. On n’y aime pas grand’chose hormis peut-être ses grands plats régionaux, sa bouillabaisse, son cassoulet, sa
garbure, ses pieds-paquets, son aligot, ses tielles, son kouign-amman ou sa bonne
choucroute alsacienne. Autant de mets gourmands qui ravissent les papilles.
Mais en cette période où tout devrait être à la fête, c’est plutôt la soupe à
la grimace.
Pour faire une bonne bouillabaisse, il faut se lever de bon mâtin.... |
la France, pays aux mille merveilles Chenonceau, un joyau que le monde nous envie |
Cette France, en effet, si généreuse, si dépensière en
matière d’aides, d’allocations et de subventions à gogo n’a plus rien à offrir
de plus, tant elle est désormais à la rue. La générosité a un coût qu’elle ne
peut plus assumer. C’est à présent qu’il va falloir se retrousser les manches
et imaginer l’avenir.
L’Etat, habitué à tergiverser, à calmer le jeu, à prôner la
paix sociale a toujours esquivé, préférant la formule « Dormez tranquilles
braves gens » à la sirène des pompiers hurlant qu’il y a le feu dans la
maison. Sauf qu’après avoir attendu et attendu, la maison est consumée.
Les gouvernements successifs ont rivalisé de deshonnêteté,
pensant que tant que le somnifère agirait, on aurait le temps de repousser la
purge à plus tard. Seul François Fillon,
alors premier ministre avait osé une confidence, déclarant qu’il était à la
tête d’un pays en faillite. C’était en 2007. Nicolas Sarkozy, tout juste élu
président, l’avait vertement rabroué, au nom de la sacro-sainte omerta sur l’état
réel de la France. Surtout ne pas dire aux Français qu’on est en cessation de
paiement, ça risquerait de provoquer un tsunami.
On a donc persévéré dans le déni. Dans le genre François
Hollande n’a pas été mauvais non plus. Il a bien tenté de renflouer les caisses mais en se lançant dans un matraquage fiscal sans précédent, censé faire payer ses ennemis de la finance tout en ponctionnant d’abord les classes laborieuses, i.e. les gens qui
travaillent. L’affaire n’a pas duré longtemps tant sa côte de popularité s’est
effondrée. En annonçant un jour de printemps que ça allait mieux, il a refilé
la patate au suivant.
Et les Français ont choisi Emmanuel Macron, persuadés
qu’avec quelques années seulement de plus que le Christ, cet homme providentiel
allait guérir les écrouelles. La déception a été d’autant plus grande que le
jeune président n’a pas accompli les miracles espérés, même Jupiter peut avoir
du mal à escompter les traites, faute de garanties. Il fallait bien se douter qu’après 40
ans d’un coma profond, le réveil serait explosif. Dans un
premier temps, le nouveau président y est allé avec des pincettes, promettant après une année de
croissance inespérée, ramener le déficit de la France à moins de 3%, de quoi
passer enfin pour un pays responsable vis-à-vis de ses partenaires. La croissance
n’ayant pas suivi, maintenir les déficits en deçà des 3% n’allait pas se faire
sans un nouvel effort demandé aux Français.
Alors on a commencé à taxer d’une manière raisonnable,
puis à taxer à nouveau, rognant sur les allocations aux classes modestes,
accroissant les contributions des aînés, un peu par ci, un peu par-là , une
ponction solidaire assortie, avec une maladresse grossière, d’un allègement
fiscal sans précédent pour les moins nécessiteux. Mais quelle ignorance de l’histoire des mouvements sociaux et de leur cause ? On aurait voulu
recréer les conditions qui ont conduit au soulèvement de 1789 qu’on ne s’en
serait pas pris autrement. Espérons que les technocrates qui gravitent autour
du président ne toucheront pas leur prime de Noël. Pour un pays qui bat tous
les records mondiaux en matière de prélèvements sociaux et de fiscalité, il y a
eu ce qu’on a appelé la goutte de carburant qui a fait déborder le réservoir. Malgré toutes ses qualités, Emmanuel Macron, est
retombé sèchement sur terre après que son parachute soit soudain parti en
vrille. L’atterrissage a été d’une rudesse douloureuse.
Les Français sont connus
pour être des grincheux et des renacleurs mais ils peuvent encore accepter de
se faire plumer si on y met la forme. Or, la forme n’a été que de
l’indifférence. Je me souviens avoir entendu Elisabeth Borne un matin d'octobre chez Jean-Jacques
Bourdin, évoquer la hausse
régulière des taxes sur le carburant comme une trajectoire fixée tout au long du
quinquennat. Pour moi qui fait en moyenne 8000 km par mois pour les besoins de
mon métier et surtout pour qui ces kilomètres sont une charge, je me suis « pensé » que cette affaire
pourrait mal se terminer. 3 semaines plus tard, avait lieu l’Acte I des
« Gilets Jaunes ».
Il y a toujours un prix à payer pour conserver la liberté Encore faut-il ne pas se tromper de route |
On ne peut nier que nous sommes gouvernés par des
gens compétents, surdiplômés,
mais il parait bien curieux, pour une personne censée, que nos ministres n’aient pas su anticiper la grogne que susciterait une nouvelle hausse des taxes alors qu'au même moment, le prix du pétrole était au plus haut. Le ras-le-bol fiscal, rien à faire, nos énarques n'arrivent toujours pas à comprendre ce que ça peut vouloir dire. A croire qu'ils payent leurs impôts à Jersey ou au Lichtenstein. Les Français, tous des veaux ! disait De Gaulle. C'est ce que se sont dits nos chers bureaucrates parisiens, si
addicts à leur calculette qu’ils en perdu l’ouïe, l’odorat et le toucher. Qu’ils
n’aiment pas la respiration du peuple correspond certes à une forme d’idéal
aseptisé mais alors, que font-ils là ? Qu’ils rendent leur passeport
diplomatique et se cassent à Pitcairn ou en Nouvelle Zemble ! C’est
malheureux à dire mais tous les effets d’annonce concernant la baisse de la
Taxe d’Habitation et des cotisations salariales ont fait complètement
Pschitt !!! Que diable, cher gouvernement, rien de tel que de faire
croire à vos sujets que vous reprenez des deux mains ce que vous avez
parcimonieusement accordé de l’une. De quoi se mettre à dos même les plus
inconditionnels de vos militants.
Après une telle bévue, que dire à tous ces gens qui
squattent les ronds-points, estimant représenter le pays légitime alors que le
Président passe à leurs yeux pour le rejeton d’une élite financière
internationaliste, arrivé là suite à une erreur de casting. Peut-être serait-il
temps d’en finir avec les formules du style « jusque-là tout va
bien ». Parce qu'au final, c’est le crash garanti.
Alors voilà ce que je vous suggère, cher Président, au
moment d’annoncer vos vœux. D’abord en finir avec la langue de bois qui, vu
l’électricité ambiante, n’a plus aucune prise. Le parler vrai mais surtout le
poids des mots :
« Mes chers compatriotes, vous m’avez élu il y a dix huit
mois pour redonner à notre pays la place qu’il mérite au sein des grandes
nations de ce monde. Je vous en sais gré et j’ai mis toute mon énergie à
redonner à la France le poids qu’elle a avait perdu depuis trop longtemps au
cœur des décisions qui engagent l’avenir de notre planète. Vous savez que notre
monde connaît actuellement des soubresauts qui menacent sa stabilité et son avenir. Je me suis donné sans compter pour faire valoir une parole
d’équilibre au sein d’intérêts nationaux divergents qui, si l’on y prend garde, peuvent s'avérer irréconciliables.
Cette énergie à faire valoir la parole de la France , je me
suis rendu compte que mon propre pays avait du mal à la suivre. L’enthousiasme
ne suffit pas. J’en fais ici acte de contrition. Mais peut-être aussi qu’à
l’aube de cette nouvelle année, il est temps de parler vrai. J’ai engagé un
vaste débat national qui va se prolonger jusqu’en mars. Il permettra de dresser
un tableau de l’état de notre pays, qui je l’espère sera le plus impartial et
le plus juste possible.
J’espère surtout que cet état des lieux permettra de
nous faire prendre conscience que notre pays a surtout besoin de nos efforts à
tous. Je comprends parfaitement les difficultés qui exaspèrent un bon nombre
d’entre nous tant ils ont le sentiment que leurs efforts ne servent à rien.
Mais je ne vous ai pas menti, même si j’en entends certains monter au créneau
pour dire le contraire. J’ai hérité, je le sais d’un pays fracturé, malade et
la promesse que je vous ai faite était justement de le réparer. Le réparer,
cela ne se fait pas sans mal. J’ai bien conscience qu’il faudra du temps pour
panser les plaies de tant d’années d’atermoiements et de louvoiements. Mon
projet pour la France s’est inscrit dans la durée parce que je ne dispose,
malheureusement pas de la baguette magique qui vous promettra que demain ira
mieux. Cela dépend de nous tous. Mais je vous le dis solennellement aujourd’hui,
si dans les trois mois qui viennent, la vague de contestation qui secoue notre
pays continue de mettre à mal notre économie et nous fait perdre ce qui nous
reste de crédibilité auprès de nos partenaires de l’Union Européenne, je
remettrai mon mandat en jeu.
J’ai inscrit dans mon programme la réforme de l’assurance chômage et la réforme des retraites. Je les estime nécessaires, indispensables. L'avenir même de notre pays en dépend. Cependant, je ne supporterai pas qu'elles soient adoptées par une assemblée qui ne représenterait plus
la majorité du peuple. Je convoquerai donc de nouvelles élections présidentielles et laisserai en
cas de défaite à celui ou celle qui me succédera le soin d’assurer le futur du
pays, rappelant simplement que je n’aurai jamais vécu que pour sa grandeur et
son rayonnement. Vive la République, Vive la France "
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