mercredi 28 novembre 2018

Les démagos montent au créneau

Et si l'Elysée et Matignon étaient bientôt à eux,

Depuis 18 mois, les bonnes vieilles oppositions (au sens propre comme au figuré), de gauche comme de droite, peinaient à se faire entendre, groggy depuis qu’une masse indifférenciée de jouvenceaux issue de la République En Marche leur avait scandaleusement piqué leurs fauteuils de notables à l’Assemblée. Mais la vengeance étant un plat qui se mange froid, les usurpateurs du pouvoir ne perdraient rien pour attendre.

Pour quoi? Pour qui?
Et voilà qu’une jacquerie sourd dans les territoires lointains, arborant un gilet jaune et des slogans tous azimuts dont la suppression des taxes sur le carburant. Enfin, l’occasion rêvée de se refaire une santé. Pour les Wauquiez, Dupont-Aignan, Le Pen et autres Ruffin (Mélenchon étant symboliquement mort le 16 octobre avec les hirondelles), il y a enfin du grain à moudre. Ces gens qui n’ont jamais eu que de  la condescendance pour les ploucs, les provinciaux bas du front, les « hillbillies » attachés à leur l’arbre, trop bouseux pour intégrer la société urbanisée, connectée et intello-bobo dont eux-mêmes sont les plus dignes représentants, les voilà qui s’empressent de récupérer à leur profit la protestation.  Monsieur Wauquiez se pare d'un gilet jaune pour faire peuple, lui, le rejeton le plus significatif de l’élite énarchique ; Monsieur Dupont-Aignan récupère le mouvement en jouant au prince qui jette des pièces d’argent aux manants par la fenêtre de son carrosse ; Madame Marine Le Pen compte les points en buvant du petit lait comme si on avait oublié un fameux débat au cours duquel elle a fait preuve d’une incompétence crasse en matière de projet politique ; Madame Marion Maréchal, qui elle, s’est mêlée sur les Champs Elysées à ses amis de l’ultra-droite, n’a pas assez de mots pour vilipender la catastrophe démocratique, posant les jalons de son projet d’installer un régime autoritaire pour lequel elle peut imaginer que les Français seront bientôt murs. Reste Monsieur Ruffin, expert en misérabilisme, citant l’éternel exemple de l’assistante maternelle qui travaille 60 heures par semaine pour 800 Euros mensuels ou de la retraitée qui gagne 500 Euros par mois alors que le minimum vieillesse s’élève à 803 Euros, fake news ! Nous voyons bien que tous ces "people" ne sont que des opportunistes, surfant sur les mécontentements pour en tirer les ficelles à leur bénéfice. Reste François Hollande, le champion de la reculade, le roi de l’atermoiement. Il joue les innocents omettant de rappeler que la mise en place de la Taxe Carbone, c’est lui. Mais en fin refileur de patate chaude, il s’est arrangé pour que ce soit sous son successeur qu'elle soit appliquée. Malinx, le lynx!

Les inventeurs de la Taxe Carbone
En 2009, ça paraissait loin. Sauf qu'on y est arrivé

Maintenant, Mesdames et Messieurs les Gilets Jaunes, prenez garde à ne pas vous laisser embarquer dans des projets radicaux visant à ébranler les fondements de la République. Il y en a qui ont bien compris qu’ils pourront aisément vous manipuler du fait de votre manque d’expérience politique. Votre louable sincérité et votre ignorance des arcanes du monde politique vous rendent perméables aux slogans bien rodés des agitateurs professionnels, complotistes, activistes de la fachosphère ou issus de l’ultra-gauche staliniste. On constate déjà que le mouvement s’éloigne de ses revendications d’origine pour chercher à renverser le régime, réclamant l’ « impeachment » du président et la dissolution de l’Assemblée Nationale. 

De là, la mise en place de nouvelles élections et la victoire promise au Rassemblement National ou aux Républicains. Mais pour quelle politique ? Une chasse musclée aux migrants (tiens, c’est bizarre, on n’en parle plus de ces indésirables) ; la suppression des taxes sur le carburant qui sera remplacée par une hausse de 2% de la TVA, plus juste en effet (une promesse du programme Fillon) ; le retour aux 90 km/ h sur les départementales (un coup de pouce à la mortalité routière) ; l’abandon de la hausse du tabac ; le maintien de la centrale de Fessenheim et des centrales à charbon, la réduction du programme éolien (celui-ci défigurant le paysage) ; le retour de l’ISF (oui si c’est le RN, non si ce sont les Républicains) pour faire plaisir à ceux qui ne payent pas d’impôt mais qui aiment bien que les autres en payent; le retour des emplois aidés (pas sur du tout) ; la suppression des allocations familiales pour les immigrés (même s’ils cotisent), la suppression de l’AME ; la suppression de 100 000 fonctionnaires à l’année (programme Fillon), comme ça, à l'arrache : 'toi là-bas, dehors! toi aussi, dehors! Fired! Fired! Fired!', quel plaisir, tous ces gens virés ; le dépassement obligatoire des 3% de déficit annuel (RN) et pour corollaire la remise en cause de la contribution de la France à l’Union Européenne ; des mesures urgentes pour la hausse du pouvoir d’achat, soit la suppression de l’augmentation de la CSG, le retour de la Taxe d’Habitation, la réindexation des retraites sur le coût de la vie, et pour le Noël des enfants, un chèque sans provision ; pour l écologie, "quoi ! l’écologie, elle nous emmerde l’écologie, c’est un truc de riches pour faire payer les pauvres", donc rien. 

Au final, peu de choses, pas de baisse des charges, pas de baisses des impôts, pas de relance économique, des chômeurs en moins mais pour des emplois pris en charge par l’Etat et payés par des caisses vides, la France de Hollande puissance 10. Et pour conclure, un creusement de la dette et une nouvelle patate chaude adressée de la génération d’après. A quoi cela sert-il de parler vrai lorsqu’on accorde plus de crédit au mensonge.

Macron a hérité d’un pays qui s’est fourvoyé depuis des décennies dans une impasse, se voilant le visage dans l’espoir d’improbables lendemains qui chantent. On navigue à présent dans un populisme assumé, marchant tout droit vers l'instauration d'un régime fort, contre lequel toute opposition sera qualifiée de séditieuse. Cela a fonctionné un temps au siècle dernier, mais l'illusion n'a tenu qu'un moment. Souhaite-t-on refaire le film des années brunes? Il est, en revanche, étrange que le monde désenclavé d’aujourd’hui et la mondialisation sauvage que nous dénonçons tous ne nous interpellent pas davantage, dès lors qu'il s'agit de remplir les caddies de produits à bas prix, venus de pays où règnent l’exploitation des enfants et la misère sociale. Mais la plupart de nos concitoyens ne sait même pas ce que c’est que payer des impôts. Vous voulez du pouvoir d’achat, prenez-vous en Sarkozy et Hollande, c’est au cours de leur quinquennat que celui-ci a baissé de façon drastique.

Gilets Jaunes, acte V
"Marion Maréchal, nous voilà !"
Les démagos ont le vent en poupe, très bien, qu’ils viennent au pouvoir puisque c’est ce que les Français réclament. Mais lorsque le pays sera vraiment au fond du trou, que ces gens qui savent si bien geindre sans sortir les mains de leur poche, ne viennent pas dire « quand la bise sera venu » qu’ils ne savaient pas.

mardi 27 novembre 2018

Gilets Jaunes, de l'état de grâce à la disgrâce?

Elle est passée où la taxe sur le carburant


Ce qui devait arriver arriva. Monter à Paris était un pari à haut risque. Conscient des débordements qu’engendrerait inévitablement la mobilisation désordonnée des Gilets Jaunes, le Ministère de l’Intérieur leur avait proposé de se regrouper sur le Champ de Mars, un vaste espace sécurisé où tout aurait pu se passer dans une atmosphère de kermesse. Craignant d’être parqués comme des animaux, les Gilets Jaunes ont décliné l’offre, désirant s’en prendre aux édifices institutionnels et principalement l’Elysée pour en déloger le Président. Comme on a pu le lire sur des pancartes, le but étant de le conduire au pilori. Au cri de Macron démission ou Macron Casse-toi et Macron en prison, les plus radicaux ont investi les Champs Elysées malgré les vives recommandations de la Préfecture de Police. Comme prévu, ils ont été noyautés par les groupuscules extrêmistes, experts en guerilla urbaine et destructions en tout genre. Tout s’est achevé dans le chaos qu’espéraient visiblement certains ténors politiques, prompts à récupérer le mouvement sans se salir les mains, pour asséner leurs coups sur le dos du gouvernement et souffler un peu plus sur les braises d’un pays qui se consume depuis 30 ans.

En conclusion, ceux qui, ce dernier samedi, sont restés en Province, toujours très nombreux comme les 3000 manifestants qui ont défilé pacifiquement dans la seule ville de Narbonne n’ont malheureusement pas réussi à masquer les 8000 porteurs de gilets jaunes qui se sont répandus dans la confusion à Paris, contraints, en raison leur signe distinctif, de cautionner les casseurs camouflés sous leurs couleurs, quitte à se voir discrédités. Pourquoi ces malheureux provinciaux ont-ils été aussi mal informés du danger. Ils croyaient peut-être échapper, grâce au soutien populaire dont ils bénéficiaient depuis une semaine, à la venue intempestive de ces éléments violents qui avaient déjà pourri par leurs exactions la plupart des manifestations parisiennes de cette année. C’est raté.

Un message écologiste radical. Tutoiement de rigueur
Moustache à la gauloise ou à la Staline?

Le mouvement des Gilets Jaunes est en passe de perdre de son crédit, faute de se structurer et de se donner une vraie représentation avec des propositions cohérentes. Voulant à tout prix rester dans la spontanéité et l’imprévisible, ils se sont laissé infiltrer par des gens beaucoup plus radicaux dans leurs choix politiques, formés à un discours sans équivoque sur leurs buts. Leurs slogans : démission de Macron et de son gouvernement, dissolution de l’Assemblée Nationale, référendum sur la sortie de l’Union Européenne, accessoirement suppression des taxes sur le carburant et rétablissement de la taxe d’habitation.
Emmanuel Macron n’a pas à démissionner. Le pouvoir des urnes a une légitimité que n’a pas le pouvoir de la rue. La démocratie exige d’attendre les élections. Donc, patience. On a le sentiment que ceux qui se revendiquent du peuple n’attendent plus de leurs gouvernants que du pain et des jeux, comme du temps des empereurs romains. Est-ce bien raisonnable ?

Bien sûr qu’on entend, çà et là, pas mal de Gilets Jaunes se revendiquer de Marine ou mieux, de Marion, assurant qu’avec l’une ou l’autre , ça irait d’un coup beaucoup mieux. On est sur, au moins, qu’il n’y aurait plus de manifestations. Mais on n’en est pas encore là. En ce qui concerne le gouvernement actuel, il ne peut être question d’abandonner un chantier en cours. C’est ce qui a été reproché à François Hollande avec l’écotaxe, une reculade pour ne pas dire une couardise qui lui a coûté sa réélection.

Reste à savoir pourquoi un tel mouvement et maintenant. La surfiscalité n’est pas un fait nouveau, elle est endémique, structurelle, liée au choix de société de la France elle-même, celle de la prise en charge par l’Etat de toute la charge sociale. Cette charge n’étant pas une variable, cet aux citoyens de l’assumer, c’est-à-dire de participer à son financement à hauteur de 60% de leurs revenus, en moyenne, que ce soit en cotisations, impôts et taxes de tous ordres. Les taxes sur les carburants ont été, entend-on, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, certes, mais ce n’est qu’une goutte d’eau. Prélever cette goutte d’eau du vase ne changera en fait pas grand-chose. Tout comme la démission du gouvernement si elle devait avoir lieu. Changer les femmes et les hommes qui gouvernent simplement pour voir à leur place revenir des têtes anciennes ne servira à rien si l’on n’achève pas les réformes nécessaires pour enrayer le puits sans fond que constitue la dette. Souvenons-nous qu’il y a un an et demi, Emmanuel Macron a été élu sur un projet qui englobait la fin progressive de la taxe d’habitation, la hausse de la CSG sur les retraites, la baisse des charges sur les salaires, la réforme du Droit du Travail et la mise en place de la taxe carbone dans le cadre de la transition écologique. Peut-être eut-il dû renoncer à son programme, à l’instar de ses prédécesseurs une fois élu. Mais on l’a justement choisi parce qu’on lui faisait confiance pour tenir ses promesses de campagne, tant on avait reproché à ceux avant lui d’avoir méprisé leurs électeurs en oubliant purement et simplement leurs beaux discours de campagne. Faut-il y voir une forme de schizophrénie à la française.

Que Macron s'en aille. Le reste, on s'en fout

Attention aussi à la démagogie. Dans la situation financière sous perfusion à laquelle s’est habituée la France depuis bien longtemps, la suppression des taxes + la hausse du pouvoir d’achat + la revalorisation du SMIC + l’augmentation massive des retraites vont mettre le pays dans le rouge vif et lui faire perdre toute crédibilité auprès des organismes prêteurs. Beaucoup d’analystes estiment qu’il suffirait de peu de choses pour que la France plonge comme l’a fait la Grèce il y a 10 ans. Une telle perspective serait cataclysmique. Faudrait-il alors restaurer l’ISF ? C’est aux riches de payer, c'est aux qui ont l'argent ! L’idée revient dès que se profile une crise. Les riches ayant les moyens d’être malins, n’ont pas attendu pour se soustraire à l’impôt sur la fortune de déplacer cette fortune ailleurs, là où ils peuvent la faire prospérer en toute tranquillité. On entend aussi les politiques parler des milliards de l’évasion fiscale. Là encore, ceux qui ont les moyens de dissimuler leur fortune à l’étranger sont assez malins pour réaliser les montages qui leur permettront d’échapper aux poursuites. On ferait mieux de se demander pourquoi les gens fortunés veulent échapper au fisc. Tout simplement parce que comme tout un chacun, ils préfèrent le paradis à l’enfer. Et la France est en matière fiscale plus qu’un enfer, c’est effectivement l’Enfer. Mais cela fait bien longtemps que c'est comme ça.

Petit papa Noël, apporte nous des joujoux par milliers
Et à la fin, c'est la Chine qui gagne
La solution serait de produire plus de richesses. Plus facile à dire qu’à faire. On a, peu à peu, démentelé l'outil de production, fermé la petite industrie, déménagé à l’étranger la grande industrie et détricoté, par facilité, le tissu artisanal local et piétiné son précieux savoir-faire pour ne conserver que les services, le commerce et le chômage indemnisé. Sans oublier une fonction publique pléthorique et peu productive. On importe tout le temps plus qu’on exporte et le pouvoir d’achat se dissout dans une masse de biens venus de l’étranger. On le dit en souriant mais une bonne partie de nos salaires part dans des achats fabriqués en Chine. C’est au final dans les poches d’un patron chinois multimilliardaire qu’atterrit l’argent des Français. La période de Noël qui arrive en sera une fois encore la plus parfaite illustration.

En conclusion, chers Gilets Jaunes, la confrontation à ses limites. La raison veut que l’on se mettre autour d’une table et que l’on discute. C’est toujours mieux que de se taper dessus et de tomber en disgrâce. La balle est dans le camp du gouvernement, c’est le bon moment.

mercredi 21 novembre 2018

Gilets Jaunes, Paris hasardeux

Eviter les barrages des Gilets Jaunes
Une façon de parcourir l'arrière-pays

Le mouvement amorcé ce dernier samedi était au départ joyeux, bon enfant. On y croisait un peu tout le monde, des jeunes femmes, des retraités, des chasseurs, des fonctionnaires, une pléiade de bons vieux Gaulois, certes plutôt monochromes, du genre blanc bon teint, mais sagement encadrés par des gendarmes complaisants, surveillant d’un œil distrait nos amis en jaune, tartinant de beurre des sandwiches au jambon tout en répandant, çà et là sur la chaussée, des palettes fatiguées et des plots rouge et blanc, histoire d’ennuyer un peu les automobilistes qui avaient décidé coûte que coûte d’aller à Leclerc ou à Carrefour, tandis qu'au même moment dans les cités, les trafics pouvaient filer bon train, profitant de l’occasion qui leur était offerte de voir les services d’ordre leur lâcher la bride.

Sur la route, et plus spécialement à l’entrée des villes, se regroupaient quelques files de  manifestants, une dizaine voire moins comme à l’entrée de Limoux venant de Pieusse, jusqu’à une cinquantaine,  comme à l’entrée de Quillan.
Et c'est là que l'histoire commence. A la sortie de Limoux , un barrage, ils sont jeunes et visiblement disposés à défendre leur point de vue auprès des rares automobilistes qui ont osé s’aventurer vers la Haute Vallée. Ils viennent vers moi, souriants. « Vous savez pourquoi on manifeste ? » me dit l’un deux. « Bien évidemment » je lui réponds « depuis 15 jours, on n'entend parler que de vous ». Persuadé que j’ai pris la voiture uniquement pour aller aux cigarettes, il me demande, goguenard  « Vous avez fait combien de kilomètres depuis ce matin ? » « Au compteur, je suis à 115 km ». Il n’en revient pas. Je lui explique alors que je ne me promène pas même si ce n’est pas l’envie qui me manque. Je suis au travail et lui fais part de mon planning, histoire qu’il comprenne, « Je vais à Quillan » lui dis-je «  pour une intervention. Mais de là je suis attendu à Villeneuve-Minervois, puis à Villemoustaussou et je finis à Trèbes où j’ai deux interventions en attente. Il est presque midi, si tout se passe bien, je serai rentré à la maison pour 21h30, et sans une minute de pause ». Il reste espanté, ne sait plus quoi dire. Il m’informe toutefois qu’il y a un blocage à l’Intermarché d’Esperaza et un second à Carrefour Market à l’entrée de Quillan. A Esperaza, je passe par le village, évitant ainsi le barrage mais arrivé à Quillan, l’affaire se corse. Les gilets jaunes sont nombreux et la file de voitures bloquées s’étire sur plusieurs centaines de mètres. Dégouté, car j’ai déjà une heure et demie de retard sur l’horaire annoncé, je prends mon mal en patience lorsque je vois un des automobilistes bloqués sortir de sa voiture et aller vers deux gendarmes postés à proximité du rond-point, les bois croisés. Il discute un moment avec eux puis fait demi-tour et passant à côté de moi, me dit « Ils n’ont pas de consigne, ils ne bougeront pas ». La moutarde commence à me monter au nez. Je sors alors de ma voiture et vais voir deux jeunes femmes en gilet jaune près du rond-point. J’évite au passage quelques individus vêtus eux aussi d’un gilet jaune mais qui ne me plaisent pas, ça parle fort et je ne suis pas d’humeur à me prendre la tête. Je m’adresse eux deux jeunes femmes « Est-ce qu’il est possible parler à un coordinateur ? » Réponse « Il n’y a pas de coordinateurs, c’est nous tous ». Je leur explique alors le but de ma venue à Quillan. J’ai la chance d’avoir un métier hors norme, et une fois leur avoir expliqué pourquoi je suis là, je passe en priorité absolue au milieu d’une haie d’honneur, au grand dam de tous les autres automobilistes bloqués là depuis je ne sais pas combien de temps. Au retour, lassé d’argumenter, je redescends par les Hautes Corbières et le Haut Razès, c’est long mais le paysage en vaut la peine. Ce samedi, le mot d’ordre : bloquer les centres commerciaux. Opération plutôt réussie puisque de retour à Narbonne après une journée de travail épuisante à force d’enchaîner les barrages, Carrefour était fermé dès avant 20h00 au lieu des 21h00 habituelles. En conclusion, pas de courses, soirée sardines en boîte et purée Mousseline.

blocage à Quillan
Les mains dans les poches, les Gilets Jaunes battent l'asphalte. Une belle journée d'automne. A Paris, ce ne sera pas la même chose
Dimanche, ciel bleu, merci les gilets jaunes. Encore une journée de travail mais arrivé au péage de Sète, quelle bonne surprise de profiter de la barrière de péage levée. Un manque à gagner pour Vinci mais quelques Euros d’économisés pour les vaches à lait d’automobilistes que nous sommes, c’est toujours ça de pris. De Montpellier, retour à Narbonne et là encore, pas de péage. Un bon coup de klaxon et des mots d’encouragements. Continuez comme ça, on est derrière vous. Des visages sympathiques, des drapeaux bleu blanc rouge. Moi aussi, désormais j’arbore un gilet jaune sur le tableau de bord.

Lundi. Vinci met les oh-la. Finie la gratuité. Les esprits s’échauffent. On bloque l’autoroute. A Narbonne on ne passe plus, ni à l’Est, ni à l’Ouest. La rocade, compliquée au rond point de Coursan, à Cuxac on ne passe plus. A Montredon, c’est blocage total et demi-tour. Là je m’engraine,je dirais plutôt je m’engatse contre une gilet jaune. Elle fait entrave à mon droit au travail. Je suis en retard, j’ai des engagements, je suis obligé d’annuler des interventions, cette fois la coupe est pleine. « Vous voulez un régime autoritaire » lui dis-je « vous admirez Trump, mais méfiez-vous, ce gars-là vous enverra l’armée s’il le faut ». Elle me répond qu’elle défend la démocratie ce à quoi je lui envoie « Au contraire, continuez comme ça et vous allez tuer la démocratie ».  Je franchis le terre-plein central et reviens sur mes pas. Je prends les petites routes. Il m’en coûte deux heures au lieu d’une demie-heure pour arriver à destination. J’ai eu le temps de voir que les gilets jaunes de dimanche ont cédé la place à des gens plus organisés mais avec qui on ne peut plus discuter. Les slogans affichés, on est loin du carburant « Macron, Démission » « Macron Dégage » « Macron, dehors ! » et un « Vive l’Europe des nations, à bas l’Europe du fric ». Lundi, une journée infernale. Les gilets jaunes, ça suffit.

Narbonne, on bloque tout
Macron, t'es foutu, les Gilets Jaunes sont à la rue

Mardi, on continue, le parcours d’obstacles. Oh ! mais ces gens là ne travaillent pas. Toutes ces palettes dispersées çà et là me semblent n’être que le signe du mépris que ces bloqueurs affichent à l’encontre des gens comme moi qui font 80 000 km par an pour tenter de gagner leur vie. Ah ça oui ! à 65 ans passés, qu’est-ce que j’aimerais profiter de mon jardin et aller passer mes week-end à la plage voisine. Mais pas de chance, patron de boîte, j’ai des salariés qui comptent sur moi pour toucher leur salaire. En tant que chef d’entreprise, je n’ai droit à aucune erreur ni à aucune faiblesse et les gilets jaunes commencent à me taper sur les nerfs. Macron ne vous convient pas, et alors, il fallait élire Marine Le Pen. La France est mon pays et malheureusement celui de mes ancêtres paternels et maternels depuis au moins les Senones et les Meldii, je n’ai donc pas la chance de pouvoir trouver refuge, au cas où les choses iraient mal en Ecosse, à Guernesey ou à l’Ile d’Elbe.

Il s'voyait déjà!!....
Même pas honte
Les Gilets Jaunes veulent marcher sur Paris, mais que va-t-il rester dimanche de ce mouvement citoyen ? une vaste récupération politique, des Front National, des Debout la France, des Les Républicains, des La France Insoumise, en fait tout ce que la France compte d’opposition de droite ou de gauche.
Allez ! imaginons que tous ces gens, plusieurs millions, marchent sur l’Elysée et en délogent le nouveau Capet alias Manu. Après on fait quoi, on le guillotine, bon débarras, mais on nomme qui pour lui succéder, Mélenchon ? Le Pen ? Wauquiez ? Dupont-Aignan ? Celui qui parle anglais ! Ah ? aucun d'entre eux, on s'attendait tout de même à mieux. Cela me rappelle soudain une Fable de La Fontaine, « la Poule aux Œufs d’Or », vous vous souvenez. Comme quoi l’histoire n’est qu’un éternel recommencement pour le meilleur parfois, mais plus souvent pour le pire.

Au moins, avec Poutine, ça ne se passerait pas comme ça.

mardi 20 novembre 2018

Depuis le Jeudi 15 novembre 2018, les caisses de la France sont vides. On fait quoi ?


Eh bien ! on emprunte, on emprunte une fois encore, comme d’habitude. On ne peut pas faire autrement, il faut bien payer l’omniprésence de l’Etat, son administration tentaculaire, ses largesses à destination d'une foules assistés chroniques, ses généreuses allocations accordées aux nécessiteux ou ceux qui se prétendent comme tels, et un interventionnisme tous azimuts hérité du concept gaullien d’Etat Providence, bien que depuis longtemps tari. 

On l'appelait la soupe populaire dans les années 30
Le temps a passé mais malgré "tout le pognon" dépensé, il y a encore beaucoup de problèmes à régler
Ajoutons à cela le renflouement massif et continu en liquidités de services publics sous perfusion, plus une dette qui s’est envolé depuis tant d’années au point que le solde dû par chaque Français, homme, femme, enfant et nouveau-né s’élève aujourd’hui à 170 000 Euros par tête de pipe. Au bout du compte, notre pays n’est plus seulement en faillite (ainsi que l'avait déjà confié François Fillon en 2007), il est au bord de la liquidation, prêt à vivre un sort semblable à celui de la Grèce. Tout en faisant les pires contorsions pour maîtriser ses dépenses, l'Etat en rajoute au contraire, poussé par les péripéties de la vie quotidienne qu'il est censé résoudre à coût de millions d'Euros par ci et de millions d'Euros par là. A la fin, il continue de dépenser sans compter, s'imposant de la sorte de vivre à crédit ou à découvert avec ce qu'il en coûte en plus d'agios et de pénalités.

Mais voilà qu’apparemment cela ne suffit jamais. C'est encore pire que le tonneau des Danaïdes car il s'agît là de la vraie vie. A ce rythme là, le coup de semonce de la banque de France ou de la BCE risque d’être douloureux, très douloureux, car si les taux d’intérêt augmentent de nouveau ( ce qui ne s'est pas produit depuis près de dix ans), si le prix du pétrole se met à flamber comme c’est arrivé par le passé (souvenons nous de l'année 2007 où le gas-oil avait dépassé les 1,50 € le litre, ouf! nous avons failli l'atteindre), nous allons effectivement nous retrouver en cessation de paiement.

Maintenant, faisons le compte :

La France bat tous les records du monde en matière d’impôts, bien qu’à peine la moitié de ses contribuables y soit assujettie, c’est dire la charge qui pèse sur eux et le désir compréhensible de certains de s’y soustraire même de façon guère louable. Aucun pays sur cette terre n’est aussi taxé que ne l’est la France. Et pourtant, tout va de plus en plus mal dans ce pays, il n’y a plus un sou dans les caisses, tout le monde pleure: pas assez de moyens pour les hôpitaux, pas assez de moyens pour la justice, pas assez de moyens pour la police, pas assez de moyens pour les collectivités territoriales, pas assez de moyens pour l’école, pas assez de moyens pour les handicapés, pas assez de moyens pour l'entretien des infrastructures, plus de moyens pour assurer la qualités des services publics. Mais pire encore, les retraités sont saignés à blanc même s'ils ne gagnent que 500 Euros par mois, les militaires sont à la diète (la démission fracassante du général de Villiers en étant la plus parfaite illustration), les agriculteurs travaillent sept jours sur sept et n'ont même pas droit au SMIC alors même qu’ils croulent sous les dettes, les "restos du coeur" font le plein.
Mais que se passe-t-il donc pour payer autant et nous retrouver dans une situation aussi catastrophique ?  Ne cherchons pas midi à quatorze heures. La France pêche par où elle a pensé bien faire. Erreur magistrale du gaullisme qui a imaginé possible la synthèse entre l'économie concurrentielle comme fondement du capitalisme dont il se revendiquait et une immixtion de l'Etat dans toutes les strates de la société à l'instar des systèmes socialistes de l'ancien bloc de l'Est. Cette erreur d'appréciation a donné à l'Etat une part démesurée dans la marche de notre pays. L’Etat est partout, l’Etat se mêle de tout et surtout l’Etat est le bon Samaritain impliqué et imploré dans toute les bobologies de nos concitoyens. Des allocations à tout va, des aides pour tout et n’importe quoi, des exonérations ou des prises en charge à 100% qui permettent peut-être à beaucoup de ne rien dépenser mais qui sont payés par d’autres. Et à l'arrivée, des charges asphyxiantes, générant un immobilisme de l'investissement, une frilosité récurrente à l'embauche, un blocage des salaires, un pouvoir d'achat se réduisant comme peau de chagrin avec pour conséquence une activité économique continuellement en berne pour ne pas dire agonisante.
En conclusion, tout le monde se plaint. On est accablé de charges, de taxes, on n’a pratiquement plus rien pour vivre, on ne peut même plus partir en vacances, on a renoncé au restaurant et au cinéma, on ne fait plus que payer. L’Etat nous prend tout, il nous faut emprunter pour payer les taxes, Macron fait les poches aux pauvres pour l'offrir aux riches. A l'arrivée, l'Etat n'a plus un sou vaillant. La France est au pain sec.

Beaucoup de Français rêvent semble-t-il d'une bonne dictature
Erreur de casting cependant, la photo de Vladimir Poutine de Jair Bolsonaro voire de Matteo Salvini conviendrait mieux

Le pouvoir d’achat ? On n’arrive même plus à payer de quoi nourrir les enfants. Voilà ce qu’on entend au quotidien. Jusqu'en mai 2017, tout allait bien, l’essence était cadeau, les clopes étaient cadeau, on allait en famille en Espagne dépenser l’argent qui ruisselait alors sur notre pays. Quelle belle époque c'était alors. Merci à M. Hollande, qu'est-ce qu'on vous regrette! Les pauvres pouvaient se prendre pour des riches tandis que les riches, plus inspirés, étaient déjà allés s’installer en Belgique, en Russie ou en Irlande, échappant discrètement aux fourches caudines du fisc français. La production industrielle était déjà partie ailleurs mais ce n’était pas si grave que cela, on pouvait rester au chaud à profiter des allocations chômage ou de sa pré-retraite, le temps de voir venir. La balance commerciale de la France devenait dangereusement déficitaire. Là encore, ce n’était pas grave, le prix des télés écran plat n’avait jamais été aussi abordable, et avec les 10 fois sans frais de Conforama, on pouvait remeubler toute la maison sans dégarnir le compte en banque. Et avec ça les i-phones des enfants, les forfaits cumulés, internet, Canal+, le crédit de la voiture de monsieur et de celle de madame avec les assurances et l’entretien, les petits plaisirs chez Amazon et la carte Pass Carrefour. Seulement voilà, l’ère de l’achat numérique, si cool, si gentillette a mis sans crier gare les comptes dans le rouge générant des frais bancaires supplémentaires. Et là, la prise de conscience a été brutale. Il fallait trouver un responsable à tous ces maux, Macron, c'était lui le fautif, lui l'enfumeur avec sa prétention de mieux rémunérer le travail. Mais quel travail? Du travail, il n'y en a plus. Benoît Hamon avait raison, avec lui on n'aurait pas eu à travailler pour avoir un revenu. Et ne parlons pas des 80 km/heure, on était déjà à la limite du supportable.

Quant aux 7 centimes de plus sur le diesel, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase. Un peu comme les 5 Euros de baisse sur les APL, un demi paquet de clopes en moins par mois, salaud de gouvernement, même crever devenait plus cher.  Car on veut bien payer, mais uniquement pour nous faire plaisir. Les dépenses contraintes, comme les frais d’obsèques de la grande tante, ah ! ça non, c’est insupportable. On nous rabâche le coût de l’empreinte carbone, la transition écologique, mais qu’est-ce que cela peut nous faire ? Tout cela est un leurre, un prétexte pour ponctionner le Français moyen. D’ailleurs Trump a raison, il a libéré les Etats Unis des accords de Paris et fait un bras d’honneur à tous ces écologistes, zadistes et autres bobos qui pompent le fric des travailleurs au nom de leur steak de soja et leur lait d’amande. Trump a baissé les impôts, il a redonné du travail aux Américains et son pays n’a pas connu de si forte croissance depuis des lustres. Vive Donald!

Emmanuel Macron devrait en prendre de la graine
Voilà ce qu'est un pouvoir fort, une  popularité à la mesure de l'intransigeance 

En France, tout irait mieux si on avait quelqu'un de la trempe de Trump. Pourquoi pas, mais il faudrait alors supprimer la Sécu, le bénéfice du tiers payant, les allocations chômage, amputer des 2/3 les congés payés, supprimer les APL, les allocations familiales et tous les petits avantages acquis çà et là, payer les études à la fac, et pour tout ça, faire des crédits auprès de Morgan Stanley, Wells-Fargo ou Bank of America. Si vous aimez les voyages et la route, effectivement, il n’y a pas photo, l’avion et la voiture sont bien moins cher aux USA qu’en France. Mais si vous êtes casanier et estimez qu’un job doit vous tendre les bras une fois traversé le trottoir, vous vous êtes trompé de case. Aux USA, on aime les gens qui veulent bien bouger (à leurs frais), quitter leur Etat pour un autre si c’est pour trouver du travail, même à 2000 kilomètres, et pour bosser 24 heures sur 24. Là-bas, seul compte le travail. C’est uniquement en travaillant qu’on peut espérer un avenir. En revanche, pour les autres, les assistés et les quémandeurs, ceux-là ne sont pas les bienvenus. Certains en France et ils sont de plus en plus nombreux, pensent qu’ils se satisferaient d’un régime autoritaire, quitte à sacrifier une bonne part de leurs libertés, dans l’espoir d’y trouver la sécurité, la fermeture des frontières aux étrangers, le plein emploi et un entre-soi comme dans les années d’après-guerre, ce bon vieux temps que se plaît à idéaliser le Rassemblement National, celui de l’accordéon, d’Edith Piaf, de Louison Bobet, de Vincent Auriol, un temps révolu qui ferait presque oublier les grèves mortelles de 1948, la défaite de Dien Bien Phu en 1954, les tribulations de Massu en Algérie, et surtout l'infâme Traité de Rome, fondateur de l’Union Européenne, cet épouvantail brandi par Mme Le Pen et les nostalgiques de feue la France de Vichy réfugiés depuis auprès du Caudillo, qui seraient à l’origine de tous les maux dont souffre notre pays aujourd'hui.

Soyons honnêtes, ce n’est pas en se réclamant des valeurs périmées d’un pays qui, d’exode rural en désindustrialisation drastique a, depuis 50 ans, perdu ses repères ancestraux, qu’on va se refaire une santé pour l’avenir. Il fut un temps où le monde était dominé par l’Europe, où l’Angleterre et la France imposaient à des millions d’individus colonisés dans tous les continents une conception du monde dévouée à la supériorité qu’ils pensaient exercer sur des civilisations prétendument primitives, mais une telle époque appartient irrémédiablement au passé,même s'il en est qui le regrettent.


Gilets jaunes ou orange, la couleur de la solidarité
Une image de la France profonde, qui se bat,qui ne baisse pas les bras
Voyons à présent les choses en face. Cela fait maintenant 40 ans que nos dirigeants se sont pudiquement voilé la face, cédant à leurs successeurs la patate chaude au nom du maintien d’une paix sociale aussi factice que rassurante, à court terme. Or, l’illusion touche à sa fin. La patate chaude est entre les mains de nos gouvernants du moment et le voile est tombé. Ils pourraient, à l’instar de leurs prédécesseurs, tenter une ultime manœuvre pour se défiler. Et ainsi de suite, jusqu’à s’écraser contre le mur du réel, impitoyable. Sauf que c’est en prenant conscience du risque de cette confrontation d'ordre, disons théologique, avouons-le une bonne fois pour toutes, que le gouvernement actuel a décidé de jouer franc jeu. En France, on préfère d’ordinaire la nuance voire le non-dit, on trouve judicieux de d'esquiver l’obstacle, souvenons-nous de l'abandon précipité de l'écotaxe. La vérité n’étant pas toujours bonne à dire, selon le proverbe, mieux vaut entretenir le mensonge. Mais jusqu’où ? Nos dirigeants seraient effectivement mieux avisés de dire que notre pays ne va pas aussi bien qu’on veut le faire croire.

A notre exécutif, à ceux qui nous gouvernent, dites-le enfin, si vous voulez que ceux dont vous avez la charge retroussent les manches; dites-le, la France est surendettée, notre modèle social a besoin pour survivre de la bonne volonté de tous. Pensons à toutes ces belles âmes qui après les inondations qui ont endeuillé le département de l’Aude ont sorti spontanément les pelles et leur esprit de solidarité pour redonner vie à des villages détruits et désespérés. La France n’est certes pas dans un même état de dévastation mais elle a tragiquement besoin de femmes et d’hommes de bonne volonté, chacun selon ce qu’il sait ou peut faire. L’Etat seul ne peut pas tout, mais tous nous pouvons faire pour l’Etat. Et qu’on ne s’y trompe pas, l’Etat, ce n’est pas Macron, ce n’est pas Le Pen ni même Mélenchon, l’Etat, c’est les Français, ceux qui se reconnaissent dans un idéal heleno-celto-romain, franc ou burgonde si l’on veut, universaliste si l’on préfère, de Villon à Voltaire, de Grégoire de Tours à Mallarmé. Facile à dire, il est vrai, facile à faire ? « Impossible n’est pas Français » avait-dit Napoléon, chiche. 

mercredi 14 novembre 2018

Mr President, weren't we allied for better and for worse

Alliés pour le meilleur et pour le pire, mais alliés toujours

De tweets en tweets, le Président Donald Trump affiche depuis quelques jours un profond ressentiment contre la France d’Emmanuel Macron. Il se reproche par là sa grande naïveté lorsqu’après avoir été invité au défilé du 14 juillet 2017 et avoir accueilli en grande pompe le président français à Washington, il a cru voir en son homologue européen un cireur de pompes tout acquis à sa superbe. Il est vrai que l’insidieuse maladresse d’Emmanuel Macron invoquant l’impérieuse nécessité de promouvoir une défense européenne intégrée face à la menace russe, chinoise voire américaine ne pouvait que le faire bondir. 

Vexé, il n’a guère apprécié ce qu’il a pu considérer comme une remise en cause à peine voilée de l’Alliance Atlantique et surtout comme une dérobade face aux obligations financières de ses membres. Les choses auraient pu en rester là, car si les Etats-Unis se plaignent de régler pratiquement à eux seuls l’ardoise de l’OTAN, la France ne peut être montrée du doigt en tant que contributeur loyal. En fait, les tweets du locataire de la Maison Blanche pointent davantage l’Allemagne. Considérée comme la puissance économique la plus compétitive en Europe, la seule à même de contester la volonté hégémonique américaine sur le continent, l’Allemagne marque de façon ostentatoire une proximité avec la France qui déplaît fortement outre-Atlantique. Les tweets de Donald Trump sont à ce titre d’une clarté limpide. Même s’il s’y livre à une petite pique sur la faible popularité de Macron et le taux de chômage toujours très élevé en France, c’est bien en tant qu’allié et surtout sauveur qu’il veut rappeler ce qu’ont toujours été les Etats-Unis vis-à-vis de la France, à l’inverse de l’Allemagne, notre ennemi au cours des deux guerres mondiales. Et dans un second tweet que n’aurait pas désavoué Michel Sardou, il enfonce le clou insistant sur le fait que « si les Ricains n’étaient pas là, nous serions tous en Germanie » et l'allemand serait devenu notre langue officielle.



Merci cher Donald de montrer là tout l’intérêt que vous portez à la France. Merci de rappeler par la même occasion l’intérêt que vous portez à notre viticulture. Vous en appréciez la qualité mais nous reprochez de surtaxer les vins américains importés en France. Fake News ! Il n’existe en France aucune taxe visant à pénaliser les vins américains, seuls sont répercutés les frais de transport. En revanche, c’est aux USA que les vins sont taxés, tous les vins, un héritage de la Prohibition qui se répercute de la même façon sur la production locale ou d’importation. De fait, un vin californien est vendu en France moins cher qu’aux Etats-Unis. Nul n’ignore que le prix d’une bouteille varie selon son origine et son appellation mais on entend plus ceux qui estiment que le vin est insuffisamment taxé, pas le contraire.


Il est, par ailleurs, bon d’ajouter que le président américain devrait plutôt craindre les dégâts collatéraux que risquent de générer sa diplomatie du tweet à l'emporte pièce. Son caractère public peut susciter des répercussions aux effets indésirables pour son auteur. Les Allemands n’ont guère apprécié le contenu tendancieux des propos de M. Trump. Chacun sait à présent que les Etats-Unis cherchent à réduire l’Union Européenne et qu’ils sont en passe d’y réussir si les partis populistes qu'ils soutiennent l’emportent aux prochaines élections. Or, le projet de défense européenne que propose Emmanuel Macron allant dans le sens d’un renforcement de cette union, peut d’autant plus irriter la Maison Blanche que l’Europe dont les états sont en majorité intégrés à l’OTAN traînent toujours les pieds pour payer la facture. En résumé, Emmanuel Macron y est allé un peu fort et un peu vite mais la réaction anti-antgermanique de Donald Trump risque de provoquer l’effet contraire de celui espéré en rapprochant la France et l’Allemagne sur l’opportunité de donner enfin corps à ce serpent de mer qu’est depuis trop longtemps l’armée européenne. Tel serait pris qui croyait prendre.     

mardi 13 novembre 2018

Philippe Pétain, la cicatrice indélébile


Peut-on dissocier le « Vainqueur de Verdun » du « vaincu de Montoire ». On le voudrait peut-être mais cela parait impossible. L’officier bleu horizon à la moustache grisonnante et le maréchal de France à la moustache blanchissante ne sont bien qu’un seul et même homme :  un militaire longtemps discret grisé par une popularité venue sur le tard. Jugé trop prudent à la fin de la guerre pour être nommé commandant en chef de l’armée, souvent rattaché au camp des défaitistes, Pétain respectait davantage ses hommes qu’il ne leur faisait confiance, persuadé que l’ennemi serait toujours supérieur. 

Pétain, le défaitisme, le déshonneur, la collaboration 
En juin 1940, alors que l’armée allemande déferlait sur le Nord de la France, il déclarait dans un grand élan de défaitisme que notre pays s'accommoderait fort bien d'être occupé par une puissance étrangère. Quel belle preuve de patriotisme. Sa précipitation  à entériner la victoire allemande, sans réel combat, ne peut que laisser planer un doute sur la sincérité réelle du personnage. Pétain ne cachait pas son admiration pour Franco et  le régime autoritaire qu'il venait d'installer en Espagne. Est-ce pour cette raison qu'il s'est livré à une compromission que le temps ne pourra jamais pardonner. Militaire controversé, il s’est donc avéré piètre politique. Il a brisé pour des décennies l’unité nationale en jugeant plus judicieuse la collaboration avec le nazisme que la résistance à un occupant honnis. Il s’est fait le complice de crimes imprescriptibles contre l’humanité. Héros déchu, ses étoiles acquises lors de la Première Guerre Mondiale se sont éteintes à jamais au cours de la suivante. On n’a certes pas à juger l’histoire mais rien n’interdit de faire le procès d’un homme, surtout quand celui-ci a profité du respect dont il jouissait auprès de tout un peuple pour le trahir. Il a prétendu faire don de sa personne à la France alors qu’il a, au contraire, obligé son pays à pactiser avec une des pires idéologies que la civilisation humaine ait engendrées.


Guillaume II, empereur d'Allemagne en exil
Il a toujours dit non à Hitler 
Etrange paradoxe, l’empereur Guillaume II, condamné à l’exil après la défaite de l’Allemagne, vivant depuis reclus dans une petite villa de Hollande n’accepta jamais de légitimer Adolphe Hitler malgré toutes les pressions exercées par le pouvoir nazi et les personnes influentes de son courage. Une fois n’est pas coutume, rendons hommage à l’honnêteté de celui qui, bien que condamné à supporter la honte de la défaite refusa jusqu’à son dernier souffle une réhabilitation qu’il jugeait incompatible avec son respect pour les traditions et l’âme même de son pays.

C’est, au contraire, un des héros de la France victorieuse qui allait faire le choix méprisable de serrer la main d’Adolphe Hitler et d’en devenir le valet zélé.

lundi 12 novembre 2018

Gilets jaunes, ne nous trompons pas de combat !


Les Français ont la mémoire courte, c’est vérifié. Mais le problème est que doués d’une cervelle de poisson rouge, ils s’en vont en guerre avec force fracas contre la hausse d’un prix qu’ils jugent inacceptable à leurs yeux, oubliant ou mieux ignorant que cette même mesure s’était produite plus de dix ans plus tôt avec des prix similaires. A l’époque, nulle manifestation, uniquement de la résignation. 

Il y a onze ans, la France fêtant l’avènement de son nouveau héros Nicolas Sarkozy, acceptait le dos courbé le tragique destin qui lui était annoncé au travers d’une hausse jugée inéluctable du pétrole. Les esprits les plus informés voyaient déjà un prix du carburant à 2 euros le litre et tout le monde se préparait en toute résignation à cette fatalité.

Or, les résignés d’hier sont devenus les révoltés d'aujourd’hui. Ce qu’on acceptait alors par fatalisme ne passe plus en 2018. Force est de reconnaître que le registre dans lequel on évolue à présent est très éloigné des motivations de la décennie passée. Et pourtant, le budget carburant était bien plus élevé il y a 40 ans, à une époque où les voitures consommaient davantage. Alors que dire ? La Chine nous envoie des T-shirts et des robes à des prix beaucoup moins élevés que ce que nous payions il y a trente ans. Personne pour s’en plaindre même s’il a fallu pour économiser ces quelques Euros sacrifier toute notre industrie textile et créer du chômage et encore du chômage. On a compensé, on a indemnisé, on a taxé ceux qui avaient encore la chance de conserver leur emploi pour venir au secours de ceux qu’on avait sacrifié. La France est devenue au fil des ans une formidable association charitable avec pour mission d’atténuer les effets funestes d’une situation économique désastreuse qu’elle n’avait pas vu venir, obsédée par la défense à outrance de services publics ultra-onéreux mais hyper-protégés au détriment de millions de travailleurs des secteurs dits marchands, sacrifiés sur l’autel de la concurrence, ce terme honnis par les tenants d’un marxisme devenu obsolète  mais dont l’Education Nationale regorge encore, vouant aux gémonies la simple idée de confier le moindre destin de ses ouailles à une horde d’exploiteurs et d’esclavagistes. 

Notre pays n’est pas réformable, comme l’a reconnu notre président, et il a tragiquement raison. Car il va dans le mur, poussé dans le dos par une bande de syndicalistes nostalgiques de l’Union Soviétique qui n’existent encore que parce que la France est une démocratie de type voltairienne, respectueuse de ceux qui s’opposent à elle. Gageons que ces mêmes syndicats arrivés au pouvoir et soutiens désignés d’un régime autoritaire plus conforme à leur vision collectiviste de la société tiendront leur heure venue un discours radicalement opposé. Français réveillez-vous, vous avez donc tellement envie de vivre comme à Cuba et Caracas. L’Europe vous déplaît à ce point que vous ayez envie de vous vautrer dans les illusions d’un nationalisme vain et stérile, dont la promesse de lendemains qui chantent se traduirait par des crises si terribles qu’elles entraîneraient le pays dans une guerre civile sanglante, guerre de religions ou de petits intérêts corporatistes, révélateurs exacerbés des haines cumulées depuis trop d’années que la déraison et la stupidité (la bêtise des hommes dixit Emmanuel Macron) dont la cantine des réseaux sociaux a fait son menu.

En conclusion, aux gilets jaunes opposons plutôt les gilets verts écolo ou plus simplement l’esprit patriotique. Derrière ce mouvement spontané des gilets jaunes, le Rassemblement National a bien compris qu’il pourrait s’en servir pour attiser les divisions et générer du désordre sans passer pour des « fachos », bien joué.

Bien sûr, nous voulons préserver nos retraites, mieux aider nos handicapés, nos veuves, nos chômeurs, nos jeunes, préserver nos services publics (même s’ils nous coûtent un bras voire les deux comme les milliards perdus de la SNCF), nos I-phone même s’ils saignent nos comptes en banque, nos box internet, etc….. etc…., mais nous ne nous reconnaissons ni dans les revendications par trop corporatistes des bonnets rouges ni dans les excès rageurs de l’ultra gauche stalinienne. Le verdict est, en revanche, assez clair. Entre les pathétiques arguties des pieds nickelés des LR, creuses et insipides, entre l’opportunisme paradoxal d’une Marine Le Pen déambulant à Verdun, à la recherche dérisoire de l’ombre d’une victoire dans ce qui ne fut qu'une indicible boucherie, faisant même fi de la volonté de De Gaulle et Adenauer de mettre un terme définitif à cette compétition mortifère et contre nature que furent les deux guerres entre l'Allemagne et la France, le chemin d'une paix durable est de plus en plus parsemé d'embûches.

Les nationalismes ne sont en fait qu’un dévoiement des patriotismes, s’affirmant comme des vecteurs de haine et d’égoïsme revanchard, des recycleurs d’idéologies perverties, des excitateurs de vieilles rancœurs et de basses jalousies. Dans ce nouveau monde au bord de la mobilisation générale, prêt à se choisir des dictateurs et renier ses libertés au nom de fantasmes sécuritaires, le combat isolé du chef de l’Etat fait en ce moment sourire la presse de tous bords. On se moque de sa démarche solitaire, préférant surfer sur la popularité de la vague populiste. Prenons garde, nous sommes parvenus au crépuscule des années folles, aveuglés par l’image hédoniste que nous renvoie nos selfies. Il ne faudra surtout pas dire, lorsque la chape de plomb s'abattra sur nos démocraties sous la férule des régimes militarisés et liberticides que nous ne savions pas. La marche en avant de l’histoire ? Non, juste un sacré retour de bâton. Amis gilets jaunes, vous ne savez pas de quoi vous êtes l'enjeu.  






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