Racisme et Islam, une confusion bien orchestrée



La couleur de la peau, socle incontournable du racisme
On l’entend de plus en plus dans les conversations, on le lit abondamment dans les tweets : racisme et islamophobie (expression vite brandie contre quiconque ose avancer une critique envers la religion musulmane) sont devenus synonymes. 
Pour moi qui ai vécu dans les années 60 la lutte des Afro-Américains pour leurs droits civiques, l’assassinat de Martin Luther King et surtout le poing levé aux JO de Mexico des athlètes Smith et Carlos, une image si forte que les années ont passé sans effacer le symbole du message ; pour moi qui me suis impliqué pour qu’au nom de la même espèce dont nous sommes tous issus, les Blancs et les Noirs aient les mêmes droits par-delà les pays et les frontières, que ce soit en Amérique, en Europe et en Afrique ; pour moi (désolé pour l'anaphore) qui ai soutenu la lutte des peuples colonisés pour accéder à leur indépendance et leur liberté après des années voire des siècles d’oppression au nom de la supériorité de certaines civilisations sur d’autres, j’ai dû manquer un épisode, car le racisme tel que je l’avais combattu, que, naïf, j’imaginais d’abord comme une discrimination au nom d'une illusoire hiérarchie des races, le racisme est aujourd’hui ramené à une affaire de religion.

La contestation d'un prosélytisme poussé à son paroxisme doit-elle être
 assimilée à du racisme 
Si tu ne crois pas comme moi, c'est que tu es raciste. Le racisme se confond avec le ressentiment que chrétiens, juifs, hindous et autres (pour moi qui ne suis ni des uns ni des autres, j’ai du mal à comprendre mais je dois être le seul) exprimeraient envers les musulmans, peuple (plutôt mosaïque de peuples de toutes les couleurs de peau) qui passe ainsi pour opprimé, victime de la vindicte et de la jalousie de ceux qui refusent ouvertement de croire en ses valeurs, fussent-elles les plus louables. L’effet recherché en détournant les mots de leur sens fonctionne d’ailleurs plutôt bien. 
Il ressort, en revanche, que ce discours déviant, devenu la norme, sert les intérêts de ceux qui souhaitent ajouter de la confusion dans des esprits déjà fragilisés par les doutes ou les rancœurs. Peut-on enfin prendre de la distance avec le passé en l’abordant avec neutralité ?
Dune manière plus générale, on ne peut parler de racisme sans se référer à l'esclavagisme. Plus le temps passe, et plus le sujet devient, semble-t-il, chaque jour plus lancinant. Doit-on par-delà les générations, se faire les justiciers d’époques révolues en rouvrant dangereusement des plaies qui devraient être refermées depuis des lustres. 
Faudrait-il par exemple effacer le nom de Colbert de nos rues sous prétexte que cette figure de nos livres d’Histoire qui n’était en somme qu’un fonctionnaire du roi Louis XIV a édicté il y plus de 3 siècles le « Code Noir », un ensemble de dispositions éminemment racistes. Cela me rappelle un gentilhomme anglais du temps d’Elizabeth 1ère, Sir Humphrey Gilbert, passionné de navigation et fasciné par l’Amérique qui avait, dans ses traités, défini en préambule l’impérieuse nécessité d’éliminer physiquement tous les Indiens avant de prendre possession de leurs terres. Remettons l’histoire dans la globalité de son propre contexte et non pas du nôtre, tel le reflet d’une époque. Colbert incarnait une conception du monde à l’image de la société européenne du 17ème  siècle, d’un temps révolu, foncièrement inégalitaire, socialement figé, un temps où les déplacements terrestres s'effectuaient uniquement à pied ou à  cheval, où il était interdit à un paysan de s'éloigner de la terre où il était né, où les enfants mourraient pour la plupart en bas-âge, où l’on vous arrachait les dents à vif, où la peste décimait des villes entières, où l’on ne prenait souvent un bain qu’une fois dans l’année, où l’on avait en revanche pour musique le chant des oiseaux et pour parfums les fleurs des champs, où l'on ne savait du monde que ce que Monsieur le Curé en racontait….Le jeu qui consiste à vouloir faire porter à de nouvelles générations les crimes commis par des ancêtres dont elles ne sont même pas les descendants directs n’entretient que l’acrimonie, la méfiance et la détestation.

Le racisme ordinaire n'a que faire de la religion, c'est la couleur
de la peau qu'il exècre
Or, si l’esclavagisme tel qui fut pratiqué par les Européens de part et d’autre de l’Atlantique au détriment des peuples d’Afrique reste un crime imprescriptible contre l’humanité ; si les violences abjectes exercées à l’encontre des Noirs, hommes, femmes et enfants par les Blancs, au nom d’un droit de vie et de mort sur ceux qui n'étaient considérés que comme une simple marchandise, sont à jamais une tâche sombre dans la mémoire d’une civilisation qui se proclamait des lumières, il n’en demeure pas moins que lorsque le racisme a sévi jusqu’à son paroxysme lors de la tristement célèbre ségrégation dans les Etats du Sud (Mississippi, Alabama, Arkansas, Kentucky,…) et en Afrique du Sud, il n’a alors jamais été question de religion. Pire, Noirs et Blancs appartenaient à la même religion même s’ils avaient chacun leurs temples et leurs églises. 
Pensant à tous ceux qui ont eu à souffrir et qui souffrent encore dans leur chair du racisme en raison de la couleur de leur peau, alors même qu’humains, nous sommes tous issus de l’unique espèce survivante de la biodiversité préhistorique, l’utilisation de ce mot pour évoquer des antagonismes religieux relève d’une totale escroquerie. 
A force de combiner le même mot à toutes les sauces, il perd non seulement de son sens mais aussi de sa valeur. Le racisme est un délit, puni par la loi mais en voulant voir des racistes partout, pour un oui ou pour un non, on finit par ne plus y prêter attention. C’est bien là le problème.

Racism and Islam, a timely confusion

It is increasingly heard in chats and read in tweets, racism and islamophobia (soon a word waved against anyone who dares to look critically at the Muslim religion) have now become synonymous. 
I remember the 60’s when African Americans marched for their civil rights, when Martin Luther King was murdered for having a dream and especially when both medalists Smith and Carlos raised their fist in the 68 Mexico Olympics to denounce segregation in the US, a staggering image the message of which is still alive despite the years; as I’ve for long felt involved so that, in the name of the same species from which we all come, White and Coloured people should have the same rights beyond countries and borders, whether in America, in Europe and in Africa; as I supported the colonized peoples fighting for their independence and freedom, after suffering years or even centuries of domination in the name of supremacy of some civilizations over others, I think I missed something, because racism as I had fought it, that, naive, I just imagined as a discrimination in the name of an illusory hierarchical ranking of races, racism would be today, above all, a matter of religion.
You don’t believe like me, then you’re a racist. 

Racism would be today the only right word to sum up a misunderstanding between on one hand Christians, Jews or Hindus (Being neither of them, I can’t understand but I must be the only one) and on the other hand Muslims, a people (rather mosaics of peoples of all skin colors) whose strategy is to be looked as oppressed, victim of the vindictiveness and jealousy of those who openly refuse to stick to their values, even the most actionable. The outcome sought by diverting words from their meaning works moreover rather well.

It is clear, however, that this deviant speech, since become the norm, gives grist to the mill of those who wish to spread confusion into minds already weakened by doubts or rancor. Can we finally get some distance from the past by broaching it neutrally.
More generally, we cannot talk about racism without referring to slavery. As time goes, the topic seems every day more haunting. Must we beyond generations, become the avengers of bygone days by reopening dangerously wounds that should be closed for ages. 

For instance, would it be necessary to erase Colbert's name from French streets just because this historical figure who was actually only an official of king Louis XIV promulgated the "Black Code" more than three centuries ago, even if it was a set of eminently racist provisions. It reminds me an English gentleman in the time of Queen Elizabeth, Sir Humphrey Gilbert, a passionate about seafaring fascinated by America who had, in his treaties, defined in preamble the pressing need for eliminating all the Indians before taking up their lands. An opportunistic extension of the “Valladolid Debate”. Fortunately, he died drowned before realizing his projects. 
   
Let us put history back in its own context, out of ours, as the reflection of an era. Colbert embodied a conception of the world intelligible to the European society of the 17th century, an age of old, fundamentally unequal, socially motionless, a time when land travels were made only by foot or on horseback, a time where it was forbidden to a farmer to move away from the estate where he was born, where children died for the most in the early years, where your bad teeth were raw pulled, where plagues decimated whole cities, where one often had a bath only once in the year, when we had on the other hand birdsongs for music and wild flowers for flavors, where foreseeing the fate of mankind was only what the Priest taught about.

The game of wanting to bring to new generations, crimes committed by ancestors going back to at least 10 generations, whom they are not even direct heirs only maintains acrimony, distrust and hatred. It is also a timely way to free oneself from his own failures and be again pure as snow.

Yet, if slavery, as practiced by Europeans on both sides of the Atlantic Ocean to the detriment of the peoples of Africa remains an imprescriptible crime against humanity; if the despicable violence against African Natives, men, women and children by the Whites, like a deed of property over what they considered as a commodity giving a right of life or death, forever a dark task in the memory of a civilization that was proclaiming Enlightenment, the fact remains that when the racism raged up to its paroxysm during notorious segregation in the Southern States and in South Africa, there was never any question of religion. Worse, African Americans and White people belonged to the same religion even if they had each their own churches.

Thinking of all those who have had to suffer and who still suffer in their flesh from racism because of the color of their skin, even as we are all nothing but an offspring of the only human surviving species of prehistoric biodiversity, the use of such a word, openly aiming at alluding to religious antagonisms is a true swindle.
By using the same word for anything, it loses not only its meaning but also its value. Racism is a crime, punished by the law, but by seeing racists everywhere, over nothing, we end up not paying attention to it. That is the problem.   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon top 50 des meilleures chansons du moment

Philippe Martinez : un arrière-goût de lutte finale

                Le moins que l’on puisse dire est que le bras de fer qui oppose régulièrement le gouvernement et la CGT atteint là son p...