mardi 25 décembre 2018

Gilets Jaunes, la minorité qui a rendu tout un pays ictérique

Gilets Jaunes en goguette

Cela fait des semaines que la question est posée. Qui sont vraiment tous ces gens qui ne se connaissent qu’à travers les réseaux sociaux mais ont décidé de s’afficher ensemble en gilet jaune, se faisant les porte-voix d'une France corvéable, vampirisée par ceux qui la gouverne ? Une chose est sure, ils ne viennent pas des banlieues, ces endroits perdus, d’ordinaire considérées comme le creuset de tous les problèmes de la société. Ce sont donc les oubliés, les sans grade ! C'est ce qu'ils prétendent mais ils ne le sont pas tant que ça, ils ont tous un identifiant "impôts". Ils ne vivent pas non plus de l’assistanat, tout au moins, ils s'en défendent, croyons-les. Ils veulent effectivement se démarquer de ceux qu’ils considèrent comme des gros profiteurs de la CAF qui, à l’instar des dealers faisant régner l'ordre dans les quartiers, s'accrochent à la paix sociale, de peur qu’on ne vienne s’intéresser de trop près à leurs petites affaires.

Les Gilets Jaunes se présentent comme les grands exclus de la mondialisation. Un bien grand mot même si l'on se rapproche là du discours de Marine Le Pen, défendant à la fois le refus de l'autre et les bienfaits de l'entre-soi. Pour en revenir toutefois aux vrais maux dont souffrent la France, il est vrai que, malgré la magie trompeuse de la décentralisation, c'est le jacobinisme vertical à la parisienne qui a emporté la mise. Celui-ci s'est montré incapable de comprendre les réalités du monde rural, de cette France périphérique des collines verdoyantes et des coteaux vinicoles. Mais cela fait bien longtemps que la République a abandonné ses campagnes, trop peu peuplées, trop arriérées. Il y a plus d’un siècle en effet, la France profonde a connu une crise qui s’est alors traduite par un exode massif vers les villes industrielles. Souvenons-nous qu’en 1960, Jean Ferrat avait mis en vers cette fatalité migratoire dans « Que la Montagne est belle ». En revanche, les Gilets Jaunes ne sont pas des riches, ou alors ils le cachent bien.

Après le passage de la tornade jaune
Le péage de Narbonne Sud
A force d’être filtré à de nombreux ronds-points ou péages d’autoroute (quand on ne leur a pas encore mis le feu), on finit par se faire une petite idée de la toponymie des GJ. On y trouve des gens de tous les âges mais la moyenne tourne autour des 50 ans, gaillards, grisonnants. Ce n’est pas un mouvement uniquement d’hommes, loin de là, on est bien en terre de France, pas d’Islam dans leurs rangs. Cependant, beaucoup (trop) de retraités et de retraitées, elles.ils ont du temps libre. 
Ce sont toutefois en majorité des actifs, pour la plupart peu qualifiés voire sans qualification, ouvriers agricoles ou paysagistes, agents d’entretien, aide-soignantes, chefs de rayon, magasiniers, caristes, femmes de chambre, caissières, livreurs …etc... Des gens qui gagnent leur vie par leur travail mais mal, cantonnés dans des métiers non-valorisants et peu payés. 
On y croise aussi des artisans et des petits-chefs d’entreprise qui ne partent jamais en vacances, étranglés qu’ils sont entre le coût des salaires et le matraquage des charges, jamais à l'abri de la menace mortifère d'un redressement. 

Des fonctionnaires, il y en a peu. Il faut dire qu’ils ont préféré, comme les assistés, rester discrets et passer entre les gouttes, tant ils craignent quelque part se voir considérer comme les bénéficiaires du système.
Il ressort effectivement de la part des Gilets Jaunes un rejet global de l’administration, tatillonne, revêche, raide dans ses bottes.

Inutile de revenir sur les origines du mouvement, une jacquerie dans la bonne tradition, mise au goût du jour par Facebook et Twitter, destinée à lutter contre une fiscalité injuste et abusive. Le pays a régulièrement connu des révoltes de ce genre depuis le Moyen-Age. Seulement nous ne sommes plus au Moyen-Age mais entrés dans un siècle où la globalisation de l’économie crée un déséquilibre entre l'ex tiers-monde, considéré avec condescendance, auquel on a cru malin de confier l’outil de production pour profiter d'une main d'oeuvre au rabais, et nous, les pays riches, consommateurs avides de produits désormais fabriqués ailleurs qui coûtent à nos caisses plus qu’elles ne leur rapportent. C'était certainement mieux avant, en tout cas plus simple. Disons donc merci à MM Mitterand, Rocard, Balladur, Chirac, Juppé, Jospin, Raffarin, Villepin et consort qui ont tous leur part de responsabilité dans ce naufrage économique irrémédiable, et oublions un instant Macron, car s'il en est rien qui n'y est pour rien dans ces pots cassés, c'est bien lui. 

A ce jeu, cependant, même si les Gilets Jaunes n'ont aucune responsabilité dans les choix politiques qui ont fait, depuis près de 40 ans de la France, un désastre industriel, ils risquent de tuer ce qui survit encore dans le pays. En continuant dans cette contestation bornée, on va revivre en dix fois pire, dans les deux ans qui viennent le scénario de la Grèce en 2008. Et adieu Botte ! La France va payer très cher les revendications parfois délirantes des Gilets Jaunes. Il va bien falloir, un jour ou l’autre ouvrir les yeux sur ce qu’est devenu notre pays. On veut du pognon, plus de pognon, on veut une prime de ci, une prime de ça, une hausse des salaires, des moyens et encore des moyens pour les services publics, pour l’hôpital, pour l’école, pour les petites lignes de chemin de fer, pour la police, pour la justice, etc..... Mais qu’est-ce que c’est que ce maudit pays qui non content d’être à la fois le champion mondial de la pression fiscale et de la redistribution sociale continue de se plaindre sous prétexte que ça ne suffit pas. Attention, la planche à billets a ses limites. Heureusement que l'Euro veille au grain sans quoi nous aurions glissé du haut de la falaise.

Bien sûr, on entend qu’il faut que les riches payent. Mais quels riches ? Depuis Hollande et sa haine affichée de la finance, les riches sont partis planquer leur fortune ailleurs et ils disposent autour d’eux de hordes d’avocats et de conseillers qui leur permettent de contourner le fisc. Quand on parle des caisses mal en point de l’état, il y a toute une opposition politique qui s’attribue le beau rôle en évoquant les 80 milliards annuels d’évasion fiscale contre laquelle on ne fait rien. Bien sûr qu’on y met des moyens mais la lutte contre l’évasion fiscale ne se résout pas par un coup de baguette magique. Macron a tenté de faire revenir les riches avec son « France Is Back », on vient de les faire fuir à nouveau. Finalement, qu’est-ce qu’il y a de mieux que de rester entre pauvres, au moins on peut se faire griller des merguez et se boire un 51 en scandant « Macron, t’es foutu !». Vladimir doit sourire, tenant sa petite revanche après la leçon que lui avait faite le président français à Versailles.  « Encore un zest de citron sur le caviar, et ces "maiali" de Français vont se noyer dans le cocktail vodka que je leur ai concocté!" Спасибо, Мариa, ты хорошо сработал для нас.

Je finis par me dire que le Président dont on veut faire tomber la tête a fichtrement raison, la France est un pays de Gaulois réfractaires, irréformables. Les Français ont été, depuis des décennies, nourris à la culture de l’Etat Providence, celui qui s’occupe de tout, qui soigne les bobos de chacun, qui protège, qui alloue, qui accorde, qui distribue. Et le carnet de chèques est à présent épuisé, le compte à sec. Alors l’Etat Providence a troqué son costume de Père Noël pour celui du Père Fouettard. Maintenant il ponctionne, il pique, il fait les poches, il taxe à tout va pour tenter de combler ses dettes faramineuses. Nous voilà entrés dans un cercle infernal.

 Autant il est évident de ressentir une forme de compassion pour les Gilets Jaunes, les pauvres, ils triment et gagnent à peine le SMIC. Mais bon dieu ! quand on n’a aucun diplôme, qu’on n’a rien fichu au collège, qu’on a lamentablement raté son bac, il est certes facile de dire que c’est la faute à l’Education Nationale qui n’a pas su faire son boulot et imputer son échec aux autres. On a bien compris le discours syndical proximo-Insoumis. Si on n’a rien foutu à l’école, c’est la faute à la droite, si on a raté le Brevet, c’est la faute à Blanquer, si on raté le Bac, c’est la faute à Parcoursup. Ce n’est donc jamais parce qu’on se l’est coulé douce ni parce que Papa et Maman étaient là pour payer. Non, bien sûr, sauf qu’à présent qu’on n’a qu’un boulot de merde et qu’on a raté tous ces examens faute d’avoir révisé, on s’en prend au gouvernement. On ne se lasse plus d’être étonné par cette accumulation de contestations erratiques qui secouent en ce moment le pays. Ce n’est finalement jamais de la faute à ceux qui n’ont fait aucun effort mais de la faute à ceux qui ont fait l’effort. Tout ce qui arrive est forcément de la faute des autres, pire, de l’autre. Il y a malheureusement une forte dose d’immaturité au sein des Gilets Jaunes, une propension à rejeter systématiquement les problèmes du moment sur cet autre, coupable de naissance, ici le migrant négroïde, là le juif errant, pour d’autres le riche, pour d’autres encore l’élu, l’imposteur qui n’a bénéficié que d’une minorité de voix.

Pour le Gilets Jaunes, majoritairement des abstentionnistes jusque-là totalement indifférents aux devoirs qu’impose la démocratie, les urnes n’ont jamais été qu’un instrument au service des élites, une tricherie destinée à endormir le peuple. En ce moment, c’est d’Emmanuel Macron qu’on veut la tête, au sens propre plus qu'au sens figuré, filmant des scènes de pendaison ou de décapitation, érigeant des guillotines. On n’hésite plus à prononcer la peine de mort contre le président, bien qu’il ait été élu par le peuple. Glaçant! On refuse le verdict des urnes, on se fout de la démocratie. Nous ne sommes pas revenus aux années 30 mais dix ans plus tôt, lorsque les "camisere nere" de Mussolini marchaient sur Rome, incendiant les péages, bousculant les forces de l’ordre, détruisant et vandalisant tout ce qu’ils avaient sous la main, pour faire plier le pouvoir en place et instaurer la dictature. Nous en sommes pratiquement arrivés là. Les chemises noires sont aujourd’hui en jaune fluo mais leurs buts sont les mêmes, la fin de la démocratie et l’avènement du totalitarisme avec pour corollaires les RIC, référendums d’initiative citoyenne, en fait des plébiscites où un seul bulletin de vote sera autorisé. Avec à l'arrivée 98% de oui, une société en bonne ordre de marche reprenant en choeur la mélodie du bonheur.

Rendons-nous à présent à l’évidence, les Gilets Jaunes suscitent peut-être un élan de sympathie mais ne mobilisent plus grand monde. Il ne reste qu’une poignée d’irréductibles virulents qui se croient à présent tout permis, interdisant le droit de circuler librement, s’arrogeant le droit de faire le service d’ordre, de façon totalement illégale, semant le désordre, souillant, brûlant, détruisant, telle une bande d’enragés haineux qui veulent la tête du président, le monarque méprisant et arrogant. Qu'ils se regardent en face, les Gilets Jaunes hurlent sans cesse leur mépris pour la République et font preuve d'une arrogance si féroce qu'on se demande s'ils ne sont pas manipulés par des forces occultes. Le complot ? Non, juste le travail de sape de certains partis à qui, manifestement, profite le crime.

 Ils n’étaient samedi que 40 000 dans toute la France à « foutre le bordel ». 40 000 seulement, mais pour qui se prennent-ils donc ? En l’état, ils ne sont plus rien, qu’ils fondent un parti avant de sombrer dans l’anonymat. En somme, ils sont devenus les nouveaux maîtres du pays, rejetant la démocratie, bafouant les élections, voulant imposer de nouvelles règles propres à faire glisser la république vers un régime autoritaire de type fasciste. Interdire les élections, ériger les Gilets Jaunes en parti unique, généraliser le Référendum d’Initiative Citoyenne pour toute décision.

Gilets Jaunes, il est temps que tout cela s'arrête
Notre pays part à la dérive. Afin d'éviter qu'il ne sombre, il est grandement temps de remettre de l’ordre dans une France livrée à un groupuscule de complotistes racistes et antisémites avant que ce ne soit de nouveau un mouvement hérité du NSDAP qui fasse la loi. Castaner, mon ami, réveillez-vous ! Gentil n’a qu’un œil ! Fini d’être borgne ! La France mérite mieux que ce que cette horde d’insatisfaits chroniques qui n’en ont jamais assez, quitte à préférer une dictature monochrome à la Franco ou bigarrée façon Benito, à une démocratie gaullienne, trop libérale.  On est effectivement en droit de s’inquiéter car si la France prétend être le pays des Droits de l’Homme, elle a, par le passé, su renier ses principes en pactisant avec le diable par l’intermédiaire d’un de ses plus hauts dignitaires, pas plus tard qu’en l’an 40, (pas le CAC 40) ouvrant la route de Paris aux loups vert de gris et à la peste noire. Il est désespérant de constater que certains espèrent un tel dénouement. Ils ont déjà appris à saluer.


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