mercredi 30 janvier 2019

Et si le RIC avait lieu ?


Pour une fois, soyons brefs et concis. Bien qu'ils s'en défendent, les ambiguïtés relevées dans les discours des leaders les plus médiatisés des Gilets Jaunes et leur adhésion à des thèses complotistes clairement identifiées d'extrême-droite, font d'eux les ouvreurs de la rampe de lancement dont espère bénéficier le Rassemblement National dans la perspective des prochaines élections européennes. Noyauté, détourné, récupéré, infiltré, infesté, le mouvement gilet jaune, à l'origine né d’un ras le bol de la fiscalité sur les carburants a, pour une bonne part, vendu son âme aux Méphistos de la politique, des professionnels initiés aux arcanes de la démocratie représentative, à l’affût de la moindre opportunité susceptible d'assouvir leur appétit de conquête du pouvoir. 

Et si le pouvoir entendait le message?
Mis en berne depuis le lamentable débat de l’entre deux tours qui avait révélé à quel point l’amateurisme de Marine Le Pen aurait tourné au fiasco si elle avait été élue présidente, son parti ne savait plus à quel saint se vouer pour se refaire la cerise jusqu’à ce que, par un signe fortuit du destin, les Gilets Jaunes se profilent dans l’horizon politique. Quelle fantastique opportunité, un véritable cadeau du ciel. 
Pour une fois, loin des problèmes d'immigration et des banlieues islamisées, de bons Français, pur souche, pur porc, reprenaient en choeur la Marseillaise, brandissaient des drapeaux tricolores, surgissant des territoires oubliés de la France profonde pour composer un cocktail très « Révolution Nationale » qui ne pouvait que semer des étoiles dans les yeux (pas celles de l’Europe, entendons-nous) des Marinistes et de leurs émules. 
Les Gilets Jaunes s'inspirant, selon lui, point par point de son programme, le RN s’est mis à rêver, pressentant son heure venue. Et les sondages ne pouvaient que lui donner raison. Avec Macron et les millions de "moutons enpanurgés" qui avaient voté pour lui, bientôt traînés à la potence, avec de plus un Jean-Luc Mélenchon aux arguments totalement brouillés vu son allégeance à l’épouvantail Maduro, Marine apparaissait, d’un coup, comme l’héroïne salvatrice, à la fois blonde et de bon lignage, une nouvelle Jeanne d’Arc la virginité en moins, capable de libérer la France du complot judéo-communiste qui commençait à la gangréner. 

Dans ce registre, les fake-news donnaient de la voix pour alarmer l’opinion sur les projets machiavéliques de l’imposteur Macron : le Pacte de Marrakech entérinant l’arrivée sur notre sol de plusieurs centaines de de millions de Noirs affamés à la machette facile, tous musulmans et polygames; le Traité d’Aix-La Chapelle avec la cession à l’Allemagne de l’Alsace Lorraine et l’obligation pour tous les écoliers d'apprendre l’allemand avant même de savoir parler le Français. Tout cela pourrait sembler d’une bêtise sans nom mais ils sont nombreux parmi les  Gilets Jaunes à l'avoir cru. Enfin, ils ont fait semblant d’y croire parce qu’ils y trouvaient leur compte. On aura beau dire ce qu’on veut mais ces gens qui se réclament sans relâche de leur apolitisme démontrent à chaque jour qui passe une fine intelligence politique, voire même une maîtrise de tous les travers de la politique.

Pour quel piètre résultat ! La France continue de s’engluer dans ses délires, ses utopies infantiles, devenant même un sujet de risée pour le reste du monde, sans compter les croche-pieds bien ciblés adressés par certains pays à l’attention de notre président, alors même qu'on ne peut pas dire qu'il brade nos intérêts à des puissances hostiles.

La France n'a de leçon à donner à personne
Occupez-vous de vos Gilets Jaunes !
La Russie ne s’est pas privée d’ironiser sur la France devant l’ONU en évoquant le mouvement des Gilets Jaunes comme une bonne gifle adressée au freluquet qui ose donner des leçons au reste du monde. Plus l’image de la France se dégrade, plus les Gilets Jaunes scellent un peu plus le sort tragique de leur propre pays, manipulés par tous ceux dont l’intérêt est de bâillonner sa voix tant elle est devenue incompatible avec le discours des populistes qui frayent avec l’extrême droite, excitée à l’idée du référendum révocatoire destiné à virer le président Macron
Avec le RIC, c'est oui ou non.
Au moins on n'est pas dans la nuance 
Sauf que si ça ne marchait pas, à quoi pourrait-il servir ? En fait, il n'aurait plus guère d'intérêt. On peut bien sur imaginer toutes les questions qui pourraient faire l’objet d’un RIC, que ce soit l’euthanasie, la libéralisation du cannabis, la PMA pour toutes, la GPA, la réduction du nombre des députés et des sénateurs, la baisse des charges ? Parlons-en de la baisse des charges. On a fait croire qu’elle ne créerait pas d’emplois mais permettrait aux patrons de s’en mettre plein les poches. On entend là le discours anti-entreprise que rabâche depuis plus de 60 ans une Education Nationale accrochée bec et ongles à une idéologie rassie, hostile à l’idée que tout emploi est condamnable dès lors qu’il est supposé utile, vantant au contraire le droit au métier inutile : pas de souci, mais à la condition que l’inutilité revendiquée coûte un peu moins cher à ceux qui, pas assez intelligents et sans pedigree suffisamment bourgeois pour vivre de rentes, sont condamnés à gagner leur vie de façon bassement utile. Il y a fort à parier que les vraies questions de société passent au second plan dans l'imaginaire du RIC, d'abord destiné à révoquer des élus. 

La nouvelle vient de tomber, le référendum a donné la victoire au oui à 51%
Macron vient de démissionner
Savourons pour cela un instant de politique-fiction. Téléportons-nous au mois d'avril. Nous sommes après l’acte XXII des Gilets Jaunes (ces gens-là n’ont vraiment pas de maison). Le Grand Débat n'avance pas. On est en pleine cacophonie. Le pays est à bout, les esprits s'échauffent. Il y a eu des échauffourées entre Gilets Jaunes et Foulards Rouges. Lasse de voir l’image de la France continuer de se détériorer comme jamais à travers le monde, La Présidence prend le mors aux dents et accepte de déclencher le RIC, pressée aussi d'en finir avec les continuels soubressauts de l'affaire Benalla.  
Les Gilets Jaunes crient victoire et lancent dans la foulée le référendum révocatoire. La question : Voulez-vous que le Président soit destitué pour intelligence avec l’ennemi (il faut bien trouver une raison, l’ennemi étant en occurrence, la finance)? Une fois les bulletins dépouillés, la réponse au référendum est oui à 51%. La question est à présent de savoir comment comptabiliser les bulletins blancs qui représentent 5% des votants, risquant de ramener le oui à moins de 50%. Comment  faut-il aussi interpréter les 40% d’abstentionnistes qui, si on les intègre vont complètement fausser le résultat. A cause d’eux, le oui ne l’emporterait plus que'avec 28% des électeurs inscrits, pas de quoi crier victoire. Maudits abstentionnistes! Pourquoi donc cette fichue démocratie n’est-elle jamais capable d'accoucher de résultats vraiment représentatifs de l’opinion, proches des 97% comme en Corée du Nord, au Turkménistan ou au Zimbabwe, voire même des 100% comme au temps du peu regretté Sadam Hussein? Effectivement, la démocratie pose problème.

Le problème, en effet, est qu'on a eu de cesse depuis plus de dix-huit mois d’entendre à droite aussi bien qu’à gauche qu’Emmanuel Macron a été élu avec un trop faible pourcentage de voix pour posséder une réelle légitimité. Mais alors, comment justifier la légitimité d’un référendum dont la révocation du président ne serait décidée que par un peu plus d’un quart de la population?
On l'avait cru politiquement mort
Le voilà réélu!
Au final, les votes blancs et les abstentionnistes sont reconnus comme comptant pour du beurre. Dure leçon de réalisme. Macron quitte donc l’Elysée. On procède dans la foulée à de nouvelles élections. Or, faute de prouver pour ses accusateurs publics qu’il y a eu entente avec la Banque Rotschild pour vendre la France à la diaspora, l’ex-président Macron est autorisé à se représenter. Ce qu'il fait parce que comme il le dit lui-même, il a l'âme d'un combattant. Et voilà que coup de théatre, c’est lui qui remporte la mise au second tour. Emmanuel Macron, le haï des partis, lui, le Président des Riches, le mondialiste qui a bradé la France aux Boches, c’est encore lui que les Français préfèrent à tous les autres. Ils (les Français) les ont dégagés (les partis) il y a dix-huit mois et n'ont pas voulu se parjurer pour les sirènes du populisme. La France n’est pas encore l’Italie. Les oppositions en mangent leur chapeau de rage. L’usurpateur est réélu ! Les Français sont vraiment tous dévots (ou des veaux, on ne sait plus trop), disait le Général De Gaulle, . Pari perdu !  Malgré les outrances des Gilets Jaunes, les ignominies de Monsieur Dupont Aignant et les banderilles bien ajustées de Marine Vladimirovna, le bon sens l’a emporté. Le chaos ne sera pas encore pour demain même si la France est toujours au bord du précipice. Aux dernières nouvelles, Jean-Luc Mélenchon s'est refusé à toute déclaration. Il renoncerait à la Mairie de Marseille. Peuchère, le pooovre!

vendredi 25 janvier 2019

Réseaux anti-sociaux, à qui profite la haine?

Réseaux sociaux: balance ta haine!

Déversoirs d’insultes primaires, mal orthographiées, vulgaires, avec un penchant pour les attaques personnelles les plus viles et cerise sur le gâteau, les menaces de mort, tels sont devenus les réseaux sociaux, autant Facebook que Twitter
Ces outils numériques jadis conçus pour tisser un lien de convivialité joyeuse sont systématiquement détournés de leur objet initial par de gens dissimulés derrière des pseudos qui balancent leur haine de la société et de ceux qui l’animent, des anonymes qui profitent du masque que leur offre Internet pour vomir leur rancœur envers tout ce qui peut offrir une image positive, démontrant par là-même qu’ils incarnent derrière leur loup de circonstance l’échec de leur propre vie et la vengeance psychopathe qu’ils veulent exercer à l’encontre de ceux qui ne sont pas tombés dans la spirale de leur déchéance. 

Réseaux sociaux, finies les photos de vacances
Place à la politique
Quelle tristesse de constater que les réseaux sociaux sont devenus l’exutoire des recalés, des paresseux et des jaloux, furieux de s’être fait voler la vedette par des gens qu’ils haïssent sans même les connaître. Est-ce à dire que les réseaux dits sociaux n’ont en fait plus rien de social? Nul ne put contester le fait qu''ils ont été détournés de leur raison d’être au profit d’une forme de contestation politique systématiquement négative. 
Mais à qui peut bénéficier cette déferlante de violences qui risque du jour au lendemain de s’abattre sur vous dès que votre nom sort du chapeau. Prenez garde à ce que votre tête ne dépasse pas d'un cil de crainte de devenir une cible de choix ! Mais si l'on poursuit le raisonnement, qui a, en fait, le plus de chance d’être choisi comme cible ?
La réponse est simple. Si vous êtes libéral, pro-européen, démocrate et respectueux des institutions, votre compte est bon. Vous êtes devenu l’ennemi à abattre selon le diktat des réseaux sociaux. Surtout ne dites pas que vous avez voté Macron, vous êtes bon pour le pilori. Il suffit de lire, par exemple, les commentaires qui accompagnent les articles parus dans la presse pour comprendre que la liberté d’expression y est à sens unique, aux mains d’extrêmistes aux noms d'oiseau qui se défoulent en démolissant avec hargne tout ce que peut entreprendre le gouvernement. 
Inutile d’en rajouter, on a bien compris le message. Emmanuel Macron cristallise toutes les haines y compris celles que renvoient les pancartes des Gilets Jaunes. Souvent surnommé Micron, il n’est perçu que comme un imposteur, un président illégitime arrivé là grâce au soutien des mondialistes eux-mêmes manipulés par la mafia juive aux mains du Hongrois Georges Soros. Le fait que Macron ait transité par la Banque Rotschild a dans ce sens, définitivement scellé son sort aux yeux de la cathosphère rétro. Il est temps qu'il s'en aille back to black. Pas de juifs à l'Elysée (juste des Francs-Mac). 

Les réseaux sociaux ne manquent pas de s’acharner à démontrer qu’il existe une collusion entre la haute finance en « papillottes » et leur valet qui occupe indûment l’Elysée. L’antisémitisme règne en maître sur les réseaux sociaux, relayé par des gens au profil inquiétant qui ont apparemment bien profité du mouvement des Gilets Jaunes pour se refaire une forme d'innocence. Preuve, s’il en est, que les gentils GJ manquent encore de maturité. Dieudonné, rien que lui, l'égérie des djihadistes, s’est affublé d’un gilet fluo pour se faire prendre en photo à un rond-point au milieu d’anonymes visiblement trop contents d’avoir à leur côté un humoriste réputé. Bravo le coup de com ! Ses amis de l'Etat Islamique s'en sont fait "péter le bédélé". 

La France du juif Macron contre la nation en ordre de marche
Reste maintenant à savoir qui est épargné par les réseaux sociaux. Devinez ! C’est facile. Qui bénéficie toujours d’une étrange complaisance ? Inattaqué, inoxydable, le Rassemblement National bien sûr. Cherchez bien dans les pages sulfureuses qui agitent les réseaux sociaux. Le RN profite d’une bienveillance que d’aucuns envieraient. L’extrême-droite y apparaît comme le seul recours qui permette de retrouver de l’ordre, remettre les chômeurs au travail, virer les étrangers et ressentir comme un bon parfum de nostalgie très années 50, avant que l’Europe pervertie par la capitalisme judeocratique ne soit venu voler son âme à la France. Il y a comme un air de Pétain dans cette vision passéiste du pays. Travail, Famille, Patrie, les trois moteurs de la France de Vichy, mais aussi de la France de Marine. Marine, l’idole des réseaux sociaux, la Marianne de l’ordre nouveau, la Madonne des "Franzouses". On ne peut s’empêcher d’établir une corrélation entre les louables collaborateurs du temps de l’Occupation qui traquaient les bébés juifs et les pseudos de l’ombre qui, aujourd’hui, pourchassent de leur vindicte tous ceux qui sur Facebook ou Twitter seraient tentés de s’affranchir du discours social-nationaliste faisant loi au Rassemblement National en osant l'assortir d'un soupçon de libéralisme et d’un vernis de démocratie.

L'enfumage puissance 10
Le néofascisme aux dents blanches
Les réseaux sociaux sont devenus une arme politique aux mains de la Fachosphère, cette mouvance d'ultra-droite férue d'infox et de fake news, apte à façonner l’opinion dans le sens qu’elle désire. Il existe bien un compétiteur, Jean-Luc Mélenchon, mais pas de chance pour lui, les modèles sur lesquels il pense s’appuyer s’il parvenait un jour au pouvoir, ont du plomb dans l’aile. Son ami vénézuelien Maduro, dont il défend la légitimité alors que ce dernier ne tient en place que grâce au pouvoir qu'il a concédé aux généraux, ne séduit pas vraiment les Français. On se plaint déjà chez nous de manque de moyens mais, au moins, si on fait la queue au supermarché, c’est à la caisse et pas à l’entrée. Marine a, quant à elle, la chance d’avoir de son camp, des dirigeants anti-européens convaincus comme Matteo Salvini, un type qui fait peur même à ses amis. Mais alors, ce serait pour gagner quoi ? Assurément la mort de l’Union Européenne ! Chacun barricadé derrière ses frontières, prêt à engager une nouvelle guerre de tranchées. Et donc, à la fin, la victoire de la Russie, de la Chine, de la Turquie, le brelan d'as gagnant sur lequel a misé le RN. Il y en a qui ont été accusés de haute trahison pour moins que ça. On sait, à présent, en tout cas, à qui profite la haine. Pas à la France, ni aux Français ! Fichtre, les Patriotes revendiqués rêvent d'un nouveau Vichy, coiffés de l'emblêmatique béret large et mou du temps du Maréchal. Alors à quoi bon se tourmenter. La France a encore de beaux jours derrière elle. Heil Marine !     


dimanche 20 janvier 2019

Un mal profond qui vient de loin

Un pays qui ne sait plus où est sa route, divaguant de droite et de gauche entre l’ancien et le nouveau siècle, prêt à verser dans le fossé faute de trouver refuge dans les vestiges du monde d’avant. Telle est la France d’aujourd’hui. Pathétique !
Après avoir si longtemps repoussé les échéances fatales et joué les autruches face à l’échec patent de leur système redistributif, les Français viennent d’atterrir dans un nuage de souffre après avoir cru avec opiniâtreté et un brin de légèreté en des lendemains qui chantent. 
L’illusion a si bien et si durablement fonctionné que l’on s’est habitué à croire que nous possédions de manière inaltérable le meilleur système social au monde, un modèle que tous nos partenaires auraient dû nous envier. L’Etat Providence a bâti, année après année, un extravagant système de "Mécano" au bénéfice du plus grand nombre, créant de façon presque perverse le sentiment qu’il suffisait de demander pour recevoir. Doit-on y voir simplement un manque de clairvoyance ou d’anticipation ? Certes non, il y a assurément une forme sournoise de démagogie à penser que distribuer sans compter répond à une exigence morale, donc légitime. 

Saint Martin de Tours
figure populaire de l'iconographie chrétienne
Il a partagé son manteau avec un pauvre
Quelle action louable, en effet, que de partager son manteau pour l’offrir aux pauvres mais que dire s’il s’agit du manteau d’un autre. Et cet autre n’est ni plus ni moins que le gentil contribuable, ce Français trop pauvre pour optimiser, trop riche pour avoir droit à quoique ce soit, juste bon à se faire plumer. C’est pourtant lui qui a payé le manteau mais il se l’est tout bonnement fait voler. La France peut toujours se targuer d’être un paradis social, elle n’a plus rien d’un exemple pour ses voisins européens. Paradis social et enfer fiscal à la fois. Le côté obscur de la médaille. 
On peut mener une politique sociale audacieuse mais encore faut-il savoir agir en Pater Familias, c’est-à-dire en bon.ne père.mère de famille, économe, responsable, prévoyant.e. Tout ce qui a manqué, en fait, à nos politiques. Les gènes de la gouvernance française n’ont malheureusement jamais été formatés qu’à partir du postulat selon lequel « je dépense, donc je taxe. Je taxe, donc je dépense ». On se souvient de l’improbable cagnotte de Jacques Chirac, un excédent venu de nulle part dont d’aucuns s’étaient empressés de voir comment on allait vite pouvoir le dépenser. La cagnotte n’était, en fait, rien de plus qu’une erreur de calcul.

Soyons sérieux, pour une fois. Il y a quelque chose de pourri en République de France, et ce depuis bon nombre d’années. Comment peut-on, en même temps, s’honorer du titre de champion du monde toutes catégories en matière d’impôts, de taxes et de prélèvements obligatoires et, au bout du compte, constater à quel point notre pays manque de moyens pour tout. Drôle de pays en effet que celui qui possède une fiscalité de mammouth et ne peut même pas s’occuper dignement de ses services publics. S’il doit y avoir un débat, c’est bien celui-là : où passe notre argent ? Des chiffres, il nous faut des chiffres, poste par poste, point par point; il faut comprendre le pourquoi du comment. Nous devons savoir ce qu’on fait de notre argent, à l’Euro près. 

A force de noyer le poisson, de faire comme si tout va bien, d’endormir les Français, est arrivé le moment où la goutte d’eau a fait déborder l’océan. Payer oui, il le faut bien, notre pays nous offre beaucoup de choses, peut-être sommes-nous même de gros privilégiés mais il n’y a rien de pire que le flou pour instiller le doute, motiver la crainte, attiser la défiance, générer la révolte. Toutes les révoltes sont nées de levées d’impôts abusives, de taxes scélérates n’ayant eu d’autre but que de rémunérer les agents chargés de les collecter. C’est à la suite de ces combinaisons tordues qu’en 1776, les Etats-Unis ont proclamé leur indépendance en réponse à l’instauration par le roi George du Stamp Act, un droit de timbre sur les échanges de marchandises entre les colonies, un véritable étouffoir, pire une camisole de force imposée par Londres sur le commerce.  

La France, il faut avoir le courage de le dire, est dans un état d’urgence absolue. Nul ne conteste les chiffres hallucinants de la dépense publique, de quoi donner le tournis. Or, cela ne semble n'être pas suffisant, tout le monde se plaint, on manque partout de moyens. Il y a forcément un loup. 
Regardons de plus près. Le poste le plus onéreux concerne les retraites. Ce serait donc le bouquet car les retraités n’ont pas digéré la hausse de la CSG alors que ce sont eux qui coûtent le plus cher au pays. Bon Dieu, mais c’est bien sûr, le système de solidarité que l’on nous vend depuis presque trois générations n’est en fait qu’une gigantesque tromperie, une véritable Pyramide de Ponzi qui ne fonctionne qu’avec la contribution de nouveaux entrants, toujours plus d’entrants, encore et encore, jusqu’à ce que le château de cartes s’effondre et que comme pour Bernard Madoff, ce soit la case prison. 
Ce sont les actifs qui payent pour ceux qui ne le sont plus et qui, eux-mêmes ont payé pour ceux d’avant. A l’instar de la pyramide, il faut toujours de plus en plus d’actifs sauf que ce sont les retraités qui sont de plus en plus nombreux. Pour compenser les failles criantes du système, c’est l’Etat qui doit emprunter. Ce qui revient à dire que les retraités qui pensent avoir suffisamment cotisé pour vivre de vieux jours heureux se sont fait abuser. 
La France des années 50
La retraite n'était pas un problème. La solidarité était avant tout une histoire de famille
Les caisses de retraite ne sont pas la Caisse d’Epargne. Et voilà qu’on commence à découvrir un des fondements du mal français, la dictature du social. Les retraites constituent le gros de la dépense sociale, un coût bien plus élevé que dans tous les autres pays. Or, les retraités allemands, hollandais, danois, anglais, américains ou encore canadiens ne semblent pas si malheureux que cela sans pour autant ruiner les caisses de leur pays. Le problème français est simple: on ne choisit pas à quelle sauce être mangé, on y est contraint. Le système de cotisation français est imposé, obligatoire, étatisé. Il est interdit de sortir du régime établi, hormis prendre une assurance complémentaire en prélèvement de son revenu net, quelque chose qui n'est pas permis à tout le monde. 
Participant d’un système de solidarité, la retraite par répartition échappe au retraité autant qu’à l’actif cotisant, elle est gérée par l’Etat tout comme l’est l’Assurance Maladie. Dans les autres pays fonctionnent les Fonds de Pension, des organismes privés un peu vite considérés en France comme le diable alors qu’ils ne font que défendre les intérêts de leurs souscripteurs. Ce sont eux qui versent à ces derniers leurs pensions de retraite. Pour ce faire, n’étant bien sur aucunement bénéficiaires de taxes, redevances et autres impôts, il leur faut en permanence investir les sommes qui leur sont confiées pour dégager des ressources. Peut-être sont-ils le dernier avatar du capitalisme mais ce ne sont pas eux qui vident les caisses de la nation. 
En France, on a choisi de figer la société dans une configuration héritée de la Libération, avec une espérance de vie qui, alors n’atteignait pas les 70 ans pour un âge de départ à la retraite à 65 ans. Un différentiel de 5 ans ! Il n’y avait alors aucun risque à faire payer les retraites par les actifs, tant le taux de chômage était au plus bas. Il n’échappe à personne que les choses ont depuis bien changé. Ajoutons à cela que certaines corporations pour la plupart rattachées à l’Etat ont réussi à se faire accorder des régimes spéciaux comme autant de nouveaux privilèges puisés dans le budget tandis que l’âge de la retraite a été ramené à 60 ans. 
La 4CV, symbole d'un pays qui s'offrait ses premières vacances
Etant donné l’augmentation de l’espérance de vie, aujourd’hui supérieure à 80 ans, le différentiel est passé à 20 ans. En conclusion, le poids des retraites ne cesse de s’accroître au point de devenir une véritable bombe à retardement. En effet, au moment où la génération du Baby-Boum fait massivement valoir ses droits à la retraite, le risque d’implosion de la société française n’a jamais été aussi proche. Il est temps de changer le système des retraites. Il est urgent que l’Etat transfère une partie de la charge au privé et qu’on en finisse, dans ce pays qui ne parvient toujours pas à rompre mentalement le cordon ombilical avec les idéaux socialo-communistes des années 50, avec cette horreur culturelle du privé. Le privé reste pour les Français un monde dominé par des patrons despotiques qui ne cherchent qu’à s’enrichir sur les dos de leurs salariés. Le secteur privé a en revanche, une obligation, celle de faire des bénéfices, une condition essentielle à sa survie. Une entreprise privée ne peut se permettre de perdre de l’argent sauf à se retrouver rapidement liquidée avec tout ce que cela comporte de conséquences sociales. Pour les thuriféraires du tout Etat, il est évident que la notion même de bénéfice est une injure. Mon Dieu ! cachez ce bilan que je ne saurais voir ! Trêve d’idéologie, il n’est que temps de faire preuve de pragmatisme et se donner un peu d’air. Que l'Etat conserve le régime général, soit, mais il est temps qu'il transfère au privé les caisses complémentaires en les faisant progressivement passer du système de répartition à celui de capitalisation. Un étalement sur dix ans pourrait s'effectuer sans douleur.  
Il y a malheureusement fort à parier qu’on ne changera rien à la trajectoire suicidaire dans laquelle le pays s’est engagé. Comme l’a dit le Président Macron, la France n’est pas un pays comme les autres. Effectivement, elle s'obstine à rouler à contresens.        

samedi 12 janvier 2019

Gilets Jaunes : le Grand Débat, c'est non !

Gilets Jaunes, un art consommé de l'image
Il est devenu évident que ces gens-là sont dans la surenchère qu’a rendue possible l'incroyable starisation médiatique dont ils ont fait l’objet. Après s'être entêté dans sa trajectoire et avoir pris de haut les lanceurs d'alerte de la France des déclassés, l'exécutif a souhaité se faire pardonner en cédant aux revendications financières. Tout en se livrant à un simulacre de fermeté, il a imaginé pouvoir solder la crise en distribuant comme par enchantement plus de 10 milliards d’Euros puisés dans des caisses déjà vides. Apprenti sorcier plus que magicien, le gouvernement a pensé calmer le jeu en donnant de l’argent, reniant par là sa propre parole. La prévention ne faisant pas, hélas! partie de la culture française, il a de plus fallu que les violences s'installent pour que soit prise la mesure de la crise. Mais, en l'occurence, ce retard à l'allumage n’a pas fini de se payer très cher. Car le résultat est là, comme il fallait s’y attendre, les Gilets Jaunes ne sont pas rassasiés. Ils en veulent encore plus. « Fallait pas commencer » dit bien la chanson, on a rouvert la Boîte de Pandore.

Les Gilets Jaunes rêvent, en fait, de démanteler la démocratie représentative telle qu’elle est inscrite dans nos gènes républicains depuis des lustres, au profit d'une gouvernance du peuple par lui-même. Parce qu’ils se sont autoproclamés le peuple ! Ce qui reviendrait à dire que le port ou non d’un gilet jaune distingue celui qui appartient au peuple de celui qui en est exclus. Quelle présomption de la part de personnes qui pour une large part ne payent même pas d’impôts ! En quoi l'appartenance ou non au peuple dépendrait-elle d'une tunique fluo? On navigue en plein délire et le pire, c'est que ça marche ! Ils sont tous à genoux devant les Gilets Jaunes, tous ! le pouvoir, les politiques, les journaux, les télés, les radios, tous à leur dérouler le tapis rouge, à soi-disant les comprendre, sans aucune considération pour la France qui continue de bosser, malgré tout. Alors que le pays est sous la férule d'un groupe de cent mille agités, à peine l’écume d’une vague, que font tous les autres, les plus de 66 millions restant qui n’arpentent pas les rues pour frapper du flic. Eh bien, ils ont les foies, ils se caguent, ils se terrent chez eux ou, au pire, se risquent encore à se rendre au travail, rasant les ronds-points et baissant la tête pour ne pas être pris à partie. Surtout, ne dites jamais que vous n’êtes pas Gilet Jaune, au contraire, faites leur un signe entendu, un petit coup de klaxon complice, sans quoi ils pourraient vous prendre pour un collabo du pouvoir, gestes explicites à l'appui. 

La cité de Carcassonne revêtue de jaune par l'artiste italien Felice Varini
Image d'un autre temps
Mais enfin, ouvrons les yeux et cessons dans ce pays d’être intimidés par un peu moins de 100 000 individus bardés de jaune qui battent tous les samedis le pavé en hurlant «Macron Démission".

Et puis, il y a la formule magique qui s’écrit en trois lettres : RIC. Trois lettres pour donner au mouvement un souffle épique. Le voilà le fameux Référendum d’Initiative Citoyenne, un enfumage dont le but premier, voire unique serait d’enclencher la procédure révocatoire visant à évincer Macron de la Présidence. Et si cela n’est pas suffisant, on en entend déjà appeler aux armes, allant même jusqu’à vouloir ériger l’échafaud pour satisfaire leur appétit de vengeance contre tout ce que représente la démocratie. Le RIC, parlons-en. Hormis la destitution de Macron, quels pourraient être les sujets sur lesquels les Français seraient amenés à se prononcer par oui ou par non ? Il ressort d’une consultation réalisée par le Conseil Economique et Social que la première demande concernerait l’annulation du mariage pour tous. Rien que ça ! On est loin des prix de l’essence. Mais, tant qu’on y est allons-y pour les grandes question sociétales, celles qui coûtent peu à l’Etat mais enflamment les discussions : le retour de la peine de mort, l’interdiction de l'IVG, le retour de l’ISF, la nationalisation des autoroutes, l 'enterrement de la PMA.... Un retour en arrière de 40 ans. Bravo le RIC, un véritable marchepied pour l’instauration d’un état totalitaire, unanimiste, dont on ne sait même pas si on le préfèrerait d’extrême-droite, xénophobe, raciste et homophobe ou d’extrême-gauche, égalitariste, prolétariste, collectiviste. On évoque la possibilité de modifier les institutions en provoquant un référendum sur la réduction du nombre de députés et de sénateurs. Mais n'était-ce pas déjà le projet d'Emmanuel Macron passé à la trappe l'été dernier, pour cause d'affaire Benalla. Et souvenons-nous que cette affaire fut du pain béni pour une opposition parlementaire qui voyait alors d'un très mauvais œil une réforme qui risquait d'amputer encore un peu plus ses effectifs déjà bien amaigris. Il est vrai qu'à l'époque, les Gilets Jaunes se fichaient royalement, euh!, citoyennement de la politique.

Revêtir un gilet jaune constitue à présent le passeport diplomatique incontournable pour être l'invité des plateaux télé et régler leur compte aux journalistes qui refusent de jouer les carpettes. Il n’est, en fait, que temps que les Gilets Jaunes se transforment en vrai mouvement politique et qu’on voit ce qu'ils valent vraiment, tant ils donnent aujourd'hui le sentiment de n'être tout au plus une nébuleuse d’abstentionnistes à la rage facile mais sans projet crédible. Le RIC nourrit les colères mais ne met rien dans l'assiette.
  
Le Grand Débat selon les Gilets Jaunes
Le Grand Débat National souhaité par le Président de la République aura peut-être la chance de noyer le poisson en marginalisant ceux qui rêvent de provoquer le chaos et faire tomber la démocratie. Mais encore faudra-t-il que les Français puissent s’exprimer en liberté et cessent d’être abreuvés par des réseaux sociaux toxiques et complotistes dont les images trafiqués et hors contexte valent plus que la réalité. « Plus le mensonge est gros, plus il prend », disait Hitler. Il avait fichtrement raison, on ne croit que ce qu’on a envie de croire même si c’est de la pire infox. On parlait jadis de majorité silencieuse, ce que l’on considérait comme la voix du peuple réel (pas celui des sondés) qui s’exprimait dans les urnes et rabattait leurs caquets à tous les excités du micro qui s'étaient vu un peu vite en haut de l’affiche alors qu’ils ne représentaient qu’eux-mêmes. 
La majorité silencieuse a depuis cédé la place à la minorité des forts en gueule et des pseudos des réseaux sociaux qui imposent en force leur point de vue n'hésitant pas à menacer de la pire façon le moindre contradicteur. Le Débat, les Gilets Jaunes n’en veulent pas car on ne débat pas chez les Gilets Jaunes, « we follow the mob ».

Ceux qui portent ostentatoirement un gilet jaune ne représentent, reconnaissons-le, qu’une infime minorité de gens mais ils ont réussi un coup de génie en focalisant sur eux l’attention des médias, une attention quasi-permanente et pour le moins très complaisante. Cela fait bientôt deux mois qu'ils donnent le "la". On n’entend qu’eux, on ne parle que d’eux. Bref, on leur accorde une importance telle qu’on amplifie leur mouvement au point d’en oublier tout le reste, c’est-à-dire le plus important. Or, le fait d’être, quoiqu’ils disent ou quoiqu’ils fassent sous le feu constant des projecteurs leur donne un tel sentiment de puissance qu’ils se croient autorisés à faire n’importe quoi dans la plus parfaite impunité. 
Le gouvernement fait preuve à leur égard d’une faiblesse troublante, confronté pour la première fois au syndrome de Sivens, ce drame qui avait vu la mort d’un manifestant écologiste suite à un tir de grenade venant des forces de l’ordre. Accident plus que bavure, cet évènement a bouleversé l’opinion publique et son souvenir hante depuis toutes les manifestations. La police vit dans la hantise qu’un drame similaire se reproduise et provoque une onde de choc susceptible de mettre le feu aux poudres. 
On comprend par ailleurs pourquoi certaines mouvances politiques, souvent rangées du côté des extrêmes, s’empressent de filmer le moindre débordement et dénoncer ainsi les violences policières (omettant bien sûr de mettre en ligne les violences et les provocations issues de leurs rangs) , témoignant de crânes défoncés, de joues arrachées, de bouches tuméfiées, d’yeux crevés, des images rappelant les pires horreurs médiévales, du siège de Béziers aux Aveuglés de Bram, dont les responsables seraient des flics déchaînés qui du fait de leur allégeance à Macron se sentiraient investis du permis de massacrer les innocents.

Pour en revenir au Grand Débat, il risque de ne déboucher sur rien d’autre qu’un dialogue de sourds. Nicolas Dupont Aignan l’a d’ailleurs bien fait comprendre en assénant devant Jean-Jacques Bourdin qu’Emmanuel Macron ne disposait plus d’aucune légitimité en raison des mauvais sondages. Parce que lui en aurait une meilleure avec ses 6% ? Les sondages faisant désormais loi, Marine Le Pen et ses alliés surfent sur le mouvement des Gilets Jaunes comme Brice de Nice, gilet jaune avant l’heure surfait dans les eaux calmes de la Baie des Anges. Fait étrange, les ex-Frontistes engrangent des points sans même bouger le petit doigt. Les Gilets Jaunes sont plus que de bons petits soldats de vrais sergents recruteurs. A vaincre sans péril, triompherait-on à présent dans la gloire ? On peut le croire.  Le Rassemblement National compte les points, constatant la mine réjouie que les sondages montent et montent en sa faveur. Que du bonheur! Un Grand Débat, le Rassemblement s'en moque. Ses caciques contemplent les bras croisés le Président chercher par tous les moyens à apaiser les braseros de la colère qui fument aux ronds-points. Peine perdue, il suffit de se frapper la route au quotidien d’un bout à l’autre de mon cher pays cathare (en résumé de Fleury à Quillan et de Sigean à Castel.) pour comprendre, slogans à l’appui, pour qui on vote chez les Gilets Jaunes. On est plus Bolsonaro que Maduro, il n'y a pas photo.
D'ailleurs, pas de drapeaux rouges dans les cortèges, uniquement des drapeaux tricolores comme dans tous les rassemblements du Rassemblement National. Il semble, en effet, que tous ces adeptes de la chaîne pro-Poutine Russia Today, la seule chaîne d'information objective selon les GJ, ressentent, par delà leur mouvement, une fascination pour certains régimes autoritaires étrangers dont Mme Le Pen se sent tout à fait proche.
Les Gilets Jaunes  profitent visiblement du fait que le pouvoir est déboussolé et que ses services d’ordre ne sont plus là que pour se protéger contre des violences qu’ils ne parviennent pas à endiguer. 
On n’en est arrivé à un point où tuer un policier passerait pour une « mitzvah » tandis qu’un jet de grenade lacrymogène serait devenu un crime contre l’humanité. D’ailleurs, le mot « gazé » utilisé à- tout-va par ceux qui se frottent aux policiers est un de ces éléments de langage dont raffolent les chantres de l’insurrection. Mais comment oser comparer l’usage d’une grenade lacrymogène, un équipement basique des services d’ordre depuis des décennies à ce qui s’est passé dans les camps nazis ! Quelle indécence, quel irrespect. On est décidément à deux pas du négationnisme.

Le Grand Débat, les Gilets Jaunes ont annoncé qu’ils n’y participeraient pas, le considérant comme une diversion organisée par le gouvernement pour dissoudre leur mouvement. A ce rythme-là, on n’a pas fini de tourner en rond autour des ronds-points. Pendant ce temps, on rigole bien en Cisalpine, Matteo subito ! ?

Demain la France ?


jeudi 3 janvier 2019

le Président plie mais ne rompt pas, l'opposition fulmine

Voeux d'Emmanuel Macron
Alors? Il va partir ?
La séance des vœux présidentiels était attendue avec une forte impatience par toute la classe politique et une bonne partie de nos concitoyens. Qu’allait dire Emmanuel Macron après deux mois de revendications et de manifestations en jaune fluo, au rythme des « Macron dégage », et de mise-en-scène macabres représentant son exécution, preuve s’il en est que ce pays compte toujours des nostalgiques de la peine de mort. Certains espéraient bien sur des annonces du style, « je présente ma démission » ou « je dissous aujourd’hui l’Assemblée Nationale » mais ils ont au contraire eu droit à « Je ne me retirerai, j’ai été élu pour un mandat de cinq ans ». Pas de chance.
De quoi faire sortir de leurs gonds les leaders de l’opposition, toujours les mêmes, ces fameuses Saintes Nitouche promptes à s’offusquer de n’importe quoi. Le Président ne s’est non seulement pas autoflagellé, comme ils l'auraient espéré, mais a fait preuve d’une détermination qui ne pouvait qu’irriter ceux qui s'étaient imaginé un peu vite qu'il allait s'enfuir par le premier avion. 
Offensif, il s’est, en revanche, efforcé de remotiver tous les Français qu’il avait su séduire lors de sa campagne. Utilisant le « Nous » plutôt que le « Je », il a tenu à sortir du face-à-face entre les électeurs et lui, afin de retrouver l’esprit d'En Marche, tous ensemble pour la France. Il n’a jamais nommément cité les Gilets Jaunes même si l’on sentait leur présence en creux dans son évocation du malaise de la société française et des dégâts collatéraux de la mondialisation. Il a cité pêle-mêle tous les dangers que le monde traverse, que ce soit la montée des extrêmismes ou la récurrence de l’obscurantisme. Mais il a aussi rappelé qu’il ne renoncera pas aux réformes annoncées. Il a été élu pour mettre un terme à 30 années de décrochage et pour armer les pays face aux terribles défis du XXIème siècle. Il ne se dérobera pas. Quelle déception dans les rangs des Gilets Jaunes. Ce président est décidément hors sol, il veut continuer de changer les choses alors qu'on est tous à vouloir que rien ne change excepté lui.

Reconnaissons cependant que l’espoir suscité lors de l'élection d'Emmanuel Macron a été terni lorsqu'il a fallu faire coexister un projet présidentiel ambitieux, pour ne pas dire révolutionnaire, avec le gang des technocrates en place au sommet de la République, une officine qui possède la science infuse sans jamais voir un cheval, un hibou. Des gens brillants, trop brillants même, mais qui ont confondu les aspirations de tout un pays avec un simple parcours de Monopoly. On peut être très intelligent et beau, beau, beau mais con à la fois. A s'être imprudemment acoquiné avec des flagorneurs uniquement préoccupés par l'épaisseur de leurs propres émoluments, le Président s’est laissé manoeuvré, péché de jeunesse dirons-nous . Il a cédé au discours des experts de salon, acceptant de leur part une approche sociologique désincarnée de la société, devenue un produit de pure consommation numérique. 
Faute de disposer autour de lui de garde-fou, de poids lourds de la politique aguerris à tous les coups bas, experts en langue de bois, il s’est retrouvé seul. Bien esseulé dans les couloirs de son palais, devenant la cible unique des rancœurs et des haines de toutes sortes, même les moins justifiées. Il a, de la sorte, cristallisé contre lui seul tout le mouvement des Gilets Jaunes
Il a accepté de céder pour calmer le jeu, annonçant une pochette surprise de 10 milliards d’Euros en guise de cadeau de Noël, regroupant la baisse des taxes sur le carburant, un renoncement à la hausse de la CSG pour une bonne partie des retraités, la hausse du SMIC, la défiscalisation des heures sup. et une prime de fin d’année allant jusqu’à 1000 Euros net de charge pour la majorité des salariés. Non mais c’était forcément une légende, un conte de Dickens, un truc inimaginable au pays de la taxation à gogo, eh ! bien non, c’était vrai. Alors qu’il s’était battu à mains nues pour que le déficit de la France ne dépasse plus les 3% comme l’exige l’UE, le Président se résignait à voir le pays redevenir le mauvais élève de l’Europe et tout ce qui va avec : le bonnet d’âne, les railleries, les moqueries, les sous-entendu visqueux, les plaisanteries oiseuses du genre "La France de la loose is back again". Emmanuel Macron a du faire profil bas, une épreuve oh ! combien dramatique pour un président qui voulait sortir son pays du bourbier mais qui s'est fait jeter dans la fosse à purin. Il a compris à quel point il est dur de faire bouger un âne qui refuse d'avancer. 

Marine Le Pen
"Dehors l'imposteur!"
Contrairement à ce qu’espérait l’opposition des ultras, les cierges allumés à Sainte Rita et à St Maximilien n’ont pas suffi. Le Président a annoncé aux Français, en cette soirée de la St Sylvestre, qu’il reprenait la barre et le cap fixé pour le quinquennat. Tel le phénix, il venait de renaître de deux mois de mise au pilori et de simulacres de décapitations pour annoncer qu’il allait poursuivre le chemin des réformes. Il n’en fallait pas plus pour que les extrêmes qui s’étaient imaginés récupérer le pouvoir vacant après la mort politique du ci-devant Macron, trépignent de haine devant leur poste de télévision. Marine Le Pen a hurlé à l’imposture. Rien que ça! Elle qui s’est lamentablement vautrée lors du débat du second tour de la Présidentielle, digère toujours mal sa défaite, sous-entendant à demi-mot qu’elle s’est fait voler l’élection par quelqu’un qui n’était pas celui qu'il prétendait être. Elle a dû manquer un épisode. On sait qu'elle fait preuve, comme la plupart des professionnels de la politique, d’un ego surdimensionné mais qu’elle ne reconnaisse pas avoir été battue à la Présidentielle par 66% de voix contre 34 relève purement d'un esprit putschiste. Non, Mme Le Pen, le résultat des urnes n’a pas été trafiqué, on n’est pas encore en dictature. Monsieur Macron n’est pas un imposteur mais la façon dont il semble que vous souhaiteriez en ce moment prendre le pouvoir relève, quant à elle, de l’imposture.

Reste le chantre du Robespierrisme, du Léninisme et du Chavisme, en somme d'idéologies parties à la dérive à force d'avoir toujours eu raison y compris contre leurs peuples. Jean-Luc Mélenchon s’est fendu d’un tweet abscons à l'occasion des voeux du chef de l’Etat, reprenant l’antienne du Président des Riches (mdr, sachant que JLM lui-même affiche un patrimoine frôlant le million d'Euros) avant d'asséner un fort méprisant "T'as compris, Monsieur Macron?". Le Député Insoumis Eric Coquerel n'a pas fait non plus dans la dentelle "Entre Macron et le peuple il y en a un de trop. On peut renvoyer le Président". Si l'on comprend bien, la minorité qui n'a pas voté Macron constitue le peuple et la majorité qui l'a élu n'est rien. Voilà bien résumée ce que ces gens entendent par République Démocratique et Populaire, une marque dont s'affublent en fait les régimes les plus totalitaires.  

Eric Drouet, un Alexeï Navalny à la Française?
Vous plaisantez ! Drouet est victime d'un régime policier,
tandis que Navalny est un élément subversif traité comme il
le mérite.

Mais voilà à présent que le tribun des Insoumis, grand nostalgique, s'il en est, du Comité de Salut Public et des Colonnes Infernales, se pique d’un amour immodéré pour Eric Drouet, un des meneurs des Gilets Jaunes, le comparant à un ancêtre homonyme, le citoyen Drouet, dénonciateur en 1791 de Louis XVI en fuite avec sa famille. Voilà qui ressemble au mieux à un vigoureux appel du pied, au pire à une grossière tentative de récupération. Sentant son mouvement lâcher prise à l’aube de la campagne pour les Européennes alors qu'il voudrait faire de celles-ci un référendum anti-Macron, il lui faut réoccuper à tout prix la scène médiatique. Il vient, pour cela, de trouver son champion en la personne du trublion Eric Drouet, un électeur repenti du Rassemblement National qui symbolise à ses yeux l’élan des sans-culottes de 1792, imprévisible, provocateur, outrancier, violent. Et connaissant le langage châtieur de M. Mélenchon, on n’est pas dans la demi-mesure : la police de Macron est une police politique, elle représente l’arbitraire d’un pouvoir qui glisse vers la dictature. Le député Marseillais a sorti les yeux du brouillard et bien compris que M. Drouet, en mobilisateur charismatique de réseaux sociaux, et du fait de l'ultra-médiatisation dont il bénéficie pour des raisons qu'il serait, d'ailleurs intéressant d'analyser, pourrait lui servir de relais politique auprès d'un mouvement qui n'adhère que peu à ses théories enchanteresses. Il s'est convaincu que les Français étant d'irréductibles veaux, il aurait bien besoin d'un Eric Drouet pour faire croire qu’avec lui à la tête de l’Etat, ce serait assurément le pays des Bisounours. Toucalin, Toubisou, Toudrouet, tous à l'Elysée!  

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