lundi 31 décembre 2018

2019, une nouvelle année de tous les dangers


2018 s’annonçait sous les meilleures auspices et voilà que patatra ! On a partout, semble-t-il déterré la hache de guerre. Il a toujours été de bon ton de dire que "tout fout l’camp" mais cette fois-ci, on a lâché les tigres. 
La carte du monde se recouvre d’une couleur étrangement sombre. On n’a jamais autant nourri l’atmosphère de CO2, jamais eu aussi chaud, jamais autant pollué les mers, et cela n’est malheureusement pas près de s’arrêter. Les climatosceptiques sont confortés par des opinions en déshérence de plus en plus tentées par les mouvements autoritaires, craignant de se voir déclassés dans une société qui ne protégerait plus que ses élites fortunées, laissant les autres à la dérive. L’écologie n’est plus perçue que comme punitive, un truc pour faire encore plus d’argent sur le dos des pauvres.

L’Amérique de Donald Trump mais pas seulement, bon nombre de pays européens veulent aussi se protéger derrière des murs gigantesques afin qu'on ne vienne pas toucher à ce qu’il leur reste encore de richesses, bien décidés à ne rien partager avec la masse des infortunés venus du sud. La misère est désormais bien plus pénible au soleil tandis que les contrées du nord renvoient d’elles-mêmes une image si paradisiaque qu’elles attisent les convoitises de millions de déshérités, pour la plupart issus de tropiques. 
Les migrants sont devenus la nouvelle plaie. On n’en veut plus, au point même de les laisser périr aux portes de nos ports dans la plus stricte indifférence. On a tous intégré les discours extrêmistes selon lesquels les migrants constituent la pire menace qui soit pour les valeurs de notre civilisation, de notre culture, de nos racines avant tout chrétiennes. La théorie du grand remplacement entre dans les gènes occidentales. De toute les façons, le métissage est aujourd’hui partout banni. On ne se mélange plus, on se reproduit au sein de la même classe, de la même religion, de la même tribu, pratiquement de la même famille, acceptant par là une forme de consanguinité aussi dangereuse que rassurante.

Hongrie
Migrants, access denied
En Allemagne, Angela Merkel a payé cher sa porte ouverte à la vague migratoire de 2015. Sans parler des états d’Europe centrale ouvertement hostiles à toute immigration, l’Italie a basculé dans le camp des extrêmes populistes, affichant une politique ouvertement xénophobe qui non seulement n’effraie plus personne mais recueille une forte adhésion. Plus le discours est haineux, plus il plaît. Alors pourquoi s’en priver. Les gouvernements qui continuent de prêcher pour la démocratie passent pour faibles et par conséquent incapables de satisfaire les aspirations de leurs peuples. On les accuse de mondialisme, de complaisance envers les tenants d’une société globalisée dont le but serait de broyer les individus, de détruire les frontières, de confisquer la planète au profit d’une poignée d’ultrariches tout puissants. 

Les Etat-Unis ont encore la chance de posséder une des constitutions les plus solides du monde, usant de contre-pouvoirs aptes à contenir les velléités autoritaires de son exécutif. Mais il n’en est pas de même dans tous les autres grands pays. Le Brésil vient de basculer dans une aventure dont nul ne peut imaginer les conséquences. La Russie s’est doucement laissée déporter vers une forme d’autoritarisme, tout en séduction et en manipulation, renforçant de façon inquiétante son arsenal militaire en vue d’une nouvelle politique expansionniste. La Turquie n’a plus grand-chose à voir avec une démocratie et ne manifeste aucun état d’âme quant à l'anéantissement de toute opposition, aussi bien politique qu’ethnique.

la Chine, usine planétaire
Reste la Chine, l’hyperpuissance, le pays qui représente à lui seul la mondialisation. Le plus grand pollueur mais aussi la plus grande usine qui à elle seule approvisionne la terre entière des produits de la technologie dont cette dernière est devenue l’esclave. La Chine s’est approprié tous les savoir-faire ne laissant au reste du monde qu’un rôle de consommateur. Elle a effacé toute concurrence et prépare un futur planétaire dont elle aura la maîtrise absolue. Elle a déjà commencé avec son propre peuple, le soumettant à une vidéo-surveillance intégrale et permanente. Elle a rendu son pouvoir pratiquement indestructible faisant du communisme d’Etat un système de gouvernement totalitaire et absolutiste à perpétuité.

Et la France dans tout ça. Elle n’en finit plus de ramer. Elle vient de se débarrasser de ses dernières illusions inaugurant une délicate période d’incertitude. Le contexte économique maussade et le ralentissement de la croissance amputent ses espoirs de redémarrage de la machine. Le mouvement des Gilets Jaunes a mis au grand jour un pays fracturé, appauvri, amplifiant encore plus le pessimisme récurrent qui caractérise les Français dans de nombreux sondages. L’élection d’Emmanuel Macron a suscité en son temps un espoir hors mesure. Tout cela n’a pas tenu. Des erreurs de parcours et une marche forcée à réformer un pays habitué à traîner les pieds ont semé le doute, suscité l’inquiétude et, pour finir, répandu l’acrimonie. La fin de l’année na été qu’un défouloir de haines. Peut-on encore se souhaiter quelque chose pour « l’an que ven » ? Conserver la santé, c’est déjà bien….. Alors à tous, une bonne année et une bonne santé, et comme on dit, surtout la santé. Pour le reste on verra.

dimanche 30 décembre 2018

Les vœux du Président, et si c'était ça

Quel étrange pays que la France. On n’y aime pas grand’chose hormis peut-être ses grands plats régionaux, sa bouillabaisse, son cassoulet, sa garbure, ses pieds-paquets, son aligot, ses tielles, son kouign-amman ou sa bonne choucroute alsacienne. Autant de mets gourmands qui ravissent les papilles. Mais en cette période où tout devrait être à la fête, c’est plutôt la soupe à la grimace. 

Pour faire une bonne bouillabaisse,
il faut se lever de bon mâtin....
Visiblement, il manque un sucre dans le café ou les ormeaux sont durs à la dent. La France, première destination touristique au monde, le pays aux mille paysages, aux mille merveilles telles que le Mont Saint Michel, Notre Dame de la Garde, le château de Chenonceau, l’abbaye de Fontenay, etc…., la liste est  interminable ; la France qui se targue de posséder le meilleur système social de la planète, qui se vante d’être le pays qui offre le plus de congés payés à ses salariés pour un nombre d’heures travaillées inférieur à celui de tous ses voisins ; la France qui offre à ses chômeurs des indemnités comme nulle part ailleurs assorties qui plus est d'une prime de Noël et qui subventionne sans compter ses services publics malgré des coûts à donner le tournis ; la France qui possède encore, au monde, le plus grand nombre d'agents de l'état en pourcentage de son nombre d'habitants, un héritage d'une lointaine époque où le communisme représentait encore un avenir possible ; la France, pays des Droits de l’Homme qui a toujours été considérée comme un modèle en matière d’accueil des déshérités et d’assistance aux plus démunis ; la France enfin qui devrait assurer à ses enfants l’enseignement le plus pointu et le plus complet qui soit grâce à un nombre de professeurs supérieur à ce qu’ils sont dans les autres pays. Eh bien, nous n’en sommes plus à un paradoxe près, la France qui avait, pour sa prodigalité tous les atouts pour être le paradis sur terre, passe auprès de ceux qui y vivent pour un véritable enfer. Le pire est qu'ils n’ont toutefois pas entièrement tort. Nous sommes effectivement arrivés au point où le mensonge ne suffît plus à compenser les inquiétudes.

la France, pays aux mille merveilles
Chenonceau, un joyau que le monde nous envie 
Cette France, en effet, si généreuse, si dépensière en matière d’aides, d’allocations et de subventions à gogo n’a plus rien à offrir de plus, tant elle est désormais à la rue. La générosité a un coût qu’elle ne peut plus assumer. C’est à présent qu’il va falloir se retrousser les manches et imaginer l’avenir.
L’Etat, habitué à tergiverser, à calmer le jeu, à prôner la paix sociale a toujours esquivé, préférant la formule « Dormez tranquilles braves gens » à la sirène des pompiers hurlant qu’il y a le feu dans la maison. Sauf qu’après avoir attendu et attendu, la maison est consumée.

Les gouvernements successifs ont rivalisé de deshonnêteté, pensant que tant que le somnifère agirait, on aurait le temps de repousser la purge à plus tard. Seul François Fillon, alors premier ministre avait osé une confidence, déclarant qu’il était à la tête d’un pays en faillite. C’était en 2007. Nicolas Sarkozy, tout juste élu président, l’avait vertement rabroué, au nom de la sacro-sainte omerta sur l’état réel de la France. Surtout ne pas dire aux Français qu’on est en cessation de paiement, ça risquerait de provoquer un tsunami.

On a donc persévéré dans le déni. Dans le genre François Hollande n’a pas été mauvais non plus. Il a bien tenté de renflouer les caisses mais en se lançant dans un matraquage fiscal sans précédent, censé faire payer ses ennemis de la finance tout en ponctionnant d’abord les classes laborieuses, i.e. les gens qui travaillent. L’affaire n’a pas duré longtemps tant sa côte de popularité s’est effondrée. En annonçant un jour de printemps que ça allait mieux, il a refilé la patate au suivant.

Et les Français ont choisi Emmanuel Macron, persuadés qu’avec quelques années seulement de plus que le Christ, cet homme providentiel allait guérir les écrouelles. La déception a été d’autant plus grande que le jeune président n’a pas accompli les miracles espérés, même Jupiter peut avoir du mal à escompter les traites, faute de garanties. Il fallait bien se douter qu’après 40 ans d’un coma profond, le réveil serait explosif.  Dans un premier temps, le nouveau président y est allé avec des pincettes, promettant après une année de croissance inespérée, ramener le déficit de la France à moins de 3%, de quoi passer enfin pour un pays responsable vis-à-vis de ses partenaires. La croissance n’ayant pas suivi, maintenir les déficits en deçà des 3% n’allait pas se faire sans un nouvel effort demandé aux Français. 

Alors on a commencé à taxer d’une manière raisonnable, puis à taxer à nouveau, rognant sur les allocations aux classes modestes, accroissant les contributions des aînés, un peu par ci, un peu par-là , une ponction solidaire assortie, avec une maladresse grossière, d’un allègement fiscal sans précédent pour les moins nécessiteux. Mais quelle ignorance de l’histoire des mouvements sociaux et de leur cause ? On aurait voulu recréer les conditions qui ont conduit au soulèvement de 1789 qu’on ne s’en serait pas pris autrement. Espérons que les technocrates qui gravitent autour du président ne toucheront pas leur prime de Noël. Pour un pays qui bat tous les records mondiaux en matière de prélèvements sociaux et de fiscalité, il y a eu ce qu’on a appelé la goutte de carburant qui a fait déborder le réservoir. Malgré toutes ses qualités, Emmanuel Macron, est retombé sèchement sur terre après que son parachute soit soudain parti en vrille. L’atterrissage a été d’une rudesse douloureuse. 

Les Français sont connus pour être des grincheux et des renacleurs mais ils peuvent encore accepter de se faire plumer si on y met la forme. Or, la forme n’a été que de l’indifférence. Je me souviens avoir entendu Elisabeth Borne un matin d'octobre chez Jean-Jacques Bourdin, évoquer la hausse régulière des taxes sur le carburant comme une trajectoire fixée tout au long du quinquennat. Pour moi qui fait en moyenne 8000 km par mois pour les besoins de mon métier et surtout pour qui ces kilomètres sont une charge, je me suis « pensé » que cette affaire pourrait mal se terminer. 3 semaines plus tard, avait lieu l’Acte I des « Gilets Jaunes ». 

Il y a toujours un prix à payer pour conserver la liberté
Encore faut-il ne pas se tromper de route
On ne peut nier que nous sommes gouvernés par des gens compétents, surdiplômés, mais il parait bien curieux, pour une personne censée, que nos ministres n’aient pas su anticiper la grogne que susciterait une nouvelle hausse des taxes alors qu'au même moment, le prix du pétrole était au plus haut. Le ras-le-bol fiscal, rien à faire, nos énarques n'arrivent toujours pas à comprendre ce que ça peut vouloir dire. A croire qu'ils payent leurs impôts à Jersey ou au Lichtenstein. Les Français, tous des veaux ! disait De Gaulle. C'est ce que se sont dits nos chers bureaucrates parisiens, si addicts à leur calculette qu’ils en perdu l’ouïe, l’odorat et le toucher. Qu’ils n’aiment pas la respiration du peuple correspond certes à une forme d’idéal aseptisé mais alors, que font-ils là ? Qu’ils rendent leur passeport diplomatique et se cassent à Pitcairn ou en Nouvelle Zemble !  C’est malheureux à dire mais tous les effets d’annonce concernant la baisse de la Taxe d’Habitation et des cotisations salariales ont fait complètement Pschitt !!! Que diable, cher gouvernement, rien de tel que de faire croire à vos sujets que vous reprenez des deux mains ce que vous avez parcimonieusement accordé de l’une. De quoi se mettre à dos même les plus inconditionnels de vos militants.

Après une telle bévue, que dire à tous ces gens qui squattent les ronds-points, estimant représenter le pays légitime alors que le Président passe à leurs yeux pour le rejeton d’une élite financière internationaliste, arrivé là suite à une erreur de casting. Peut-être serait-il temps d’en finir avec les formules du style « jusque-là tout va bien ». Parce qu'au final, c’est le crash garanti.  



Alors voilà ce que je vous suggère, cher Président, au moment d’annoncer vos vœux. D’abord en finir avec la langue de bois qui, vu l’électricité ambiante, n’a plus aucune prise. Le parler vrai mais surtout le poids des mots :

« Mes chers compatriotes, vous m’avez élu il y a dix huit mois pour redonner à notre pays la place qu’il mérite au sein des grandes nations de ce monde. Je vous en sais gré et j’ai mis toute mon énergie à redonner à la France le poids qu’elle a avait perdu depuis trop longtemps au cœur des décisions qui engagent l’avenir de notre planète. Vous savez que notre monde connaît actuellement des soubresauts qui menacent sa stabilité et son avenir. Je me suis donné sans compter pour faire valoir une parole d’équilibre au sein d’intérêts nationaux divergents qui, si l’on y prend garde, peuvent s'avérer irréconciliables. 
Cette énergie à faire valoir la parole de la France , je me suis rendu compte que mon propre pays avait du mal à la suivre. L’enthousiasme ne suffit pas. J’en fais ici acte de contrition. Mais peut-être aussi qu’à l’aube de cette nouvelle année, il est temps de parler vrai. J’ai engagé un vaste débat national qui va se prolonger jusqu’en mars. Il permettra de dresser un tableau de l’état de notre pays, qui je l’espère sera le plus impartial et le plus juste possible. 
J’espère surtout que cet état des lieux permettra de nous faire prendre conscience que notre pays a surtout besoin de nos efforts à tous. Je comprends parfaitement les difficultés qui exaspèrent un bon nombre d’entre nous tant ils ont le sentiment que leurs efforts ne servent à rien. Mais je ne vous ai pas menti, même si j’en entends certains monter au créneau pour dire le contraire. J’ai hérité, je le sais d’un pays fracturé, malade et la promesse que je vous ai faite était justement de le réparer. Le réparer, cela ne se fait pas sans mal. J’ai bien conscience qu’il faudra du temps pour panser les plaies de tant d’années d’atermoiements et de louvoiements. Mon projet pour la France s’est inscrit dans la durée parce que je ne dispose, malheureusement pas de la baguette magique qui vous promettra que demain ira mieux. Cela dépend de nous tous. Mais je vous le dis solennellement aujourd’hui, si dans les trois mois qui viennent, la vague de contestation qui secoue notre pays continue de mettre à mal notre économie et nous fait perdre ce qui nous reste de crédibilité auprès de nos partenaires de l’Union Européenne, je remettrai mon mandat en jeu. 
J’ai inscrit dans mon programme la réforme de l’assurance chômage et la réforme des retraites. Je les estime nécessaires, indispensables. L'avenir même de notre pays en dépend. Cependant,  je ne supporterai pas qu'elles soient adoptées par une assemblée qui ne représenterait plus la majorité du peuple. Je convoquerai donc de nouvelles élections présidentielles et laisserai en cas de défaite à celui ou celle qui me succédera le soin d’assurer le futur du pays, rappelant simplement que je n’aurai jamais vécu que pour sa grandeur et son rayonnement. Vive la République, Vive la France  "     


vendredi 28 décembre 2018

GJ, la dictature du néo-prolétariat

Les Gilets Jaunes, trop polymorphes pour être honnêtes

La radicalisation des Gilets Jaunes a transformé son caractère hétérogène et spontané des débuts en un mouvement de plus en plus idéologisé, nettement orienté à droite. On a désormais le sentiment de voir ressurgir les clivages politiques du monde d’avant-guerre. L’espace de la démocratie née d’une alliance tacite entre les partis traditionnels de gauche et de droite, en passant par le centre s’est réduit comme peau de chagrin à la suite des formidables coups de butoir assénés par les extrêmes, aussi bien à gauche avec les Insoumis, qu’à droite avec le Rassemblement National

La guerre de la récup' est déclarée
L’opinion désemparée s’est dissoute dans une mosaïque de mouvements ne représentant pour aucun d’entre eux une quelconque majorité. 
Dans cette déliquescence des classes politiques, les formations les plus aguerries aux discours démagogiques se sont d’autant plus senties à l’aise qu’elles n’avaient rien à perdre. Prônant des formes de gouvernement sans passé récent, donc sans passif apparent, elles pouvaient se prévaloir d’une sorte de modernité, voire d’une aspiration du peuple à autre chose que cette succession de pouvoirs mous et corrompus qui les a conduits dans le mur depuis plus de 40 ans. 

A droite, le Rassemblement National, un parti autoritaire, tendre envers lui-même mais inflexible envers les autres, teinté de la nostalgie du « c’était mieux avant », qui n’a jamais caché sa préférence pour le Maréchal aux dépens du Général, un parti qui déteste l’Union Européenne et se verrait bien construire un mur pour protéger ses frontières mais qui, en même temps, fait les yeux doux à la Russie en ne cachant pas son opposition à l’OTAN. Pour plaire à son auditoire, il accorde sa priorité à des thèmes qui font recette tels que la chasse aux migrants, la préférence nationale, une petite dose de racisme et un soupçon d’antisémitisme, pas trop d’écologie, histoire de ne pas se mettre le monde agricole à dos, beaucoup plus de pouvoir à la police et bien plus de prisons pour mieux lutter contre les voyous et les opposants. 

LFI, un mouvement Karliste
A gauche, La France Insoumise, un parti autoritaire, tendre avec lui-même mais inflexible envers ses contradicteurs, nostalgique d’Octobre 17 et de la Longue Marche, qui n’a jamais caché sa préférence pour le Leader Maximo et le Che, un parti qui veut une Union Européenne à sa merci mais qui, en même temps, fait les yeux doux à la Russie en proposant de sortir de l’OTAN. Pour plaire à son auditoire, il accorde sa priorité à des thèmes qui font recette tels que l’accueil sélectif des migrants, la fin du libre-échange, une petite dose de protectionnisme et un soupçon d’égalitarisme, un peu d’écologie histoire de ne pas froisser l’aile bobo, beaucoup plus de services publics et de fonctionnaires dans la perspective d’un avenir en « communiste »     

Il ne manquait que lui, le revoilou!
Et les Gilets Jaunes dans tout ça ? Ils sont perdus mais sont allés trop loin dans les exigences pour revenir en arrière. Enfermés tous deux dans le carcan de leur idéologie, M Mélenchon et Mme Le Pen naviguent hors sol, bien loin de leurs problèmes de fin de mois, sans aucune notion réelle du déclassement social. Ils font croire qu'ils s'intéressent aux difficultés du quotidien, les loyers, la crèche, les courses, les impôts, l’électricité, l’eau. En fait, c'est de la com' à l'état pur. Ils habitent tous deux dans la capitale et ne connaissent de la France périphérique que le cassoulet de chez Emile ou la bouillabaisse à Fonfon. La France d'en bas les ennuie mais ils se sont arrogés un discours de proximité qui les oblige à faire solidaires, il faut souffrir pour faire peuple. Au bout du compte, l’un et l’autre s’attribuent le programme des Gilets Jaunes, affirmant qu’il tient du leur. Dans le genre, les partis satellites des extrêmes sont même dans la surenchère. Jusqu’à Florian Philippot qui pour compenser l’indigence absolue de son mouvement veut faire du Gilet Jaune une marque lui appartenant. Tout cela est consternant mais de bonne guerre.

A force de cracher sur Macron et d’être courtisés par les extrêmes, les Gilets Jaunes font face à un dilemme. Seraient-ils en capacité de gouverner ? Ils ne le veulent pas. Se muer en parti ? Ils n’osent pas. Se laisser accaparer par la droite extrême ou l’extrême gauche, c’est risquer de disparaître. Les options d’avenir sont minces. 
Entre LFI et RN
le coeur des Gilets Jaunes balance
Occuper les ronds-points est encore une solution en attendant. Mais en attendant quoi, le déluge ? Un ange venu du ciel ? Le Père Noël ? Pour les plus décidés du mouvement, il faut continuer de faire pression sur le gouvernement pour obtenir de nouvelles concessions. Mais, selon le dicton, la plus belle fille ne peut donner que ce qu’elle a. Or, elle est déjà presque nue. Jusqu’où faut-il persévérer dans la menace ?  Emprisonner Macron et sa bande comme Lula au Brésil, dépouiller les riches, confisquer leurs biens, nationaliser les banques, interdire les bénéfices, proscrire les actionnaires, supprimer la propriété privée, mettre tous les salaires au même niveau, enrichir les pauvres et appauvrir les riches ! Voilà peut-être de quoi satisfaire la hargne vengeresse de certains. Il sont en effet quelques-uns à souhaiter une dérive de la société vers un régime de type marxiste, avec l'instauration de la dictature du prolétariat. En revanche, n’étant pas convaincus par les vertus de ce même prolétariat, ils sont nombreux parmi les Gilets Jaunes à préférer une dictature tout court qui se cacherait quelque part sous le masque de l’Etat Providence idéal consolateur des petits et des gros bobos. Ce serait peut-être ça, la gouvernance du peuple par le peuple, la loi du plus fort. Dans tous les cas, sera entérinée la mort de la démocratie.


mercredi 26 décembre 2018

Noël, la trêve amère

C'est la belle nuit de Noël
La neige étend son manteau blanc....

Emmanuel Macron rêvait de faire revenir la France dans le concert des grandes nations. Il a cru que le peuple de son pays allait le suivre pour ajouter une nouvelle page à son roman national sous l'ombre glorieuse de ses  héros, Vercingétorix, Charlemagne, Bayard, Napoléon, Ce Gaulle. Peine perdue, la France ne croit plus en rien. Il n’y a plus de « rêve français », il n’y a plus qu’un drame existentiel. La grandeur de la France ne fait plus recette. Cette nation est devenue petite, smicarde et fière de cela. Le pays ne parvient plus à résorber ses fractures, il a repris le cours de sa chute, lente mais continue, jusqu’au gouffre du surendettement.

Il a totalement enterré l’esprit jadis consensuel du « 20 heures » de Poivre D’Arvor pour se dissoudre dans le contre miroir des chaînes d’info continue. Celles-ci ont trahi le fond au profit de la forme, forcées pour exister de courir vers le moindre évènement, afin d’en faire un sujet d’actualité. On a, en fait, confondu la rubrique des chiens écrasés avec le journalisme d’investigation, jetant aux orties la réflexion, le recul et l’approche critique. Tout est aujourd’hui dans l’immédiateté, la réactivité à la seconde. On n’échange plus, on s'invective. On ne débat plus, on récite des éléments de langage.

Ils sont certes loin les temps où les télés ne faisaient pas loi mais les fake-news et les théories du ne manquaient pas pour autant. 
On appelait cela la rumeur, la fameuse rumeur qui envoyait des soi-disant sorcières au bûcher, qui lynchait les noirs au Kentucky, qui s’en prenait aux minorités juives de Lituanie, boucs-émissaires faciles de tous les malheurs du monde. Les temps ont changé mais l’irrationnalité des sociétés en perte de repères conduit toujours à des débordements. Nous sommes certes passés à l’heure du numérique, des technologies les plus sophistiquées, de l’intelligence artificielle mais le nouveau monde qui sort du chapeau connaît des trous d'air. 

Avant de partir, il faudra bien te couvrir...
Il y a les gagnants, les fameux GAFA américains ou les Ali-Baba chinois, et il y a aussi les perdants, tous ceux qui sont trop isolés pour représenter un poids quelconque face aux géants de ces nouvelles technologies. Ceux-là sont infiltrées malgré eux par ces monstres numériques que ce soit par l’intermédiaire de leurs smartphones et leurs cartes bancaires. Ils sont contrôlés et surveillés où qui’ils soient présageant l’avènement d’un monde orwellien terrifiant. 
D’un côté, une poignée de génies de l’algorithme, capables de manipuler les individus jusque dans le plus intime de leur existence et de l’autre des milliards d’humains sous influence qu’on incite sans cesse à consommer tout et n’importe quoi, que ce soit des produits, de l’info, de l’intox, en fait peu de rêves, peu d’espoir, peu d’avenir.

Il reste cependant des lanceurs d’alerte, des gens qui ne s’en laissent pas compter et veulent garder les yeux ouverts. Les Gilets Jaunes auraient pu en faire partie, mais cette armée mexicaine est trop protéiforme pour faire corps. Ces gens doivent commencer à faire le ménage chez eux. Ils ont été infiltrés par des extrémistes qui ont bien compris que cette masse contestataire spongieuse serait un bon terreau pour y semer leurs idées. D’hétérogène, le mouvement s’est ainsi doucement cristallisé autour d’une idéologie d’extrême droite, anti-IVG, anti-Europe, anti-migrant, anti-République, anti-parlementaire, anti-démocratie. Le vandalisme, l’antisémitisme et le racisme qui progressent dans leurs rangs sont devenus les corollaires visibles du mouvement, agissant comme autant de signes de ralliement à une idéologie populiste fascisante. Qu’il y ait des fascistes parmi eux, bien évidemment qu’il y en a. Mais restera-t-il des Gilets Jaunes pour oser les affronter et les exclure de leurs rangs ? Il est à craindre que non. Les gentils « mickeys » n’ont guère de voix quand les hyènes se mettent à hurler.

Noël, on fait la paix jusqu'à demain
Les Gilets Jaunes adhèrent pour la plupart à la vision politique d’un Matteo Salvini ou d’un Viktor Orban. Il n’est plus exclus que l’Europe puisse basculer du côté des nationalistes et des populistes mais si cela s’avère vrai, que va-t-il advenir de la France ? On ne va pas effacer les déficits par un revers de main et il n’échappe plus à personne que le pays est, en raison de la gabegie de ses services publics le pire élève de la classe. En conclusion, dans une Europe des Nations, la solidarité risquant de ne pas être la norme, nos voisins ne mettront pas la main à la poche pour compenser nos facilités à sortir le carnet de chèques. On devra passer au régime eau et pain sec. 
Et en cas de révolte des affamés, l’armée sera appelée en renfort pour sécuriser les ronds-points et les péages. On peut dès lors imaginer le pire : baisse des retraites de 30%, baisse d’autant des salaires, hausse de la TVA à 25%, hausse de 15% du carburant, baisse de 50% des APL, et tout le monde fermera sa gueule. Le temps sera venu pour beaucoup d’entre nous de tenter la traversée jusqu’aux « White Cliffs of Dover »

Alors, une trêve pour Noël ? La France est comme la dinde, farcie aux aides sociales, cuite aux prélèvements fiscaux, bonne à se faire désosser sur l’autel des déficits afin de finir à la poubelle des promesses perdues. Allez, ne dramatisons pas, « C’est la Vie » comme disait Florence Bates (Mrs Van Hopper) dans Rebecca (A. Hitcock, 1940). 

mardi 25 décembre 2018

Gilets Jaunes, la minorité qui a rendu tout un pays ictérique

Gilets Jaunes en goguette

Cela fait des semaines que la question est posée. Qui sont vraiment tous ces gens qui ne se connaissent qu’à travers les réseaux sociaux mais ont décidé de s’afficher ensemble en gilet jaune, se faisant les porte-voix d'une France corvéable, vampirisée par ceux qui la gouverne ? Une chose est sure, ils ne viennent pas des banlieues, ces endroits perdus, d’ordinaire considérées comme le creuset de tous les problèmes de la société. Ce sont donc les oubliés, les sans grade ! C'est ce qu'ils prétendent mais ils ne le sont pas tant que ça, ils ont tous un identifiant "impôts". Ils ne vivent pas non plus de l’assistanat, tout au moins, ils s'en défendent, croyons-les. Ils veulent effectivement se démarquer de ceux qu’ils considèrent comme des gros profiteurs de la CAF qui, à l’instar des dealers faisant régner l'ordre dans les quartiers, s'accrochent à la paix sociale, de peur qu’on ne vienne s’intéresser de trop près à leurs petites affaires.

Les Gilets Jaunes se présentent comme les grands exclus de la mondialisation. Un bien grand mot même si l'on se rapproche là du discours de Marine Le Pen, défendant à la fois le refus de l'autre et les bienfaits de l'entre-soi. Pour en revenir toutefois aux vrais maux dont souffrent la France, il est vrai que, malgré la magie trompeuse de la décentralisation, c'est le jacobinisme vertical à la parisienne qui a emporté la mise. Celui-ci s'est montré incapable de comprendre les réalités du monde rural, de cette France périphérique des collines verdoyantes et des coteaux vinicoles. Mais cela fait bien longtemps que la République a abandonné ses campagnes, trop peu peuplées, trop arriérées. Il y a plus d’un siècle en effet, la France profonde a connu une crise qui s’est alors traduite par un exode massif vers les villes industrielles. Souvenons-nous qu’en 1960, Jean Ferrat avait mis en vers cette fatalité migratoire dans « Que la Montagne est belle ». En revanche, les Gilets Jaunes ne sont pas des riches, ou alors ils le cachent bien.

Après le passage de la tornade jaune
Le péage de Narbonne Sud
A force d’être filtré à de nombreux ronds-points ou péages d’autoroute (quand on ne leur a pas encore mis le feu), on finit par se faire une petite idée de la toponymie des GJ. On y trouve des gens de tous les âges mais la moyenne tourne autour des 50 ans, gaillards, grisonnants. Ce n’est pas un mouvement uniquement d’hommes, loin de là, on est bien en terre de France, pas d’Islam dans leurs rangs. Cependant, beaucoup (trop) de retraités et de retraitées, elles.ils ont du temps libre. 
Ce sont toutefois en majorité des actifs, pour la plupart peu qualifiés voire sans qualification, ouvriers agricoles ou paysagistes, agents d’entretien, aide-soignantes, chefs de rayon, magasiniers, caristes, femmes de chambre, caissières, livreurs …etc... Des gens qui gagnent leur vie par leur travail mais mal, cantonnés dans des métiers non-valorisants et peu payés. 
On y croise aussi des artisans et des petits-chefs d’entreprise qui ne partent jamais en vacances, étranglés qu’ils sont entre le coût des salaires et le matraquage des charges, jamais à l'abri de la menace mortifère d'un redressement. 

Des fonctionnaires, il y en a peu. Il faut dire qu’ils ont préféré, comme les assistés, rester discrets et passer entre les gouttes, tant ils craignent quelque part se voir considérer comme les bénéficiaires du système.
Il ressort effectivement de la part des Gilets Jaunes un rejet global de l’administration, tatillonne, revêche, raide dans ses bottes.

Inutile de revenir sur les origines du mouvement, une jacquerie dans la bonne tradition, mise au goût du jour par Facebook et Twitter, destinée à lutter contre une fiscalité injuste et abusive. Le pays a régulièrement connu des révoltes de ce genre depuis le Moyen-Age. Seulement nous ne sommes plus au Moyen-Age mais entrés dans un siècle où la globalisation de l’économie crée un déséquilibre entre l'ex tiers-monde, considéré avec condescendance, auquel on a cru malin de confier l’outil de production pour profiter d'une main d'oeuvre au rabais, et nous, les pays riches, consommateurs avides de produits désormais fabriqués ailleurs qui coûtent à nos caisses plus qu’elles ne leur rapportent. C'était certainement mieux avant, en tout cas plus simple. Disons donc merci à MM Mitterand, Rocard, Balladur, Chirac, Juppé, Jospin, Raffarin, Villepin et consort qui ont tous leur part de responsabilité dans ce naufrage économique irrémédiable, et oublions un instant Macron, car s'il en est rien qui n'y est pour rien dans ces pots cassés, c'est bien lui. 

A ce jeu, cependant, même si les Gilets Jaunes n'ont aucune responsabilité dans les choix politiques qui ont fait, depuis près de 40 ans de la France, un désastre industriel, ils risquent de tuer ce qui survit encore dans le pays. En continuant dans cette contestation bornée, on va revivre en dix fois pire, dans les deux ans qui viennent le scénario de la Grèce en 2008. Et adieu Botte ! La France va payer très cher les revendications parfois délirantes des Gilets Jaunes. Il va bien falloir, un jour ou l’autre ouvrir les yeux sur ce qu’est devenu notre pays. On veut du pognon, plus de pognon, on veut une prime de ci, une prime de ça, une hausse des salaires, des moyens et encore des moyens pour les services publics, pour l’hôpital, pour l’école, pour les petites lignes de chemin de fer, pour la police, pour la justice, etc..... Mais qu’est-ce que c’est que ce maudit pays qui non content d’être à la fois le champion mondial de la pression fiscale et de la redistribution sociale continue de se plaindre sous prétexte que ça ne suffit pas. Attention, la planche à billets a ses limites. Heureusement que l'Euro veille au grain sans quoi nous aurions glissé du haut de la falaise.

Bien sûr, on entend qu’il faut que les riches payent. Mais quels riches ? Depuis Hollande et sa haine affichée de la finance, les riches sont partis planquer leur fortune ailleurs et ils disposent autour d’eux de hordes d’avocats et de conseillers qui leur permettent de contourner le fisc. Quand on parle des caisses mal en point de l’état, il y a toute une opposition politique qui s’attribue le beau rôle en évoquant les 80 milliards annuels d’évasion fiscale contre laquelle on ne fait rien. Bien sûr qu’on y met des moyens mais la lutte contre l’évasion fiscale ne se résout pas par un coup de baguette magique. Macron a tenté de faire revenir les riches avec son « France Is Back », on vient de les faire fuir à nouveau. Finalement, qu’est-ce qu’il y a de mieux que de rester entre pauvres, au moins on peut se faire griller des merguez et se boire un 51 en scandant « Macron, t’es foutu !». Vladimir doit sourire, tenant sa petite revanche après la leçon que lui avait faite le président français à Versailles.  « Encore un zest de citron sur le caviar, et ces "maiali" de Français vont se noyer dans le cocktail vodka que je leur ai concocté!" Спасибо, Мариa, ты хорошо сработал для нас.

Je finis par me dire que le Président dont on veut faire tomber la tête a fichtrement raison, la France est un pays de Gaulois réfractaires, irréformables. Les Français ont été, depuis des décennies, nourris à la culture de l’Etat Providence, celui qui s’occupe de tout, qui soigne les bobos de chacun, qui protège, qui alloue, qui accorde, qui distribue. Et le carnet de chèques est à présent épuisé, le compte à sec. Alors l’Etat Providence a troqué son costume de Père Noël pour celui du Père Fouettard. Maintenant il ponctionne, il pique, il fait les poches, il taxe à tout va pour tenter de combler ses dettes faramineuses. Nous voilà entrés dans un cercle infernal.

 Autant il est évident de ressentir une forme de compassion pour les Gilets Jaunes, les pauvres, ils triment et gagnent à peine le SMIC. Mais bon dieu ! quand on n’a aucun diplôme, qu’on n’a rien fichu au collège, qu’on a lamentablement raté son bac, il est certes facile de dire que c’est la faute à l’Education Nationale qui n’a pas su faire son boulot et imputer son échec aux autres. On a bien compris le discours syndical proximo-Insoumis. Si on n’a rien foutu à l’école, c’est la faute à la droite, si on a raté le Brevet, c’est la faute à Blanquer, si on raté le Bac, c’est la faute à Parcoursup. Ce n’est donc jamais parce qu’on se l’est coulé douce ni parce que Papa et Maman étaient là pour payer. Non, bien sûr, sauf qu’à présent qu’on n’a qu’un boulot de merde et qu’on a raté tous ces examens faute d’avoir révisé, on s’en prend au gouvernement. On ne se lasse plus d’être étonné par cette accumulation de contestations erratiques qui secouent en ce moment le pays. Ce n’est finalement jamais de la faute à ceux qui n’ont fait aucun effort mais de la faute à ceux qui ont fait l’effort. Tout ce qui arrive est forcément de la faute des autres, pire, de l’autre. Il y a malheureusement une forte dose d’immaturité au sein des Gilets Jaunes, une propension à rejeter systématiquement les problèmes du moment sur cet autre, coupable de naissance, ici le migrant négroïde, là le juif errant, pour d’autres le riche, pour d’autres encore l’élu, l’imposteur qui n’a bénéficié que d’une minorité de voix.

Pour le Gilets Jaunes, majoritairement des abstentionnistes jusque-là totalement indifférents aux devoirs qu’impose la démocratie, les urnes n’ont jamais été qu’un instrument au service des élites, une tricherie destinée à endormir le peuple. En ce moment, c’est d’Emmanuel Macron qu’on veut la tête, au sens propre plus qu'au sens figuré, filmant des scènes de pendaison ou de décapitation, érigeant des guillotines. On n’hésite plus à prononcer la peine de mort contre le président, bien qu’il ait été élu par le peuple. Glaçant! On refuse le verdict des urnes, on se fout de la démocratie. Nous ne sommes pas revenus aux années 30 mais dix ans plus tôt, lorsque les "camisere nere" de Mussolini marchaient sur Rome, incendiant les péages, bousculant les forces de l’ordre, détruisant et vandalisant tout ce qu’ils avaient sous la main, pour faire plier le pouvoir en place et instaurer la dictature. Nous en sommes pratiquement arrivés là. Les chemises noires sont aujourd’hui en jaune fluo mais leurs buts sont les mêmes, la fin de la démocratie et l’avènement du totalitarisme avec pour corollaires les RIC, référendums d’initiative citoyenne, en fait des plébiscites où un seul bulletin de vote sera autorisé. Avec à l'arrivée 98% de oui, une société en bonne ordre de marche reprenant en choeur la mélodie du bonheur.

Rendons-nous à présent à l’évidence, les Gilets Jaunes suscitent peut-être un élan de sympathie mais ne mobilisent plus grand monde. Il ne reste qu’une poignée d’irréductibles virulents qui se croient à présent tout permis, interdisant le droit de circuler librement, s’arrogeant le droit de faire le service d’ordre, de façon totalement illégale, semant le désordre, souillant, brûlant, détruisant, telle une bande d’enragés haineux qui veulent la tête du président, le monarque méprisant et arrogant. Qu'ils se regardent en face, les Gilets Jaunes hurlent sans cesse leur mépris pour la République et font preuve d'une arrogance si féroce qu'on se demande s'ils ne sont pas manipulés par des forces occultes. Le complot ? Non, juste le travail de sape de certains partis à qui, manifestement, profite le crime.

 Ils n’étaient samedi que 40 000 dans toute la France à « foutre le bordel ». 40 000 seulement, mais pour qui se prennent-ils donc ? En l’état, ils ne sont plus rien, qu’ils fondent un parti avant de sombrer dans l’anonymat. En somme, ils sont devenus les nouveaux maîtres du pays, rejetant la démocratie, bafouant les élections, voulant imposer de nouvelles règles propres à faire glisser la république vers un régime autoritaire de type fasciste. Interdire les élections, ériger les Gilets Jaunes en parti unique, généraliser le Référendum d’Initiative Citoyenne pour toute décision.

Gilets Jaunes, il est temps que tout cela s'arrête
Notre pays part à la dérive. Afin d'éviter qu'il ne sombre, il est grandement temps de remettre de l’ordre dans une France livrée à un groupuscule de complotistes racistes et antisémites avant que ce ne soit de nouveau un mouvement hérité du NSDAP qui fasse la loi. Castaner, mon ami, réveillez-vous ! Gentil n’a qu’un œil ! Fini d’être borgne ! La France mérite mieux que ce que cette horde d’insatisfaits chroniques qui n’en ont jamais assez, quitte à préférer une dictature monochrome à la Franco ou bigarrée façon Benito, à une démocratie gaullienne, trop libérale.  On est effectivement en droit de s’inquiéter car si la France prétend être le pays des Droits de l’Homme, elle a, par le passé, su renier ses principes en pactisant avec le diable par l’intermédiaire d’un de ses plus hauts dignitaires, pas plus tard qu’en l’an 40, (pas le CAC 40) ouvrant la route de Paris aux loups vert de gris et à la peste noire. Il est désespérant de constater que certains espèrent un tel dénouement. Ils ont déjà appris à saluer.


mardi 18 décembre 2018

Le RIC, un référendum révocatoire ?

"Je demande la révocation d'un Président élu"
Voter ne sert plus à rien. Maintenant,il faut éliminer

Parmi les revendications que les Gilets Jaunes annoncent comme non négociables figure le Référendum d’Initiative Citoyenne, le RIC

Considéré comme la pierre angulaire du mouvement, il est même brandi comme un étendard à la face du gouvernement. Mais de quoi s’agit-il en fait ? Le référendum est inscrit dans l’article 3 de la constitution, présenté comme un recours direct au peuple dès lors que le pays est confronté à des choix qui engagent son avenir. Le Général De Gaulle en a usé à plusieurs reprises jusqu’à renoncer au pouvoir, faute d’avoir recueilli l’assentiment des Français lors de son ultime consultation, un an après mai 68. C’est d’ailleurs à ce propos qu’on a compris que le référendum tel que la constitution de la 5ème République l’avait institué se transformerait, à chaque fois qu’on l’utiliserait, en plébiscite pour ou contre le gouvernement.  C'est ce qui s’est passé en 1969, les Français ont dit non à la régionalisation (pourtant une bonne réforme), non à la suppression du Sénat (pourtant une réforme de poids), en fait non à De Gaulle et De Gaulle est parti comme il l’avait promis si le oui ne l’emportait pas. 
En chassant De Gaulle du pouvoir, les Français ont simplement dit non à ce qui aurait pu faire avancer le pays vers une sorte de fédéralisme. Ils ont par là-même renoncé à la fin du jacobinisme et à une centralisation génératrice d’immobilisme et de frustrations. Le projet était d'une audace folle. Trop bourrins, les Français ont éludé le sens du référendum pour dire non à De Gaulle. Dehors! le vieux, maintenant,tu dégages!

En 2005, Jacques Chirac, alors Président de la République organise, à son tour, un Référendum sur la future Constitution Européenne, persuadé que les Français vont l’approuver. Or, ils lui disent non, montrant par leur vote qu’ils ne sont pas aussi dociles qu’il l’aurait imaginé. Et ils plantent, à leur fort défendant, un premier grain de sable dans les rouages bien rodés de l’Union. Pas cool. La question a été mal posée. Les Français n’étaient pas contre l’Europe mais opposés à la manière dont elle leur était vendue. Ce référendum fut l’exemple de ce que peut être une erreur politique majeure. Les Français ont dit non à Chirac, las qu’ils étaient de l’immobilisme de leur pays, sans ressort, sans énergie, à l'image de leur "roi fainéant" de président. C’est à l’époque où Jean-Jacques Bourdin, que tout le monde connaît, avait sorti le fameux « Bougeons nous » tant la France était tombée dans une léthargie profonde. Le monde était alors dans la dynamique débridée d’Internet, des peer-to-peer comme Kazaa, de la libération à tout va de la parole via le nouveau réseau Facebook. Les Français aspiraient, comme une large partie de la planète, à plus d’échanges, de contacts, de convivialité. Et le référendum s’est traduit par un non, un non au vieux monde. Non pas à l’Europe mais à la classe politique, vieillotte, sclérosée, arc-boutée sur un trop-plein de privilèges.

 Suite à cette erreur de trajectoire, la voix de la France est passée au second plan, forcée d’admettre la primeur accordée aux intérêts supranationaux. Il n’en fallait pas moins pour que s’instaure un climat de méfiance à l’égard de la classe politique.

Depuis lors, aucun président n’a osé s’aventurer sur le terrain du Référendum tant il fût prouvé que la réponse à la question posée se transformerait à chaque fois en plébiscite.

Nous voilà, désormais, arrivés à la question brûlante des référendums d’initiative populaire (ou citoyenne). Les Gilets Jaunes en ont fait leur cheval de bataille mais ont-ils seulement fait l’inventaire de tout ce que cela peut représenter. Un référendum pour quoi ? Répondre par oui ou par non à des problèmes de société comme l’afflux des migrants, à des problèmes de sécurité comme la vitesse sur les routes, à des problèmes de criminalité comme la restauration de la peine de mort pour les terroristes, à des problèmes de fiscalité comme l’imposition des grosses fortunes, à des problèmes de compétitivité comme l’instauration de taxes douanières sur les GAFA, à des problèmes de santé comme l’interdiction du glyphosate, à des problèmes politiques comme « l’impeachment » du Président, à des problèmes de gros sous comme l’évasion fiscale vers le Luxembourg, Jersey ou l’Ile de Man, tous territoires européens. Les questions sont si nombreuses qu'on passerait sa vie aux urnes.
On verrait bien aussi des "votations" sur "la légalisation ou non du cannabis", "le droit à l'euthanasie", " le pouvoir détaché aux régions", "le port de l'uniforme à l'école", "le Revenu Universel"..

Les Insoumis ont abandonné le Rouge pour se faufiler
parmi les Jaunes
Mais il est à craindre que le RIC revendiqué ne se résume qu'à un seul et unique objectif. A entendre, en effet, ce que veulent les Gilets Jaunes au travers du Référendum d’Initiative Citoyenne, le but affiché n'est autre que la destitution du Président de la République. On devrait plutôt le requalifier en  Révocation d’Initiative Citoyenne. Tout cela ne fait pas un projet pour le pays. C’est tout juste un règlement de compte.

S’il vous plaît, les Gilets Jaunes, dépéchez-vous de former un mouvement politique et finissez d’occuper les ronds-points. Ne montez pas la France qui a encore la chance d’avoir un travail contre celle qui n’en veut plus. Ce n’est pas que la faute à Macron si on fait depuis 32 ans la queue aux Restos du Cœur.

Vous voulez croire que les Référendums d’Initiative Citoyenne seront la solution à vos revendications. Mais surtout prenez garde. Il y a de la marge entre vos désirs et la réalité. La démocratie est versatile. Elle ne donne pas toujours les résultats espérés.

Les Suisses ont une expérience de ce genre de référendums qui touchent à des questions de société, du genre "Etes-vous pour ou contre les bêtes à cornes" ou "Etes-vous pour ou contre le Gruyère au cumin". On les consulte pour un tas de choses mais en moyenne seuls 40% des électeurs se déplacent, la majorité ne se sentant pas concernée. On comprend bien qu'en France, les questions sur la couleur des vaches ou le nombre de trous dans le fromage ne risqueront pas de mobiliser. Mais lorsqu'on apprend que les Gilets Jaunes les plus ardents à défendre le RIC sont pour la plupart des abstentionnistes, on se demande si cette proposition n'est pas qu'un coup d'esbrouffe.
Ce qui voudrait dire que si les RIC étaient instaurés, ils seraient les premiers à s'en défier et à ne pas aller voter. Finalement, pour eux, la seule chose qui compte est de gueuler contre le gouvernement. En bref,le RIC ne servira qu'à faire raquer encore un peu plus ceux qui ne demandent rien.

Tanguy Pastureau et les Gilets Jaunes
Chronique France Inter 18 décembre 2018

Le Président jouit de la légitimité que lui confère une élection au suffrage universel mais faute de contre-pouvoir une fois que les Législatives lui ont accordé une majorité confortable à l’Assemblée Nationale pour la durée de son quinquennat, toute opposition se voit muselée pendant cinq ans, donnant le sentiment que le débat démocratique est confisqué, bref, qu’on a plus qu’à la fermer en attendant les élections suivantes. Il y a effectivement quelque chose à revoir, car faute de débat significatif, la démocratie est de plus en plus perçue comme ce qu’on nomme une démocrature.

Dans ce contexte, ce pour quoi se battent les Gilets Jaunes relève autant de bons sentiments que d'une forme d'ambiguïté. La démocratie participative, la gouvernance du peuple par le peuple sont des slogans pour le moins aguicheurs mais ce qu’on pourrait appeler une volonté d’autogestion politique ne s’est, par le passé, jamais terminé que dans des querelles stériles avant de finir dans l’impasse ou d'être récupéré par des larrons assez malins pour les enterrer. D.O.M.





lundi 17 décembre 2018

Et si on refaisait la Présidentielle demain, l’heureux.se élu.e serait....?


Le sondage IFOP paru le dimanche 16 décembre dans le JDD réactualise l’élection présidentielle de l’année dernière, et il y en a qui peuvent se poser des questions.

Si on refaisait aujourd'hui l'élection de 2017
Qui sortirait du chapeau ?
Ce sondage reprend en premier lieu les scores des candidats de 2017, établissant une comparaison avec ce qu’ils auraient été si l’élection avait lieu aujourd’hui. Rien d’étonnant, François Fillon serait dans les choux. Après le Pénélopegate qui avait déjà plombé sa campagne, les mois qui ont passé n’ont pas joué en sa faveur et le plaider coupable de Marc Ladret de la Charrière, ex-employeur malgré lui de son épouse a fini d’enfoncer le clou. Donc exit.

Au moins là, tout est clair
Finie l'UE, bienvenue à la Francorussie
Il n’y a rien d’étonnant à ce que Marine Le Pen capitalise des voix suite à la mobilisation des Gilets Jaunes tant ils sont en majorité favorables à la plupart de ses propositions politiques dont notamment le fameux RIC (proposition n°5 du programme du Rassemblement National). Le grand perdant dans cette affaire est Jean-Luc Mélenchon (-6%) qui voit fuir les 2/3 de ses électeurs. Son mouvement semble avoir fait les mauvais choix après une période d'euphorie. Il marque incontestablement le pas à force de confondre doctrine et opportunisme. Malgré leur soutien médiatique appuyé, les discours misérabilistes de François Ruffin, n'y ont pas changé grand chose. D’ailleurs, il s’est fait d’un coup discret, conscient que les Insoumis pourraient passer à la trappe. Du côté de Benoit Hamon, un léger mieux, il prend des voix à Mélenchon, son discours apaisé semblant mieux convenir à une partie de la gauche désorientée par les outrances du député de la Canebière. Mais on reste toutefois dans le "gruppetto" des loosers, d'autant plus que la gauche traditionnelle s'est depuis fracturée entre Benoit Hamon lui-même avec son mouvement Génération.s et ses anciens collègues restés au PS, devenu un parti croupion pour ne pas dire moribond.

Copains comme cochons
Il y en a aussi un qui marque des points, Nicolas Dupont-Aignan. Le rabatteur désigné du Rassemblement National se fait sa petite place dans le giron de la droite radicale. Il conserve toujours l’espoir de devenir le premier ministre de Marine présidente, faisant preuve, pour cela, d’un zèle incontestable.

Les petits candidats resteraient, quant à eux, cantonnés dans leur insignifiance. L’extrême gauche ne parviendrait toujours pas à émerger de son indigence électorale tandis que M. François Asselineau, dont on connaît l’obstination à vouloir faire sortir la France de l’Union Européenne, ce qu'il a appelé le Frexit, stagne malgré toute l’énergie que lui et ses acolytes déploient pour démontrer que la France vivrait mieux seule, emmuraillée derrière ses frontières,à l'abri des Tartares. Pure fantaisie, nul n’est dupe de ses règles de trois absconces, que dis-je plutôt, de son égocentrisme narcissique. 

Restent maintenant les deux qualifiés pour le second tour, la pimpante Marine et le gringalet que le grand capitalisme voulait sauver envers et contre tout, le "Private" Macron. Cher cousin, vous avez dit bizarre ? Moi, j’ai dit bizarre, comme c'est étrange ! En effet, celui dont le monde des ronds-points veut la tête en haut d'une pique, celui-là même que l’on monte en effigie à la guillotine, que l’on veut voir dégager, ce ci-devant qui n'a que mépris pour son peuple , qui se nourrit d'une arrogance qui aurait fait passer Louis XIV lui-même, pour un monarque empathique et plein d'humilité, le voilà qui fait jeu égal avec la petite mère des peuples, la tsarine aux cheveux d'or.

Dans la seconde partie du sondage, François Fillon, désormais hors course, cède la place à Laurent Wauquiez. Et là, c’est le bouillon pour Les Républicains. Il faut dire que Monsieur Wauquiez a de quoi systématiquement désarçonner son auditoire, même ses plus addicts. Un jour, il s’affiche en Gilet Jaune, et le lendemain il a déjà oublié ce qu'il a mangé la veille. J’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie. On comprend certes qu'il soit proche du burn-out en raison d'un trop plein de mandats, sauf qu'à la Préfecture de Haute-Loire, le parka rouge n'est plus le bienvenu. Et vers qui se tournent les déserteurs de Wauquiez, devinez ! Marine ?  Eh ! non, en majorité ils vont vers celui dont les Gilets Jaunes veulent la tête, Manu le mal-aimé.

Laurent Wauquiez :"Gilet Jaune, moi jamais!"
Si l’on tient compte des reports de voix et même si la droite dure peut compter au second tour sur quelques alliés de circonstance comme Debout la France et l’UPR, et si, de son côté, la gauche radicale s’abstient en partie, incapable de choisir entre la peste brune et la lèpre libérale, la France penchera envers et malgré eux du côté de la raison, évitant à la fois l’aventure vénézuélienne et l’hiver russe. Les Français auront, peut-être à tort, opté pour un monde imparfait et bourré de défauts mais ils auront surtout choisi de rester dans l’Europe, l’Euro et l’OTAN.

Deux absents cependant du débat: l'UDI de Jean-Christophe Lagarde et les écologistes. Pour les centristes, l'heure serait à l'émancipation tant il apparaît que Les Républicains qu'ils avaient rejoints lors des  Présidentielles sont devenus depuis un boulet. Mais quel pourcentage représenteraient-ils ? Quant aux écologistes, ils espèrent que les Européennes vont les remettre en selle mais on se demande toutefois quel espace politique ils peuvent encore occuper. En final, La République en Marche est certes affaiblie dans les sondages mais il faut surtout voir là, une remise à niveau de son socle primitif, celui qui a constitué la base électorale d'Emmanuel Macron au premier tour de la Présidentielle. Il est plus que probable qu'il ne s'effritera pas. En fait, même si les Gilets Jaunes servent de porte-voix à un malaise lancinant qui mine la France depuis de nombreuses années, le fait qu'ils ciblent le Président de la République peut se justifier par ce qu'ils estiment être une trahison de la part de celui qui a été le grand initiateur du dégagisme et de la ringardisation du bipartisme séculaire. La déception est à la hauteur de l'attente des résultats.

Une adresse au gouvernement : finissez-en avec la langue de bois, les gens ont horreur qu'on les caresse dans le sens du poil si c'est pour les endormir. On n'est plus sous François Hollande. Quand vous recevez de votre banque votre relevé de comptes, vous savez au centime près ce que vous avez gagné et dépensé, pour qui et pour quoi. Les Français ont besoin tous les mois de recevoir le relevé de comptes de leur pays. C'est leur droit fondamental en tant que citoyen et surtout contributeur. Le fait, en revanche, de taire les choses provoque un effet de rejet et nourrit le complotisme sous prétexte qu'on "leur cache quelque chose".

Emmanuel Macron accueillant les migrants par millions (Fake News!)
Illustration détournée du Pacte de Marrakech tant dénoncé par le Rassemblement National.
Non, ce n'est pas du racisme mais on ne veut plus de Noirs chez nous.
En conclusion, Emmanuel Macron est réélu. Marine peut revoir sa copie. Encore raté.
Quant aux Gilets Jaunes, qu'ils forment vite un parti, sans quoi, pour eux, ce sera la fin des haricots. 






dimanche 16 décembre 2018

Narbonne, le syndrome du Dr Ferroul


Mai 1907  - la révolte des vignerons
Le Docteur Ernest Ferroul haranguant la foule

C’est le 5 mai 1907 que commence à Narbonne la révolte des vignerons. Dans une région dont la main d’œuvre est presque essentiellement dédiée à la viticulture, l’importation massive de vins peu coûteux en provenance d’Algérie et la concurrence déloyale de vins trafiqués provoquent une crise sans précédent. Les cours s’effondrent, l’emploi est directement menacé. Soutenus par le Docteur Ernest Ferroul, maire de la ville, près de 80 000 vignerons se rassemblent à Narbonne pour défendre leur cause. Le mouvement s’étend vite à l’Hérault, provoquant des manifestations d’une ampleur sans précédent depuis le début de la 3ème République.

Gilets Jaunes avant l'heure
Le gouvernement ne répondant pas, le mouvement se prononce pour la désobéissance civique, encouragé par les maires de plus de 400 communes du Languedoc-Roussillon Les drapeaux tricolores font place aux drapeaux noirs. Clemenceau, alors Président du Conseil, traite d’abord la révolte avec mépris avant d’envoyer l’armée pour la mâter. Les organisateurs des comités viticoles sont arrêtés, ce qui provoque la colère des manifestants jusque là pacifiques. Le 19 juin à Narbonne, la sous-préfecture est prise d’assaut. Des barricades sont élevées. En réponse, l’armée tire sur la foule. On compte deux morts dont un garçon de 14 ans. Le lendemain, c’est de nouveau la confusion. Débordée, l’armée reçoit, une fois encore, l’ordre de tirer sur la foule. On dénombre 5 morts (dont Cécile Bourrel, une jeune fille de 20 ans) et plus de 30 blessés. L’émotion suscitée par ces évènements met un terme aux manifestations mais il faudra attendre 2 mois et la force de persuasion de Jaurès avant que la Chambre des Députés adopte le décret attendu pour sortir de la crise.

La réponse de Clemenceau aux manifestants
Le Nord face au Sud, les cicatrices du passé toujours prêtes à se rouvrir
Il y a tout juste un mois, j’ai croisé un couple de touristes du côté des Barques. Ils cherchaient la direction de la  cathédrale. Ils ne m’ont pas caché qu’ils étaient impressionnés par le calme radieux de la ville. Le mot était juste. La lumière diaphane du matin et le silence qui régnait à cette heure sur les quais de la Robine conféraient au cœur de la ville un air de paix et de douceur presque intemporel.   

Mais depuis, les Gilets Jaunes sont passés par là. Et ils ont le sang chaud à Narbonne. 3000 manifestants il y a 3 semaines dans une ville d’à peine plus de 50 000 habitants, ce n’est pas banal. On n’y est jamais loin de la crise vigneronne de 1907. On a encore en mémoire la fusillade du pont de Montredon en 1976 et les importantes manifestations des viticulteurs l’année dernière. Le secteur est régulièrement en crise, concurrencé par les citernes clandestines de vin espagnol bon marché dopé aux pesticides. Les vins trafiqués, toujours et encore. Les CAV s’efforcent de veiller au grain mais les autorités ferment les yeux. Alors, il n’y a jamais qu’un pas à franchir pour que les Narbonnais s’enflamment à nouveau. Le prix à la pompe, par exemple.

Ici, la majorité des véhicules arbore un gilet jaune sur le tableau de bord. L’ambiance est à la solidarité. On soutient les Gilets Jaunes. Mais le mouvement bon enfant du début a changé avec la liste de ses revendications. La guillotine érigée à la barrière de Croix Sud maculée de peinture rouge symbolisant le sang du président Macron en apprend sur la haine qui anime l'esprit de certains. Il y a aussi des fauves parmi les Gilets Jaunes. Et pourtant, nous sommes loin de l’époque où le gouvernement faisait tirer sur la foule, même si on évoque à tout bout de champ les violences policières gratuites. Les Forces de l’Ordre seraient plutôt à féliciter pour leur sang-froid. 

La violence, on la retrouve aussi à Narbonne. Et elle finira par discréditer les Gilets Jaunes. Le député Alain Péréa de la REM les a exhorté à fonder un vrai mouvement politique pour faire valoir leurs idées et, qui sait, gagner le vote des Français après avoir gagné leur coeur. Un appel manifestement resté lettre morte. Pas plus tard qu'hier matin, on a mis le feu à une vingtaine des voitures de la Concession Renault, route de Perpignan. Le péage de Narbonne sud a été incendié pour la seconde fois. Hier soir, les cars de Gendarmes Mobiles tentaient de calmer les GJ au rond-point de l'Amphore. Un filtrage policier avait été mis en place à Carrefour Bonne Source, suite à des débordements. Un climat délétère régnait en ville.

Narbonne  - le Canal de la Robine en Automne
Je crois qu’il est temps d’aller faire un tour le long de la Robine, histoire d'oublier un peu. Zut! il pleut.

samedi 15 décembre 2018

Surtout plus de crèche à Noël

Béziers, une ville sinistrée qui veut retrouver ses belles heures passées
Certainement pas au goût de ceux qui s'enrichissent sur la misère


Alors que depuis un mois, la France ne vit plus qu'au rythme que lui imposent les Gilets Jaunes, certaines polémiques ringardes continuent d'avoir la vie dure. Car, même si l'immense majorité des nos concitoyens s'en contrefiche totalement, il reste une minorité d'activistes pour qui la réalité des choses importe moins que l'illusion de l'au-delà. Ces gens là, ce sont les fonctionnaires de la religion qui, pour justifier leurs émoluments, ne désarment jamais, par peur de voir contestée leur domination sur les âmes.

Les enfants, la crèche est finie, comme la
récré.
Circulez, y a plus rien à voir.
On se croirait ainsi revenu aux mauvaises heures de l’anticléricalisme. Peut-être aurait-on cru trop vite qu’avec le temps, les querelles qui avaient agité la France calottine à droite et maçonnique à gauche se seraient éteintes d’elles-mêmes faute de combattants. Et bien non, la paix des braves reste un mythe au pays où l’on se jette des anathèmes au nom de n’importe quoi. 

A Béziers, la mairie a installé une crèche (d’ailleurs très couleur locale dans l’esprit santonnier outre-Rhône) dans la cour d’honneur de l’Hôtel de Ville. La crèche, tout le monde connaît. Elle berce nos souvenirs d'enfance, elle est même indissociable de notre patrimoine culturel depuis au moins 800 ans. Elle symbolise la fête de Noël entre le sapin enguirlandé et les cadeaux pour les enfants. Mais aujourd'hui, le symbole qui émerveille bambins et bambines depuis des générations est devenu un outrage aux yeux des Pères Fouettards enturbannés. Pour ces gardiens de la justice divine, la crèche est perçue comme un Sacrilège, une atteinte à la sacro-sainte laïcité, un trouble à l’ordre public, un crime de lèse-religion. 

La Préfecture du 34 a vite été alertée par des associations cultuelles dénonçant un prosélytisme chrétien intolérable. L’idée de Noël étant à elle seule un camouflet pour quelques instances religieuses influentes à travers la ville de Béziers, l’installation d’une crèche ne pouvait que susciter la polémique, mieux l’indignation.

La crèche, un prosélytisme intolérable. Ces figurines ressemblent pourtant les
Gilets Jaunes
A l’arrivée, la justice a tranché par veulerie. Le maire croyait peut-être jouir impunément de la légitimité que lui avait offert ses électeurs. Il a péché par naïveté. Les autorités viennent de sanctionner ce qu'elles considèrent comme une atteinte directe à la paix sociale. La mairie de Béziers se voit condamner à détruire la crèche dans les 48 heures, sous peine d'une astreinte de 2000 Euros par jour. Juste pour une crèche, c'est du délire total. Il est vrai qu’en ces temps où la violence est devenue la norme, la naissance de l’Enfant Jésus aurait pu mettre encore plus d’huile sur le feu. Interdire une crèche, un décor en carton-pâte de maisons qui rappellent nos villages occitans, de personnages de terre cuite qui rappellent nos paysans de jadis, quelle provocation, en effet ! Jetons vite un voile sur cette incitation à l’hérésie. Le voile….ah ! oui, le voile......

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