Monsieur Hulot, ne partez pas!

C'est dans l'adversité que s'affirme le courage

Nicolas Hulot, notre ministre de la Transition Ecologique et Solidaire est récemment apparu sur BFMTV quelque peu désabusé, ne cachant pas une certaine morosité voire de la lassitude. Il a dit à Jean-Jacques Bourdin qu’il annoncerait au cours de l’été s’il se retirait ou non du gouvernement. Je pense qu’il mesure l’ingratitude d’une responsabilité qui, non seulement ne vous laisse pas une seconde pour souffler mais constitue une mise à l’épreuve permanente. Il est certes beaucoup plus confortable et surtout moins exposé d’être un militant critique, choisissant les sujets auxquels on souhaite se consacrer, négligeant ceux qui paraissent trop hasardeux pour obtenir des résultats positifs.
Depuis que les médias relayent toutes les informations en temps réel et que les réseaux sociaux réagissent avec une promptitude sidérante, plus souvent d'ailleurs pour le pire que pour le meilleur, la tache d’un membre de gouvernement est devenue d’une effrayante complexité tant elle doit s’exercer dans l’urgence en même temps que dans la réflexion, être constructive autant que consensuelle, sachant que malgré la qualité du travail accompli, les critiques ne manqueront pas de déferler. Quel talent faut-il donc pour rester debout quand les oppositions de tous bords démolissent avec délectation tous vos projets de loi, vous accusent de laxisme alors que vous avez travaillé des semaines avec vos équipes, sans compter les heures et les nuits, pour dénouer des dossiers complexes et apporter des réponses cohérentes à toutes les questions touchant à votre domaine de compétences.

 Quelque soient les propositions que vous formulerez, celles-ci ne ne trouveront que des détracteurs, les écologistes radicaux vous en voudront de céder aux lobbies des agriculteurs ou des marchands de pesticides tandis que ces derniers vous en voudront de mépriser les réalités de leur métier. 
Vous savez que la France est le pays des antagonismes irréconciliables, des querelles de clochers, du chacun pour soi. La solidarité n’existe que lorsqu’elle défend des intérêts corporatistes. 
Vous avez, par exemple, donné votre feu vert à l’introduction de deux nouvelles ourses dans les Pyrénées, un nouveau tollé parmi les éleveurs. Mais comment font nos voisins espagnols dont les populations d’ours sont sans commune mesure avec les nôtres et qui s'en sortent très bien. Ne parlons même pas du loup, le sujet est toujours sensible. 

Monsieur Hulot, ce sont elles qui ont le plus besoin de vous
Vous avez tenu récemment un discours sur le peu d’intérêt que portent nos hommes politiques à la biodiversité. Vous avez même déclaré qu’en 20 ans, 30% des oiseux ont disparu ainsi que 80% des insectes, dans l’indifférence générale. Vous avez poussé un cri d’alarme pour dénoncer le silence coupable des responsables de tous bords. La faune de nos sous-sols a pratiquement disparu, nos champs pratiquement morts ne produisent que grâce à l’usage intensif de produits chimiques dont les effets ravageurs sur la biodiversité atteindront nécessairement l’homme dans quelques décennies au point de provoquer si nous ne réagissons pas l’extinction de notre propre espèce. Comme disait un ancien Président de la République, « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
Il est temps d’ouvrir les yeux sur le triste constat de nos excès et de nos habitudes coupables. Les effets du changement climatique se manifestent lentement mais sûrement, comme en témoigne la progression vers le nord des chenilles processionnaires, ces bestioles invasives aux poils urticants dont les nids en forme de boules soyeuses qui n’infestaient jadis que les forêts du sud de la France se voient désormais sous des latitudes septentrionales. Les passereaux de nos jardins ne chantent plus guère, les papillons sont devenus rares, si rares, un par-ci, un par-là....les pesticides les ont peu à peu éliminés, en silence. On se focalise à juste titre sur la menace d’une disparition des grands mammifères mais un pays comme la France est menacé de la même manière par l’extinction de nombreuses espèces. Il est temps de réagir. Dans quelques années, ce sera trop tard.
Pour cela, ne comptons plus sur nos chers politiques. Ils ont failli, trop préoccupés à se courber devant les lobbies de tous ordres en raison des retours qu’ils en espéraient. La réaction viendra des Français eux-mêmes parce que la survie de leur qualité de vie, de leur environnement au quotidien en dépend et parce que pour une fois, il leur paraîtra indigne d’eux-mêmes de transmettre à leurs petits enfants un pays sans libellules, sans hérissons, sans rainettes, sans bourdons, sans mésanges……

Monsieur le Ministre, vous avez pour vous la maîtrise de ce sujet on ne peut plus sensible et fondamental pour notre avenir, toutes générations confondues. Je comprends que vous mesuriez la difficulté de votre position d’équilibriste au milieu de tant de rivalités mais vous avez depuis longtemps conquis la confiance des Français et vous pourrez, si vous en avez l'envie, les emmener loin à vos côtés. Ne renoncez pas, et surtout ne lâchez rien.  


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