mercredi 11 septembre 2019

Vivons nous sous une dictature ?

Biarritz
Sommet du G7, certains promettaient l'enfer. Ils sont repartis la tête basse 

C’est ce qu’ont voulu dire, en filigrane, ceux qui ont animé le contre sommet du G7 qui s’est tenu à la frontière franco-espagnole, il y a quelques semaines. Il faut toutefois comprendre à travers leur dialectique bien huilée, qu’en affichant comme une vertu leur anti-capitalisme, les tenants de cette gauche radicalisée qui a troqué l’idéal productiviste au profit d’un écologisme planifié restent fondamentalement acquis à la doctrine marxiste la plus conservatrice.

Biarritz à feu et à sang, le côté pile de l'altermondialisme
De ce point de vue, tous les chefs d’état qui se sont retrouvés, fin août, à Biarritz représentent les régimes à combattre, sous prétexte qu’ils spolient les peuples, qu’ils exploitent la planète sans vergogne, détruisant allègrement  l’environnement dans leur course effrénée au profit. On entend bien le discours, même si les altermondialistes qui estiment leur lutte légitime se heurtent toutefois à ce que les membres du G7 ont en commun, c’est-à-dire la démocratie. Rappelons simplement que les chefs de gouvernement des pays les plus industrialisés le sont du fait d'élections pluralistes. 

Les altermondialistes, pour que tout le monde soit beau et soit gentil
Les anti-G7 ont eu tôt fait de critiquer la présence massive de forces de l’ordre, y voyant la preuve que le pouvoir en France est devenu autoritaire et bafoue la constitution en limitant le droit de manifester. Là encore, on comprend le discours. Sauf que l’histoire de ces derniers mois a prouvé que ce droit de manifester a été dévoyé, devenant surtout un droit de casser. On ne compte plus les centaines de millions d’Euros de destructions et de saccages de toutes sortes qui ont, notamment, émaillé les déploiements hebdomadaires des Gilets Jaunes. Accusé de s’être fait régulièrement débordé par les mouvements ultra- gauchistes et des "black bocks" unis dans une même haine de la démocratie, le Ministère de l’Intérieur a mis, cette fois, le paquet, conscient que les télés du monde entier ne manqueraient pas de relayer les éventuelles violences de la rue, sachant leurs abonnés friands de ce genre de spectacle. Certains se préparaient déjà à provoquer les forces de l’ordre espérant d'elles des réactions suffisamment violentes pour démontrer en les diffusant sur les réseaux sociaux que le gouvernement tend à instaurer un régime totalitaire.

On annonçait un sommet pour rien
Pari perdu
Or, de ce sommet des « dictatures » capitalistes est sorti un vainqueur, devinez-qui, celui-là même qu’il y a six mois encore, espéraient voir pendu haut et court ceux qui s’étaient auto-proclamés la voix de le France, à savoir le président Emmanuel Macron, le prétendu imposteur . Cette sémantique confinerait à la sémiologie si elle n’émanait de la philosophie très « art brutal » des ronds-points. Malgré des mois de mobilisation, on n’était toujours pas parvenu à lui trancher la tête mais on se vengeait en le voyant isolé face aux populistes triomphants, prêchant dans le désert, voué à échouer dans la vanité de ce nouveau monde qu’il avait imaginé, affublé d’un ego plus propre à agacer qu’à plaire. Bref, c’était l’échec annoncé, surtout espéré. A la veille du sommet, tous, politiques de gauche et de l’ultra-droite, écolos radicaux s'étaient appropriés les plateaux télé pour railler ce sommet aussi bunkerisé qu’inutile et coûteux. On y préférait à ce moment là les gentils altermondialistes et leur contre-G7, y trouvant de la sincérité, y ressentant de l’espérance, y entendant des idées nouvelles, y décelant le monde de demain. Or, à lui seul, le président français a tout chamboulé. D’un sommet convenu et stérile, il en a fait un suspense plein d’imprévus et de rebondissements, reléguant ceux qui pensaient lui faire la peau à un rôle pathétique d’opposants si frustrés qu’ils ont cru bon de justifier la violence pour faire triompher leurs idées. Marginalisés, décrédibilisés, les altermondialistes qui pensaient tenir le rôle vedette ont même fini par jeter l’éponge, renonçant à leurs grandes manifs du dernier jour.

On ne va pas refaire le monde, on n’en a pas les moyens mais reconnaissons que, dans un contexte aussi tendu que celui que Donald Trump impose à l’emporte- pièce à travers ses tweets impétueux, souvent irréfléchis, maîtriser l’Anglais donne un avantage certain. 

Un G7 sous François Hollande
Beaucoup de sourires pour peu de résultats
C’est peut-être là aussi une des clés du succès de notre président. Souvenons-nous juste de François Hollande lors des sommets du G7, un simple figurant, exprimant par des mimiques et des sourires son assentiment à des discussions dont il ne comprenait rien si un traducteur n’était pas à ses côtés. Là, on peut le dire, on est passé dans un nouveau monde et même si l’opposition a vite fait de chercher la petite bête, qu’elle reste bien là où elle est, car il y a fort à parier qu’avec ses représentants aux commandes, la France ne tarderait pas à retrouver son rôle d’accessoire. De toute les manières, des Républicains aux Insoumis en passant par le RN, tous ont annoncé le couleur, le G7 deviendra bientôt le G6 une fois que notre pays s’en sera retiré. La preuve par 9 que si le malheur les voyait parvenir aux responsabilités, ce ne serait plus le G7 qui ne servirait à rien mais bel et bien la France.

Les anti-G7 auront failli dans leur volonté de proposer une autre vision du monde. Est-ce regrettable? Cette auberge espagnole qui dissimule sous un écologisme de façade une idéologie fortement imprégnée de marxisme laisse dubitative une immense majorité de nos concitoyens. Qu’on le veuille ou non, la France est capitaliste dans l’âme, dans ses structures, dans sa constitution. Le capitalisme que d’aucuns s’obstinent à confondre avec les multinationales et le CAC 40 baigne en fait toute la société française grâce à cette liberté accordée à chacun de créer sa propre entreprise. Ce n’est un secret pour personne qu’un Jean-Luc Mélenchon est opposé à cette liberté, qu’il juge contradictoire avec l’esprit de la lutte des classes hérité de la révolution industrielle du 19ème siècle. 
Constatant l’échec de leur contre-sommet, les altermondialistes, tout au moins une bonne partie d’entre eux, ont estimé que dans un cadre démocratique normal, c’est-à-dire en passant par les élections, ils resteraient toujours fortement minoritaires. C’est pourquoi, c’est à leur yeux l’usage seul de la violence qui permettra d’imposer leur vision du monde. 

D'un côté les gentils, de l'autre les méchants et vice-versa
On n’est pas loin de l’esprit de la révolution d’octobre 1917 en Russie, où après la chute du tsar, le gouvernement inspiré des démocraties d’Europe occidentale qui avait suivi s’était vu liquidé par une minorité armée et fortement structurée :  les Bolcheviks . C’est par la violence qu’ils s’étaient emparés du pouvoir, éliminant physiquement les uns après les autres tous les tenants d’une transition démocratique. Oui, la violence paye. Les faits l’ont souvent prouvé. Les Gilets Jaunes en sont, par ailleurs, une des dernières illustrations. Ils ne se sont pas gênés pour crier haut et fort que c’est par la violence de leurs manifestations qu’ils ont obtenu les milliards d'Euros de la part du Président de la République, espérant d’encore plus de violences davantage de concessions, jusqu’à, peut-être, la prise de l’Elysée. 

Un héritage de Mai 68 toujours vivace plus de
50 ans après
Vues de cet angle, les forces de l’ordre sont assimilées à une véritable garde prétorienne ; non plus comme les garantes des lois de la République mais plutôt comme une bande de mercenaires profitant des moyens mis à sa disposition pour mutiler ou tuer si nécessaire tous ceux qui oseraient se lever contre ce pouvoir usurpé auquel elle a fait allégeance. La police que, comme chacun sait, « tout le monde déteste » est, depuis ces dernières années, la cible privilégiée des mouvements dits révolutionnaires (d’inpiration trotskiste, léniniste, voire staliniste) dans la mesure où elle symbolise la force, c’est-à-dire la contrainte, la coercition ou la répression, des missions qu’ils jugent contraires à l’esprit libertaire qu’ils prétendent incarner. L’ordre est, pour eux, ce mot honnis évoquant les tristes mouvances d’extrême droite, avec en mémoire le groupuscule Ordre Nouveau. Quand on dit ordre, on voit encore les troupes nazies défiler au pas de l’oie sur les Champs-Elysées, on voit tomber les otages fusillés par les SS ; l’ordre : une notion par ailleurs si chère au Rassemblement National qu’elle est devenue corollaire de fascisme ou de dictature pour la gauche radicale. On adore mélanger les genres tant que c’est pour la bonne cause, c’est-à-dire la sienne. D'où cette façon de considérer le maintien de l’ordre comme l’expression du fascisme, là encore le mot qui fait peur tant il reste associé à la Seconde Guerre Mondiale et à son cortège d’horreurs.

C’est à présent la rentrée, et de retour de vacances, les Gilets Jaunes relancent la machine de guerre. A peine deux à trois mille indécrottables toujours prêts à faire tout péter, au nom d’on ne sait plus trop quoi. « Ils ne nous écoutent pas » disent-ils, mais en fait, qui n’écoute pas qui ? Un peu de patience, dans six mois vont avoir lieu les élections municipales. Une occasion pour ceux qu’on n’écoute pas de se faire entendre, si tant est qu’ils aient quelque chose à dire en dehors de « Macron démission ! ».

mardi 13 août 2019

Ethiopie vs Brésil : deux visions inconciliables


Le 27 juillet 2019, les Ethiopiens ont planté 353 millions d'arbres en une journée.
Un geste que certains dénoncent comme un coup de com. mais qui symbolise aussi une forte volonté politique en faveur
de l'écologie
Arrêtons de tirer sur l'ambulance

Selon le dernier rapport alarmant du GIEC, l’avenir de l’humanité s’annonce compromis, voire proche de sa conclusion si celle-ci ne change pas radicalement ses comportements environnementaux. La croissance démographique exponentielle telle que nous la vivons provoque des effets si dévastateurs sur le climat qu’elle conduit en l'état l’espèce humaine à sa perte, entraînant avec elle une vaste part de la biodiversité.

Dans ce contexte des plus préoccupants, il est toutefois un pays qui entretient une petite lueur d'espoir. Ce pays improbable n'est autre que l'Ethiopie. Située aux abords immédiats de la corne de l’Afrique, une région réputée ingrate et aride, considérée d’ordinaire avec condescendance pour ne pas dire pitié du fait de sa pauvreté, voilà que l'Ethiopie est peut-être en train de devenir un modèle pour les années qui viennent grâce à un programme de reforestation sans précédent sur la planète.

Il y a toujours plus de joie à planter un arbre qu'à l'abattre
Terre christianisée depuis près de deux mille ans dans une zone qui se voit à présent grignotée par l’Islam et ses milices armées, l’Ethiopie, ancienne Abyssinie, jadis le Royaume de la Reine de Saba, s'émancipe de 40 ans de marasme politico-économique*. Bénéficiant d’un climat propice en raison de son altitude,  (cf. mon blog: Plein Feux Sur l’Ethiopie) elle est devenue en peu de temps un immense jardin, une serre gigantesque où éclosent à présent la plupart des roses du monde. D’où le nouvel adage selon lequel si vos roses sont si belles dans ce bouquet, c’est qu’une Ethiopienne les a cueillies pour vous. Mais voilà que cet étonnant pays qui, ne l’oublions jamais, est aussi la patrie de Lucie, notre ancêtre des temps les plus lointains de la Préhistoire, s’est maintenant donné pour mission de participer activement à la sauvegarde de la vie sur la planète.

Au Brésil, on considère aujourd'hui la forêt comme une entrave au
développement économique
Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de là, le président du Brésil, M. Jair Bolsonaro, pour des raisons aussi mesquines que l’intérêt qu’il porte à sa mèche sur le côté, l’entend d'une autre oreille, décidé qu’il est d'en finir avec la forêt amazonienne, un monde, selon lui, parfaitement hostile et économiquement de peu d'intérêt. Il a même fait de la déforestation sa priorité, décidé à montrer au reste du monde que l’Amazonie appartient exclusivement au Brésil et qu’il rendrait tous ceux, ONG, écologistes ou même chefs d'état qui oseraient s’opposer à sa politique, coupables d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain, un discours d’ordinaire plus familier venant de la Corée du Nord que de la patrie de la samba.

M. Bolsonaro ne marche même plus dans les pas de Donald Trump, il les précède, faisant du climatoscepticisme une doctrine fondamentaliste. Soucieux de prouver à tous qu’au Brésil, c’est lui le patron, il engage ses milices fermières à mettre le feu à la nature amazonienne pour mieux y envoyer ses bulldozers écraser la flore, la faune et les quelques indiens qui y vivent encore. Tout cela doit disparaître de manière à faire de l’Amazonie une immense ferme industrielle avec pour horizon des champs de soja à perte de vue destinés à produire de quoi nourrir les milliards d’humains qui vont dans les prochaines années s’ajouter à ceux qui existent déjà.  

On peut, au passage, se demander pourquoi la haine irrationnelle que voue M. Bolsonaro à ses adversaires du Parti des Travailleurs doit passer, selon lui, par la destruction de l’environnement. A croire que ce dernier aurait une coloration particulière, du type rouge socialiste. Un raisonnement qui passerait aux yeux de tous pour stupide mais qui n'est en fait que la plus parfaite illustration du cynisme absolu de ce nouveau président. Les Brésiliens sont depuis qu’ils l'ont élu dans un tel état de sidération qu’aucune voix ne s’élève encore dans le pays pour dire stop à ce serial killer de la nature. M. Bolsonaro sera peut-être un jour condamné pour ses crimes contre l’environnement mais en attendant, il fait ce qui lui plaît. 

La forêt amazonienne recule inexorablement remplaçant le vert dominant
par du gris
Et c'est là tout le paradoxe : au même moment en France, la gauche radicale et les Verts n'ont jamais de mots assez durs pour fustiger l'inaction du gouvernement en matière d'écologie, alors que notre pays figure, selon les chiffres, parmi les meilleurs élèves de la classe en matière de défense de l’environnement.
On aimerait les voir monter un peu plus au créneau pour défendre leurs idées face au discours de plus en plus envahissant des climatosceptiques. Il est étrange, en effet, qu'ils se montrent autant fatalistes, pour ne pas dire résignés lorsqu'ils sont sous le feu des sarcasmes d'un Donald Trump, comme si l'avenir de la planète dépendait plus de l'attitude de la France que des autres pays. lls font profil bas dès qu'on évoque la déforestation à grande échelle de la forêt amazonienne et se gardent bien de commenter le triomphe de l'agro-business au Brésil alors qu'ils étaient les premiers à s'insurger en France contre le projet de ferme des Mille Vaches. On préfère noyer le poisson en jouant les moralisateurs et en s'en prenant à de modestes élus, les accusant de programmer la mort du monde paysan tout en fantasmant sur une alimentation du futur, issue d'un retour à la polyculture vivrière et de l’essor du localisme bio, les deux mamelles nourricières de demain. Il faudra pour cela diminuer la population mondiale des deux tiers. Même un troisième guerre mondiale n'y suffira pas. 

Un centre d'élevage bovin au Brésil
L'industrie de la viande à grande échelle
Ni arbre, ni herbe, juste une terre aride et des tourteaux de soja
Ah ! la France, incorrigible monde des Bisounours qui prend allègrement les vessies pour des lanternes. Pendant qu’on s’écharpe dans nos villes et nos campagnes entre apologistes de la côte de bœuf Angus et prophètes du houmous, les industriels de l’agro-alimentaire ne peuvent s'empêcher de sourire car, pour eux, les laboratoires tournent déjà à plein régime pour mettre au point de nouvelles méthodes de transformation permettant de nourrir avec des marges conséquentes les 9 milliards d’humains qu’on nous annonce dans les trente ans qui viennent. Même en réduisant notre propre consommation de viande de 50%, comment ferons-nous, en 2050, pour faire vivre une population de moitié supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui, sauf à ne consommer que des tablettes vitaminées à base d'algues vertes, ce que même l’Homme de Néanderthal, un de nos lointains cousins, aurait déjà considéré comme une régression de la civilisation. Depuis des siècles, on espérait du temps d’après qu’il soit meilleur que celui qu’on avait vécu, entre les guerres, les épidémies, la famine et le froid. Mais voilà qu’à présent, on ne parle plus de 22ème siècle.

Dans le Mato Grosso, les champs de soja s'étendent à perte de vue dans un
paysage totalement désert
Il semble que dans l’esprit ambiant, la génération du millénium sera la dernière. Réchauffement climatique, hausse du niveau de la mer, migrations massives des populations, désertification des sols, canicules répétées, ouragans, gaz à effet de serre, allergies de toutes sortes, cancers, maladies endocriniennes, stérilité, pollution à l'ozone, CETA, violences policières, un inventaire non exhaustif mais qui en dit suffisamment long sur l’état de dépression dans lequel a plongé la société. « No future » scandaient les punks au cours des années 70, y voyant avant tout la fin de la société industrielle telle que l’Angleterre l’avait inaugurée près de 150 ans plus tôt ; « no future » reprennent aujourd’hui les collapsologues, persuadés que le réchauffement climatique va prochainement sceller la fin de l’humanité. Nous voilà donc au pied du mur, pris au piège entre les conclusions alarmantes du GIEC et les propos totalement décalés d’un Bolsonaro et d’un Trump qui se moquent non seulement du climat, mais font tout pour qu’il n’y ait aucune équivoque en la matière. Que ce soit le climat ou la biodiversité, «ils n’en ont rien à foutre et ils en sont fiers ». Alors qu’ils lui font un vigoureux bras d’honneur, nous avons chez nous des Oxfam (ONG d’Ultra-Gauche), des Greenpeace et des associations plus ou moins représentatives qui veulent rendre responsables les autorités françaises de tous les maux dont souffrent la planète. Mais d’où sortent ces gens ? De la botte de Trump ? De la tignasse de Bolsonaro ? Comment osent-ils une seule seconde attaquer en justice un des pays qui fait le plus en matière de défense de l’environnement en ignorant superbement ceux qui lui vouent une haine implacable ? Il n'est pas besoin de se projeter dans un film de science-fiction pour comprendre que ces deux présidents à la fibre populiste auxquels des citoyens abusés ont en toute bonne foi confié le pouvoir ne sont en réalité que des manipulateurs, des faussaires, de terribles imposteurs. Le pouvoir dont ils se sont investis n’est fondé que sur leur mensonge. Le fait d'avoir accédé au pouvoir suprême leur a donné le sentiment d’être les propriétaires de la Terre entière, comme s’il s’agissait de leur propre  jouet. Et il n’est personne pour aller contre leur vision infantiliste du monde. 

L'Ethiopie décidée à devenir le poumon vert de
l'Afrique
Tandis que la forêt d’Amazonie rétrécit de jour en  jour comme une peau de chagrin, voilà que le gouvernement éthiopien a lancé sous le nom de « Green Legacy Initiative » un des plus ambitieux programmes de reforestation jamais entrepris. Il est question de planter 4 milliards d’arbres d’ici la fin de l’année. C’est en faisant l’amer constat que le pays avait fait disparaître en 50 ans près des ¾ de sa superficie boisée que le premier ministre Ahmed Abiy a décidé de jouer à fond la carte écologique, la considérant comme un véritable gage d’avenir. La déforestation a, selon lui été un leurre, appauvrissant les terres, amenuisant les quelques cours d’eau, sans jamais profiter aux vrais responsables, les éleveurs. C’est peut-être en Ethiopie, véritable berceau de l’humanité que la raison l’emportera, redonnant espoir à une société aujourd’hui désabusée, ne cherchant plus qu’à jouir de l'instant présent par crainte de lendemains qui déchantent.    

* Après le régime calamiteux à coloration marxiste du Colonel Mengitsu, le pays se redresse lentement du chaos dans lequel il était plongé depuis les années 70. Les famines retentissantes qui ont suivi la collectivisation arbitraire des terres ont tellement marqué les esprits au cours des années 80 qu'on a craint que ce pays ne se relèverait jamais de la tragédie dans laquelle l'avait entraîné un gouvernement sous emprise idéologique, à l'image de ce qui s'était passé au Cambodge. Malgré des divisions ethniques récurrentes et la sécession de la province d'Erythrée qui l'a privée d'un débouché maritime, l'Ethiopie fait preuve d'une résilience dont on aurait douté il n'y a pas encore si longtemps. La Chine, la première, y a vu une immense opportunité pour y implanter ses usines profitant d'une main d'oeuvre âpre à la tâche et bon marché. Ce furent ensuite les Hollandais qui, conscients d'avoir là les conditions climatiques les plus favorables à la floriculture intensive ont quelque peu délaissé la Colombie et les Andes pour faire de l'Ethiopie la plus grande roseraie du monde. Emmanuel Macron s'est rendu au printemps dans le pays, montrant par là que la France ne resterait pas passive face à la volonté du gouvernement éthiopien de donner un véritable avenir à son pays, chose devenue rare dans un continent en totale déshérence, miné par le terrorisme islamiste, la corruption endémique et une poussée démographique incontrôlable. 
Alors, un pays qui a décidé de planter 4 milliards d'arbres en six mois ne mérite pas seulement le respect, il l'impose.

vendredi 2 août 2019

De Video Gag aux réseaux sociaux, ces images qu'on ficelle

1990 -  TF1 lance Vidéo Gag, une émission présentée par Bernard Montiel
et Alexandre Debanne.
Depuis l'apparition du caméscope, il n'est plus nécessaire d'être un
cinéaste pour faire des films. Tous les téléspectateurs sont invités à envoyer leurs
propres cassettes vidéo pour qu'elles puissent passer à la télé.
Une condition: faire rire

Les réseaux sociaux marchent bien souvent dans les pas de cette émission vedette des années 90 dont l'objet était d'amuser le public en diffusant des vidéos amateurs de quelques minutes présentant des scènes cocasses censées avoir été prises sur le vif. Il s’agissait au départ de saisir au vol un comique de situation, mais avec le temps, les vidéos ont perdu de leur spontanéité pour devenir de réelles mises en scène. Pour des raisons d'audimat, il a fallu forcer le trait, allant vers des gags de plus ou plus tordus, voire brutaux.

Tendre, émouvant, rigolo
Faire une chute d'âne, ce n'est pas banal. Le bon tempo pour
passer dans Video Gag
D’un gentil divertissement sans prétention, l’émission qui récompensait la meilleure vidéo de la semaine s’est transformée en un véritable concours de mauvais goût, combinant la farce grossière, l’ironie grinçante et la ringardise la plus consternante. Pour passer à la télé, tout est devenu bon, même le plus mauvais. Vidéo Gag s'est arrêté en 2008, cédant la place à Facebook et autre Instagram. Désormais, passer à la télé est devenu accessoire dans la mesure où il suffit de diffuser ses vidéos sur Internet pour se faire des millions d'amis. Mais là encore, les bons sentiments du départ, la convivialité, le partage, les commentaires complices ont cédé la place à une nouvelle compétition. 

Les tendres images des enfants à la plage ou du gâteau d’anniversaire de Mamie ne faisant plus recette, l’intérêt des Internautes s’est déporté vers un évènementiel plus trash, s’inspirant notamment des jeux vidéos à la mode, la plupart du temps dédiés à la violence. On s’est lancé dans un nouveau concours d’images choc, profitant de la maniabilité d’un smartphone pour filmer sur le vif tout et n’importe quoi. Comme dans Video Gag, on enregistre, on séquence, on monte, on mixe de manière à ne conserver que ce qui peut servir l'effet recherché. On envoie ensuite le résultat sur Facebook, Twitter ou YouTube pour que tous les voyeurs en profitent, les gentils comme les méchants. La vidéo passe alors de compte en compte, devient virale, selon l’expression consacrée et fait l’objet d’un compteur de vues qui permet de vérifier sa popularité sur la toile. Sauf qu’on est plus au temps de Video Gag. Le comique de situation n’amuse plus, à l’image de la société française qui n’a désormais goût qu’à la jalousie, la violence et la haine. Faute d'avoir enfin un mort, on veut au moins du sang comme au temps de la Rome antique où l’on se pressait pour voir les gladiateurs s'étriper et les chrétiens jetés dans la fosse aux lions. 

Dan le flot d'images, il suffit d'une seule pour faire la différence 
Les Gilets Jaunes sont, dans le genre, devenus les champions de cette nouvelle société fabriquée  de toutes pièces par les réseaux sociaux, ivres d’images d'eux-mêmes, de selfies, de costumes stabylo foisonnant de slogans s'autodésignant le peuple. Ils ont tout simplement cru servir de fondement à une nouvelle conscience politique visant à abattre la démocratie, un système selon eux essentiellement corrompu. Investis du sentiment de toute-puissance que génère la violence tant qu'elle est impunie, ils pensent que tout leur sera désormais permis, bénéficiant d'un effet de meute, disons-le, plutôt dévastateur. Forts de cette dynamique et partant du principe que le vote ne sert d'autant plus à rien qu'ils sont déjà, en majorité, des abstentionnistes, ils s'arrogent, au nom du peuple, c'est-à-dire d'eux-mêmes, le devoir de s'attaquer à tout ce qu'ils exècrent, à savoir  les élus, les banquiers et les patrons, tous destinés à faire les frais d'une épuration salutaire dans le cadre d'une nécessaire Révolution Culturelle. C'est pour cela qu'ils détruisent les péages autoroutiers (qu'ils souhaiteraient voir renationalisés afin d'en refaire un service public, comme il se doit déficitaire, renfloué par ceux qui ne prennent pas l'autoroute comme le SNCF l'est par ceux qui ne prennent pas le train), pillent au nom des déshérités les magasins de luxe (on ne les a pas vu pour autant redistribuer les sacs LVMH aux pauvres), saccagent au nom de la loose à la française les bureaux des élus (depuis sa mis en place en 2017, le CETA a surtout profité aux agriculteurs français,et beaucoup moins aux Canadiens, mais qu'importe, on se dévalorise tellement dans ce pays qu'on ne s'imagine même pas qu'une victoire commerciale soit possible), font le salut nazi (quenelle) comme au bon vieux temps du Maréchal (car c'était vraiment le bon temps, marché noir, dénonciations, trafic de cartes de rationnements, la relève en Allemagne à la façon du camarade Georges Marchais, c'est peut-être dans ce registre là que la France excelle le mieux), enfoncent la porte d’un ministère avec un Fenwick, juste pour voir ce que ça va donner sur les réseaux sociaux…. Allez-y, cassez ! vous êtes filmés, entend-on dans les manifs. 

Parfois certaines images échappent au montage et il est trop tard pour
en stopper la diffusion.
La réalité est toujours plus complexe que ce que l'on veut en montrer
La liste peu glorieuse des dégradations en tous genres depuis ce triste samedi 17 novembre 2018 a fait ,à chaque fois, l’objet de vidéos relayées par les réseaux sociaux, avec à la clé, des dizaines de milliers de like et de commentaires anonymes accompagnés de smileys pour bien montrer qu’on est derrière et qu’on en veut encore. Aurait-on assisté à la mort en direct d’un policier qu’ils auraient été aussi des milliers à dire qu’ils avaient aimé. 

La surenchère n’a pas de limite dès lors que c’est pour faire de l’audience. Jean-Luc Mélenchon l’a bien compris, missionnant ses agents à droite et à gauche (plutôt à droite) pour saisir, armés de leur I-phone, le moindre écart policier, la moindre goutte de sang sur la tempe d’un manifestant et le diffuser illico sur les réseaux sociaux comme la preuve que la France est devenue un état fasciste. Là où la démarche perd en légitimité, c’est lorsqu’elle veut faire passer pour instantané ce qui n’est qu’un outil destiné à promouvoir une idéologie. Il suffit de posséder un logiciel basique du genre Video Movie Maker pour couper tout ce qui peut nuire au message que l’on souhaite véhiculer et ne conserver que ce qui va dans son sens, y ajoutant même, pour la bonne cause, un extrait sonore du style « Macron Démission » collant bien à l’image. On n'oublie surtout pas de couper, au passage, le moment où les manifestants s'en prennent à un policier, des fois qu'on puisse imaginer qu'une telle chose puisse se produire

On a basculé dans une véritable propagande ou si l’on préfère dans l’infox généralisée. La différence est que Vidéo Gag voulait à tout prix amuser, même si les ressorts étaient parfois grossiers mais qu’aujourd’hui la vidéo des réseaux est surtout là pour inspirer la haine. Et ça marche diablement bien. On a tôt fait, notamment au Rassemblement National de réagir en blâmant le gouvernement pour sa faiblesse face aux violences, exigeant la démission de Christophe Castaner (une tradition bien française que de demander la démission du Ministre de l'Intérieur : tous y sont passés depuis 50 ans, le dernier en date Bernard Cazeneuve accusé d'avoir assassiné en personne Rémy Sivens. L'année dernière c'était le feuilleton Benalla et la démission de Gérard Collomb qui, pour le coup n'avait rien vu ni entendu; cette année c'est Steve, pauvre garçon, nouveau martyr fort à propos de la folie meurtrière des flics. Un mort, enfin! Pauvre pays qui ne se repaît que de polémique stérile pour esquiver les vraies questions. Et tous nos élus de l'opposition sont unanimes pour condamner ce gouvernement qui ne fait rien contre les casseurs alors que c’est justement ce qui met le public en haleine. Qu’est-ce que ce pays serait ennuyeux si tout le monde se respectait et ne s’envoyait pas de insultes grossières à longueur de temps.

L'instantané n'exclut pas un art maîtrisé de la mise en scène
"Les Gilets Jaunes guidant la Peuple"
En conclusion, Mesdames et Messieurs qui portez un Gilet Jaune dans votre coeur, vous qui chaque week-end continuez de soutenir bon gré mal gré les quelques irréductibles qui battent le pavé pour des causes à géométrie variable, ne changez rien de votre façon infantile de voir la société, tant votre obstination à « vouloir que ça pète pour de bon » vous donne de la matière sur les réseaux sociaux. Certains politiques, parmi les plus « courageux », disons les plus opportunistes, vous soutiennent encore du bout de lèvres, estimant vos dégradations légitimes tout en se gardant bien de les approuver. Légitimes, les dégradations ! ? On a entendu le message. L'opposition politique est la première à oser affirmer que les dégradations sont effectivement d'autant plus légitimes que le gouvernement ne l’est pas, que Macron est un imposteur et que les élus de la République en Marche sont des pantins ou des traîtres. Une minorité bien élue vaut mieux qu'une majorité par défaut. On a donc compris qu’en France, il suffit d'attendre que Marine transforme le plomb en or ou que les Insoumis profitent d'un trou d'air pour instaurer un régime démocratique et populaire pour que l'horizon de dégage, comme dans un conte de fées. 

Par chance le 19 août arrive bientôt et Vladimir Poutine va rendre visite à Emmanuel Macron. Espérons qu’il ne manquera pas de donner à notre Président quelques conseils sur la meilleure façon de réprimer les vagues de contestation qui se succèdent dans nos rues depuis trop longtemps. Car dans le même temps, à Moscou, on purge à grande échelle, on enferme tous les opposants qu’ils soient du peuple ou de l’élite, on traque les apparatchiks trop tièdes jusqu'au fin fond de la Sibérie et on n'y va pas de main morte. Voilà qui aurait certainement de quoi satisfaire en France une certaine opposition nationale, elle qui s’est faite un modèle de la Russie d’aujourd’hui. 
Alors peut-être que Russia Today qui, si l'on se réfère aux Gilets Jaunes serait la seule chaîne à délivrer une information objective cessera de montrer exclusivement des images de flics matraquant des badauds innocents pour s'aligner sur les chaînes de télé moscovites qui, par déontologie, ne montrent jamais d'images de manifestants hostiles au régime. Pour quelle raison? Tout simplement parce qu'il n'y en a pas.  

Ce sera peut-être l'occasion de retrouver l'esprit ingénu et un brin polisson de Vidéo Gag. 



samedi 27 juillet 2019

La France vice-championne du monde de l'écologie




L’environnement et sa petite sœur l’écologie ne jouent plus dans la même cour. La seconde a tellement investi l'espace politique qu’elle a fini par concentrer sur elle toute l'attention, reléguant l'environnement au rang des accessoires. Mais autant la préservation de l’environnement est par essence consensuelle, autant l’écologie est devenue un courant de pensée dont l'objectif est d'en finir  avec notre modèle de société. Elle s'insinue de plus en plus dans des projets politiques d'inspiration marxiste, les faisant presque passer pour légitimes au vu des dérèglements climatiques du moment. 

Désuet, l'environnement ne fait désormais plus recette. On ne parle, à présent, que d’épisodes météorologiques exceptionnels, de bilan carbone et de fonte accélérée de la banquise. Même si ceux qui s'affichent en tant qu'écologistes refusent toujours d'être catalogués de droite ou de gauche, les mouvements de la gauche radicale ont, de leur côté, annexé l’écologie à leur doctrine, la décrétant incompatible avec le capitalisme. On pourrait les croire à force d'être abreuvés par les médias d'images de cataclysmes et de catastrophes, en se disant qu'effectivement, si la terre jadis si paisible et verdoyante, court à sa perte, c'est en raison des effets destructeurs du capitalisme pour qui la qualité de la vie se résume à une course au profit. 

Les effets de la planification. Le prétexte écologique pour rééduquer les masses
et mettre les récalcitrants hors de nuire
(Il en était déjà ainsi sous Staline)
Selon la France Insoumise, les stars du moment avec à leur tête leur jeune prétendant Adrien Quatennens, le salut de la planète ne passera que par la mort du capitalisme et la mise en place d’une écologie planifiée. Planifiée ?! Qu'est-ce à dire? On espérait ce système bel et bien enterré. Apparemment, ce n'est pas le cas. Il s'agirait donc de se servir de l'écologie pour renouer avec le symbole le plus significatif des régimes marxistes au temps où ils voulaient refaire le monde. Rappelons pour ceux qui auraient manqué le début du film que la planification a été, pour les pouvoirs communistes, le dispositif idéologique censé mettre en conformité la planète et au passage ses habitants avec la projet révolutionnaire. Mais comment oser oublier qu'à chaque fois, l’expérience a conduit au désastre, que ce soit la planification stalinienne avec des millions de gens déportés arbitrairement, la planification selon Mao-Zedong  dont le « Grand Bond en Avant » fut responsable à lui seul de la plus terrible famine de tous les temps, ou pire la planification orchestrée par les Khmers Rouges qui a exterminé en trois ans la moitié du peuple cambodgien. Non, Monsieur Quatennens, ce serait une folie meurtrière que de vouloir planifier le changement climatique en commençant par éradiquer le capitalisme. La seule solution qui vaille la peine est de s’y adapter.

Le Grand Bon en Avant
Quand le marxisme planifie les récoltes et organise l'abondance
A l'arrivée, une famine qui fera près de 50 millions de morts

Revenons pour cela un peu plus de 15 000 ans en arrière. Dieu n’avait, certes, pas encore inventé la terre ni ce qui tourne autour, mais les hommes étaient déjà là et bien là. Ils n’étaient pas des milliards, ni même des millions mais ils avaient commencé à coloniser la planète. Et ce n’était pas alors de réchauffement climatique dont il était question, mais bien de refroidissement.  Après des millénaires  au cours desquels la vie s'était épanouie, sans entrave, sous les doux rayons du soleil, les températures avaient commencé à baisser, sans raison explicable. Il n'y avait eu aucun bouleversement géologique ni même un astéroïde venu s'écraser sur la terre, mais le froid s’installait, lentement, chaque année davantage. La mer gelait de plus en plus souvent et les glaces ne fondaient plus, faisaient fuir les hommes et les femmes qui vivaient au Nord vers des cieux plus cléments.

L'hémisphère Nord à l'ère glaciaire. La banquise en hiver allait du Golfe de
Gascogne à la Californie
La Scandinavie, les Iles Britanniques, l’Allemagne, la Belgique et la moitié nord de la France disparaissaient progressivement sous la glace tandis que dans les régions épargnées, les hivers rigoureux et les étés à peine tempérés avaient fait de la nature luxuriante des millénaires précédents une toundra inhospitalière où ne poussait que des lichens et des herbes rases. Victimes du gel, les arbres et les arbustes se mouraient, obligeant les hommes à se nourrir autrement. Ils étaient ainsi devenus chasseurs, à la poursuite d'animaux à toison qui s’étaient de leur côté, parfaitement acclimatés, comme le renne. C’était l'époque de l’Age de Glace, le temps où la mer avait tant reflué qu’elle avait relié les îles entre elles, le temps aussi où c’était au Sahara, au Sahel et en Mésopotamie qu’il faisait bon vivre. La Mésopotamie, bien sûr ! ce désert fort peu engageant qui s'étend de l’Irak a la Syrie ne peut faire oublier qu'il fut le berceau de la civilisation moderne, là où les champs de blé s'étendaient à perte de vue. Comment aussi ne pas évoquer les extraordinaires  Jardins Suspendus de Babylone classés, sous l’Antiquité, parmi les 7 Merveilles du Monde. Babylone, aujourd’hui, n'est plus qu'un vague tas de briques enfouies sous le sable par 50° à l’ombre. La Terre ne cesse depuis de se réchauffer, préfigurant peut-être une migration forcée vers le Nord dans les prochaines décennies. C’est là tout l’inconvénient d’habiter une planète vivante. Ce n’est pas sur la Lune ni sur Mars que de tels phénomènes se produiraient.

Les Jardins Suspendus de Babylone
C'était avant que le réchauffement climatique n'en fasse plus qu'un champ ruines
recouvert par les sables 

L’écologie passée à travers le filtre du marxisme ne serait-elle finalement qu'une escroquerie politique? Disons qu'on n’en est pas loin. La gauche radicale pense tenir la solution par l’avènement d’une 6ème République démocratique et populaire. Le coup de baguette magique tant espéré, et hop ! la planète sera sauvée. Bravo, le monde ira mieux si La France Insoumise arrive au pouvoir. Rien de toute cette fumisterie ne tient la route une seconde. Sauf à continuer d'admettre que le nuage radioactif de Tchernobyl s’est bien arrêté à la frontière française, il est d’une consternante stupidité d’imaginer que la France parviendra à elle seule à sauver la planète en changeant de République, surtout si ailleurs, on n’en a rien à faire. Mais on veut tellement nous le faire croire qu’on n’ose plus dire le contraire, sauf à se faire taxer de climato-sceptique. Et l’on entend les partis radicaux, tous bien à l’abri de toute critique du fait qu’ils ne sont pas aux affaires, donner de la voix contre le gouvernement et la majorité présidentielle, les accusant de ne rien faire pour l’écologie, de contribuer par leur laxisme à la pollution des océans, de se prélasser dans des bureaux climatisés accélérant le réchauffement de la Terre, de rester passifs face au dérèglement climatique, etc… bref ! la France, si petite sur la Planisphère mais coupable de tous les maux qui frappent la planète. Vouloir faire condamner l’Etat français pour son inaction en faveur du climat a même fait l’objet d’une poursuite en justice de la part de certains activistes écologiques. Ce n’est pas à Xi-Jinping qu’une telle mésaventure risquerait d’arriver.

Il y a 15 000 ans, les Hauts de France ressemblaient plutôt à cela
Il est temps d’en finir avec toutes ces absurdités. La planète n’a pas besoin d’être sauvée. Que l'humanité craigne pour sa survie, peut-être, mais même morte la planète sera toujours là. Les dinosaures aussi voulaient sauver la planète et ils ont disparu, pas la planète. Que l’homme disparaisse de la planète ? Ce n’est, en revanche, pas si sûr, du moins pas tout de suite. Il a résisté à des conditions autrement plus difficiles au temps de l’ère glaciaire et le fait qu’il ait réussi à s’adapter aux conditions climatiques les plus extrêmes, entre le désert de Gobi et celui d'Atacama, voire entre les forêts amazoniennes les plus humides ou les toundras Yakoutes, il n’est pas encore établi qu’il soit éliminé du jour au lendemain de la surface de la terre. Ceci étant dit, tous ces politiques qui ont fait de l’écologie, le moyen d’imposer leur théologie marxiste, d’autant moins démocratique que présentée comme essentielle à la survie de la planète, risquent en réalité de créer des tensions sociales d’une violence inouïe, prélude à des catastrophes génocidaires.

Il est facile, lorsqu’on vit confortablement de ses rentes ou d'argent public de donner des leçons de comportement à ceux qui s’en sortent déjà mal. Il est aussi facile de faire culpabiliser celui qui ne possède pas de véhicule électrique, de fustiger le poids-lourd qui pollue les vallées, de se plaindre de ce que les trains de marchandise ne roulent plus, de dénoncer le scandale du glyphosate, etc…. Là encore, certains promettent, s’ils sont au pouvoir, de mener une politique écologique résolue : interdiction des moteurs à émission de particules fines, relance générale du transport ferroviaire, interdiction immédiate du glyphosate, interdiction des vols intérieurs…. Certains proposent de remettre en cause les accords internationaux de libre-échange afin de promouvoir les circuits courts, ce que l’on appelle le localisme. On consomme sur place ce que l’on cultive dans le champ d’à côté. Une telle idée nous ramènerait en plein Moyen-Age, au temps où l'immobilité sociale était de règle. Est-ce qu’on y gagnerait vraiment en qualité de vie ? Plus d’oranges ni de pamplemousses sur les marchés français ; plus de homards bretons sur les tables provençales, plus de fromages basques sur les tables alsaciennes, plus d'avocats, d'ananas, de bananes, de mangues, de gambas, ni même de cabillaud ou de saumon d'Ecosse….. Des mirabelles? on n'en a pas dans le Sud. Des abricots? On n'en pas dans le Nord. Alors des pissenlits pour tous ! On voit bien que ce n'est pas encore gagné.

Pour Donald Trump, ceux qui condamnent la paille en plastique
sont contre l'Amérique
"Honte à eux! Qu'on les enferme!"
Entre le climato-scepticisme et le climato-activisme, existe peut-être une zone intermédiaire, le climato-réalisme. Ceux qui prédisent la fin du monde dans 20 ans font beaucoup de tapage en France, bien plus qu’ailleurs. A croire que la France est un enfer pour l'écologie, qu'on pollue à nous seuls toute la planète. C'est même un phénomène étrange que cette façon de pointer du doigt notre pays, plus que tous les autres, épargnant notamment les Etats-Unis dont le Président fait à chaque jour qui passe un splendide bras d'honneur aux écologistes. Rien qu’un exemple : on se moque du fait que dans les administrations françaises, seront bientôt bannis les gobelets et les touillettes en plastique. Cela fait pouffer de rire nos amis Verts qui jugent cette initiative ridicule tant elle est insignifiante à leurs yeux. Au même moment, Donald Trump fait marquer son nom sur toutes les pailles en plastique pour bien montrer qu’il n’a que faire des imprécations écologistes. Et tout le monde se tait et baisse la tête.

Il existe pourtant un classement international que gère la très respectable Université de Yale et qui s’appelle l’Indice de Performance Environnementale (Environmental Performance Index). Etabli chaque année, celui-ci concerne tous les pays de la planète. Ceux-ci sont notés selon 22 critères dont notamment la pollution de l’air, la qualité de l’eau, la biodiversité, les ressources naturelles, la préservation des forêts, la qualité des pêcheries, les émissions de gaz à effet de serre, l’engagement écologique global du pays (campagnes de sensibilisation, développement des énergies renouvelables, mesures préventives, subventions….).



Voici le classement des principaux pays :
1 – Suisse
2 - France
…6 – Suède

…7 – Royaume Uni
..14 – Allemagne
..22 – Japon
..30 – Etats-Unis
..56 – Russie
.125 – Chine
.164 – Corée du Nord
.183 - Inde

Celui-ci se passe de commentaires. Mise au ban du reste du monde par les écologistes, la France est pourtant le 2ème pays le plus actif en matière de préservation de l’environnement et de politique écologique. Bien sûr qu’on peut toujours mieux faire mais ceux qui montrent du doigt notre pays feraient mieux d’avoir une approche plus rationnelle et scientifique du problème que de faire de la politique à œillères. Ils répondront à cela que l’écologie n'a rien à voir avec l'environnement. C'est juste pour la première une question de planification à l'échelle nationale  et pour le second l'équivalent d'une journée en famille à la campagne. Mais bien sûr ! et c’est la marmotte qui met le chocolat dans le papier d’alu.

mardi 23 juillet 2019

Boris Johnson, Européen malgré lui


La mine réjouie, la tignasse en bataille, le verbe fort et l'attitude déterminée, Boris Johnson devient le nouveau Premier Ministre Britannique. Il est en route pour le tant convoité 10, Downing Street. Il l’a bien cherché, il y est parvenu. Mais c’est maintenant que les « emmerdes » risquent de commencer.

Boris Johnson
L'art de remporter le Référendum le plus controversé du siècle à partir
d'une Fake News
Car, que va-t-il se passer ? Le Royaume Uni ne sortira de l’Union Européenne qu'avec un accord, c'est signé.  La Chambre des Communes vient de le rappeler : pas de sortie sans accord !! Bravache, Boris Johnson annonce qu’il respectera le calendrier du Brexit et sortira de l’UE le 31 octobre, coûte que coûte, sauf que le Royaume Uni reste un des rares pays où le Parlement conserve le dernier mot et que faute d’accord, il devra inventer autre chose. 

Malins, les Européens ont déjà tendu la perche en proposant de reporter le Brexit de plusieurs mois, mettant les partisans anglais du tout sauf Bruxelles dans la difficulté. Alors, que va faire le nouveau Premier Ministre s’il veut avoir une chance de ne pas mettre le feu aux poudres à travers le pays?  Il y a de fortes chances qu'il se retrouve pris au piège entre le Parlement de Londres qui préfère la raison à la passion et son allégeance précipitée à Donald Trump qui avait déjà fait de lui son chambellan. 
Avec le succès d'un Brexit dur, Mr Donald pourra flatter son fidèle
toutou Boris

Cela fait quelques mois que Donald Trump attire « Bojo » (le surnom donné à Boris Johnson) dans ses filets, lui faisant miroiter un accord fabuleux dont il est d'ailleurs le seul à connaître le contenu. Mais même s'il s'y voit déjà, Donald Trump n’est pas encore le nouveau Roi d’Angleterre même s’il lui plaît de jouer d'égal à égal avec la Reine. Il est, certes, le champion toutes catégories du chaud et du froid, un jour en guerre, le lendemain dans l’apaisement, un jour à signer l’accord du siècle, le lendemain à le dénoncer. Ce n'est même plus un scoop, la planète semble s'être réglée sur l'horloge twitter de Donald Trump, ne vivant plus qu'au rythme de ses humeurs intempestives.

Boris Johnson est aujourd’hui comme Hercule à la croisée des chemins. Suspendu au bord des White Cliffs of Dover (les blanches falaises de Douvres), il lui faut faire un choix existentiel : ou bien son pays reste arrimé au train de l’Europe où il largue les amarres pour les sirènes de l’Amérique. Un dilemme d’autant plus prégnant qu’il a sur son aile ouest l’Irlande, l'ancienne Hibernia, une île dont certes les Anglais se sont fait leur territoire de chasse depuis Elizabeth 1ère  mais qui, après une indépendance chèrement acquise s’ingénie à affirmer sa singularité face à son envahissante voisine. Un Brexit au forceps risquerait aussi de rallumer la mèche de la discorde en Ulster, ce dont on ne veut plus sur le continent. C'est pourquoi l'Union Européenne a pris les devants, déclarant qu'en l'absence d'accord sur la sortie du Royaume Uni, elle n’hésitera pas à débloquer des milliards d’Euros pour soutenir l’Irlande et la protéger d'inévitables effets indésirables. Car, même si les Anglais sont disposés à rallier en meute l'Amérique, les Irlandais ne l'entendent pas de cet oreille. Pour eux, ces temps là sont derrière. 

Boris Johnson n'a jamais caché son aversion pour les Ecossais.
Mais s'ils le lui rendaient bien en votant pour l'indépendance?
Autre épine dans le pied de Boris Johnson, l’Ecosse. Cette vaste province indisciplinée, la seule terre de Grande Bretagne qui ait  tenu en respect les légions romaines, unie à l’Angleterre pour des raisons purement dynastiques en 1712, ne rend jamais les armes que quand elle sent ses intérêts protégés. Or, Boris Johnson ne porte pas les Ecossais dans son cœur et ne manque pas une occasion de rappeler le peu de considération qu'il a pour ces tourbiers en kilt, qu'il juge paresseux et prompts à bénéficier des aides sociales. Il sait que ses propos risquent de lui coûter cher si le bras de fer s’engage au sujet de la sortie de l’Union Européenne sachant que les Ecossais.es ont voté en majorité contre le Brexit. N'en déplaise à Boris Johnson, en Ecosse, on na rien contre l'Amérique mais on préfère l'Europe. Et qu'ils viennent des Lowlands, de Fife, d'Angus, d'Inverness ou des Iles, tous se plaisent à rappeler qu’une sortie de l'UE sans accord serait la prémisse à un référendum sur l’indépendance de la terre des Pictes. Boris Johnson n'a, là,d'autre choix que de temporiser car selon les sondages, en cas de référendum, ce sont les indépendantistes écossais qui l’emporteraient, précipitant le démantèlement du United Kingdom. Ce serait pour lui un échec retentissant si, par son obstination à vouloir quitter par tous les moyens, l’Union Européenne, il précipitait l’effondrement du Royaume Uni.

Ursula Von der Leyen et Emmanuel Macron
L'Europe reste encore la bouée de secours pour un Royaume plus désuni
que jamais
Boris Johnson, un grand bluffeur ! Il a montré lors de ses précédentes responsabilités qu'il était capable de tout et de son contraire, il a aussi réussi le tour de force de rallier à lui une majorité d’Anglais en usant de mensonges éhontés concernant la contribution du Royaume Uni à Bruxelles. Peut-être saura-t-il tout autant convaincre ses concitoyens, si l'horizon s'obscurcit qu’un Brexit dur serait finalement hasardeux, voire même qu’un Brexit tout court serait une erreur. Ce ne serait d'ailleurs pas trop compliqué pour lui, dans la mesure ou avant de devenir un farouche partisan du Brexit, il était un partisan tout aussi farouche du no Brexit.

Au final, même si elle a tous les défauts de la terre, l’Union Européenne resterait encore la moins pire des solutions, moins pire en tout cas qu’un dépoussiérage du Commonwealth de l'ère post-coloniale et surtout moins pire que le merveilleux accord commercial avec les Etats-Unis annoncé par Donald Trump dont chacun sait qu’il ferait de nos amis Britanniques les vassaux de l'Amérique. Les Anglais devront peut-être sortir enfin de leur nostalgie de l'ère victorienne pour entrer dans le nouveau siècle et admettre que pour réussir aujourd’hui, il est nécessaire de faire jeu égal avec la bande de 3, Chine-USA-Russie. Et ce n’est que par l’Europe unie qu’elle y parviendra.
Alors, Boris ! Bruxelles ou Washington ? Réponse le 31 octobre.

lundi 22 juillet 2019

Nadine Morano, dans les pas de Donald Trump


L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy s’est souvent fait remarquer pour son parler dru et son goût pour la polémique. Se définissant comme une femme de la droite, austère, conservatrice et obstinée dans ses convictions, elle cultive, depuis longtemps, la causticité pour qualifier ceux qui s’affranchissent de la ligne du parti.

Nadine Morano
Le parfum de vengeance de la Dame en Noir
Elle vient aussi de montrer qu'elle sait s'inspirer de la méthode de son modèle Donald Trump, consistant à renforcer les clivages pour mieux en tirer bénéfice. Le Président Américain a bien compris que c'est en lui offrant des boucs-émissaires en pâture, qu’il pouvait galvaniser, pour ne pas dire fanatiser sa base électorale. Il s'est choisi pour cela quatre élues démocrates issues de la diversité, leur demandant clairement de retourner d'où elles viennent sous prétexte que leur profil ne correspond pas celui des vrais Américains, pas les Sioux ni les Apaches, mais les anciens colons blancs d’origine européenne, les pionniers qui ont fait des Etats-Unis la puissance qui éclaire le monde armés d’une Bible et d’un fusil.

Pour Nadine Morano, la droite française peut revenir au pouvoir à la condition qu'elle prenne exemple sur la manière dont Donald Trump mène ses campagnes, se servant notamment du réseau Twitter pour dégainer ses accusations et ses commentaires fielleux, ce qu'en Anglais on qualifie de "borderline", tenant d'une doctrine évoluant souvent à la frontière du racisme, tout en s’en défendant. Procureur par réseaux numériques interposés, Trump fait et défait les carrières des uns et des autres, condamne ou élève au pinacle, selon son gré ou son humeur. En s’en prenant violemment à des élues démocrates de couleur, exigeant ni plus ni moins d'elles qu'elles fassent leurs valises du simple fait qu'elles sont en désaccord avec sa politique, il marque le tempo d'une nouvelle ère où vont prévaloir les critères raciaux, pour ne pas dire racistes. C'est tout ce qu'il désire sachant que la radicalisation des comportements peut le servir mieux qu'une attitude de consensus, jugée trop molle pour ne pas dire faible. Et c’est avec le slogan « Send Them Back » (Renvoyez-le) repris en choeur par des supporters déchaînés qu’il a terminé son dernier meeting à Grenville (NC).

Restée dans l’ombre depuis la débâcle des Républicains de François-Xavier Bellamy aux Européennes et surtout la gifle que lui a infligée Viktor Orban, en s’alliant avec Emmanuel Macron pour faire élire Ursula Von de Leyen à la présidence de la Commission Européenne alors qu’elle l'avait vigoureusement soutenu lorsqu’il avait été exclus du PPE, Nadine Morano reparaît d’un coup à la lumière.

Sibeth N'Diaye
Bleu, blanc, rouge, une indignité selon Nadine Morano
Elle a choisi sa cible, Sibeth N’Diaye, la porte-parole du gouvernement. Et fidèle à sa marque de fabrique, elle n’y va pas avec le dos de la cuillère. « Une Sénégalaise bien née, Française depuis peu, une femme vêtue en tenue de cirque, indigne de la fonction gouvernementale ». Nadine Morano l’accuse aussi d’avoir de grosses lacunes en matière de culture française. De quelle culture française parle-t-elle, d'ailleurs ? Le sujet est trop vaste pour le résumer à une petite phrase. 

Pour rappel, le grand-père de Sibeth N’Diaye faisait partie des fameux tirailleurs sénégalais, ces troupes auxiliaires de l’armée française qui ont acquis leurs titres de gloire lors des conflits auxquels la France a participé. Elle a fait ses études en France et possède suffisamment de diplômes supérieurs pour ne pas être confondue avec une épicière du marché de Kermel, malgré tout le respect que méritent les épicières de Dakar. 

Nadine Morano ne devrait pas oublier qu’elle a, elle-même, fait partie d’un gouvernement dans lequel figurait une certaine Rama Yade, une Sénégalaise native de la banlieue de Dakar naturalisée française à sa majorité. De toute façon, le Sénégal, pays francophone, patrie de Léopold Sédar Senghor, qui abrite toujours des forces militaires françaises ne justifie pas l’image teintée de mépris qu’en renvoie Nadine Morano. 

Dans les années 60, les robes à fleur se portaient
très bien sans faire polémique
Le fait d’insister sur les origines africaines de Sibeth N’Diaye est, bien sûr, le bon prétexte pour s'en prendre à ses tenues vestimentaires. On sait que les Sénégalaises ont un goût pour l'extravagance et les couleurs chatoyantes, mais, comme l'affirme Mme Morano, il n'a pas de place pour les les robes à fleur quand on est gouvernement. Y aurait-il désormais un "dress code" particulier pour les femmes politiques? Et pourquoi pas un uniforme ? Là encore, la députée LR se conforme aux invectives de son maître à penser Donald Trump vis à vis des 4 élues démocrates dont il veut faire ses souffre-douleurs. Elles sont effectivement issues de l’immigration et n’ont pas le look de la cow-girl des Appalaches, figure iconique de l’América Great Again

Sibeth N’Diyae n’a assurément pas l'apparence de la Bigouden ni de l’Arlésienne, mais en est-elle blâmable pour autant ? On sent bien dans le tweet de Nadine Morano qu'il y a pour elle incompatibilité entre la couleur de la peau et la dignité de la fonction. Quand on est noir, on ne peut être porte parole du gouvernement d'un pays dont les racines sont blanches et chrétiennes. C’est même un contresens pour certains, voire une trahison pour ceux qui défendent l’idée d’une France unicolore. Dussé-je rappeler à ces gens-là qui vivent très mal de voir une « black » parler au nom du Président de la République sur le perron de l’Elysée qu’il fut un temps où ceux qui parlaient au nom de la France étaient aussi des blancs de bonne famille, ils s’appelaient Pétain, Laval, Doriot, Darnand et toute la clique des collabos qui se prosternaient devant les nazis. En matière d'uniforme, ces gens-là en savaient quelque chose.

Je dirais au contraire que Sibeth N’Diaye a du cran et que si elle affiche des tenues chamarrées, c’est pour montrer qu’elle défend aussi des valeurs plus universelles. Sans trop m'avancer, je pense que la personnalité de Sibeth N'Diaye joue en faveur de la France dans le cadre de ses relations avec le continent africain et qu'elle peut même revêtir la forme d'une reconnaissance auprès de populations souffrant souvent d'une forme d'ostracisme.
Il y a bien sûr une certaine malignité dans le choix de ses vêtements, voire même une part d'outrance, mais n’est-ce pas là le signe d’un tempérament obligé, pour se faire respecter, de ferrailler contre des adversaires qui ont du mal à voir une femme noire loin de ses fourneaux, et ils sont toujours nombreux. Personnellement, je trouve son style audacieux et plutôt redoutable dans le genre, car c’est par ce biais qu’elle piège ses détracteurs en profitant de ce qu'ils se concentrent sur la critique de la forme pour faire passer son message sur le fond. Pas folle la guêpe!
Sa coiffure exagérément Afro est, dans la même veine, un pied-de-nez au conformisme guindé dans lequel sont cloisonnées les femmes politiques, forçant le trait pour bien rappeler qu’en politique, celles-ci sont d'abord jugées à la tribune sur leur apparence tandis que leurs collègues masculins le sont sur ce qu’ils disent.

Et puis, comment ne pas nous arrêter un moment sur le coup magistral du kébab. Nadine Morano est tombée dans le panneau, pensant avoir les Français derrière elle. C'est-ce qu'elle dit mais on a bien compris depuis des mois que la France est partagée entre le tiers qui vote Macron et les 2/3 tiers restant qui sont contre. Cela ne veut pas dire que c'est parce qu'ils sont contre Macron qu'ils votent Morano. C'est comme avec la culture, de quels Français parle-t-elle? Des Gilets Jaunes, de toute évidence, du côté sombre de la France. La culture culinaire de Sibeth N’Diyae est moins celle du Thieboudienne ou du poulet Yassa de son pays natal que celle des Resto U du temps où elle était étudiante: saucisse-purée, rôti de porc coquillettes, poisson pané-riz, etc…. Le kébab, que l’on mangeait il y a vingt ans dans un papier blanc façon boucher, en déambulant entre la Fontaine St Michel et l'Odéon a été pendant longtemps un incontournable du Quartier Latin et de ses rues où l’on pouvait savourer à toute heure crêpes, croque-monsieur et gaufres.

En dehors de Robert Ménard, vexé que Benoit Hamon soit venu à Béziers sans
même daigner le voir, le kébab n'a pas fait de polémique.
C'est peut-être la comparaison avec le homard qui aujourd'hui ne passe plus.
Tout cela ne vaudra jamais un oeuf-mayo maison et sa ciboulette du jardin
Le kébab, selon son inventeur turc, c’est une colonne de viandes épicées, plus appétissante grâce aux parfums qu'elle renvoie de la cuisine orientale que par son affreux aspect bidochard. Elle tourne lentement sur une une broche verticale et c'est avec le coup de main ajusté et à l'aide d'un couteau suraiguisé que le préparateur découpe des lamelles de viande qu’il recueille une à une dans un  pain tranché en deux ; il y ajoute de l’oignon cru et une sauce relevée à base de yaourt grec, de ciboulette et d’échalotes. Pour les étudiants, et notamment ceux qui fréquentaient assidûment les associations de gauche, c’était exotique et pas cher, même s’il restait en bouche comme un puissant goût d’oignon. Certains en ont conservé un souvenir attendri comme Benoît Hamon qui s’est fait prendre en photo à Béziers dégustant, selon lui, le meilleur kébab qui soit. Sibeth N’Diyae aurait pu aussi bien parler de jambon-beurre ou de rillettes-cornichon mais là encore, tous les racistes qui guettent devant leur écran la moindre déclaration prêtant à caution pour envoyer leurs messages haineux et vindicatifs y auraient vu mille raisons de l’attaquer sur le scandale qu’une « black » ait son mot à dire sur de la bouffe bien franchouillarde. Le kébab, c'était tout juste finement joué.

En conclusion, nous voilà entrés, nous aussi, dans cette guerre des tweets inaugurée par Donald Trump où l’on ne s’embarrasse plus de formules alambiquées pour taper sur son vis-à-vis. La politique est devenue une arène où l’on sème les anathèmes et l’on crache à la figure de l’adversaire, le tout devant un public de millions de pseudos, rivés à leur smartphone, soutenant à coups de « like » ou de smileys, leurs champions respectifs. C’est comme ça que l’on gouverne le monde de nos jours. Nadine Morano a, en tout cas, compris que l’avenir se joue dans le politiquement incorrect. Thanks Mr Trump !

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