Merci Monsieur BENALLA d’avoir, malgré vous, animé avec autant
d'ardeur cette fin de juillet qui s’annonçait, à l'origine, bien terne après que les
Bleus eurent achevé leur épopée. Avoir réussi à mobiliser à ce point tous les
médias, de la presse à l’audiovisuel, et surtout avoir littéralement ressuscité l’opposition
politique alors même que quelques jours avant que n’éclate votre affaire, celle-ci
se déclarait totalement anéantie par le travail de l’Assemblée, retient l’admiration. D’un
fait divers peu glorieux certes mais plus spectaculaire que véritablement abominable comme on l'a prétendu, sans commune mesure en tout cas avec les débordements de casseurs qui venaient
d’émailler cette journée de manifestations, on est parvenu à faire monter la
mayonnaise au point d’y avoir vu un scandale d’état, un Watergate à la française, une
bonne raison, enfin, pour faire dégager l’imposteur monarchisant de la Vème
République qui a volé la place à Mélenchon ou à Marine selon qu'on soit d'un bord ou de l'autre. M. Benalla était certes employé par l’Elysée, y jouissant visiblement
de quelques responsabilités mais il ne peut lui être reproché de ne pas s’être
impliqué dans les tâches qui lui ont été confiées. Que ce soit à tort ou à
raison, par dévouement ou opportunisme, il est parvenu à mériter la confiance
du président, parce qu’il lui est certainement apparu comme sincère dans son
engagement, atypique dans son parcours et fortement concerné par les problèmes
de protection.
L’opposition de gauche comme de droite est tout à coup
sortie de sa torpeur estivale pour s’emparer des micros et des caméras,
dénonçant à travers une vidéo montrant M. Benalla molester deux jeunes
passant là par hasard, l’existence d’une police parallèle à l’Elysée, d’une milice "barbouzière" au service du Président, bafouant les institutions françaises et démontrant
les dérives d’un pouvoir ivre de la puissance que lui accorde la constitution.
Les ténors de la France Insoumise se sont succédé devant les journalistes
n’ayant pas de qualificatif assez dur envers M. Benalla et son employeur jugé trop protecteur et laxiste. Sanctionné, il ne l’avait pas été suffisamment, c’eut dû être
la garde à vue, l’incarcération préventive, la condamnation exemplaire, et
pendant qu’on y était le renvoi dans le pays de son père, voire plus encore.
Quand à Emmanuel Macron, on exigeait sa
comparution devant la commission parlementaire, rien que cela. Mme Le Pen n’a
pas voulu se faire voler la vedette et a, elle aussi, accaparé les micros,
jurant en passant que jamais, si elle avait été présidente, des choses comme
cela auraient pu avoir lieu tandis que son collègue M. Chenu ne se privait pas
de condamner la dérive totalitariste de l'exécutif. On connaît l’ex
Front National, tous des anges, doux comme des agneaux. On a aussi entendu
Olivier Faure, l’austère patron du PS, s’en prendre à son ancien collègue
Gérard Collomb devenu un adversaire, lui reprochant sa mémoire chancelante, apparemment pressé de le voir aux Segnoriales. Parant le quinquennat précédent de toutes les
vertus (sic), il a notamment dénoncé Benalla comme un triste sire alors que ce dernier avait auparavant
fait carrière auprès de personnalités de gauche telles que Martine Aubry et
François Hollande. Il s’est aussi gardé de dire que le badge d’accès au Parlement
dont disposait M. Benalla lui avait été accordé sous la présidence de François
Hollande. Une omission bien à propos.
Les Républicains ont pris le relais par
la bouche de M. Larrivé, vice-président plus technocratique que charismatique de
la commission des Lois, mais aussi par l’entremise des Pieds Nickelés, Laurent Wauquiez, Eric Ciotti, Christian Jacob. Enfin pas Laurent Wauquiez. Conscient que l’affaire montée en
épingle allait accoucher d’une souris, il a sagement préféré poursuivre son prosélytisme
envers les adeptes de Saint Pie X et les restes de la Manif pour Tous dont il
compte se faire un socle pour ronger les fondations d’un Rassemblement National
devenu bien trop séculier.
En bref, tout ce petit monde s’est trouvé sous le
feu des projecteurs, y allant de ces petites phrases dont se régalent les
journaux avec pour couronner le tout la sortie d’Alexis Corbière parlant de la
présidente de la commission d’enquête Yael Braun-Pivet comme de "la Benalla de
l’Assemblée". Avec ce genre de propos non maîtrisé, l’affaire originelle s’est
retrouvée bien loin de ce qui l’avait provoqué, offerte en pâture aux fidèles
collabos de réseaux sociaux qui, soudain, las de vouloir à tout bout-de-champ couper la tête à
« Micron l’imposteur » ont pu déverser leur haine sur Mme Braun-Pivet
avec tout le tact et la correction qu’on leur connaît.
On a reproché à Emmanuel Macron de se taire puis on lui a reproché de parler. On a bien sûr épilogué sur le « Qu’ils viennent me chercher » soi-disant inapproprié, maladroit, provocant, méprisant, etc…. etc…. A croire que ceux qui ont confisqué les micros pendant près de deux semaines n’ont jamais dit que de bonnes choses, n’ont usé que de bons arguments, n’ont jamais détenu que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. On a dépeint M. Benella comme une brute épaisse, un « reubeu » coutumier du coup de poing, une racaille de cité qui se donnait des allures de petit chef. On en a rajouté, autant sur la taille de son appartement, que sur sa voiture suréquipée en gadgets de police, son salaire de cadre de la SNCF et bien évidemment son usurpation d’insigne. Il ne lui manquait qu’une matraque, comment a-t-on pu oublier de lui en fournir une ? Pour M. Mélenchon, la gravité de cette affaire était un nouveau Watergate, sous entendant que le président était passible d’une accusation pour haute trahison. Quant aux communistes dont la duplicité est telle qu’on pourrait croire qu’ils ont renoncé à la dialectique fondamentale de leur doctrine au profit d’un humanisme gentillet du genre « aimons-nous les uns les autres », les voilà qui ont affiché pour la circonstance un comportement de vierge effarouchée. L’hôpital n’en finit pas de se moquer de la charité.
On a reproché à Emmanuel Macron de se taire puis on lui a reproché de parler. On a bien sûr épilogué sur le « Qu’ils viennent me chercher » soi-disant inapproprié, maladroit, provocant, méprisant, etc…. etc…. A croire que ceux qui ont confisqué les micros pendant près de deux semaines n’ont jamais dit que de bonnes choses, n’ont usé que de bons arguments, n’ont jamais détenu que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. On a dépeint M. Benella comme une brute épaisse, un « reubeu » coutumier du coup de poing, une racaille de cité qui se donnait des allures de petit chef. On en a rajouté, autant sur la taille de son appartement, que sur sa voiture suréquipée en gadgets de police, son salaire de cadre de la SNCF et bien évidemment son usurpation d’insigne. Il ne lui manquait qu’une matraque, comment a-t-on pu oublier de lui en fournir une ? Pour M. Mélenchon, la gravité de cette affaire était un nouveau Watergate, sous entendant que le président était passible d’une accusation pour haute trahison. Quant aux communistes dont la duplicité est telle qu’on pourrait croire qu’ils ont renoncé à la dialectique fondamentale de leur doctrine au profit d’un humanisme gentillet du genre « aimons-nous les uns les autres », les voilà qui ont affiché pour la circonstance un comportement de vierge effarouchée. L’hôpital n’en finit pas de se moquer de la charité.
Le cynisme voudrait que l’on dise que M. Benalla a eu raison d’intervenir à un moment où la polémique enflait, reprochant à la police sa mollesse, sa passivité devant les casseurs. Il suffit pour cela de lire les articles qui ont suivi les manifestations du 1er mai ; tous s’en prenaient aux services d’ordre, trop peu nombreux, visiblement bridés tandis que les casseurs s’en donnaient à cœur joie. On a même alors parlé d’un véritable fiasco. Le but du Ministère de l’Intérieur était d’éviter les affrontements de peur d’avoir des blessés, voire pire. Dans ce sens, le pari a été réussi mais comme d’habitude nul n’a été satisfait.
La France Insoumise
qui, tout en faisant preuve d’une bienveillante neutralité vis-à-vis des black
blocs, sorte d’alliés de circonstance dès lors qu’il faut s’en prendre au
gouvernement, s’était focalisée sur son terrain de prédilection, les violences
policières, smartphones à l’appui. Au sortir de cette journée d’une rare
violence, le bilan était pourtant maigre. Les flics s’étaient tenus à carreau
et les matraques n’avaient guère fait éclater de cuirs chevelus. Par bonheur,
Place de la Contrescarpe, alors qu’on allait remballer les outils, deux jeunes militants pacifistes ont trouvé intelligent de s’en prendre à un petit groupe de CRS, lançant divers projectiles accompagnés de gestes explicites. Fidèles aux
ordres, les CRS n'ont pas bougé ou peu mais se sont laissés voler la vedette par un individu
que l’on a cru issu de leur rang, qui avait suivi la scène, et a semblé irrité par
l’absence de réaction des forces de l’ordre. Certainement fatigué d’avoir été
l’observateur d’un grand laisser faire de la part de la police, d’une véritable
laisser casser, ces deux jeunes jouaient pour lui la partition de trop. Il les a neutralisé, manu militari. Que l’extrême gauche y ait trouvé là du grain à moudre, c’est
d’ailleurs un de ses représentants qui filme la scène, rien de plus normal,
elle joue son jeu, c’est bien elle qui scande que « tout le monde déteste
la police » tout en légitimant la violence du prolétariat dont elle défend
les intérêts au nom de sa lutte contre le capitalisme et ses sbires.
Là où le
bât blesse, c’est lorsque l’affaire est relayée par la droite et surtout
l’extrême droite, peu réputés pour leur copinage avec les ultras gauchistes. La
modeste affaire Benalla peut désormais devenir une vaste affaire Macron, les
ingrédients y sont et ceux qui n’y sont pas peuvent y être rajoutés.
L’emballement est prêt à commencer. Le Grand Cirque de la politique va battre
son plein et le sang couler. Et puis, après tout ce tapage, pour finir, on a
droit à un Pschitt ! comme aurait dit quelqu’un.
L’affaire a fini par lasser faute de rebondissement
significatif. La vidéo a été visionné des millions de fois mais, à force d’être
vues et revues, les images ont perdu de leur piquant. C’est vrai qu’il n’y a
pas de sang, pas de bras ni de nez cassé, pas de coup de matraque, pas de quoi fouetter un
Benalla.
Et à l’arrivée, ce qui devait arriver arriva. Après le
tohu-bohu, le big bazar, les échanges musclés, le jeu des invectives, on en a
oublié que le monde avait continué de tourner sans effacer les problèmes. Les
migrants n’ont pas renoncé à l’Europe; en France, le chômage persiste et signe et la
croissance décroît; la Russie prépare la victoire de Trump aux élections de
mi-mandat; la Grèce exsangue n’a même plus les moyens de se protéger des
incendies; la Terre se réchauffe beaucoup trop vite; François Hollande prépare son retour, diable!
Mais pour clore ce qui ne fut en résumé qu’une tempête dans un verre d’eau, heureusement que nous ne sommes gouvernés, ni par la France Insoumise car ces gens sont si persuadés d’avoir toujours raison qu’ils pensent comme Saint Just rendre les Français heureux malgré eux si nécessaire, ni par les Républicains car avec les Pieds Nickelés au pouvoir surgirait le spectre d’une Sarkozie calottine avec son cortège de turpitudes, ni par le PS de crainte d’un retour d'âge hasardeux, ni par le Rassemblement National de peur de la chienlit qui s'emparerait du pays.
Mais pour clore ce qui ne fut en résumé qu’une tempête dans un verre d’eau, heureusement que nous ne sommes gouvernés, ni par la France Insoumise car ces gens sont si persuadés d’avoir toujours raison qu’ils pensent comme Saint Just rendre les Français heureux malgré eux si nécessaire, ni par les Républicains car avec les Pieds Nickelés au pouvoir surgirait le spectre d’une Sarkozie calottine avec son cortège de turpitudes, ni par le PS de crainte d’un retour d'âge hasardeux, ni par le Rassemblement National de peur de la chienlit qui s'emparerait du pays.
L’affaire Benalla s’estompe à présent. Elle a mis en
évidence des dysfonctionnements mais rien à voir avec le scandale prédit. Les
vacances parlementaires arrivent, ce sera dans quelques jours la trêve des
marchands de glace. Après le tintamarre qu’elle a contribué à provoquer, La
France Insoumise veut croire en sa force et s’autorise quelque petit
débordement. Ils sont 17 à la Chambre mais font du bruit comme 200. Sûrs qu’ils
seront les maîtres du pays après la chute de Macron, ils osent déjà s’accorder
quelques libertés. M. Bernalicis ne s’en est d’ailleurs pas privé, accompagnant de « smacks » aussi vulgaires que bruyants l’intervention de la secrétaire d’Etat Brune
Poirson suite à la question perfide d’une de ses collègues sur le « Jour
du Dépassement » (qui bien
évidemment n’arriverait en France que le 31 décembre si LFI était au pouvoir).
Geste déplacé, démontrant d’un homme convaincu de sa supériorité qu’il perçoit surtout la femme comme un charmant objet digne
d'être flattée pour son attrait physique, mais dont la parole ne présente
aucun intérêt. En somme « sois belle et tais-toi ».
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