mardi 13 août 2019

Ethiopie vs Brésil : deux visions inconciliables


Le 27 juillet 2019, les Ethiopiens ont planté 353 millions d'arbres en une journée.
Un geste que certains dénoncent comme un coup de com. mais qui symbolise aussi une forte volonté politique en faveur
de l'écologie
Arrêtons de tirer sur l'ambulance

Selon le dernier rapport alarmant du GIEC, l’avenir de l’humanité s’annonce compromis, voire proche de sa conclusion si celle-ci ne change pas radicalement ses comportements environnementaux. La croissance démographique exponentielle telle que nous la vivons provoque des effets si dévastateurs sur le climat qu’elle conduit en l'état l’espèce humaine à sa perte, entraînant avec elle une vaste part de la biodiversité.

Dans ce contexte des plus préoccupants, il est toutefois un pays qui entretient une petite lueur d'espoir. Ce pays improbable n'est autre que l'Ethiopie. Située aux abords immédiats de la corne de l’Afrique, une région réputée ingrate et aride, considérée d’ordinaire avec condescendance pour ne pas dire pitié du fait de sa pauvreté, voilà que l'Ethiopie est peut-être en train de devenir un modèle pour les années qui viennent grâce à un programme de reforestation sans précédent sur la planète.

Il y a toujours plus de joie à planter un arbre qu'à l'abattre
Terre christianisée depuis près de deux mille ans dans une zone qui se voit à présent grignotée par l’Islam et ses milices armées, l’Ethiopie, ancienne Abyssinie, jadis le Royaume de la Reine de Saba, s'émancipe de 40 ans de marasme politico-économique*. Bénéficiant d’un climat propice en raison de son altitude,  (cf. mon blog: Plein Feux Sur l’Ethiopie) elle est devenue en peu de temps un immense jardin, une serre gigantesque où éclosent à présent la plupart des roses du monde. D’où le nouvel adage selon lequel si vos roses sont si belles dans ce bouquet, c’est qu’une Ethiopienne les a cueillies pour vous. Mais voilà que cet étonnant pays qui, ne l’oublions jamais, est aussi la patrie de Lucie, notre ancêtre des temps les plus lointains de la Préhistoire, s’est maintenant donné pour mission de participer activement à la sauvegarde de la vie sur la planète.

Au Brésil, on considère aujourd'hui la forêt comme une entrave au
développement économique
Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de là, le président du Brésil, M. Jair Bolsonaro, pour des raisons aussi mesquines que l’intérêt qu’il porte à sa mèche sur le côté, l’entend d'une autre oreille, décidé qu’il est d'en finir avec la forêt amazonienne, un monde, selon lui, parfaitement hostile et économiquement de peu d'intérêt. Il a même fait de la déforestation sa priorité, décidé à montrer au reste du monde que l’Amazonie appartient exclusivement au Brésil et qu’il rendrait tous ceux, ONG, écologistes ou même chefs d'état qui oseraient s’opposer à sa politique, coupables d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain, un discours d’ordinaire plus familier venant de la Corée du Nord que de la patrie de la samba.

M. Bolsonaro ne marche même plus dans les pas de Donald Trump, il les précède, faisant du climatoscepticisme une doctrine fondamentaliste. Soucieux de prouver à tous qu’au Brésil, c’est lui le patron, il engage ses milices fermières à mettre le feu à la nature amazonienne pour mieux y envoyer ses bulldozers écraser la flore, la faune et les quelques indiens qui y vivent encore. Tout cela doit disparaître de manière à faire de l’Amazonie une immense ferme industrielle avec pour horizon des champs de soja à perte de vue destinés à produire de quoi nourrir les milliards d’humains qui vont dans les prochaines années s’ajouter à ceux qui existent déjà.  

On peut, au passage, se demander pourquoi la haine irrationnelle que voue M. Bolsonaro à ses adversaires du Parti des Travailleurs doit passer, selon lui, par la destruction de l’environnement. A croire que ce dernier aurait une coloration particulière, du type rouge socialiste. Un raisonnement qui passerait aux yeux de tous pour stupide mais qui n'est en fait que la plus parfaite illustration du cynisme absolu de ce nouveau président. Les Brésiliens sont depuis qu’ils l'ont élu dans un tel état de sidération qu’aucune voix ne s’élève encore dans le pays pour dire stop à ce serial killer de la nature. M. Bolsonaro sera peut-être un jour condamné pour ses crimes contre l’environnement mais en attendant, il fait ce qui lui plaît. 

La forêt amazonienne recule inexorablement remplaçant le vert dominant
par du gris
Et c'est là tout le paradoxe : au même moment en France, la gauche radicale et les Verts n'ont jamais de mots assez durs pour fustiger l'inaction du gouvernement en matière d'écologie, alors que notre pays figure, selon les chiffres, parmi les meilleurs élèves de la classe en matière de défense de l’environnement.
On aimerait les voir monter un peu plus au créneau pour défendre leurs idées face au discours de plus en plus envahissant des climatosceptiques. Il est étrange, en effet, qu'ils se montrent autant fatalistes, pour ne pas dire résignés lorsqu'ils sont sous le feu des sarcasmes d'un Donald Trump, comme si l'avenir de la planète dépendait plus de l'attitude de la France que des autres pays. lls font profil bas dès qu'on évoque la déforestation à grande échelle de la forêt amazonienne et se gardent bien de commenter le triomphe de l'agro-business au Brésil alors qu'ils étaient les premiers à s'insurger en France contre le projet de ferme des Mille Vaches. On préfère noyer le poisson en jouant les moralisateurs et en s'en prenant à de modestes élus, les accusant de programmer la mort du monde paysan tout en fantasmant sur une alimentation du futur, issue d'un retour à la polyculture vivrière et de l’essor du localisme bio, les deux mamelles nourricières de demain. Il faudra pour cela diminuer la population mondiale des deux tiers. Même un troisième guerre mondiale n'y suffira pas. 

Un centre d'élevage bovin au Brésil
L'industrie de la viande à grande échelle
Ni arbre, ni herbe, juste une terre aride et des tourteaux de soja
Ah ! la France, incorrigible monde des Bisounours qui prend allègrement les vessies pour des lanternes. Pendant qu’on s’écharpe dans nos villes et nos campagnes entre apologistes de la côte de bœuf Angus et prophètes du houmous, les industriels de l’agro-alimentaire ne peuvent s'empêcher de sourire car, pour eux, les laboratoires tournent déjà à plein régime pour mettre au point de nouvelles méthodes de transformation permettant de nourrir avec des marges conséquentes les 9 milliards d’humains qu’on nous annonce dans les trente ans qui viennent. Même en réduisant notre propre consommation de viande de 50%, comment ferons-nous, en 2050, pour faire vivre une population de moitié supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui, sauf à ne consommer que des tablettes vitaminées à base d'algues vertes, ce que même l’Homme de Néanderthal, un de nos lointains cousins, aurait déjà considéré comme une régression de la civilisation. Depuis des siècles, on espérait du temps d’après qu’il soit meilleur que celui qu’on avait vécu, entre les guerres, les épidémies, la famine et le froid. Mais voilà qu’à présent, on ne parle plus de 22ème siècle.

Dans le Mato Grosso, les champs de soja s'étendent à perte de vue dans un
paysage totalement désert
Il semble que dans l’esprit ambiant, la génération du millénium sera la dernière. Réchauffement climatique, hausse du niveau de la mer, migrations massives des populations, désertification des sols, canicules répétées, ouragans, gaz à effet de serre, allergies de toutes sortes, cancers, maladies endocriniennes, stérilité, pollution à l'ozone, CETA, violences policières, un inventaire non exhaustif mais qui en dit suffisamment long sur l’état de dépression dans lequel a plongé la société. « No future » scandaient les punks au cours des années 70, y voyant avant tout la fin de la société industrielle telle que l’Angleterre l’avait inaugurée près de 150 ans plus tôt ; « no future » reprennent aujourd’hui les collapsologues, persuadés que le réchauffement climatique va prochainement sceller la fin de l’humanité. Nous voilà donc au pied du mur, pris au piège entre les conclusions alarmantes du GIEC et les propos totalement décalés d’un Bolsonaro et d’un Trump qui se moquent non seulement du climat, mais font tout pour qu’il n’y ait aucune équivoque en la matière. Que ce soit le climat ou la biodiversité, «ils n’en ont rien à foutre et ils en sont fiers ». Alors qu’ils lui font un vigoureux bras d’honneur, nous avons chez nous des Oxfam (ONG d’Ultra-Gauche), des Greenpeace et des associations plus ou moins représentatives qui veulent rendre responsables les autorités françaises de tous les maux dont souffrent la planète. Mais d’où sortent ces gens ? De la botte de Trump ? De la tignasse de Bolsonaro ? Comment osent-ils une seule seconde attaquer en justice un des pays qui fait le plus en matière de défense de l’environnement en ignorant superbement ceux qui lui vouent une haine implacable ? Il n'est pas besoin de se projeter dans un film de science-fiction pour comprendre que ces deux présidents à la fibre populiste auxquels des citoyens abusés ont en toute bonne foi confié le pouvoir ne sont en réalité que des manipulateurs, des faussaires, de terribles imposteurs. Le pouvoir dont ils se sont investis n’est fondé que sur leur mensonge. Le fait d'avoir accédé au pouvoir suprême leur a donné le sentiment d’être les propriétaires de la Terre entière, comme s’il s’agissait de leur propre  jouet. Et il n’est personne pour aller contre leur vision infantiliste du monde. 

L'Ethiopie décidée à devenir le poumon vert de
l'Afrique
Tandis que la forêt d’Amazonie rétrécit de jour en  jour comme une peau de chagrin, voilà que le gouvernement éthiopien a lancé sous le nom de « Green Legacy Initiative » un des plus ambitieux programmes de reforestation jamais entrepris. Il est question de planter 4 milliards d’arbres d’ici la fin de l’année. C’est en faisant l’amer constat que le pays avait fait disparaître en 50 ans près des ¾ de sa superficie boisée que le premier ministre Ahmed Abiy a décidé de jouer à fond la carte écologique, la considérant comme un véritable gage d’avenir. La déforestation a, selon lui été un leurre, appauvrissant les terres, amenuisant les quelques cours d’eau, sans jamais profiter aux vrais responsables, les éleveurs. C’est peut-être en Ethiopie, véritable berceau de l’humanité que la raison l’emportera, redonnant espoir à une société aujourd’hui désabusée, ne cherchant plus qu’à jouir de l'instant présent par crainte de lendemains qui déchantent.    

* Après le régime calamiteux à coloration marxiste du Colonel Mengitsu, le pays se redresse lentement du chaos dans lequel il était plongé depuis les années 70. Les famines retentissantes qui ont suivi la collectivisation arbitraire des terres ont tellement marqué les esprits au cours des années 80 qu'on a craint que ce pays ne se relèverait jamais de la tragédie dans laquelle l'avait entraîné un gouvernement sous emprise idéologique, à l'image de ce qui s'était passé au Cambodge. Malgré des divisions ethniques récurrentes et la sécession de la province d'Erythrée qui l'a privée d'un débouché maritime, l'Ethiopie fait preuve d'une résilience dont on aurait douté il n'y a pas encore si longtemps. La Chine, la première, y a vu une immense opportunité pour y implanter ses usines profitant d'une main d'oeuvre âpre à la tâche et bon marché. Ce furent ensuite les Hollandais qui, conscients d'avoir là les conditions climatiques les plus favorables à la floriculture intensive ont quelque peu délaissé la Colombie et les Andes pour faire de l'Ethiopie la plus grande roseraie du monde. Emmanuel Macron s'est rendu au printemps dans le pays, montrant par là que la France ne resterait pas passive face à la volonté du gouvernement éthiopien de donner un véritable avenir à son pays, chose devenue rare dans un continent en totale déshérence, miné par le terrorisme islamiste, la corruption endémique et une poussée démographique incontrôlable. 
Alors, un pays qui a décidé de planter 4 milliards d'arbres en six mois ne mérite pas seulement le respect, il l'impose.

vendredi 2 août 2019

De Video Gag aux réseaux sociaux, ces images qu'on ficelle

1990 -  TF1 lance Vidéo Gag, une émission présentée par Bernard Montiel
et Alexandre Debanne.
Depuis l'apparition du caméscope, il n'est plus nécessaire d'être un
cinéaste pour faire des films. Tous les téléspectateurs sont invités à envoyer leurs
propres cassettes vidéo pour qu'elles puissent passer à la télé.
Une condition: faire rire

Les réseaux sociaux marchent bien souvent dans les pas de cette émission vedette des années 90 dont l'objet était d'amuser le public en diffusant des vidéos amateurs de quelques minutes présentant des scènes cocasses censées avoir été prises sur le vif. Il s’agissait au départ de saisir au vol un comique de situation, mais avec le temps, les vidéos ont perdu de leur spontanéité pour devenir de réelles mises en scène. Pour des raisons d'audimat, il a fallu forcer le trait, allant vers des gags de plus ou plus tordus, voire brutaux.

Tendre, émouvant, rigolo
Faire une chute d'âne, ce n'est pas banal. Le bon tempo pour
passer dans Video Gag
D’un gentil divertissement sans prétention, l’émission qui récompensait la meilleure vidéo de la semaine s’est transformée en un véritable concours de mauvais goût, combinant la farce grossière, l’ironie grinçante et la ringardise la plus consternante. Pour passer à la télé, tout est devenu bon, même le plus mauvais. Vidéo Gag s'est arrêté en 2008, cédant la place à Facebook et autre Instagram. Désormais, passer à la télé est devenu accessoire dans la mesure où il suffit de diffuser ses vidéos sur Internet pour se faire des millions d'amis. Mais là encore, les bons sentiments du départ, la convivialité, le partage, les commentaires complices ont cédé la place à une nouvelle compétition. 

Les tendres images des enfants à la plage ou du gâteau d’anniversaire de Mamie ne faisant plus recette, l’intérêt des Internautes s’est déporté vers un évènementiel plus trash, s’inspirant notamment des jeux vidéos à la mode, la plupart du temps dédiés à la violence. On s’est lancé dans un nouveau concours d’images choc, profitant de la maniabilité d’un smartphone pour filmer sur le vif tout et n’importe quoi. Comme dans Video Gag, on enregistre, on séquence, on monte, on mixe de manière à ne conserver que ce qui peut servir l'effet recherché. On envoie ensuite le résultat sur Facebook, Twitter ou YouTube pour que tous les voyeurs en profitent, les gentils comme les méchants. La vidéo passe alors de compte en compte, devient virale, selon l’expression consacrée et fait l’objet d’un compteur de vues qui permet de vérifier sa popularité sur la toile. Sauf qu’on est plus au temps de Video Gag. Le comique de situation n’amuse plus, à l’image de la société française qui n’a désormais goût qu’à la jalousie, la violence et la haine. Faute d'avoir enfin un mort, on veut au moins du sang comme au temps de la Rome antique où l’on se pressait pour voir les gladiateurs s'étriper et les chrétiens jetés dans la fosse aux lions. 

Dan le flot d'images, il suffit d'une seule pour faire la différence 
Les Gilets Jaunes sont, dans le genre, devenus les champions de cette nouvelle société fabriquée  de toutes pièces par les réseaux sociaux, ivres d’images d'eux-mêmes, de selfies, de costumes stabylo foisonnant de slogans s'autodésignant le peuple. Ils ont tout simplement cru servir de fondement à une nouvelle conscience politique visant à abattre la démocratie, un système selon eux essentiellement corrompu. Investis du sentiment de toute-puissance que génère la violence tant qu'elle est impunie, ils pensent que tout leur sera désormais permis, bénéficiant d'un effet de meute, disons-le, plutôt dévastateur. Forts de cette dynamique et partant du principe que le vote ne sert d'autant plus à rien qu'ils sont déjà, en majorité, des abstentionnistes, ils s'arrogent, au nom du peuple, c'est-à-dire d'eux-mêmes, le devoir de s'attaquer à tout ce qu'ils exècrent, à savoir  les élus, les banquiers et les patrons, tous destinés à faire les frais d'une épuration salutaire dans le cadre d'une nécessaire Révolution Culturelle. C'est pour cela qu'ils détruisent les péages autoroutiers (qu'ils souhaiteraient voir renationalisés afin d'en refaire un service public, comme il se doit déficitaire, renfloué par ceux qui ne prennent pas l'autoroute comme le SNCF l'est par ceux qui ne prennent pas le train), pillent au nom des déshérités les magasins de luxe (on ne les a pas vu pour autant redistribuer les sacs LVMH aux pauvres), saccagent au nom de la loose à la française les bureaux des élus (depuis sa mis en place en 2017, le CETA a surtout profité aux agriculteurs français,et beaucoup moins aux Canadiens, mais qu'importe, on se dévalorise tellement dans ce pays qu'on ne s'imagine même pas qu'une victoire commerciale soit possible), font le salut nazi (quenelle) comme au bon vieux temps du Maréchal (car c'était vraiment le bon temps, marché noir, dénonciations, trafic de cartes de rationnements, la relève en Allemagne à la façon du camarade Georges Marchais, c'est peut-être dans ce registre là que la France excelle le mieux), enfoncent la porte d’un ministère avec un Fenwick, juste pour voir ce que ça va donner sur les réseaux sociaux…. Allez-y, cassez ! vous êtes filmés, entend-on dans les manifs. 

Parfois certaines images échappent au montage et il est trop tard pour
en stopper la diffusion.
La réalité est toujours plus complexe que ce que l'on veut en montrer
La liste peu glorieuse des dégradations en tous genres depuis ce triste samedi 17 novembre 2018 a fait ,à chaque fois, l’objet de vidéos relayées par les réseaux sociaux, avec à la clé, des dizaines de milliers de like et de commentaires anonymes accompagnés de smileys pour bien montrer qu’on est derrière et qu’on en veut encore. Aurait-on assisté à la mort en direct d’un policier qu’ils auraient été aussi des milliers à dire qu’ils avaient aimé. 

La surenchère n’a pas de limite dès lors que c’est pour faire de l’audience. Jean-Luc Mélenchon l’a bien compris, missionnant ses agents à droite et à gauche (plutôt à droite) pour saisir, armés de leur I-phone, le moindre écart policier, la moindre goutte de sang sur la tempe d’un manifestant et le diffuser illico sur les réseaux sociaux comme la preuve que la France est devenue un état fasciste. Là où la démarche perd en légitimité, c’est lorsqu’elle veut faire passer pour instantané ce qui n’est qu’un outil destiné à promouvoir une idéologie. Il suffit de posséder un logiciel basique du genre Video Movie Maker pour couper tout ce qui peut nuire au message que l’on souhaite véhiculer et ne conserver que ce qui va dans son sens, y ajoutant même, pour la bonne cause, un extrait sonore du style « Macron Démission » collant bien à l’image. On n'oublie surtout pas de couper, au passage, le moment où les manifestants s'en prennent à un policier, des fois qu'on puisse imaginer qu'une telle chose puisse se produire

On a basculé dans une véritable propagande ou si l’on préfère dans l’infox généralisée. La différence est que Vidéo Gag voulait à tout prix amuser, même si les ressorts étaient parfois grossiers mais qu’aujourd’hui la vidéo des réseaux est surtout là pour inspirer la haine. Et ça marche diablement bien. On a tôt fait, notamment au Rassemblement National de réagir en blâmant le gouvernement pour sa faiblesse face aux violences, exigeant la démission de Christophe Castaner (une tradition bien française que de demander la démission du Ministre de l'Intérieur : tous y sont passés depuis 50 ans, le dernier en date Bernard Cazeneuve accusé d'avoir assassiné en personne Rémy Sivens. L'année dernière c'était le feuilleton Benalla et la démission de Gérard Collomb qui, pour le coup n'avait rien vu ni entendu; cette année c'est Steve, pauvre garçon, nouveau martyr fort à propos de la folie meurtrière des flics. Un mort, enfin! Pauvre pays qui ne se repaît que de polémique stérile pour esquiver les vraies questions. Et tous nos élus de l'opposition sont unanimes pour condamner ce gouvernement qui ne fait rien contre les casseurs alors que c’est justement ce qui met le public en haleine. Qu’est-ce que ce pays serait ennuyeux si tout le monde se respectait et ne s’envoyait pas de insultes grossières à longueur de temps.

L'instantané n'exclut pas un art maîtrisé de la mise en scène
"Les Gilets Jaunes guidant la Peuple"
En conclusion, Mesdames et Messieurs qui portez un Gilet Jaune dans votre coeur, vous qui chaque week-end continuez de soutenir bon gré mal gré les quelques irréductibles qui battent le pavé pour des causes à géométrie variable, ne changez rien de votre façon infantile de voir la société, tant votre obstination à « vouloir que ça pète pour de bon » vous donne de la matière sur les réseaux sociaux. Certains politiques, parmi les plus « courageux », disons les plus opportunistes, vous soutiennent encore du bout de lèvres, estimant vos dégradations légitimes tout en se gardant bien de les approuver. Légitimes, les dégradations ! ? On a entendu le message. L'opposition politique est la première à oser affirmer que les dégradations sont effectivement d'autant plus légitimes que le gouvernement ne l’est pas, que Macron est un imposteur et que les élus de la République en Marche sont des pantins ou des traîtres. Une minorité bien élue vaut mieux qu'une majorité par défaut. On a donc compris qu’en France, il suffit d'attendre que Marine transforme le plomb en or ou que les Insoumis profitent d'un trou d'air pour instaurer un régime démocratique et populaire pour que l'horizon de dégage, comme dans un conte de fées. 

Par chance le 19 août arrive bientôt et Vladimir Poutine va rendre visite à Emmanuel Macron. Espérons qu’il ne manquera pas de donner à notre Président quelques conseils sur la meilleure façon de réprimer les vagues de contestation qui se succèdent dans nos rues depuis trop longtemps. Car dans le même temps, à Moscou, on purge à grande échelle, on enferme tous les opposants qu’ils soient du peuple ou de l’élite, on traque les apparatchiks trop tièdes jusqu'au fin fond de la Sibérie et on n'y va pas de main morte. Voilà qui aurait certainement de quoi satisfaire en France une certaine opposition nationale, elle qui s’est faite un modèle de la Russie d’aujourd’hui. 
Alors peut-être que Russia Today qui, si l'on se réfère aux Gilets Jaunes serait la seule chaîne à délivrer une information objective cessera de montrer exclusivement des images de flics matraquant des badauds innocents pour s'aligner sur les chaînes de télé moscovites qui, par déontologie, ne montrent jamais d'images de manifestants hostiles au régime. Pour quelle raison? Tout simplement parce qu'il n'y en a pas.  

Ce sera peut-être l'occasion de retrouver l'esprit ingénu et un brin polisson de Vidéo Gag. 



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