lundi 18 mars 2019

Pouvoir d'achat, une peau de chagrin


Genèse 3 (19) : "A la sueur de ton front tu mangeras jusqu’à ce que tu retournes à la terre".

 Ce message adressé à Adam par son Créateur a peut-être résumé pendant des siècles la trajectoire de la condition humaine mais à l’heure des Smartphones et des croisières MSC, les valeurs vitales se sont largement déplacées. La morale du laboureur a fait place à l’envie insatiable de jouir au plus vite des attraits de la société de consommation. Et la France est, de par le monde, le pays des jouets où il suffit de tendre la main pour cueillir les fruits de la bienveillante providence.

Heureusement que c'est aussi cela la France
Imaginez un peu : c’est le pays où l'on travaille le moins, disons celui où l’on a le plus de congés dans l’année; c’est celui où les avantages sociaux y sont les plus considérables, celui où le chômage y est le mieux rémunéré, celui où l’on n’a pas besoin de travailler pour percevoir des rentes de l’Etat, celui où les salariés sont les plus protégés, celui où lorsqu’on n’a pas un sou, tous les soins sont gratuits, même les plus onéreux, en bref, le pays de cocagne par excellence qu’envie le reste de la planète pour sa qualité de vie, sa bouffe, ses pinards, ses gens, euh….non, pas ses gens, ceux-là, on ne les apprécie guère, paresseux, arrogants, égoïstes, méfiants, jamais contents et peu souriants. Autant la France attire, autant les Français rebutent.

L’épisode regrettable des Gilets Jaunes, au moment où l’image de la France pouvait paraître un peu moins négative, après des années sous le regard ironique et condescendant de ses partenaires, replonge le pays dans ses errements habituels, prompt à se tresser des lauriers du simple fait d’avoir participé. 
A force d’être assisté par les services empressés d’un Etat omniprésent, même dans les gestes les plus intimes de la vie, on s’est habitué à n'être plus que des oisillons dans le nid douillet des prestations sociales, attendant la becquée.
Et si c'était vrai, cela mettrait-il pour autant du beurre
dans les épinards?

Qu’entend-on à longueur de temps? Le pouvoir d’achat ! On n’y arrive plus, on n’a rien à manger dès le 15 du mois.  Mais cela fait plus de 20 ans qu’on entend le même refrain, depuis l'avènement de Cetelem et Conforama tout puissants. Quand on veut toute la panoplie du confort avant même d’avoir réalisé un Euro d'économies, on enfile un Gilet Jaune et on crie «Macron Démission» pour se soulager.  

Les impôts sont trop gourmands ! Tout à fait d'accord. Hormis le fait qu'ils ne concernent même pas un foyer sur deux, donc peu de Gilets Jaunes

Les loyers sont excessifs ! Pas faux, enfin, pour ce qui reste après les APL, soit fort peu pour le plus grand nombre des bénéficiaires, dont beaucoup des Gilets Jaunes.

Les taxes sont injustes ! Pas faux non plus, tout le monde est assujetti au même régime,  pauvres ou moins pauvres. Mais de quoi se plaint-on en fait? La TVA à 20%, cétait déjà sous Hollande. A croire qu’on regrette à présent la suppression de la taxe d’habitation, voire la suppression intempestive de la taxe carbone ou pourquoi pas la vignette auto, peut-être les Gilets Jaunes y échappaient-ils déjà.
L’augmentation de la CSG, une injustice pour les vieux ! C’était une promesse de campagne de Macron, il l’a tenue. Il peut à présent s'en mordre les doigts en "rookie" de la politique, faute d'avoir réalisé que les promesses électorales sont juste là pour faire chauffer la salle. Pas fûté, en effet, on voit qu’il n’avait pas suffisamment d’expérience en la matière. Il aurait du demander conseil à Hollande, expert en la matière. La CSG fut créée pour résorber le déficit de la Sécurité Sociale, c’était en 1988. 30 ans plus tard, le trou de la Sécu est toujours là. On nous dit qu’on le comble mais c’est moins à cause d’une réelle gestion des dépenses de santé que de l'augmentation des contributions avec un arsenal toujours plus sophistiqué destiné à endormir le contribuable. Rien de plus normal que les Gilets Jaunes s’opposent à la CSG, ils la payent aussi, salariés, assistés, retraités, chômeurs, un impôt équitable en fait mais un impôt tout-de-même.  

Gilets Jaunes et CGT
La convergence espérée des luttes contre le capitalisme
Equitable dit-on ! Pour les pauvres en effet mais les riches dans tout ça? Ah ! le mot est enfin lâché, les riches, ces salauds de riches qui s’en mettent plein les poches en affamant le peuple. On voit débarquer les Sans-Culotte de la France Insoumise, piques levées. Les riches, il faut leur couper la tête, comme aux députés de la REM. Il faut confisquer leur fortune et la distribuer aux pauvres. Il faut nationaliser leurs entreprises au nom de la légitimité de la classe ouvrière à avoir la maîtrise des outils de production. 
Les années passent et le discours ne change pas. La France a été tellement formatée par la doctrine du Parti Communiste qu’elle ne peut tenter de s’en libérer sans en ressentir un fort sentiment de culpabilité. Le PCF ne représente plus rien dans les urnes mais son auxiliaire la CGT imprègne toujours les âmes avec au bout du chemin cette convergence des luttes destinée à abattre le capitalisme. La Chine qui nous observe en permanence au microscope, sable le champagne en voyant à quel point le pouvoir français est impuissant face à la violence soi-disant légitime du prolétariat décidé à renverser les symboles provocateurs de la bourgeoisie. C'est le début d'une Révolution culturelle à la française. A Pékin, un tel désordre fait sourire. Effectivement, ce genre de manifestation n'a plus lieu en Chine depuis l'avènement de la dictature du prolétariat. 
  
Le Président chinois
Santé, les Gilets Jaunes 
La France est la championne du monde des transferts sociaux mais, apparemment, ça ne suffit pas. On a le beurre, l’argent du beurre et la crémière mais ce n’est pas encore assez, il faut aussi la crémerie. Normal ! la crémerie est une entreprise qui doit forcément faire des bénéfices et donc se verser des dividendes. Un vrai scandale ! Il faut confisquer les dividendes au nom du bien public et par là-même enfermer le crémier qui pour en être arrivé là a dû faire « un maximum de black » sur le dos du peuple. Ce n'est que justice ! on entend bien ce que revendiquent les Gilets Jaunes, les nouveaux porte-parole de la France qui "bosse dur". Ils ne supportent plus qu'il y ait des écarts dans les rémunérations. Tout ce qui dépasse le SMIC est nécessairement suspect. C’est d’ailleurs ce qu’on entend lorsque certains voudraient que les députés passent un mois à travailler pour 1000 Euros. Un médecin par exemple, une fois élu député, ne devrait donc plus gagner que le SMIC alors qu’il en gagnait 8 fois plus bien au chaud dans son cabinet, à 95% aux frais de la Sécu sans que cela n’émeuve personne. 

Travailleuses marocaines dans les champs de fraises andaloux
A la sueur de leur front....

Les Gilets Jaunes prétendent représenter la vraie vie, pardon mais mort de rire. Pour moi qui les vois, jour après jour, dans les ronds-points, à Charlemagne Carcassonne ou au cheval Péchard de Limoux, c’est le Bridge club ou le bar du coin, la vie en rose, pardon, en jaune, un drapeau espagnol flottant au vent. Eh oui ! en Espagne, c’est mieux, tellement mieux. On y fait travailler dans les cultures des ouvriers venus du Maghreb payés 36 Euros par jour (pas de l'heure comme le prétend Marine Le Pen), en toute légalité ou presque, tandis qu’en France, les maraîchers sont asphyxiés par la toute puissante MSA, une féodalité prédatrice hors contrôle. Quel patriotisme ! Si l’Espagne les excite à ce point, qu'ils aillent cueillir les fraises en Andalousie pour un salaire auquel le RSA n'a rien à envier  !

Le RSA, citez un seul pays au monde qui offre la même chose sans rien en retour.  

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