Et si l'Elysée et Matignon étaient bientôt à eux, |
Depuis 18 mois, les bonnes vieilles oppositions (au sens propre comme au figuré), de gauche comme
de droite, peinaient à se faire entendre, groggy depuis qu’une masse indifférenciée
de jouvenceaux issue de la République En Marche leur avait scandaleusement
piqué leurs fauteuils de notables à l’Assemblée. Mais la vengeance étant un plat
qui se mange froid, les usurpateurs du pouvoir ne perdraient rien pour
attendre.
Pour quoi? Pour qui? |
Et voilà qu’une jacquerie sourd dans les territoires lointains,
arborant un gilet jaune et des slogans tous azimuts dont la suppression des
taxes sur le carburant. Enfin, l’occasion rêvée de se refaire une santé. Pour
les Wauquiez, Dupont-Aignan, Le Pen et autres Ruffin (Mélenchon étant symboliquement
mort le 16 octobre avec les hirondelles), il y a enfin du grain à moudre. Ces
gens qui n’ont jamais eu que de la condescendance
pour les ploucs, les provinciaux bas du
front, les « hillbillies » attachés à leur l’arbre, trop bouseux pour intégrer la société urbanisée, connectée et intello-bobo dont
eux-mêmes sont les plus dignes représentants, les voilà qui s’empressent de
récupérer à leur profit la protestation.
Monsieur Wauquiez se pare d'un gilet jaune pour faire peuple, lui, le rejeton
le plus significatif de l’élite énarchique ; Monsieur Dupont-Aignan
récupère le mouvement en jouant au prince qui jette des pièces d’argent aux manants par la
fenêtre de son carrosse ; Madame Marine Le Pen compte les points en buvant du petit lait comme si on avait oublié un fameux débat au cours duquel elle a fait preuve d’une incompétence
crasse en matière de projet politique ; Madame Marion Maréchal, qui elle, s’est mêlée sur les Champs Elysées à ses amis de l’ultra-droite, n’a pas assez de
mots pour vilipender la catastrophe démocratique, posant les jalons de son projet d’installer un régime
autoritaire pour lequel elle peut imaginer que les Français seront bientôt
murs. Reste Monsieur Ruffin, expert en misérabilisme, citant l’éternel exemple de
l’assistante maternelle qui travaille 60 heures par semaine pour 800 Euros mensuels
ou de la retraitée qui gagne 500 Euros par mois alors que le minimum vieillesse
s’élève à 803 Euros, fake news ! Nous voyons bien que tous ces "people" ne
sont que des opportunistes, surfant sur les mécontentements pour en tirer les
ficelles à leur bénéfice. Reste François Hollande, le champion de la reculade,
le roi de l’atermoiement. Il joue les innocents omettant de rappeler que la mise en place de la Taxe
Carbone, c’est lui. Mais en fin refileur de patate chaude, il s’est arrangé
pour que ce soit sous son successeur qu'elle soit appliquée. Malinx, le lynx!
Les inventeurs de la Taxe Carbone En 2009, ça paraissait loin. Sauf qu'on y est arrivé |
Maintenant, Mesdames et Messieurs les Gilets Jaunes, prenez
garde à ne pas vous laisser embarquer dans des projets radicaux visant à ébranler
les fondements de la République. Il y en a qui ont bien compris qu’ils pourront aisément
vous manipuler du fait de votre manque d’expérience politique. Votre louable
sincérité et votre ignorance des arcanes du monde politique vous rendent perméables
aux slogans bien rodés des agitateurs professionnels, complotistes, activistes
de la fachosphère ou issus de l’ultra-gauche staliniste. On constate déjà que le
mouvement s’éloigne de ses revendications d’origine pour chercher à renverser le
régime, réclamant l’ « impeachment » du président et la
dissolution de l’Assemblée Nationale.
De là, la mise en place de nouvelles élections et la
victoire promise au Rassemblement National ou aux Républicains. Mais pour
quelle politique ? Une chasse musclée aux migrants (tiens, c’est bizarre,
on n’en parle plus de ces indésirables) ; la suppression des taxes sur le
carburant qui sera remplacée par une hausse de 2% de la TVA, plus juste en effet (une promesse du
programme Fillon) ; le retour aux 90 km/ h sur les départementales (un
coup de pouce à la mortalité routière) ; l’abandon de la hausse du tabac ;
le maintien de la centrale de Fessenheim et des centrales à charbon, la réduction
du programme éolien (celui-ci défigurant le paysage) ; le retour de l’ISF (oui si c’est le RN, non si ce sont les Républicains) pour faire plaisir à ceux
qui ne payent pas d’impôt mais qui aiment bien que les autres en payent; le retour des emplois aidés (pas sur du tout) ; la suppression
des allocations familiales pour les immigrés (même s’ils cotisent), la suppression
de l’AME ; la suppression de 100 000 fonctionnaires à l’année (programme
Fillon), comme ça, à l'arrache : 'toi là-bas, dehors! toi aussi, dehors! Fired! Fired! Fired!', quel plaisir, tous ces gens virés ; le dépassement obligatoire des 3% de déficit annuel (RN) et pour corollaire la remise en cause de
la contribution de la France à l’Union Européenne ; des mesures urgentes pour
la hausse du pouvoir d’achat, soit la suppression de l’augmentation de la CSG, le retour
de la Taxe d’Habitation, la réindexation des retraites sur le coût de la vie, et pour le Noël des enfants, un chèque sans provision ;
pour l écologie, "quoi ! l’écologie, elle nous emmerde l’écologie, c’est
un truc de riches pour faire payer les pauvres", donc rien.
Au final, peu de choses, pas de
baisse des charges, pas de baisses des impôts, pas de relance économique, des
chômeurs en moins mais pour des emplois pris en charge par l’Etat et payés par
des caisses vides, la France de Hollande puissance 10. Et pour conclure, un
creusement de la dette et une nouvelle patate chaude adressée de la génération d’après.
A quoi cela sert-il de parler vrai lorsqu’on accorde plus de crédit au mensonge.
Macron a hérité d’un pays qui s’est fourvoyé depuis des
décennies dans une impasse, se voilant le visage dans l’espoir d’improbables
lendemains qui chantent. On navigue à présent dans un populisme assumé, marchant tout droit vers l'instauration d'un régime fort, contre lequel toute opposition sera qualifiée de séditieuse. Cela a fonctionné un temps au siècle dernier, mais l'illusion n'a tenu qu'un moment. Souhaite-t-on refaire le film des années brunes? Il est, en revanche, étrange que le monde
désenclavé d’aujourd’hui et la mondialisation sauvage que nous dénonçons tous ne nous interpellent pas davantage, dès lors qu'il s'agit de remplir les caddies de produits à bas prix, venus de pays où règnent l’exploitation des enfants et la misère sociale. Mais la plupart de nos concitoyens ne
sait même pas ce que c’est que payer des impôts. Vous voulez du pouvoir
d’achat, prenez-vous en Sarkozy et Hollande, c’est au cours de leur quinquennat
que celui-ci a baissé de façon drastique.
Gilets Jaunes, acte V "Marion Maréchal, nous voilà !" |
Les démagos ont le vent en poupe, très bien, qu’ils viennent
au pouvoir puisque c’est ce que les Français réclament. Mais lorsque le pays
sera vraiment au fond du trou, que ces gens qui savent si bien geindre sans
sortir les mains de leur poche, ne viennent pas dire « quand la bise sera venu » qu’ils ne savaient pas.
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