mardi 13 novembre 2018

Philippe Pétain, la cicatrice indélébile


Peut-on dissocier le « Vainqueur de Verdun » du « vaincu de Montoire ». On le voudrait peut-être mais cela parait impossible. L’officier bleu horizon à la moustache grisonnante et le maréchal de France à la moustache blanchissante ne sont bien qu’un seul et même homme :  un militaire longtemps discret grisé par une popularité venue sur le tard. Jugé trop prudent à la fin de la guerre pour être nommé commandant en chef de l’armée, souvent rattaché au camp des défaitistes, Pétain respectait davantage ses hommes qu’il ne leur faisait confiance, persuadé que l’ennemi serait toujours supérieur. 

Pétain, le défaitisme, le déshonneur, la collaboration 
En juin 1940, alors que l’armée allemande déferlait sur le Nord de la France, il déclarait dans un grand élan de défaitisme que notre pays s'accommoderait fort bien d'être occupé par une puissance étrangère. Quel belle preuve de patriotisme. Sa précipitation  à entériner la victoire allemande, sans réel combat, ne peut que laisser planer un doute sur la sincérité réelle du personnage. Pétain ne cachait pas son admiration pour Franco et  le régime autoritaire qu'il venait d'installer en Espagne. Est-ce pour cette raison qu'il s'est livré à une compromission que le temps ne pourra jamais pardonner. Militaire controversé, il s’est donc avéré piètre politique. Il a brisé pour des décennies l’unité nationale en jugeant plus judicieuse la collaboration avec le nazisme que la résistance à un occupant honnis. Il s’est fait le complice de crimes imprescriptibles contre l’humanité. Héros déchu, ses étoiles acquises lors de la Première Guerre Mondiale se sont éteintes à jamais au cours de la suivante. On n’a certes pas à juger l’histoire mais rien n’interdit de faire le procès d’un homme, surtout quand celui-ci a profité du respect dont il jouissait auprès de tout un peuple pour le trahir. Il a prétendu faire don de sa personne à la France alors qu’il a, au contraire, obligé son pays à pactiser avec une des pires idéologies que la civilisation humaine ait engendrées.


Guillaume II, empereur d'Allemagne en exil
Il a toujours dit non à Hitler 
Etrange paradoxe, l’empereur Guillaume II, condamné à l’exil après la défaite de l’Allemagne, vivant depuis reclus dans une petite villa de Hollande n’accepta jamais de légitimer Adolphe Hitler malgré toutes les pressions exercées par le pouvoir nazi et les personnes influentes de son courage. Une fois n’est pas coutume, rendons hommage à l’honnêteté de celui qui, bien que condamné à supporter la honte de la défaite refusa jusqu’à son dernier souffle une réhabilitation qu’il jugeait incompatible avec son respect pour les traditions et l’âme même de son pays.

C’est, au contraire, un des héros de la France victorieuse qui allait faire le choix méprisable de serrer la main d’Adolphe Hitler et d’en devenir le valet zélé.

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