Peut-on dissocier le « Vainqueur de Verdun » du « vaincu
de Montoire ». On le voudrait peut-être mais cela parait impossible. L’officier
bleu horizon à la moustache grisonnante et le maréchal de France à la moustache
blanchissante ne sont bien qu’un seul et même homme : un militaire longtemps discret grisé par une
popularité venue sur le tard. Jugé trop prudent à la fin de la guerre pour être
nommé commandant en chef de l’armée, souvent rattaché au camp des défaitistes,
Pétain respectait davantage ses hommes qu’il ne leur faisait confiance, persuadé
que l’ennemi serait toujours supérieur.
Pétain, le défaitisme, le déshonneur, la collaboration |
En juin 1940, alors que l’armée allemande déferlait
sur le Nord de la France, il déclarait dans un grand élan de défaitisme que notre pays s'accommoderait fort bien d'être occupé par une puissance étrangère. Quel belle preuve de patriotisme. Sa précipitation à entériner la victoire allemande, sans réel combat, ne peut que laisser planer un doute sur la sincérité réelle du personnage. Pétain ne cachait pas son admiration pour Franco et le régime autoritaire qu'il venait d'installer en Espagne. Est-ce pour cette raison qu'il s'est livré à une compromission que le temps ne pourra jamais pardonner. Militaire
controversé, il s’est donc avéré piètre politique. Il a brisé pour des
décennies l’unité nationale en jugeant plus judicieuse la collaboration avec le
nazisme que la résistance à un occupant honnis. Il s’est fait le complice de
crimes imprescriptibles contre l’humanité. Héros déchu, ses étoiles acquises
lors de la Première Guerre Mondiale se sont éteintes à jamais au cours de la
suivante. On n’a certes pas à juger l’histoire mais rien n’interdit de faire le
procès d’un homme, surtout quand celui-ci a profité du respect dont il
jouissait auprès de tout un peuple pour le trahir. Il a prétendu faire don de
sa personne à la France alors qu’il a, au contraire, obligé son pays à pactiser
avec une des pires idéologies que la civilisation humaine ait engendrées.
Guillaume II, empereur d'Allemagne en exil Il a toujours dit non à Hitler |
Etrange paradoxe, l’empereur Guillaume II, condamné à l’exil
après la défaite de l’Allemagne, vivant depuis reclus dans une petite villa de
Hollande n’accepta jamais de légitimer Adolphe Hitler malgré toutes les
pressions exercées par le pouvoir nazi et les personnes influentes de son
courage. Une fois n’est pas coutume, rendons hommage à l’honnêteté de celui qui,
bien que condamné à supporter la honte de la défaite refusa jusqu’à son dernier
souffle une réhabilitation qu’il jugeait incompatible avec son respect pour les
traditions et l’âme même de son pays.
C’est, au contraire, un des héros de la France
victorieuse qui allait faire le choix méprisable de serrer la main d’Adolphe
Hitler et d’en devenir le valet zélé.
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