mercredi 14 novembre 2018

Mr President, weren't we allied for better and for worse

Alliés pour le meilleur et pour le pire, mais alliés toujours

De tweets en tweets, le Président Donald Trump affiche depuis quelques jours un profond ressentiment contre la France d’Emmanuel Macron. Il se reproche par là sa grande naïveté lorsqu’après avoir été invité au défilé du 14 juillet 2017 et avoir accueilli en grande pompe le président français à Washington, il a cru voir en son homologue européen un cireur de pompes tout acquis à sa superbe. Il est vrai que l’insidieuse maladresse d’Emmanuel Macron invoquant l’impérieuse nécessité de promouvoir une défense européenne intégrée face à la menace russe, chinoise voire américaine ne pouvait que le faire bondir. 

Vexé, il n’a guère apprécié ce qu’il a pu considérer comme une remise en cause à peine voilée de l’Alliance Atlantique et surtout comme une dérobade face aux obligations financières de ses membres. Les choses auraient pu en rester là, car si les Etats-Unis se plaignent de régler pratiquement à eux seuls l’ardoise de l’OTAN, la France ne peut être montrée du doigt en tant que contributeur loyal. En fait, les tweets du locataire de la Maison Blanche pointent davantage l’Allemagne. Considérée comme la puissance économique la plus compétitive en Europe, la seule à même de contester la volonté hégémonique américaine sur le continent, l’Allemagne marque de façon ostentatoire une proximité avec la France qui déplaît fortement outre-Atlantique. Les tweets de Donald Trump sont à ce titre d’une clarté limpide. Même s’il s’y livre à une petite pique sur la faible popularité de Macron et le taux de chômage toujours très élevé en France, c’est bien en tant qu’allié et surtout sauveur qu’il veut rappeler ce qu’ont toujours été les Etats-Unis vis-à-vis de la France, à l’inverse de l’Allemagne, notre ennemi au cours des deux guerres mondiales. Et dans un second tweet que n’aurait pas désavoué Michel Sardou, il enfonce le clou insistant sur le fait que « si les Ricains n’étaient pas là, nous serions tous en Germanie » et l'allemand serait devenu notre langue officielle.



Merci cher Donald de montrer là tout l’intérêt que vous portez à la France. Merci de rappeler par la même occasion l’intérêt que vous portez à notre viticulture. Vous en appréciez la qualité mais nous reprochez de surtaxer les vins américains importés en France. Fake News ! Il n’existe en France aucune taxe visant à pénaliser les vins américains, seuls sont répercutés les frais de transport. En revanche, c’est aux USA que les vins sont taxés, tous les vins, un héritage de la Prohibition qui se répercute de la même façon sur la production locale ou d’importation. De fait, un vin californien est vendu en France moins cher qu’aux Etats-Unis. Nul n’ignore que le prix d’une bouteille varie selon son origine et son appellation mais on entend plus ceux qui estiment que le vin est insuffisamment taxé, pas le contraire.


Il est, par ailleurs, bon d’ajouter que le président américain devrait plutôt craindre les dégâts collatéraux que risquent de générer sa diplomatie du tweet à l'emporte pièce. Son caractère public peut susciter des répercussions aux effets indésirables pour son auteur. Les Allemands n’ont guère apprécié le contenu tendancieux des propos de M. Trump. Chacun sait à présent que les Etats-Unis cherchent à réduire l’Union Européenne et qu’ils sont en passe d’y réussir si les partis populistes qu'ils soutiennent l’emportent aux prochaines élections. Or, le projet de défense européenne que propose Emmanuel Macron allant dans le sens d’un renforcement de cette union, peut d’autant plus irriter la Maison Blanche que l’Europe dont les états sont en majorité intégrés à l’OTAN traînent toujours les pieds pour payer la facture. En résumé, Emmanuel Macron y est allé un peu fort et un peu vite mais la réaction anti-antgermanique de Donald Trump risque de provoquer l’effet contraire de celui espéré en rapprochant la France et l’Allemagne sur l’opportunité de donner enfin corps à ce serpent de mer qu’est depuis trop longtemps l’armée européenne. Tel serait pris qui croyait prendre.     

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