lundi 8 juillet 2019

Ursula Von Der Leyen, une "Macronienne" à la tête de l'Europe

Ursula Von de Leyen à la tête de l'Europe
"Et maintenant, En Marche!"

Les Républicains (les nôtres, pas ceux qui soutiennent Donald Trump) ont eu tôt fait de condamner sans appel Emmanuel Macron après qu’il soit parvenu par un improbable tour de passe-passe à mettre hors jeu la candidature de Manfred Weber à la Présidence de la Commission Européenne. 

Selon les vieilles conventions, il revenait, en effet, au parti arrivé en tête à l’élection du Parlement Européen de désigner, dans ses rangs, celui qui serait le futur président de la Commision, le fameux Spitzenkandidat.  Cette candidature n’étant pas du goût du président français, Monsieur Weber a été tout bonnement écarté, ce qu’il a d’ailleurs fort peu apprécié. Après avoir refusé le choix de Monsieur Timmermans, le leader du Parti social-démocrate hollandais, les chefs d’Etats Européens ont, en revanche et contre toute attente, approuvé la nomination de Mme Ursula Von der Leyen à la tête de la Commission. A l’origine de cette proposition, Emmanuel Macron, encore lui. Mais où est-il allé chercher cette candidate et surtout comment a-t-il fait pour recueillir l’approbation des chefs d’Etat européens ?

Notons primo que, comme le dit le vieil adage selon lequel nul n’est prophète en son pays, le Président français est rejeté par une majorité de ses concitoyens sans pour autant subir en Europe la même détestation. Secundo, là où l’on voyait s’effriter l’entente franco-allemande en raison de différences d’appréciation entre Angela Merkel et Emmanuel Macron sur les dossiers qui fâchent, la nomination d’Ursula von der Leyen est un coup de maître, pour ne pas dire un coup de génie. Elle est, à la fois, une proche s’il en est d’Angela Merkel qui l’a nommée sans discontinuer dans tous ses gouvernements depuis qu’elle est chancelière, et une partisane farouche de l’Europe intégrée autant qu'une anti-souverainiste affirmée. 

L'armée allemande
Un machin dont même l'OTAN se tord de rire
Un piège pour Ursula? Non, c'est juste Koh-Lanta 
Critiquée dans son propre camp, la CDU, lorsqu’elle a réussi à imposer dans son pays un salaire minimal, un quota de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises et un congé parental pour les hommes là où la culture impose toujours aux femmes de rester à la maison pour élever les enfants, elle l’est aussi depuis qu’elle a été nommée Ministre de la Défense pour redresser une institution vétuste et routinière habituée à vivre dans l’indigence. Avec un matériel à l’obsolescence dépassée et des cadres noyautés par les mouvances d’extrême droite, la tâche était déjà, pour elle, colossale mais on a eu vite fait, parmi les caciques de son propre parti de critiquer son absence de résultats alors qu’il n’y avait auparavant jamais eu aucune voix pour se plaindre de quoique ce soit tant que le ministre était un homme. Or, force est de constater que les positions sans ambiguïté d’Ursula Von der Leyen en faveur des « Etats-Unis d’Europe » et d’une véritable armée européenne prennent un sens nouveau depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Le président américain s’est joué depuis deux ans de ses alliés de l’OTAN, ne voyant en eux qu'un carnet de chèques au ventre mou . Il sait mieux que quiconque bander ses muscles pour impressionner l’adversaire mais la vanité de ce jeu de rôles à ses limites. Donald Trump est si aveuglé par le rayonnement solaire de son Americano-centrisme que c’est lui qui risque à la fin de faire gagner ses adversaires. Alors qu’il aura dépensé une large part de son énergie au démantèlement de l’Union Européenne, il ne sera pour le moment parvenu qu'à convaincre la Pologne frileuse de la nécessité de s’abriter sous son aile protectrice. Pour les autres membres de l’Union Européenne, l’histoire est peut-être en train de connaître un réel tournant. Rappelons pour mémoire que le Brexit date d'avant lui, même s'il tente depuis d'en recueillir les fruits.

La nomination d’Ursula Von der Leyen (Röschen (Petite Rose) pour les intimes) est la chance à saisir. Elle ne vient pas de nulle part. Des pedigrees comme le sien, on en redemande. Née en Belgique d’un père député de Basse-Saxe et membre en son temps de la Commission Européenne, elle est bilingue allemand-français depuis toute petite. Elle a poursuivi ses études à la London School of Economics puis à l’Université de Stanford en Californie où elle a acquis, non seulement une parfaite maîtrise de l’Anglais mais aussi une expertise redoutable en matière économique et géopolitique. Et surtout, n’en déplaise à tous ceux qui, du Rassemblement National à la France Insoumise savent si bien critiquer l'amateurisme du pouvoir en place, Mme Ursula Van der Leyen est reconnue au-delà de ses frontières pour son soutien à Emmanuel Macron et à son projet politique pour l’Europe. 

Les Français ne vont pas aimer.
Sauf que l'Europe, ça se joue à 28 
Vous vous souvenez, la tribune parue il y a trois mois dans tous les journaux européens. On s’était alors empressé de railler le président français : une voix qui ne porte pas, un homme isolé, une vision de l’Europe déconnectée des réalités, un combat perdu d’avance face à la montée des populismes. Eh oui ! mais cela, c’était avant les élections européennes. Car que reste-t-il aujourd’hui des souverainistes ?  Que reste-t-il du meeting de Milan au cours duquel Matteo Salvini et Marine Le Pen fêtaient déjà la victoire des nationalismes à travers l’Europe ? Rien, plus rien. Ils ont tous disparu. Pour preuve, où est passé Nicolas Dupont-Aignan, celui qui, à la manière de Donald Trump, réfutait les sondeurs sous prétexte qu’ils ne voyaient pas qu’il était le meilleur ? Disparu corps et âme sans laisser aucune trace.

Par bonheur, en revanche, l’Europe, elle, avance contre vents et marées et se passe bien de tous ses clowns tristes, tous moins obsédés par l’avenir de leur continent que par celui de leur petite industrie.

Pour conclure : contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer:

-        les Etats-Unis d’Europe ont un nouvel avenir devant eux.

-        les Anglais vont d’autant plus regretter de quitter l’UE que les Ecossais ont déjà pour ambition d'organiser un Référendum et dire non au Brexit. Ils risquent même de le gagner si Boris Johnson est nommé Premier Ministre.

-        Viktor Orban s‘est rallié à Emmanuel Macron parce qu’il a compris où était l’intérêt de son pays.

-       Matteo Salvini paye le revers de la droite populiste aux Européennes en voyant même le Pape célébrer une messe en l’honneur des migrants.

-        Donald Trump a compris que les Européens n’étaient pas ce continent de séniles sous perfusion qu’il imaginait et compte à présent sur eux pour se sortir du bourbier iranien dans lequel il s’est enfoncé.
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  -      La Russie est obligée de recoller les morceaux avec l’Europe et il est fort probable que la France soit impliquée dans un prochain accord de paix avec l’Ukraine, ce qui aurait pour conséquence de lever des sanctions économiques qui pour le moment sont plutôt favorables aux Etats-Unis. La Russie est bien en Europe, qu’on se le rappelle.
-       
 
En Turquie, le pouvoir de Recip Tayep Erdogan a pris un coup sur la tête depuis sa défaite retentissante aux élections municipales d’Istanbul. Il y a désormais fort à espérer que ses jours soient comptés si l’Europe relance des pourparlers d’intégration au sein de l’Union Européenne avec l’opposition. Ce serait pour l’Europe l'occasion de mettre Echec et Mat les pions qui travaillent au service de la Route de la Soie, même si nos amis grecs et italiens se sont quelque peu empressés de tout vendre aux Pékinois.
-      
  -       L’Afrique, le cœur névralgique. Partant du constat que les Chinois s’accaparent à prix sacrifiés des centaines des milliers d’hectares des terres abandonnées par des paysans fauchés contraints de migrer notamment vers l’Europe pour assurer leur survie, une politique ordonnée dans le cadre d’une Europe unie peut, seule, enrayer la spirale infernale par une offre politico-économique raisonnée, la seule façon de porter un coup arrêt aux velléités expansionniste d’un prédateur dénué d’états d’âme.
-       
  -     Une Europe unie aura des chances d’influer sur le cours du monde. Elle et elle seule aura le pouvoir de discuter avec la Russie de ce que sera l’avenir de la Syrie. On a même le droit d’espérer qu’à terme, c’est grâce à l’Europe que Bachar el Assad sera traduit devant un Tribunal Pénal International, comme avant lui Hans Frank, Ernest Kaltenbrunner ou Alfred Rosenberg.
-
-     La Grèce a voté pour en finir avec l'austérité. Ce pays que nous aimons tant depuis Platon et Thucydide mérite une autre analyse que celle à laquelle les économistes se livrent pour le mettre à l'index. Une Europe intégrée n'a pas pour seul but que de privilégier les élèves qui ont la mention TB mais de soigner ceux dont l'étoile brille un peu moins.

-       L’Europe, continent des Lumières. De Kierkegaard à Kant en passant par Spinoza et Nietzsche, il est temps que nous retrouvions le souffle qui a permis à cette improbable mosaïque de petits états arc-boutés sur leur pré carré, de se dire que ce n’est parce que nous ne parlons pas la même langue que nous ne comprenons pas. 
   
 Et bien non, l'Europe n'est pas encore morte. Pire, elle peut gagner. Ça ne plaît pas à tout le monde ? Certains préféreraient peut-être la Chine, la Russie ou de M. Poutine ou les USA de M. Trump ? Aucun de trois !  "De toutes le matières, c'est l'Europe que j'préfère ! "

Ils ont été une centaine d'opposants à hurler contre l'Europe
Peu importe, la caravane passe


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