samedi 6 juillet 2019

BAC 2019 : profs recalés

Une année 2019 cahotique
Il est vraiment temps d'en finir avec un système qui a fait son temps

Une première, des enseignants refusent de rendre leurs corrigés du BAC – la raison invoquée :  le Ministre Blanquer aurait programmé la mort du service public de l’éducation nationale. En fait, rien de neuf dans la contestation. Tout ce qui, dans l'univers ouaté des enseignants, vient s'opposer à leur culture de la routine est nécessairement suspect. On nage, comme trop souvent, en plein corporatisme idéologique pour ne pas dire qu’on hallucine en plein délire syndical. Il faudra d'ailleurs que les professeurs qui bloquent les copies des candidats fassent preuve d'un sens aigu de la démonstration pour faire avaler qu'ils font cela pour leur rendre service.
Mais de quel service parlent-ils donc ? Cela fait quelques années que la France fait partie des plus mauvais élèves de la classe en Europe et ailleurs en ce qui concerne ses performances éducatives et ses résultats. A les entendre, il serait urgent que rien ne change et considérer comme normal que seuls les enfants de professeurs réussissent dans ce pays. Il faudrait, en conséquence, continuer d'accepter l'échec scolaire comme une fatalité. Le service public a bel et bien été dévoyé mais ce n'est pas en tirant sur l'ambulance qu'on guérira le mal qui le ronge.  

Les profs, enfin une infime minorité d’entre eux, d’autant plus médiatisée qu’elle est minoritaire, se plaignent de ne pas être entendus par leur ministre. Ceux-là même qui ne cachent pas leur regret de la belle époque où Najat Vallaud-Belkacem avait mis à l'index la Méthode Boscher, supprimé le COD, le latin et le grec au lycée, voilà qu'ils ont décidé, pour faire barrage à leur ministre de conserver chez eux les copies du BAC, montrant par là une indifférence coupable envers les élèves. Quand on assiste à ce genre de manœuvre, on se dit qu’il est temps de réformer un système devenu obsolète et de prendre vraiment au sérieux l’avenir de nos enfants, quitte à déplaire à une poignée d’activistes radicalisés.

Bloquer des copies, priver de résultats
Les professeurs qui se livrent à ce jeu là montrent qu'ils se moquent royalement
des élèves
C’est à se demander s’il ne vaut pas mieux être sourd que d'écouter leurs récriminations.

Il ressort en effet dans toutes les statistiques que les petits Français sont nuls en maths, nuls en langues, nuls en orthographe, nuls en… beaucoup de matières. La faute, bien sûr, aux parents, la faute au Ministre, la faute aux élèves eux-mêmes. Et les professeurs dans tout cela ? Blancs comme neige, innocents comme la pluie, intouchables, s'autorisant à la fois tous les dérapages mais ne supportant aucune remontrance. Les parents sont devenus si agressifs qu'on ne peut plus discuter avec eux, disent les profs. Le Ministère, pire que tout, il est sourd et ne fonctionne que par oukase. Et c'est le même discours à longueur de temps pour se plaindre du manque de moyens à l'école, pourtant le plus gros budget de l'Etat. En conséquence, il va devenir impossible, selon eux, de délivrer un enseignement de qualité vu ce que prépare le ministre Blanquer (de quel enseignement de qualité parlent-ils? d,hier, d'avant-hier ?) ; la réforme va créer un différentiel entre les lycéens des quartiers chics et ceux des quartiers pauvres au profit des premiers (parce que ce n'est pas déjà le cas ?) ; les profs sont mal payés (le nœud du problème, assurément, mais qu'ils osent le dire !). 

L'ego de profs dans tous ses états.
Entre le Ministre et eux, ils semblent oublier qu'il y a des élèves.
Les élèves, pfuitt! RAB
Quand on est parent ou même simple citoyen français, on ne peut qu’avoir une certaine difficulté à comprendre pourquoi certains professeurs dépensent autant d’énergie à défendre un modèle qui a failli. Quand on constate que la majorité de nos enfants sont notamment incapables d’aligner deux mots en anglais à la fin du lycée, alors qu’ils ont étudié cette langue durant plus de six ans, on est en droit de se poser des questions, et ce d'autant plus que les petits Estoniens, les petits Espagnols ou encore les petits Suédois le maîtrisent avec aisance.  Quel désespoir de voir à quel point notre pays, d’ordinaire si arrogant et fier de ses valeurs intellectuelles, se retrouve de la sorte coiffé du bonnet d’âne. Ne parlons même pas du latin et du grec qui faisaient de nos section A1 la fierté des établissements. Mais ça, c'était avant.

Ah, bien sûr, l’enseignement portait, jusqu'à la fin des années 80 sur des sujets jugés aujourd'hui bien dépassés. On a tiré un trait sur la culture matriarcale celte au profit des celle, plus proche, des peuples du Sahel ; on a occulté l’empereur Constantin et l'Edit de Milan* au profit du prophète Mohamed et de l'Hégire; on a remisé au fond des tiroirs une bonne partie de l’histoire de France sans pour autant s’étendre sur celle de l’Europe. Qui se souvient parmi nos chères têtes aux 50 nuances de châtain du Lac Peipous*, de la Montagne Blanche**, de San Romano*** ou de Saratoga**** ? Sans parler de Bailen* ou de Bautzen**. Jamais entendu ces noms là, rien d’étonnant. Du charabia pour nos ados ? Non, une volonté des rectorats de déplacer les centres d’intérêt ailleurs, et notamment vers les horreurs commises par les Européens lors de la traite des Africains  (contrairement à celle menée par les Arabes), les crimes des Blancs lors de la colonisation des peuples amérindiens, les bienfaits de la dékoulakisation sous Staline, la supériorité intellectuelle de l’Islam sur la société féodale occidentale, etc..... Comme on le comprend, il s’agît d’une opération éminemment politique destinée à formater les élèves conformément à une idéologie de la gauche radicale, que l’on pourrait qualifier de militante, pour ne pas dire prosélyte. Telle est la France à venir que souhaitent dessiner certains syndicats d’enseignants, opposés par dogme à toute interférence avec le monde entrepreneurial dans ce qui constitue l’univers sanctuarisé des lycées, génétiquement hostile à tout ce qui peut avoir un rapport avec l'économie et la loi du marché. L'avenir de la jeunesse, selon le SNES-FSU, correspond à un triptyque offrant les options suivantes:  "Prof, Fonctionnaire, Chômeur"

jean-Michel Blanquer
Il veut sortir l'Education Nationale de l'ornière.
Courage, petit David, tu commences à comprendre à quel Goliath
tu te mesures. Tous les autres ont échoué avant toi
Nous prions pour qu'ils ne te tuent pas
A cela, je réponds:  s’il vous plaît, Monsieur le Ministre, ne cédez rien, il y en a assez de cette culture de l'immobilité. Il y a plus de 20 ans, un ministre de l’Education Nationale, fraîchement nommé, avait clamé haut et fort qu’il allait « dégraisser le mammouth ». Il s’est allègrement fait piétiner  avant de passer à la trappe. En bon Père Courage, François Hollande a compris que le lobby des professeurs n’avait rien à envier à celui de la NRA aux Etats-Unis et qu’il valait surtout mieux avoir face à soi un mammouth grassouillet mais peu revendicatif qu’un mammouth à la diète en proie à des crampes existentielles. Il a donc annoncé d’emblée la couleur en recrutant plusieurs dizaines de milliers de profs. Inutiles, en surnombre ? La question était moins de répondre à une éventuelle revendication que de l’étouffer dans l’œuf. Il a gagné la manche. Les enseignants se sont montrés sous son règne d’une étonnante docilité, d’autant moins enclins à la grève qu’ils ont hérité à leur tête de Mme Najat Vallaud-Belkacem, une ministre débarquée qu’ils ont su totalement apprivoiser. Le mammouth en a bien profité. Il suffit, aujourd'hui, d’entendre les syndicats regretter ce bon vieux temps où le Prédicat était devenu le mot de passe.  

Quelle ambition pour l''Ecole?
Les drapeaux rouges sont sans ambiguité.
Marx, Engels, Lenine, Staline, Mao, Fidel! Avec ces tristes sires, on n'est plus
dans l'Education mais la Rééducation
On a toutefois le sentiment que le gros perdant de ces arrangements est à chaque fois l’élève. Comment se fait-il, dans cette situation, que les professeurs qui, n’en doutons pas, possèdent la science et le savoir, ne parviennent pas à les transmettre à nos ados. Ces derniers sont-il donc tous des sots, des ignares revêches, des rebelles antisociaux ? Peut-être tous les parents français ont-ils eu la mauvaise idée d’engendrer de la mauvaise graine, histoire de nuire aux professeurs ? On peut admettre dans ce cas que la mission des enseignants n’aboutisse à rien ou à très peu mais est-ce vraiment crédible ? Bien sur que non, tout cela n'est que du pipeau,comme dirait une Grande Gueule

Ne nous leurrons pas, le Baccalauréat est certes toujours un rituel de passage vers l’Enseignement Supérieur mais il est comme l’arbre qui cache la forêt des carences de l’Education Nationale. Le niveau global des nouveaux diplômés n’est guère satisfaisant comparativement à ce qu’il est dans la plupart des autres pays. Et, reconnaissons-le, on ne peut tout imputer dans cet échec à la faillite des élèves et à leur addiction au smartphone. Les professeurs ont peut-être une part de responsabilité.

Monsieur Blanquer s’est lancé dans un grande réforme destinée à remettre le France de l’enseignement au niveau de ses partenaires. Une initiative des plus louables sauf qu’il vient de réaliser qu’en France, on ne réforme jamais sans levées de boucliers, préférant attendre que tout aille au plus mal pour faire la révolution. C’est toujours ce fichu chromosome 1789 qui provoque périodiquement des spasmes au sein de la société. Pour une fois, il faudra bien y arriver. Désolé Mesdames et Messieurs les professeurs, il va falloir vous habituer à penser davantage à l’avenir de vos élèves qu’au vôtre propre. A moins que, comme aurait pu dire Georges Clemenceau, l’éducation ne soit une chose trop sérieuse pour la confier à des enseignants.

* Edit de Milan - signé en 313 par l'empereur romain Constantin, cet acte instaure le droit pour chacun d'exercer en toute liberté sa propre religion. Un document qu'il n'est pas inutile de méditer en ces temps troublés.

* Bataille du Lac Peipous (5 avril 1242) - cette victoire d'Alexandre Nevski sur les Chevaliers Teutoniques est considérée comme fondatrice de la nation russe.

** La Montagne Blanche (8 novembre 1620) - cette bataille qui eut lieu près de Prague marque le début de l'effroyable Guerre de Trente Ans au cours de laquelle furent commises les pires atrocités. Catholiques et Protestants se livrèrent un combat sans pitié qui affaiblit pour longtemps les états d'Europe centrale (Autriche, Allemagne) et ravagea en France la Lorraine et la Franche-Comté.
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*** San Romano (1er juin 1432) cette bataille opposa les cités voisines de Florence et de Sienne. La Renaissance italienne fut autant marquée par sa richesse artistique que par de sanglantes luttes territoriales. Ces querelles  fratricides inspirèrent directement l'oeuvre de Nicolas Machiavel.

**** Saratoga (sept-oct. 1781) première victoire des patriotes américains lors de leur Guerre d'Indépendance contre l'armée anglaise. Peu disciplinés, mal vêtus et disposant d'un artillerie de fortune, les colons infligent cependant une défaite à la rutilante armée de Sa Majesté George III. Celle-ci constitue le grand tournant de cette guerre qui va déboucher 3 ans plus tard sur la naissance des Etats-Unis.

* Bailen (19 juillet 1808) L'armée andalouse soutenue par les Anglais inflige une défaite humiliante aux  troupes françaises jusque là victorieuses. Un premier revers retentissant pour Napoléon face à la résistance des Espagnols et surtout la preuve que le 1er Empire n'est pas invincible 

** Bautzen (21 mai 1813) Symbole des ces victoires inutiles où les morts se comptent par dizaines des milliers. Napoléon y bât certes l'alliance des princes allemands, de la Prusse et de la Russie mais ce ne sera qu'un épisode de plus dans une guerre où s'ensuivront d'autres batailles toujours plus meurtrières, jusqu'à la reddition finale. La légende fera le reste mais à quel prix en vies humaines.  

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