dimanche 21 avril 2019

Gazé, nassé, tabassé : petit lexique du samedi

Priscilla Ludosky
Elle ne fait pas de politique mais détient à présent le pouvoir sur la politique
Attention à l'ivresse de la toute puissance avant qu'elle ne devienne un
péché capital

Priscilla Ludosky s’est fait gazé l’œil droit. Je lui souhaite de ne pas en garder les mêmes séquelles que mon grand-père, gazé en 1916 à Verdun dans des circonstances autrement dramatiques. Attention à ce que l’on dit. Il peut aussi y avoir du poison dans les mots. Peut-on effectivement assimiler  les victimes du terrible gaz moutarde qui fit des ravages au cours de la 1ère Guerre Mondiale ou pire, les sinistres chambres à gaz qui ont contribué à la Shoah, avec ce qui n'est au fond qu'un simple cil dans l'oeil. Les éléments de langage ont certes la faculté de dramatiser une situation mais faire preuve de sens évite parfois des dérapages regrettables. C'est comme le dernier néologisme à la mode: être nassé. Piégé dans une nasse comme un simple poisson. En fait une méthode mise en point par la police britannique pour contenir des groupes de manifestants a priori incontrôlables. Rien de bien méchant dans tout cela, tout est en fait dans la façon de le dire. Nassé rime assez bien avec tabassé et gazé. C'est aussi de cette façon qu'on manipule l'opinion.

Il est, en revanche, plus inquiétant de constater la complicité décomplexée entre les officines anarchistes et des Gilets Jaunes décidément peu experts en dialectique hegelienne. Le fait d'avoir osé scandé devant les policiers « Suicidez-vous » n'est tout de même pas anodin. On aurait espéré plus de compassion ou de respect envers des gens qui avaient choisi de défendre les valeurs de la République. Les Gilets Jaunes n'en ont vraisemblablement que faire, la République, ils ne la servent pas, ils s'en servent. Ils se prennent pour les nouveaux démiurges, les maîtres de l’univers tout se faisant habilement passer pour des victimes. Qu'il est loin le temps des ronds-points, le temps où la France des campagnes s'était soulevée, lasse d'être la laissée pour compte de la République en Marche. La politique est passée par là et les Gilets Jaunes d'origine ont été peu à peu exclus par des militants radicaux de l'ultra-gauche, beaucoup moins motivés par la défense du pouvoir d'achat que par le renversement du régime.
   
Trop de gens sont morts aux ronds-points à cause des Gilets Jaunes
Il y a un certain culot voire de l'indécence à vouloir faire croire que
des gens sont tombés pour le RIC
Avec l'ultra-gauche est revenu le discours bien rodé sur les violences policières gratuites, la dictature qui règne en France, l'état macronien totalitaire et l'on est allé, pour cela, chercher les martyrs de la cause. Des croix ont de la sorte été dressées pour honorer les victimes d'un gouvernement assassin.
On peut dire, cependant, que trop c'est trop. Gilets Jaunes! Arrêtez donc de compter si ostensiblement vos morts. Cette diversion est proprement scandaleuse car les victimes que vous déplorez, c'est vous mêmes qui êtes directement ou indirectement responsables de leur mort. De nombreuses familles endeuillées n'ont pas du tout apprécié cette ignoble récupération de votre part.  Pensez aussi à tous ces policiers victimes de votre haine rédhibitoire, de cette forme de racisme anti-flic que vous revendiquez, de ce harcèlement que vous leur faites subir à la manière d’un prédateur qui joue avec sa proie avant de la dévorer. Dans ce contexte totalement délétère, c'est à qui dénoncera le mieux la dictature, la fin des libertés, l'état totalitaire mis en place par Macron et Castaner, rêvant en revanche d'un pays dont le pouvoir serait vraiment aux mains du peuple, une vraie démocratie sur le modèle de Caracas ou La Havane.

Or, ce 20 avril, le peuple était loin d'être au rendez-vous. Le nombre de 28 000 manifestants n'a pas été atteint dans toute la France. A peine plus que le nombre de spectateurs que contient à lui seul le stade de rugby de Narbonne, celui qu’on appelle le cimetière des Eléphants tant ils ont été nombreux, parmi les meilleurs, à y mordre le gazon. Peu nombreux mais chauffés à blanc grâce aux réseaux sociaux, gonflés de l'orgueil autant que de la légitimité que leur conférerait le port d'un gilet jaune, ils pensent que tout leur est permis. Et tout cela à cause de curieux sondages qui démontreraient qu’ils sont nombreux en France à soutenir les Gilets Jaunes. Bravo les Français ! Vous seriez 25 millions à cautionner les dégradations, les saccages, les pillages. Pas tant que cela,en vérité, car une liste Gilet Jaune ne recueillerait en cas d'élection qu'un nombre infime de suffrages. On soutient les Gilets Jaunes mais on ne vote pas pour eux. Ce qui revient, en fait à dire que ceux qui soutiennent les Gilets Jaunes le font moins par adhésion à leurs thèses que par opposition à Macron. Donc un soutien à relativiser. 

Après la disparition de Macron, lequel des deux tiendra la corde
En revanche, il est paradoxal que les millions de Français qui se disent en accord avec les Gilets Jaunes et sont aussi les premiers déplorer les violences quand elles se passent ailleurs, trouvent on ne peut plus normal qu'en France, des voyous brûlent et saccagent des magasins. Ils y voient là une réponse légitime à la violence de l'Etat. Restons sérieux, pour une fois. 

Est-ce que la haine de Macron autorise ainsi à justifier le pire ? Mais pourquoi d’ailleurs haïr autant ce président pourtant humaniste, un homme de débat résolument intègre, certes pas un dieu tout-puissant mais quelqu'un qui incarne son pays avec ses tripes et n’a d’autre ambition que de lui conserver une place parmi les grandes puissances. Il ne veut pas céder aux populismes faciles, résistant aux sirènes de la Volga ou aux mirages d'Atlantic City, ayant en revanche, pour but de redonner de l'ambition à l'Union Européenne afin qu'elle ait la force de résister aux trois ogres qui tentent de la réduire en miettes. Ah oui ! Honte à lui, entend-on dans le brouhaha des slogans de la rue, le ci-devant Macron a bien travaillé pour une banque juive. Le problème est donc là. Il en a acquis comme un mauvais air de nez crochu. Plus d’un siècle a passé mais dans l’esprit de beaucoup, le capitaine Dreyfus est toujours coupable de haute trahison, parce que le seul fait d’être juif rend nécessairement coupable. Macron est donc coupable de s'être compromis dans la sphère judaïsante et tout ce qu’il pourra dire et faire n’aura, de ce fait, aucune valeur. Faudrait-il donc y préférer un Donald Trump, milliardaire hautain qui considère les Européens comme de la piétaille, un Vladimir Poutine qui n’a de cesse de se venger du sort que l’Europe a fait subir à son pays après la chute du Mur de Berlin ou encore d’un Xi-Jinping qui lui aussi veut retrouver son statut d’Empire du Milieu considérant le reste du monde comme un ensemble de satellites en orbite autour de sa toute puissance.

Une caricature explicite qui démontre à quel point la société française
se repaît toujours des clichés de l'antisémitisme
Jeudi, le Président de la République va annoncer les mesures qu’il compte proposer pour calmer les esprits à l'occasion d’une Conférence de Presse. Il est déjà affligeant d'entendre ceux-la même qui en seront les grands bénéficiaires asséner qu'ils ne répondront que par le mépris à toutes les annonces présidentielles, quelles qu'elles soient. Peu importe ce que pourra dire Emmanuel Macron, les commentaires des Gilets Jaunes vont déjà bon train, ils ne l’écouteront même pas parce qu’ils n’en attendent rien. Je trouve désolant d’afficher aussi peu de respect envers le chef de l’Etat. On se plaint souvent à l’étranger de l’arrogance des Français, on en a là une preuve supplémentaire. On ne sait décidément qu’aboyer et mordre dans ce pays, y compris la main nourricière.

Alors, même si dans quelques jours, Emmanuel Macron annonce qu’il va mettre en place la 6ème semaine de congés payés, baisser les charges patronales de 30% si les entreprises les compensent par des hausses équivalentes en salaire + une hausse de 20% du SMIC et autant des retraites, ça ne servira strictement à rien. La seule mesure qui compterait aux yeux des Gilets Jaunes serait l’instauration du RIC avec une première question « Etes vous pour la destitution du Président de la République » dans l’espoir que la réponse sera « oui ». Et après tout ira bien, si le oui l’emporte. Sinon……on continue jusqu'en 2022.

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