samedi 20 avril 2019

Aimer la France, ce sera peut-être bientôt devoir la quitter

Selon les sondages, 46% des Français demandent aux Gilets Jaunes de
poursuivre le mouvement
Si ce genre d'image leur convient, c'est que mon pays est
vraiment passé cul par dessus de tête, guère rassurant

Depuis bientôt six mois, mon pays n’est plus le mien. Non pas qu’il ait été submergé par une vague migratoire sans précédent ni qu’il ait été envahi par une armée étrangère, rien de tout cela. Mon pays, certainement en raison de la mauvaise conscience qui le caractérise, a applaudi des deux mains l'onde protestataire provoquée par la hausse de la taxe sur les carburants sauf qu'après la spectaculaire reculade du gouvernement, il s'est laissé aveugler par  la popularité dont jouissait le mouvement sans se rendre compte que celui-ci se faisait peu à peu croquer par une poignées d'extrêmistes très idéologisés. Ceux-là se moquent bien du prix de l'essence. Ils se battent pour une autre société, socialiste, vraiment socialiste comme autrefois de l'autre côté du Mur.

Forts de l'approbation dont ils jouissent encore auprès de l'opinion, les Gilets Jaunes sont tombés dans le piège du narcissisme. Ils s'aiment tant qu’ils s’imaginent être le cœur battant de la nation, voire le soleil fluo qui l'illumine. Ils se sont ainsi attribué un rôle de justiciers moralisateurs, prétendant par là devenir les porte-voix du peuple, du vrai, c’est-à-dire surtout d’eux-mêmes. Ayant la chance inouïe de vivre dans un pays de cocagne comme il n’en existe pratiquement aucun autre sur la planète, ils sont parvenus à donner au reste du monde, une image suscitant de réelles interrogations sur les étranges paradoxes qui minent la société française. Difficile, en effet, vu de la plupart des autres pays de comprendre comment des gens dont le sort  paraît si enviable, puissent faire preuve d’une irréductible acrimonie et à fouler aux pieds ce que le monde leur envie. 
Pour certains même, les Gilets Jaunes auraient quelque chose d’indécent dans leur façon de réclamer davantage de pouvoir d’achat pour, comme ils le disent eux-mêmes, aller plus souvent au cinéma, se faire un bon restaurant et s’offrir de belles vacances, occultant tous ces abonnements télé et mobile  qui coûtent un bras mais dont on ne veut surtout pas se passer. Que serait aujourd'hui la vie sans Netflix ou Bein Sport ?   

Finie la concurrence entre banques
La même pour tous, comme à Pyongyang
Pour ceux qui vivent en Afrique, en Amérique latine, dans la majeure partie de l’Asie et dans de nombreux pays d’Europe, là où le salaire minimum mensuel équivaut bien souvent à celui que l’on perçoit en France dans la journée, les revendications des Gilets Jaunes sont incongrues, pour ne pas dire surréalistes. Le rituel qui s'abat chaque samedi sur la France depuis le mois de novembre dernier, caractérisé par des actions délibérément violentes, visant de préférence à détruire tout ce qui constitue la force d’attraction de notre pays à l’étranger, inquiète tant il pose question sur cette forme d'irresponsabilité quasi infantile qui caractérise les Français. Dans quel état d’apesanteur évoluent-ils vraiment ? Les voilà soudain obnubilés par le pouvoir d'achat alors qu'ils bénéficient déjà de la redistribution la plus élevée au monde en matière de prestations sociales. Ils sont enviés de tous, mais le beurre et l'argent du beurre ne leur suffisent visiblement plus. 

On ne peut être plus clair
A bas la 5ème République, la nouvelle sera démocratique et populaire
Le pouvoir d’achat passe en fait pour un slogan anachronique tant il semble émaner d'une joyeuse bande de nantis ou d'enfants gâtés capricieux, alors qu'aux quatre coins du monde, on lutte d'abord pour survivre. Depuis des temps immémoriaux, les révoltes ont toujours été la conséquence de mauvaises récoltes entraînant une hausse du prix des denrées de première nécessité, à l'époque c'était le blé. Or, nous n’y sommes plus. Nous sommes même en surproduction. Il suffit pour cela de constater l’importance du gaspillage auquel notre pays est habitué. Même s’il peut paraître de bon aloi de réclamer la suppression pure et simple de la TVA sur les produits du quotidien, pourquoi ne pas plutôt demander une baisse drastique du coût des abonnements à l’économie numérique, que ce soit en matière de téléphonie, de box, d’applis pour tout ou n’importe quoi, de jeux en ligne, toute cette panoplie devenue indispensable à tous les foyers mais qui se révèle d’une voracité sans nom. Le compte en banque n’y résiste pas longtemps et une fois payées les exigences de la société connectée, il ne reste plus rien dans l’assiette. 
On veut tous un pognon de dingues
Que les riches nous filent leurs millions avant de rebâtir leur fichue église
C’est à ce moment précis qu’on devient un Gilet Jaune et qu’on réclame du pognon à Macron parce que les minots n’ont plus rien à béqueter. Peut-être suis-je vraiment totalement vieux jeu mais il n’y a pourtant pas si longtemps, on nous bourrait le crâne avec ce qu’on nommait jadis la gestion en bon père de famille, une terrible mise en responsabilité qui semble à présent obsolète. C’est véritablement consternant. Consternant comme cette façon de condamner le mécénat privé, estimant que c’est à l’Etat, c'est-à-dire à nos impôts, de prendre entièrement à sa charge le coût de la restauration de Notre-Dame de Paris. Eh oui ! Mesdames et Messieurs les quelques riches à la nuque raide qui restez encore dans un pays qui n’a de cesse de couper les têtes qui dépassent, fuyez, fuyez, on ne veut pas de vos Euros, brulez-les ou placez-les aux Iles Caïman mais ne faites surtout aucun don, plutôt voir Notre-Dame disparaître que de la savoir sauvée avec votre argent. Quelle fierté, en effet, d’en finir avec les riches honnis. On est tellement mieux entre pauvres, à refaire un monde à la sauce Proudhon ou Bakounine. 

Or, dans cette Geek Society qui ne se reconnaît qu’à travers Instagram et Snapchat, l’image des Gilets Jaunes n’enlaidit pas seulement la France, elle la corrompt. Ces gens arborent des drapeaux rouges, cubains au milieu de drapeaux tricolores qui ne servent en réalité que de paravents destinés à masquer la société qu’ils souhaiteraient voir remplacer la Vème République. De Macron, une chose est sûre, ils n’en veulent plus et aucune des annonces présidentielles ne pourra les satisfaire. Même sans les connaître, ils sont déjà contre. La seule chose qui les calmerait serait le départ du président.

Ils sont dans l'ombre, sans visage
Le voilà le Cheval de Troie qui va vampiriser nos institutions
Adeptes de toutes les théories du complot, même les plus absurdes, il apparaît que derrière leurs discours belliqueux et leur façon de prétendre représenter la vraie vie, ils sont, à n’en pas douter, manipulés par des officines troubles qui les utilisent comme des marionnettes destinées à déstabiliser la démocratie dans ses fondements au profit d’une organisation totalitariste du monde, suprématiste, négationniste, national-prolétarienne. 

Peut-être ne le savent-ils pas eux-mêmes mais leur radicalisme obtus donne du champ à des mouvances peu recommandables qui derrière le masque du Gun Powder Plot servent les intérêts de ceux qui œuvrent pour la mort de la démocratie, qu'ils s'appellent Steve Bannon, Matteo Salvini ou Jimme Akesson. Et elles sont de plus en plus puissantes et organisées. Les Gilets Jaunes sont leur aiguillon dans un pays qui, jusqu’à présent, est resté sourd aux sirènes du populisme. Mais jusqu’à quand ? Une fois parvenues au pouvoir, car elles y arriveront, gageons qu’elles renverront les Gilets Jaunes à leur néant originel et qu’on n'entendra plus parler d’eux ni de leurs revendications. Est-ce que la France y aura gagné pour autant ? Ce sera assurément le début d’une autre histoire mais pour beaucoup, en revanche, celui de l’exode. Mais pour aller où ? A Londres, bien évidemment.

Steve Bannon, il dessine le projet de la Nouvelle Europe, un nouvel Axe dont on ne sait pas encore s'il sera au service de
Moscou ou de Washington
Il sera alors temps d’affréter un nouveau Mayflower 


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