Depuis bientôt six mois, mon pays n’est plus le mien. Non
pas qu’il ait été submergé par une vague migratoire sans précédent ni qu’il
ait été envahi par une armée étrangère, rien de tout cela. Mon pays,
certainement en raison de la mauvaise conscience qui le caractérise, a applaudi des deux mains l'onde protestataire provoquée par la hausse de la taxe sur les carburants sauf qu'après la spectaculaire reculade du gouvernement, il s'est laissé aveugler par la popularité dont jouissait le mouvement sans se rendre compte que celui-ci se faisait peu à peu croquer par une poignées d'extrêmistes très idéologisés. Ceux-là se moquent bien du prix de l'essence. Ils se battent pour une autre société, socialiste, vraiment socialiste comme autrefois de l'autre côté du Mur.
Forts de l'approbation dont ils jouissent encore auprès de l'opinion, les Gilets Jaunes sont tombés dans le piège du narcissisme. Ils s'aiment tant qu’ils s’imaginent être le cœur battant de la nation, voire le soleil fluo qui l'illumine. Ils se sont ainsi attribué un rôle de justiciers moralisateurs,
prétendant par là devenir les porte-voix du peuple, du vrai, c’est-à-dire surtout d’eux-mêmes. Ayant la chance inouïe de vivre dans un pays de cocagne comme il n’en
existe pratiquement aucun autre sur la planète, ils sont parvenus à donner au
reste du monde, une image suscitant de réelles interrogations sur les étranges paradoxes
qui minent la société française. Difficile, en effet, vu de
la plupart des autres pays de comprendre comment des gens dont le sort paraît si enviable, puissent faire preuve d’une
irréductible acrimonie et à fouler aux pieds ce que le monde leur envie.
Pour certains
même, les Gilets Jaunes auraient quelque chose d’indécent dans leur façon de
réclamer davantage de pouvoir d’achat pour, comme ils le disent eux-mêmes, aller
plus souvent au cinéma, se faire un bon restaurant et s’offrir de belles
vacances, occultant tous ces abonnements télé et mobile qui coûtent un bras mais dont on ne veut surtout pas se passer. Que serait aujourd'hui la vie sans Netflix ou Bein Sport ?
Finie la concurrence entre banques La même pour tous, comme à Pyongyang |
Pour ceux qui vivent en Afrique, en Amérique latine, dans la majeure
partie de l’Asie et dans de nombreux pays d’Europe, là où le salaire minimum
mensuel équivaut bien souvent à celui que l’on perçoit en France dans la
journée, les revendications des Gilets Jaunes sont incongrues, pour ne pas dire surréalistes. Le rituel qui s'abat chaque samedi sur la France depuis le mois de novembre dernier, caractérisé par des actions délibérément violentes,
visant de préférence à détruire tout ce qui constitue la force d’attraction de notre
pays à l’étranger, inquiète tant il pose question sur cette forme d'irresponsabilité quasi infantile qui
caractérise les Français. Dans quel état d’apesanteur évoluent-ils vraiment ? Les voilà soudain obnubilés par le pouvoir d'achat alors qu'ils bénéficient déjà de la redistribution la plus élevée au monde en matière de prestations sociales. Ils sont enviés de tous, mais le beurre et l'argent du beurre ne leur suffisent visiblement plus.
On ne peut être plus clair A bas la 5ème République, la nouvelle sera démocratique et populaire |
Le pouvoir d’achat passe en fait pour un slogan anachronique tant il semble émaner d'une joyeuse bande de nantis ou d'enfants gâtés capricieux, alors qu'aux quatre coins du monde, on lutte d'abord pour
survivre. Depuis des temps immémoriaux, les révoltes ont toujours été la conséquence
de mauvaises récoltes entraînant une hausse du prix des denrées de première
nécessité, à l'époque c'était le blé. Or, nous n’y sommes plus. Nous sommes même en surproduction. Il suffit pour cela de constater l’importance
du gaspillage auquel notre pays est habitué. Même s’il peut paraître de bon aloi
de réclamer la suppression pure et simple de la TVA sur les produits du
quotidien, pourquoi ne pas plutôt demander une baisse drastique du coût des
abonnements à l’économie numérique, que ce soit en matière de téléphonie, de box,
d’applis pour tout ou n’importe quoi, de jeux en ligne, toute cette panoplie
devenue indispensable à tous les foyers mais qui se révèle d’une voracité sans
nom. Le compte en banque n’y résiste pas
longtemps et une fois payées les exigences de la société connectée, il ne reste
plus rien dans l’assiette.
On veut tous un pognon de dingues Que les riches nous filent leurs millions avant de rebâtir leur fichue église |
C’est à ce moment précis qu’on devient un Gilet
Jaune et qu’on réclame du pognon à Macron parce que les minots n’ont plus rien
à béqueter. Peut-être suis-je vraiment totalement vieux jeu mais il n’y a pourtant
pas si longtemps, on nous bourrait le crâne avec ce qu’on nommait jadis la
gestion en bon père de famille, une terrible mise en responsabilité qui semble
à présent obsolète. C’est véritablement consternant. Consternant comme cette
façon de condamner le mécénat privé, estimant que c’est à l’Etat, c'est-à-dire à nos impôts, de prendre entièrement
à sa charge le coût de la restauration de Notre-Dame de Paris. Eh oui !
Mesdames et Messieurs les quelques riches à la nuque raide qui restez encore
dans un pays qui n’a de cesse de couper les têtes qui dépassent, fuyez, fuyez,
on ne veut pas de vos Euros, brulez-les ou placez-les aux Iles Caïman mais ne faites surtout
aucun don, plutôt voir Notre-Dame disparaître que de la savoir sauvée avec
votre argent. Quelle fierté, en effet, d’en finir avec les riches honnis. On
est tellement mieux entre pauvres, à refaire un monde à la sauce Proudhon ou
Bakounine.
Or, dans cette Geek Society qui ne se reconnaît
qu’à travers Instagram et Snapchat, l’image des Gilets Jaunes n’enlaidit pas seulement
la France, elle la corrompt. Ces gens arborent des drapeaux rouges, cubains au
milieu de drapeaux tricolores qui ne servent en réalité que de paravents
destinés à masquer la société qu’ils souhaiteraient voir remplacer la Vème
République. De Macron, une chose est sûre, ils n’en veulent plus et aucune des
annonces présidentielles ne pourra les satisfaire. Même sans les connaître, ils sont
déjà contre. La seule chose qui les calmerait serait le départ du président.
Ils sont dans l'ombre, sans visage Le voilà le Cheval de Troie qui va vampiriser nos institutions |
Adeptes de toutes les théories du complot, même les plus absurdes,
il apparaît que derrière leurs discours belliqueux et leur façon de prétendre
représenter la vraie vie, ils sont, à n’en pas douter, manipulés par des
officines troubles qui les utilisent comme des marionnettes destinées à déstabiliser
la démocratie dans ses fondements au profit d’une organisation totalitariste du monde,
suprématiste, négationniste, national-prolétarienne.
Peut-être ne le savent-ils
pas eux-mêmes mais leur radicalisme obtus donne du champ à des mouvances peu
recommandables qui derrière le masque du Gun Powder Plot servent les intérêts
de ceux qui œuvrent pour la mort de la démocratie, qu'ils s'appellent Steve Bannon, Matteo Salvini ou Jimme Akesson. Et elles sont de plus en
plus puissantes et organisées. Les Gilets Jaunes sont leur aiguillon dans un
pays qui, jusqu’à présent, est resté sourd aux sirènes du populisme. Mais jusqu’à
quand ? Une fois parvenues au pouvoir, car elles y arriveront, gageons qu’elles
renverront les Gilets Jaunes à leur néant originel et qu’on n'entendra plus
parler d’eux ni de leurs revendications. Est-ce que la France y aura gagné pour
autant ? Ce sera assurément le début d’une autre histoire mais pour beaucoup, en revanche, celui de l’exode.
Mais pour aller où ? A Londres, bien évidemment.
Steve Bannon, il dessine le projet de la Nouvelle Europe, un nouvel Axe dont on ne sait pas encore s'il sera au service de Moscou ou de Washington Il sera alors temps d’affréter un nouveau Mayflower |
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