Un pays qui ne sait plus où est sa route, divaguant de
droite et de gauche entre l’ancien et le nouveau siècle, prêt à verser dans le
fossé faute de trouver refuge dans les vestiges du monde d’avant. Telle est la
France d’aujourd’hui. Pathétique !
Après avoir si longtemps repoussé les échéances fatales et joué
les autruches face à l’échec patent de leur système redistributif, les Français
viennent d’atterrir dans un nuage de souffre après avoir cru avec opiniâtreté
et un brin de légèreté en des lendemains qui chantent.
L’illusion a si bien et
si durablement fonctionné que l’on s’est habitué à croire que nous possédions
de manière inaltérable le meilleur système social au monde, un modèle que tous
nos partenaires auraient dû nous envier. L’Etat Providence a bâti, année après année, un extravagant système de "Mécano" au bénéfice
du plus grand nombre, créant de façon presque perverse le sentiment qu’il
suffisait de demander pour recevoir. Doit-on y voir simplement un manque de
clairvoyance ou d’anticipation ? Certes non, il y a assurément une forme
sournoise de démagogie à penser que distribuer sans compter répond à une
exigence morale, donc légitime.
Saint Martin de Tours figure populaire de l'iconographie chrétienne Il a partagé son manteau avec un pauvre |
Quelle action louable, en effet, que de
partager son manteau pour l’offrir aux pauvres mais que dire s’il s’agit du
manteau d’un autre. Et cet autre n’est ni plus ni moins que le gentil contribuable,
ce Français trop pauvre pour optimiser, trop riche pour avoir droit à quoique
ce soit, juste bon à se faire plumer. C’est pourtant lui qui a payé le manteau
mais il se l’est tout bonnement fait voler. La France peut toujours se targuer
d’être un paradis social, elle n’a plus rien d’un exemple pour ses voisins européens.
Paradis social et enfer fiscal à la fois. Le côté obscur de la médaille.
On
peut mener une politique sociale audacieuse mais encore faut-il savoir agir en
Pater Familias, c’est-à-dire en bon.ne père.mère de famille, économe, responsable,
prévoyant.e. Tout ce qui a manqué, en fait, à nos politiques. Les gènes de la
gouvernance française n’ont malheureusement jamais été formatés qu’à partir du
postulat selon lequel « je dépense, donc je taxe. Je taxe, donc je
dépense ». On se souvient de l’improbable cagnotte de Jacques Chirac, un excédent venu de nulle part dont d’aucuns s’étaient empressés de voir
comment on allait vite pouvoir le dépenser. La cagnotte n’était, en fait, rien
de plus qu’une erreur de calcul.
Soyons sérieux, pour une fois. Il y a quelque chose de
pourri en République de France, et ce depuis bon nombre d’années. Comment
peut-on, en même temps, s’honorer du titre de champion du monde toutes
catégories en matière d’impôts, de taxes et de prélèvements obligatoires et, au bout du compte, constater à quel point notre pays manque de moyens pour tout. Drôle
de pays en effet que celui qui possède une fiscalité de mammouth et ne peut
même pas s’occuper dignement de ses services publics. S’il doit y avoir un
débat, c’est bien celui-là : où passe notre argent ? Des chiffres, il
nous faut des chiffres, poste par poste, point par point; il faut comprendre le
pourquoi du comment. Nous devons savoir ce qu’on fait de notre argent, à l’Euro
près.
A force de noyer le poisson, de faire comme si tout va bien, d’endormir
les Français, est arrivé le moment où la goutte d’eau a fait déborder l’océan.
Payer oui, il le faut bien, notre pays nous offre beaucoup de choses, peut-être
sommes-nous même de gros privilégiés mais il n’y a rien de pire que le flou
pour instiller le doute, motiver la crainte, attiser la défiance, générer la
révolte. Toutes les révoltes sont nées de levées d’impôts abusives, de taxes
scélérates n’ayant eu d’autre but que de rémunérer les agents chargés de les
collecter. C’est à la suite de ces combinaisons tordues qu’en 1776, les
Etats-Unis ont proclamé leur indépendance en réponse à l’instauration par le
roi George du Stamp Act, un droit de timbre sur les échanges de marchandises
entre les colonies, un véritable étouffoir, pire une camisole de force imposée
par Londres sur le commerce.
Regardons de plus près. Le poste le plus onéreux concerne les retraites. Ce serait donc le bouquet car les retraités n’ont pas digéré la hausse de la CSG alors que ce sont eux qui coûtent le plus cher au pays. Bon Dieu, mais c’est bien sûr, le système de solidarité que l’on nous vend depuis presque trois générations n’est en fait qu’une gigantesque tromperie, une véritable Pyramide de Ponzi qui ne fonctionne qu’avec la contribution de nouveaux entrants, toujours plus d’entrants, encore et encore, jusqu’à ce que le château de cartes s’effondre et que comme pour Bernard Madoff, ce soit la case prison.
Ce sont les actifs qui payent pour ceux qui ne le sont plus et qui, eux-mêmes ont payé pour ceux d’avant. A l’instar de la pyramide, il faut toujours de plus en plus d’actifs sauf que ce sont les retraités qui sont de plus en plus nombreux. Pour compenser les failles criantes du système, c’est l’Etat qui doit emprunter. Ce qui revient à dire que les retraités qui pensent avoir suffisamment cotisé pour vivre de vieux jours heureux se sont fait abuser.
La France des années 50 La retraite n'était pas un problème. La solidarité était avant tout une histoire de famille |
Participant d’un système de solidarité, la retraite par répartition échappe au retraité autant qu’à l’actif cotisant, elle est gérée par l’Etat tout comme l’est l’Assurance Maladie. Dans les autres pays fonctionnent les Fonds de Pension, des organismes privés un peu vite considérés en France comme le diable alors qu’ils ne font que défendre les intérêts de leurs souscripteurs. Ce sont eux qui versent à ces derniers leurs pensions de retraite. Pour ce faire, n’étant bien sur aucunement bénéficiaires de taxes, redevances et autres impôts, il leur faut en permanence investir les sommes qui leur sont confiées pour dégager des ressources. Peut-être sont-ils le dernier avatar du capitalisme mais ce ne sont pas eux qui vident les caisses de la nation.
En France, on a choisi de figer la société dans une configuration héritée de la Libération, avec une espérance de vie qui, alors n’atteignait pas les 70 ans pour un âge de départ à la retraite à 65 ans. Un différentiel de 5 ans ! Il n’y avait alors aucun risque à faire payer les retraites par les actifs, tant le taux de chômage était au plus bas. Il n’échappe à personne que les choses ont depuis bien changé. Ajoutons à cela que certaines corporations pour la plupart rattachées à l’Etat ont réussi à se faire accorder des régimes spéciaux comme autant de nouveaux privilèges puisés dans le budget tandis que l’âge de la retraite a été ramené à 60 ans.
La 4CV, symbole d'un pays qui s'offrait ses premières vacances |
Il y a malheureusement fort à parier qu’on ne changera rien à la trajectoire suicidaire dans laquelle le pays s’est engagé. Comme l’a dit le Président Macron, la France n’est pas un pays comme les autres. Effectivement, elle s'obstine à rouler à contresens.
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