lundi 20 janvier 2020

Réformes des Retraites: solidarité bien ordonnée commence par soi-même

Pour rappel....un constat alarmant


Sortie d'usine dans les années 50
Le problème des retraites n'en était pas un. On travaillait
pourtant jusqu'à 65 ans.
Les inégalités de la répartition en fonction des régimes de retraites (privés, publics, spéciaux, agricole) sont particulièrement criantes. Le privé, avec plus de la moitié des ayants droit (54 %), ne profite que de moins de la moitié soit 27% des prestations légales vieillesse et veuvage. Cet écart est d'autant plus significatif que cette catégorie représente plus des deux tiers des cotisants. Les moins bien lotis sont les bénéficiaires du régime vieillesse agricole (19 % des ayants droit mais seulement 8 % des pensions versées), soit autant que les régimes spéciaux qui sont quatre fois moins nombreux. Le plus inquiétant pour l'avenir étant le régime des fonctionnaires, qui avec 12 % des ayants droit compte pour 31 % des pensions versées. Les fonctionnaires partent massivement à la retraite et les montants ne sont pas provisionnés sauf à puiser dans le régime général essentiellement alimenté par le secteur privé. Un scandale absolu qui risque bien de perdurer si la réforme engagée par le gouvernement n'aboutit pas. Paradoxalement, le peuple français qui s'était soulevé en 1789 pour abolir les privilèges, se soulève de la même manière en 2020 pour les maintenir. Et encore plus paradoxal, c'est au président Macron qu'il veut couper la tête, l'accusant de vouloir mettre tout le monde sur le même pied d'égalité. Comprenne qui voudra.      

Une réforme, oui mais ailleurs

Selon tous les partis et les syndicats qui s'opposent à la réforme préparée par le gouvernement, il ne faut, en fait, rien changer au système actuel tant il serait parfait. Emmanuel Macron a, rappelons-le, été élu en 2017 grâce notamment à son projet d'instaurer un régime de retraite universelle. Son but était de remettre de l'égalité dans un système déséquilibré qui a, de plus, accordé de plus en plus de privilèges à une minorité tout en précarisant le plus grand nombre. L'idée était généreuse mais une fois encore, la passion politique l'a emporté sur la raison. On est aujourd'hui d'autant plus contre la réforme qu'on est contre Macron, c'est aussi simple que cela.


Charles de Gaulle 31 décembre 1945
"Que nos voeux aillent à tous ceux et celles que leur maman
mettront au monde dans les douze mois prochains
et qui seront...l'avenir de la patrie"
Et pourtant, nul n'ignore qu'un jour ou l'autre, il va bien falloir accepter quelque aménagement dans le système par répartition. Mais par pitié!  qu'on cesse, enfin, d'ériger en principe moral cette soi-disant solidarité entre générations. Le Conseil National de la Résistance qui est à l'origine du mode de calcul n'avait que faire de la solidarité. Il ne se prévalait d'aucun idéalisme contrairement à ce qu'on vaudrait nous faire croire. Il usait seulement d'une bonne dose de pragmatisme. Le problème était, en réalité, qu'au sortir de la guerre, trop de retraités se retrouvaient dans l'indigence du fait de la disparition d'un bon nombre d'administrations auprès desquelles ils avaient cotisé. Faute de garanties ni d'assurances, ils se retrouvaient sur la paille après avoir capitalisé toute leur vie à droite et à gauche à des organismes que le guerre avait purement et simplement liquidés, partis sans laisser d'adresse. Et quand ils avaient voulu s'en plaindre, on les avait éconduit sans ménagement, prétextant qu'ils s'étaient nécessairement enrichis sous l'Occupation grâce au Marché Noir. No comment.

On travaillait alors jusqu'à 65 ans pour une espérance de vie moyenne qui n'atteignait pas les 70 ans. Le système mis en place ne prenait donc guère de risque. Au même moment, le Général de Gaulle demandait aux Français de repeupler massivement le pays, et ce, grâce à la mise en place des Allocations Familiales. En bons élèves de la République, ceux-ci allaient, des années durant, répondre à l'appel, donnant naissance à ce que l'on a appelé le baby-boom.
Mais le temps passe, les modes aussi. La famille nombreuse, qui avait représenté la norme au cours des années 50 et 60, a fini par être regardée de travers. Les Allocations Familiales ont  été de plus en plus décriées sous prétexte qu'elles bénéficiaient davantage aux cas sociaux, à des parents fainéants pour qui les enfants n'étaient rien d'autre qu'une source de revenu. 
La famille nombreuse
Plus très bien vue de nos jours

Cela fait maintenant trois décennies que les gouvernements dont une des missions essentielles est d'avoir une œil sur l'après, s’évertuent à échafauder des plans pour transformer un système de retraites qu'ils savent inadapté à l’évolution de la pyramide des âges. Augmentation des cotisations, augmentation de la durée de travail, réduction du montant des pensions.... Tout y passe à chaque fois, les mêmes recettes, les mêmes interrogations. Et à chaque fois, faute d’atteindre le consensus nécessaire tandis que la rue se déchaîne, c'est le même renoncement. La réforme est reportée aux Calendes grecques tandis que pour apaiser la pression syndicale, on lâche toujours plus aux mêmes, à ceux qui en ont déjà trop mais constituent un lobby incontournable. Le gouvernement a, comme toujours depuis 50 ans, cédé aux corporations les plus virulentes dans la contestation, et ce n’est pas un hasard, plié devant celles-là même qui tiennent les postes les plus stratégiques des services publics. Cette succession d’échecs accumulée par nos gouvernants n’empêchera pas, pour autant, l’inévitable effondrement du principe des retraites par répartition, tant elle exige des uns une solidarité que les autres refusent de partager.

La retraite par répartition, appelée aussi Pyramide de Ponzi
A la moindre défaillance, tout s'effondre
Cette formidable pyramide dite de Ponzi qu’est la retraite par répartition façonnée à la fin de la Seconde Guerre, était peut-être valable il y a 75 ans mais le fameux Bernard Madoff qui s’y est, lui-même, laissé prendre, l’a payé récemment suffisamment cher pour qu’il soit inutile de rappeler que ce genre de montage est une vaste escroquerie, ne fonctionnant que par l’arrivée de nouveaux cotisants toujours plus nombreux. Et quand les entrants se raréfient, la pyramide s’effondre telle un château de cartes. C’est alors la ruine pour des millions de boursicoteurs aventureux ! A ce détail près, cependant : le système Ponzi ou Madoff, appelons-le comme on veut, est en France chapeauté par l’Etat et s’y soustraire relevant de l'insoumission expose le contrevenant à de lourdes sanctions. Le système a, certes, connu ses heures de gloire lors de l’arrivée sur le marché du travail des Baby-Boomers (les nés entre 1946 et 1970) mais il s’est éreinté au fil des ans. Les Babies sont devenus de papys et vu qu’ils n’ont pas eu la même fibre nataliste que leurs parents tout en vivant en moyenne bien plus longtemps qu’eux, ils sont désormais plus de 16 millions à bénéficier de la rente que leur accordent les cotisations abondées durant leur carrière professionnelle sauf que, répartition ou solidarité oblige, ces cotisations ont déjà servi à payer les pensions de leurs aînés, pas les leurs. C’est donc à leurs enfants de comprendre que ce qu’on leur retient chaque mois sur leur fiche de paye en prévision de leurs vieux jours n’est en rien une capitalisation  pour eux-mêmes mais une charge reversée au profit de ceux qui ont déja quitté le monde du travail. Or, jusqu’où les jeunes générations, élevées, via les smartphones, dans la satisfaction immédiate et sans limite de leurs moindres besoins, acceptera-t-elle de payer une addition qui ne ne cesse de grossir sachant que les papys et mamys-boomers espèrent, quant à eux, bien vivre la retraite dorée qu’ils ont offerte à leurs parents, même s’ils ont omis d’avoir le compte d’enfants indispensable à la sauvegarde du système (on a juste oublié de leur dire que pour faire fonctionner la sacro-sainte retraite façon Madoff, il leur fallait impérativement avoir eu au moins 3 enfants) .
Peut-être aurait-il été plus juste pour maintenir l'équilibre d'un système par répartition de calculer le montant de la retraite en fonction du degré de progéniture, favorisant en cela les familles ayant fait preuve de patriotisme tout en pénalisant les célibataires ou les couples stériles. Mais comme il ne saurait être question de remettre à l'honneur la famille nombreuse davantage considérée comme un archaïsme douteux qu'aller contre les idées les plus farfelues des "bobos écolos" qui ne veulent surtout plus d'enfants pour ne pas polluer la planète, on fait l'autruche. 

Régimes spéciaux  : la retraite dorée
A la santé du c** qui paye et n'en profitera jamais
On n'a, en revanche, pas manqué  d'accorder de menus avantages à ceux de sa maison, tout comme les princes distribuaient jadis les titres et les rentes à leurs courtisans. Comme tout état qui se respecte, c’est donc à ses propres agents que celui-ci a dispensé ses largesses, de peur qu’un jour, ceux-ci ne soient tentés, comme d’autres avant eux, de conspirer contre lui pour s’emparer du pouvoir. Protégez-moi de mes amis….. selon un vieil adage.
On a dès lors usé d’une grande discrétion pour faire passer en douceur la pilule des régimes spéciaux, ces privilèges qui n’osaient dire leur nom, de peur de froisser une opinion publique trop souvent versatile. Et tandis que dans ce pays, on appelle à dresser des barricades pour un oui pour un non, c’est dans l’ambiance feutrée des ministères que l’on a négocié, dans l’entre soi, c’est-à-dire entre l’Etat et ses dignitaires, disons plus prosaïquement les fonctionnaires, les petits arrangements destinés à rendre plus belle « leur » vie. Ils ont donc été les premiers à toucher le magot, voyant le montant de leur retraite calculé sur les traitements des six derniers mois. Six mois, juste le temps de bénéficier d’une montée en grade significative et se voir gratifier d’une ultime promotion assortie d’une substantielle augmentation de salaire, de quoi sabrer le Veuve Cliquot à l'occasion du pot de départ. Entre amis, on ne compte pas, ce ne sont pas six mois qui vont grever le budget de la nation mais pour un fidèle serviteur de la cause, c’était une juste récompense en compensation de l’étendue du travail fourni. 
Régime Spécial pour tout le monde ! Vive la France Insoumise,
Vive le Rassemblement National, Vive le PS, Vive le PCF
Vive EELV et Vive Les Républicains
Macron Démission !

Eh oui ! On a cru les privilèges abolis en 1789 mais ils sont revenus, de façon sournoise, insidieuse ! C’est donc ainsi que les régimes spéciaux ont fleuri à l’instigation de ceux que l’on appelait autrefois les maîtres des requêtes, aujourd’hui les syndicats, âpres défenseurs d’intérêts corporatistes sous couvert de services publics, se sentant d’autant plus puissants qu’ils évoluent dans la mouvance même de l’Etat employeur. On les connaît, ils s’affichent comme les plus ardents défenseurs des services publics, SNCF, EDF, RATP alors qu’ils n’en sont tous que les profiteurs, avant d’en être un jour, si on ne fait rien, les fossoyeurs, qu’ils s’appellent CGT, FO, SUD, Solidaires, etc….

Les services publics, tiens, parlons-en ! Le mot sacré est lâché, les services publics, un totem bien français ! Un totem, plutôt un boomerang qui, lorsqu'on le secoue un peu trop frappe en pleine figure l'usagé qui ne s'en est même pas servi. Le service public est une institution fragile, un bien que l'on croit appartenir à la nation toute entière mais que détient en fait une poignée d'activistes bien protégés par leur statut.
Ceux-ci n'en sont que les employés mais ils se comportent comme s'ils en étaient les vrais propriétaires. Ils n'en sont que les salariés mais ce sont eux les vrais patrons, intouchables, injusticiables, de vrais seigneurs. Pire encore, leur entreprise, la très emblématique SNCF, championne toutes catégories des jours non travaillés, accumule des milliards d'Euros de perte depuis des années mais c'est la faute à l'autre, à l'usagé, l'actionnaire par obligation d'une entreprise nationale, le lampiste montré du doigt. Ce sera à lui de payer. Et comme toujours, on ne dira rien, préférant par lâcheté se laisser rançonner. Preuve en est que selon le dernier sondage en date, les mouvements de grève sont toujours majoritairement approuvés par l'opinion. Alors, à quoi bon se gêner. Vous reprendrez bien une bonne grève de plus? Mais bien sûr ! tant que Macron ne lâchera pas, on ne lâchera rien.


Un imaginaire qui a la vie dure.
L'icône du cheminot, le visage rongé par les vapeurs brûlantes et noirci par la poussière de charbon, persiste dans les esprits grâce à une communication bien huilée, même si aujourd'hui
les choses ont bien changé, sauf la prime charbon.
 A bon entendeur macroniste, salut! Le revenu universel, peut-être, mais la retraite universelle, non! Il est clair que pour beaucoup, le fait de percevoir le même revenu ne veut pas dire qu'on touchera la même retraite. Effectivement, c'est ce qui passe aujourd'hui et depuis des lustres entre le privé et le public. Macron aurait voulu que ça change et mettre tous les travailleurs, à salaire égal, sur un même plan d'égalité. Les Français ne sont pas d'accord. Après tout, à quoi bon vouloir réduire les inégalités, ne sont-elles pas déjà inscrites dans nos gênes? ,


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