mercredi 30 janvier 2019

Et si le RIC avait lieu ?


Pour une fois, soyons brefs et concis. Bien qu'ils s'en défendent, les ambiguïtés relevées dans les discours des leaders les plus médiatisés des Gilets Jaunes et leur adhésion à des thèses complotistes clairement identifiées d'extrême-droite, font d'eux les ouvreurs de la rampe de lancement dont espère bénéficier le Rassemblement National dans la perspective des prochaines élections européennes. Noyauté, détourné, récupéré, infiltré, infesté, le mouvement gilet jaune, à l'origine né d’un ras le bol de la fiscalité sur les carburants a, pour une bonne part, vendu son âme aux Méphistos de la politique, des professionnels initiés aux arcanes de la démocratie représentative, à l’affût de la moindre opportunité susceptible d'assouvir leur appétit de conquête du pouvoir. 

Et si le pouvoir entendait le message?
Mis en berne depuis le lamentable débat de l’entre deux tours qui avait révélé à quel point l’amateurisme de Marine Le Pen aurait tourné au fiasco si elle avait été élue présidente, son parti ne savait plus à quel saint se vouer pour se refaire la cerise jusqu’à ce que, par un signe fortuit du destin, les Gilets Jaunes se profilent dans l’horizon politique. Quelle fantastique opportunité, un véritable cadeau du ciel. 
Pour une fois, loin des problèmes d'immigration et des banlieues islamisées, de bons Français, pur souche, pur porc, reprenaient en choeur la Marseillaise, brandissaient des drapeaux tricolores, surgissant des territoires oubliés de la France profonde pour composer un cocktail très « Révolution Nationale » qui ne pouvait que semer des étoiles dans les yeux (pas celles de l’Europe, entendons-nous) des Marinistes et de leurs émules. 
Les Gilets Jaunes s'inspirant, selon lui, point par point de son programme, le RN s’est mis à rêver, pressentant son heure venue. Et les sondages ne pouvaient que lui donner raison. Avec Macron et les millions de "moutons enpanurgés" qui avaient voté pour lui, bientôt traînés à la potence, avec de plus un Jean-Luc Mélenchon aux arguments totalement brouillés vu son allégeance à l’épouvantail Maduro, Marine apparaissait, d’un coup, comme l’héroïne salvatrice, à la fois blonde et de bon lignage, une nouvelle Jeanne d’Arc la virginité en moins, capable de libérer la France du complot judéo-communiste qui commençait à la gangréner. 

Dans ce registre, les fake-news donnaient de la voix pour alarmer l’opinion sur les projets machiavéliques de l’imposteur Macron : le Pacte de Marrakech entérinant l’arrivée sur notre sol de plusieurs centaines de de millions de Noirs affamés à la machette facile, tous musulmans et polygames; le Traité d’Aix-La Chapelle avec la cession à l’Allemagne de l’Alsace Lorraine et l’obligation pour tous les écoliers d'apprendre l’allemand avant même de savoir parler le Français. Tout cela pourrait sembler d’une bêtise sans nom mais ils sont nombreux parmi les  Gilets Jaunes à l'avoir cru. Enfin, ils ont fait semblant d’y croire parce qu’ils y trouvaient leur compte. On aura beau dire ce qu’on veut mais ces gens qui se réclament sans relâche de leur apolitisme démontrent à chaque jour qui passe une fine intelligence politique, voire même une maîtrise de tous les travers de la politique.

Pour quel piètre résultat ! La France continue de s’engluer dans ses délires, ses utopies infantiles, devenant même un sujet de risée pour le reste du monde, sans compter les croche-pieds bien ciblés adressés par certains pays à l’attention de notre président, alors même qu'on ne peut pas dire qu'il brade nos intérêts à des puissances hostiles.

La France n'a de leçon à donner à personne
Occupez-vous de vos Gilets Jaunes !
La Russie ne s’est pas privée d’ironiser sur la France devant l’ONU en évoquant le mouvement des Gilets Jaunes comme une bonne gifle adressée au freluquet qui ose donner des leçons au reste du monde. Plus l’image de la France se dégrade, plus les Gilets Jaunes scellent un peu plus le sort tragique de leur propre pays, manipulés par tous ceux dont l’intérêt est de bâillonner sa voix tant elle est devenue incompatible avec le discours des populistes qui frayent avec l’extrême droite, excitée à l’idée du référendum révocatoire destiné à virer le président Macron
Avec le RIC, c'est oui ou non.
Au moins on n'est pas dans la nuance 
Sauf que si ça ne marchait pas, à quoi pourrait-il servir ? En fait, il n'aurait plus guère d'intérêt. On peut bien sur imaginer toutes les questions qui pourraient faire l’objet d’un RIC, que ce soit l’euthanasie, la libéralisation du cannabis, la PMA pour toutes, la GPA, la réduction du nombre des députés et des sénateurs, la baisse des charges ? Parlons-en de la baisse des charges. On a fait croire qu’elle ne créerait pas d’emplois mais permettrait aux patrons de s’en mettre plein les poches. On entend là le discours anti-entreprise que rabâche depuis plus de 60 ans une Education Nationale accrochée bec et ongles à une idéologie rassie, hostile à l’idée que tout emploi est condamnable dès lors qu’il est supposé utile, vantant au contraire le droit au métier inutile : pas de souci, mais à la condition que l’inutilité revendiquée coûte un peu moins cher à ceux qui, pas assez intelligents et sans pedigree suffisamment bourgeois pour vivre de rentes, sont condamnés à gagner leur vie de façon bassement utile. Il y a fort à parier que les vraies questions de société passent au second plan dans l'imaginaire du RIC, d'abord destiné à révoquer des élus. 

La nouvelle vient de tomber, le référendum a donné la victoire au oui à 51%
Macron vient de démissionner
Savourons pour cela un instant de politique-fiction. Téléportons-nous au mois d'avril. Nous sommes après l’acte XXII des Gilets Jaunes (ces gens-là n’ont vraiment pas de maison). Le Grand Débat n'avance pas. On est en pleine cacophonie. Le pays est à bout, les esprits s'échauffent. Il y a eu des échauffourées entre Gilets Jaunes et Foulards Rouges. Lasse de voir l’image de la France continuer de se détériorer comme jamais à travers le monde, La Présidence prend le mors aux dents et accepte de déclencher le RIC, pressée aussi d'en finir avec les continuels soubressauts de l'affaire Benalla.  
Les Gilets Jaunes crient victoire et lancent dans la foulée le référendum révocatoire. La question : Voulez-vous que le Président soit destitué pour intelligence avec l’ennemi (il faut bien trouver une raison, l’ennemi étant en occurrence, la finance)? Une fois les bulletins dépouillés, la réponse au référendum est oui à 51%. La question est à présent de savoir comment comptabiliser les bulletins blancs qui représentent 5% des votants, risquant de ramener le oui à moins de 50%. Comment  faut-il aussi interpréter les 40% d’abstentionnistes qui, si on les intègre vont complètement fausser le résultat. A cause d’eux, le oui ne l’emporterait plus que'avec 28% des électeurs inscrits, pas de quoi crier victoire. Maudits abstentionnistes! Pourquoi donc cette fichue démocratie n’est-elle jamais capable d'accoucher de résultats vraiment représentatifs de l’opinion, proches des 97% comme en Corée du Nord, au Turkménistan ou au Zimbabwe, voire même des 100% comme au temps du peu regretté Sadam Hussein? Effectivement, la démocratie pose problème.

Le problème, en effet, est qu'on a eu de cesse depuis plus de dix-huit mois d’entendre à droite aussi bien qu’à gauche qu’Emmanuel Macron a été élu avec un trop faible pourcentage de voix pour posséder une réelle légitimité. Mais alors, comment justifier la légitimité d’un référendum dont la révocation du président ne serait décidée que par un peu plus d’un quart de la population?
On l'avait cru politiquement mort
Le voilà réélu!
Au final, les votes blancs et les abstentionnistes sont reconnus comme comptant pour du beurre. Dure leçon de réalisme. Macron quitte donc l’Elysée. On procède dans la foulée à de nouvelles élections. Or, faute de prouver pour ses accusateurs publics qu’il y a eu entente avec la Banque Rotschild pour vendre la France à la diaspora, l’ex-président Macron est autorisé à se représenter. Ce qu'il fait parce que comme il le dit lui-même, il a l'âme d'un combattant. Et voilà que coup de théatre, c’est lui qui remporte la mise au second tour. Emmanuel Macron, le haï des partis, lui, le Président des Riches, le mondialiste qui a bradé la France aux Boches, c’est encore lui que les Français préfèrent à tous les autres. Ils (les Français) les ont dégagés (les partis) il y a dix-huit mois et n'ont pas voulu se parjurer pour les sirènes du populisme. La France n’est pas encore l’Italie. Les oppositions en mangent leur chapeau de rage. L’usurpateur est réélu ! Les Français sont vraiment tous dévots (ou des veaux, on ne sait plus trop), disait le Général De Gaulle, . Pari perdu !  Malgré les outrances des Gilets Jaunes, les ignominies de Monsieur Dupont Aignant et les banderilles bien ajustées de Marine Vladimirovna, le bon sens l’a emporté. Le chaos ne sera pas encore pour demain même si la France est toujours au bord du précipice. Aux dernières nouvelles, Jean-Luc Mélenchon s'est refusé à toute déclaration. Il renoncerait à la Mairie de Marseille. Peuchère, le pooovre!

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