
Les ficelles sont, certes, énormes mais c’est
finalement ce qui semble marcher le mieux dans le monde d'aujourd’hui où tout ne s'exprime qu'à travers les rapports de force. M. Trump a imposé un style manichéen, ne s’embarrassant d’aucune formule de politesse pour
dézinguer à tout va les gens qui s’opposent à lui et élever au pinacle ceux qui
l’apprécient. Malin, il sait obtenir des autres qu'ils fassent le sale boulot pour s'en garder les lauriers. Ses ingérences irrévérencieuses dans la politique intérieure des états sont
de plus en plus fréquentes mais personne n’ose y redire, tant il sait profiter de la puissance que lui offrent les Etats-Unis pour démonter la fourmilière à coups de Tony Lamas.
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Donald Trump et Theresa May Il est temps qu'elle cède la place si les Etats-Unis veulent remplacer l'Europe dans la tête de Britanniques |
Son positionnement, sans équivoque, en faveur d’un Brexit dur, tout comme ses attaques contre le Maire de Londres qu’il considère comme un "loser" ou contre Jeremy Corbyn, le leader Travailliste, un homme négatif, selon lui, du simple fait qu’il émet des réserves quant à la bienveillance des intentions américaines à l’égard du Royaume Uni, ne manquent pas de piquant.
Le nouveau discours américain ne fait pas dans la dentelle mais il a, au moins, le mérite d'appeler un chat un chat. Comme M. Trump le répète depuis son élection, il s'est donné pour mission de redonner sa grandeur à l'Amérique (comme si elle l'avait perdue) en en faisant une hyper-puissance planétaire, voire plus encore, animé d'une vision totalement américano-centriste du monde dont il n'hésite pas, lui-même, à se considérer comme le centre de
gravité.
Il peut aisément se battre contre la Chine du fait que, malgré son milliard et demi d'habitants, cet empire qui bannit toute liberté d'expression est d'autant plus fragile qu'il fonctionne de façon purement monolithique avec un interlocuteur bien identifié, M. Xi Jinping. L'affaire Huawei démontre,en cela, que les Etats-Unis sont moins la proie que la chasseur.
Il peut aussi laisser Vladimir Poutine brûler ses
calories dans des pays de moindre importance, l’autorisant en quelque sorte à jouer
les gendarmes dans des états qui ne représentent que des miettes face à la
puissance des USA. Tandis que Moscou met à l'épreuve ses troupes et son matériel dans des zones périphériques comme la Syrie ou le Donbass, Washington renforce ses positions économiques dans les secteurs stratégiques, offrant
aux uns ses libéralités et imposant aux autres ses sanctions, selon leur degré
de docilité.
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Que peut la Reine face à ce géant qui se voit déjà chez elle comme dans son jardin |
Il va
donc sans dire que la sortie du Royaume Uni de l’UE est du pain bénit pour Donald Trump.
Cela lui permet de mettre en œuvre le style de relations commerciales qu’il
rêve d’établir avec les Européens, état par état, sachant qu’il pourrait dans ce
cas profiter d’un degré d'autorité digne d'un suzerain envers ses vassaux. C’est
d’ailleurs ce qui se passe déjà à l’OTAN où les Etats-Unis disposent de tous les
pouvoirs, considérant leurs alliés comme des figurants, du fait que bien qu'étant tous des états à part entière, ils ne disposent, pris isolément, d'aucun poids militaire réel, à l’exception peut-être de la France et l’Angleterre.
Le Brexit est de ce fait, pour Donald Trump, l'occasion idéale de concrétiser son projet de remise à plat des échanges entre l’Europe
et les Etats-Unis. Il compte utiliser les accords de libre-échange qu’il
souhaite engager avec le Royaume Uni comme un outil de propagande destiné à fracturer
l’Union Européenne et préparer le retour de l’Europe des Nations, en résumé une mosaïque de petits pays d'opérette, jaloux de leurs gardes-frontière en épaulettes comme l'était le continent avant-guerre, auprès desquels il pourra se présenter comme le garant des libertés tout en s'assurant de leur dépendance économique. C'est là toute la stratégie des souverainistes et de leur gourou, Steve Bannon, véritable Éminence Grise du national-populisme, en deux mots du Trumpisme international.
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Boris Johnson, la voix de son Maître Un futur Premier Ministre Britannique en héraut du Nouveau Monde façon Donald Trump |
Après avoir pris à l’hameçon un gros poisson comme le Royaume Uni, le président américain se verrait bien poser ses collets dans l’espace européen pour y capturer d’autres gibiers, l’Italie, la Pologne, la Hongrie, pourquoi pas, et saper ainsi les fondements de l’Union. C’est un bras de fer qui commence entre gens d’une même famille. Un combat fratricide qui comme toutes les querelles de ce genre se trompe généralement d’ennemi. Imaginons un instant que fatigués des coups de menton et de coups de boutoir de Donald Trump, Russes et Chinois décident de faire cause commune, c'est toute la carte du monde qu'il faudrait revoir.
Comme
dit le proverbe « Protégez moi de mes amis, …. »
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