26 mai 1993 L'OM sur le toit de l'Europe |
Reprise à l’unisson par des milliers de supporters, la
clameur triomphante s’élevait des tribunes. C’était au temps où les virages
étaient encore bruts de béton. Du Quai aux Huiles à La Millière, de Malmousque
à la Croix Rouge, tous entonnaient le même chant, hurlaient le même cri de
victoire. Partout dans Marseille, on faisait la fête. Et oui, la Coupe, on
l’avait gagnée ! Un but de la tête signé Basile Boli quelques secondes
avant la fin de la première temps venait de propulser l’OM au zénith. Premier
club français champion d’Europe et encore aujourd’hui le seul.
Que c’est loin tout ça. En cette année 1993, le Président de
la République était depuis 12 ans, déjà, François Mitterrand, le Tonton des
Français, vieillard malade mais d’acier trempé. Internet balbutiait, Google n’était
pas né. C’était le temps du 3615, de Radiocom 2000, des premiers téléphones
vraiment portables Mitsubishi ou Motorola, un temps que les moins de 20 ans
n’auront jamais eu la chance de connaître. On n’imaginait pas que le
conformisme puritain deviendrait un jour la norme imposée par de nouvelles
machines à penser ayant pour nom Facebook, Twitter, Instagram ou Snapchat. On
avait un an plus tôt voté en faveur du Traité de Maastricht persuadés que
l’avenir de l’Europe était nécessairement fédéral. On n’avait pas versé une
larme sur le cercueil de la défunte Union Soviétique ni même adressé un regard
à la Chine toujours ensommeillée. On était confiant en des lendemains nécessairement
meilleurs.
Un million attendu, moins de 40 000 à l'arrivée, la Bérésina en plein printemps pour la France Insoumise |
25 ans plus tard. Nous étions le 26 mai 2018, un samedi. Ce
jour là, devait déferler sur les Champs Elysées la marée humaine qui allait
emporter, avec elle, Macron et ses marcheurs. Depuis un an, Jean-Luc Mélenchon battait
le pavé, promettant l’enfer à l’usurpateur, en l’occurrence le locataire de
l’Elysée qui l’avait privé d’une juste victoire et de l’avènement de la 6ème
République censée sceller à la manière de Castro, 60 ans plus tôt, « la
victoria siempre ».
En ce mois de mai 2018, confiante en sa bonne étoile rouge, La France Insoumise revendique, le poing levé, une légitimité à gouverner, accusant sans vergogne Emmanuel Macron d’avoir trompé les Français en opérant, en fait, un coup d’état. Jean-Luc Mélenchon a appelé le peuple au grand soulèvement, criant haut et fort qu’il est temps de virer Macron. Les syndicats ont déjà pris les devants, profitant de la Réforme de la sacro-sainte SNCF pour planter leurs banderilles malgré un 1er mai chaotique marqué par des violences peu habituelles en cette fête des travailleurs.
Mai 2018, le drapeau de la CGT flotte sur la gare de Narbonne A qui appartient la SNCF? Aux Français ? Non, à un syndicat ! |
A l’époque,le drapeau rouge de la CGT flotte haut sur la gare
de Narbonne, rappelant à ceux qui se seraient égarés dans le troupeau des moutons estampillés "En Marche" que le pouvoir appartient aux travailleurs, disons plutôt, à leurs
représentants. On annonce déjà une convergence des luttes, un remake de mai 68,
en un mot, la France s’apprête à virer enfin au rouge vif et à acclamer les
représentants désignés d’un nouveau Comité de Salut Public, copie conforme de l’équipe
qui, sous la Révolution, a instauré la Terreur comme un mal nécessaire, avec en guest star Jean-Luc
Mélenchon, son nouvel archange, en clône de Maximilien. Et patatras, la
cata ! Les Champs Elysées : déserts si l’on exclut les touristes.
Le pendre en effigie ? Une pantalonnade Il aurait fallu le faire pour de vrai, c'était ce que demandait le peuple! En êtes-vous seulement sûrs? Qu'est-ce que vous savez du peuple, après tout ! |
La
déferlante ? Une marée basse d’équinoxe. Les Insoumis tenteront bien une
diversion, par l'intermédiaire de François Ruffin, en organisant la fête à Macron, pendaison à l'appui, mais, là encore, c’est la disette. Les
biligs auront beau faire dorer les crêpes, le grand remplacement annoncé n’aura
pas lieu. Au soir du 26 mai, le Président de la République n’aura pas changé,
malgré les échafauds dressés ça et là pour le raccourcir.
Et nous voici, un an après, jour pour jour, à 20h00. La
soirée électorale démarre sur TF1 avec les premières estimations. Coup
de tonnerre ! Non pas la victoire du Rassemblement National, elle était tellement
annoncée qu’on s’intéressait plutôt à ce que serait la défaite de La REM. Contrairement
à son ami Matteo, Marine ne fait qu’un peu plus de 23% des voix, une victoire miteuse,
en somme, la République en Marche étant à moins d’un point derrière. RN est aux portes du pouvoir, comme à chaque fois, mais il se fait refouler. Nous ne sommes pas en Italie et
le peu de culture mussolinienne que certains oseraient faire valoir étant
assimilé à la collaboration avec le nazisme, il parait difficile, en France, de laisser proliférer les
valeurs de l’extrême-droite, sauf à renier l’essence même de l’esprit patriotique
républicain et libéral qui constitue notre chaîne d’ADN.
Assurément plus facile en Italie qu'en France N'en déplaise aux idéologues du RN |
Non, le coup de tonnerre est ailleurs, chez ceux qui, il y a
deux ans, prétendaient avoir été volés d’une victoire qui leur tendait les
bras. Les Républicains et la France Insoumise se retrouvent relégués dans le
Grupetto, avec à peine le tiers des voix que leur candidat respectif avait obtenu
à la Présidentielle. Exit François Fillon d'un côté, tandis qu'en face, c'est encore pire. Avec près de 20% d’électeurs en
2017, Jean-Luc Mélenchon avait été depuis le plus mordant, le plus virulent, ne
cessant de dénoncer l’usurpateur, l’intrus, l’infâme Macron, annonçant même son
renversement imminent après que ses partisans eussent dû se déverser par millions
dans les rue de la capitale. Il voyait déjà s’installer la Constituante, comme
au Vénézuéla, dans la perspective d’une 6ème République,
démocratique et populaire. Bref, il se voyait déjà guérir les écrouelles, lui,
qui n’avait pas hésité à déclarer, rageur, que sa personne était sacrée. Avec
6,3% des vois aux Européennes, on a eu vite fait à la France Insoumise de
décommander les makrouts et les zlebyias. Le camouflet a été sans appel. Du référendum
anti-Macron dont ils voulaient faire cette élection, ils ont réussi à en faire
une référendum anti-Mélenchon.
Les Républicains ne s’en tirent pas mieux, c'est même pire pour un parti jadis hégémonique.
Persuadés que les accents néo-conservateurs et le jansénisme revendiqué de leur
tête de liste François-Xavier Bellamy allaient permettre à leur parti en berne depuis deux ans, de
retrouver un second souffle, le remettant vigoureusement en selle après une trop longue période d'atermoiements, ils se voyaient même recoller le duo Le Pen-Macron et amorcer
l’après République en Marche. Mais au bout du compte, les Français ont préféré donner
un coup de pouce aux écologistes plutôt que de relancer les Républicains,
comprenant que la jeunesse de François-Xavier Bellamy n’était que l’arbre
cachant la forêt des vieux notables carriéristes, jaloux de leur pré carré et des avantages afférant à leur statut. Inutile de les nommer, on ne les connaît que trop, la
droite des clubs service et des dames patronnesses, des rentiers de la politique, des banquets républicains, des
canapés au foie gras et des recommandations entre amis, la "good ol'" droite des copains et des coquins. N’importe quel
analyste politique dira que LR ne dispose plus de marge de manœuvre, compressé entre La République en Marche qui, depuis deux ans, conduit les réformes que cette même droite a toujours promis sans jamais les mettre en œuvre une fois au pouvoir,
et l’extrême-droite, opposante féroce, mais sans projet de gouvernement sérieux, apte uniquement à capitaliser sur les colères et les frustrations.
Ne parlons plus de la gauche socialiste, elle a abandonné toute idée nouvelle depuis le Mariage pour Tous. Face à Trump, Poutine, Xi-Jinping, elle est de
toute façon sourde, aveugle et muette. Mélenchon a pensé accrocher la France au
wagon bolivarien mais c’est à se demander si cet homme dispose, à l'international, de toutes ses facultés. Parler du Yémen est surtout pour les Insoumis une façon cynique de retourner les questions à leur avantage, alors qu'ils savent eux-mêmes qu'ils ne feraient rien de plus s'ils étaient au gouvernement, .
Reste donc la dépouille des Républicains. Laurent Wauquiez
vient d’annoncer qu’il se retire à La Chaise Dieu. Il a cru pouvoir faire gagner un parti sans projet européen
sérieux, incapable de trouver une ligne claire entre Européistes et
Souverainistes, entre conservateurs et progressistes, entre étatistes et
libéraux, et tout comme les Socialistes, il s’est gentiment fait
éjecter du débat.
Parka rouge et Gilet Jaune, on ne peut pas toujours dire en même temps une chose et son contraire sans en recevoir les éclaboussures |
Chers amis Républicains, vous avez évincé Nicolas Sarkozy dès le premier
tour des Primaires de la Présidentielle, viré Alain Juppé au second tour, préféré François Fillon, l’homme aux casseroles d’or, choisi Laurent Wauquiez, celui qui se contredit
plus vite que son ombre, laïc un jour, catho le lendemain, pro Gilet Jaune le
samedi, anti le dimanche et pour couronner le tout, François-Xavier Bellamy, un
calotin bon teint qui pour rallier une voix en a fait fuir le double. Allez les Républicains, cessez de jouer le Renard et les Raisins, rejoignez la République qui marche
pour de vrai. Vous ne proposez de toute façon rien de mieux. Arrêtez seulement de vous voiler la face et osez un brin d'honnêteté avec vous-mêmes. Au pire, vous pourrez toujours allez chez Mariani, l'ami de Marine.... et de Bachar !!!
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