jeudi 13 juin 2019

Le gouvernement sonne la retraite


Voilà une bien mauvaise nouvelle. La retraite n’aura définitivement plus lieu à 60 ans à moins que le Rassemblement National ne revienne dessus, une fois parvenu au pouvoir. L’espérance de vie ne cessant, dit-on d’augmenter, il est, désormais, hors de question de passer plus de temps à la retraite qu’on en aura passé au travail. La vieillesse dorée telle que la vivent ou l’auront vécue nos parents appartiendra bientôt au passé. 

La France s’aligne, en cela, sur ce que font déjà ses voisins, même si le gouvernement temporise en annonçant un âge pivot à 64 ans, encore loin des 65-67 ans en moyenne comme c'est le cas en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, etc… etc… Il n’a certainement pas envie de voir à nouveau les rues se remplir de manifestants hostiles au cri de «  Macron Démission !».  
 Et l’enjeu est sensible. Il eût été bien plus populaire, ou populiste, de se conformer à la proposition de Marine Le Pen ou des Insoumis d'envoyer tout le monde à la retraite à 60 ans avec, qui plus est, un revenu décent voire confortable, de quoi donner une totale satisfaction aux revendications des Gilets Jaunes et à ces pauvres retraitées qu’interviewe régulièrement François Ruffin


Au moment où l’exécutif cherche par tous les moyens l’argent nécessaire pour financer les réformes alors que le pays est déjà surendetté et ne survit que par ses continuels recours à l’emprunt, on est en droit de se demander quelle mystérieuse solution miracle cachent dans leur chapeau ceux qui rêvent de lui chiper le pouvoir. Par quel tour de magie parviendraient-ils, en effet, à diminuer le nombre des actifs, c’est-à-dire des cotisants, tout en augmentant celui des inactifs, entendons des pensionnés avec au passage une revalorisation substantielle de leurs retraites. Quel bonheur ! avec une promesse pareille, il n'est que temps que le RN soit aux commandes ! Non mais, franchement, restons sur terre, les gogos dont se moque avec tant de verve Mme Le Pen pour désigner ceux qui votent la REM, doivent, au final, s'être regroupés en masse derrière sa bannière. Avec ce genre de mensonge éhonté, on n’est plus dans le populisme mais proche du degré ultime de la démagogie. Et qu'ils ne nous fassent pas,comme à chaque fois, le coup des 100 milliards d'évasion fiscale, il n'en est pas un qui sera capable d'en récupérer le moindre Euro. 

Tout le monde s’accorde à dire que le système de retraite par répartition mis en place à la Libération est à bout de souffle, qu’il pénalise à chaque jour qui passe le budget déjà déficitaire de l’Etat et que nous courrons à la catastrophe si rien n’est fait dans les années qui viennent. Réformer le système est donc d’une urgence absolue sauf que les oppositions autant de droite que de gauche ne sont, non seulement, pas d’accord avec la méthode de retraite par points sans discrimination public-privé, comme le préconise le gouvernement, mais voudraient maintenir les avantages des régimes spéciaux qui ne sont pour ceux qui en bénéficient rien moins que des niches fiscales, et rendre le système dans son ensemble plus généreux, en taxant pour cela les dividendes des entreprises et les grandes fortunes. Toujours cette même recette éculée qui a plombé l'économie en faisant fuir ailleurs ceux qui détenaient les cordons de la bourse. Les oppositions n'envisageant la vie politique que sous la forme du RIC, merci les Gilets Jaunes, en souhaitant faire de toute proposition un référendum anti-Macron n'imaginent même plus avoir une offre alternative crédible. A quoi bon, Macron c'est non, quoiqu'il fasse, quoiqu'il dise. Et on en vient à ce que ceux-là mêmes qui ne cessent de dénoncer les injustices sociales trouvent normal qu’il y ait une différence de taille entre le régime de retraite de la fonction publique et celui du privé. 

Ils trouvent normal qu’à salaire égal et à durée de cotisations égale, un fonctionnaire perçoive, une fois retraité, 30% de pension en plus que son collègue issu du privé. Pour rappel, le calcul du montant de la retraite est basé sur la rémunération des six derniers mois pour la fonction publique et sur la moyenne des 25 meilleurs années pour un salarié du privé. 25 ans ! une génération tout entière. Ce qui constitue d’autant plus un scandale que l’on sait quelle différence de parcours il y a entre un fonctionnaire qui a poursuivi une carrière linéaire grâce à la sécurité de l’emploi et un employé du secteur privé qui a subi les aléas des crises économiques et de la vie parfois tumultueuse des entreprises. Cela ne choque absolument pas les opposants au gouvernement. 6 mois pour les uns et 25 ans pour les autres, après tout pourquoi pas. Et passons sur le montant prélevé chaque mois sur le salaire, près de deux fois plus dans le privé que le public. Pour les socialo-communistes et les Insoumis qui détestent le secteur privé, on dira qu'ils sont dans leur logique mais à quoi jouent donc les Républicains? Ils devraient, au contraire, se féliciter qu’on en finisse avec le système le plus inégalitaire qui soit, qu’on en finisse avec des régimes spéciaux qui sont autant de privilèges accordés à certaines branches comme jadis à la noblesse. Et bien non, cela ne les émeut pas. Au point même qu’ils sont prêts à sortir les banderoles et défiler au nom du maintien de ces mêmes privilèges. Républicains de pacotille! Il est vrai qu'après avoir choisi pour les Européennes un âpre défenseur du clergé, les voilà tout acquis aux valeurs de l'aristocratie avec un mépris affiché pour le Tiers Etat, la bande à Mirabeau, euh! à Philippe,le transfuge.

Edouard Philippe
"Inénervable!"
En conclusion, selon le RN, la France Insoumise, le PS et même LR, la seule réforme acceptable serait d’augmenter le montant des pensions de retraites tout en maintenant le système en l’état. Jean-Luc Mélenchon l’a d’ailleurs confirmé à Edouard Philippe, son mouvement est contre tout ce qui vient du gouvernement, ce n’est même pas la peine de discuter. Cela me rappelle ce que disait Raymond Barre, alors premier ministre à la fin des années 70, non pas en parlant des fonctionnaires qu’il considérait déjà comme des nantis ni quand il estimait que la France vivait au-dessus de ses moyens, non, c’est lorsqu’il avait dit qu’il y a les gens qui gouvernent et ceux qui se contentent de faire de la politique. Les seconds ont toujours le beau rôle, ils ne risquent qu’une chose, se retrouver un jour au pouvoir. Aïe!

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