vendredi 17 mai 2019

Eurovision 2019 : L'Europe unie en chanson


Il est de bon ton, en France, de railler l’Eurovision, le grand raout annuel de la chanson auquel participent les Etats d’Europe, pratiquement tous les pays, largement au-delà de l‘Union Européenne. Le concours a lieu cet année à Tel-Aviv car comme le veut la tradition, c'est au pays vainqueur l'année précédente de recevoir l'année suivante. Certains ne manquent pas de marteler qu’Israël n’aurait rien à voir avec cet incontournable télé-crochet car il n’est pas en Europe. On ne va pas refaire l'histoire ni rappeler l'odyssée de l'Exodus mais sans tomber dans la géopolitique de comptoir, rappelons simplement qu'après des années d'atermoiements, Israël a été logiquement rattaché à l’Europe par la Fédération internationale de football et que personne n’y a trouvé à redire, au contraire. Nul ne peut contester, à part les mauvaises langues bien identifiés, qu'Israël a plus d'affinités culturelles avec l'Europe qu'avec son voisin saoudien. Cela fait, de toute façon 46 ans qu’Israël fait partie de l’Eurovision et qu’il en a été le lauréat à quatre reprises. Cette année, la polémique reprend, soutenue par des groupes islamo-gauchistes, toujours les mêmes, qui, au nom de l’antisionisme contestent inlassablement à Israël son droit d’exister et appellent au boycott. La politique ne peut donc jamais s’empêcher de jouer les rabat-joie en pourrissant à présent un des rares évènements consensuels et non sportifs qui rassemble  les citoyens de vieux continent devant leur écran dans une même communion festive.

La finale aura lieu demain soir 18 mai. Tous les pays n’y figureront pas après des demi-finales implacables qui ont notamment vu l’élimination de l’Irlande, la Belgique, le Portugal ou encore l’Autriche, par le passé brillants vainqueurs.
 Ils sont 26 pays à concourir en finale, du plus petit, Saint-Marin au plus grand, la Russie. Tout le monde, ici, pense aux chances de la France. La chanson « Comme un Roi » interprétée par Bilal Hassani ne remportera certainement pas le trophée (à moins que) tant la compétition est relevée mais la prestation sur scène du jeune chanteur est plutôt originale et porte bien le message selon lequel il faut d’abord s’accepter tel que l’on est. Il est possible qu’il intègre le top 10, c’est tout ce qu’on lui souhaite.

Alors, les paris sont engagés. Qui va l’emporter ?  L’Europe est déjà en ébullition et fait étrange, tous les Européens risquent de s’intéresser, pour une fois, à ce qui se passe chez leurs voisins.

Parmi les favoris se détachent le candidat hollandais Duncan Laurence avec sa chanson "Arcade", une prestation au piano très réussie et une orchestration tout en retenue, d’un classicisme d'où émane une indicible tristesse. Loin des paillettes et de la dance, c'est peut-être le style qui colle le mieux à l'air du temps La Suède aussi est classée parmi les prétendants avec John Lundvik et son titre « Too Late For Love », pour moi trop commercial et un tantinet dans la facilité. C’est aussi le cas de Malte avec Michela et son « Chameleon », là encore je ne suis pas vraiment emballé. Il y a également l’Islande, cette petite île aux volcans enneigés qui parvient toujours à sortir du lot. Grâce à un titre hard pop métal à tendance chaînes et cuir intitulé « Hatrio mun singa » interprété par le groupe Hatari, inutile de dire qu’il va y avoir du « lourd ». L’Italie peut aussi faire partie du trio de tête avec Mahmood, un jeune auteur-compositeur qui fait déjà son chemin dans la péninsule, avec son titre « Soldi ». Mi pop, mi rap, le texte sombre et la voix incisive de l’artiste permettent aux Italiens d'y croire, même si Matteo Salvini aurait préféré un candidat plus lisse et moins typé.

Les résultats de l’Eurovision seront une chose mais quels titres aurons-nous envie d'écouter dans la voiture  sur la route des vacances. Souvenons-nous de l’été  2016 et d’Amir dont la chanson « J’ai Cherché » et son gentillet refrain avait alors fait le bonheur des radios.

Mon top 5. De la pop, de l’électro, de la nostalgie et surtout de la personnalité. Et bien sûr, un petit côté décalé. 

N°1 – Leonora « Love is Forever » (Danemark) un coquet petit bijou avec à la clé quelques mots en français. Une mise-en-scène très comédie musicale. Décontracté, juste craquant lorsqu'elle reprend dans notre langue "L'amour est pour toujours..." un message qu'une jeune Danoise envoie entr'autres à ceux qui dans notre pays ne se nourrissent plus que de colère et de haine.



N°2Zala Kraj et Casper Santi «  Sebi » (Slovénie)  Un duo fusionnel. Entièrement chanté en Slovène, le titre mêle poésie et mélancolie dans un décor résolument dépouillé. La voix flottante de Zala percute autant que l'orchestration synthé aux accents aériens envoûtants. Une véritable révélation dans une langue totalement inspirante.


N°3Chingiz « Truth » (Azerbaïdjan) une amplitude vocale assez impressionnante et un rythme efficace. Sur scène, une première partie d'une belle originalité. Les Azeris ont du style, c'est certain.



N°4Lake Malawi « Friend of a Friend » (République Tchèque) un clin d’œil aux années 80. Très plaisant a écouter et à regarder. Frais, sautillant, le genre de chanson sans prétention qui rend les gens heureux.


N°5KeiiNO « Spirit of the Sky » (Norvège) De la pop dans la tradition avec un soupçon de piment qui fait la différence. Le sami, cette langue venu du fonds des âges parlée par les peuples du grand Nord scandinave s'invite dans la chanson, apportant une dimension supplémentaire à ce titre déjà fort bien structuré.   


Et que le meilleur gagne ! Allez Bilal, on est derrière vous.
Il y a fort à parier que les jurys vont plébisciter quelques chansons qui risquent vite de se détacher. Mais lesquelles? Slaves, scandinaves, latines, germaniques, caucasiennes? On le saura demain dans la nuit.



















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