Le Pen-Salvini, l'Europe de l'Axe
La carpe et lapin. Un climat de guerre civile orchestré, des exactions légitimées, la chute programmée
de l’Union Européenne, l'allégeance à Poutine, la fin d’un rêve fédéraliste, la
chape de plomb. Bel avenir en perspective. Monsieur Salvini tient des propos
racistes et xénophobes qui passent peut-être assez bien dans une Italie tétanisée
par ses propres errements et un clientélisme endémique auquel la crise
migratoire sert de paravent. Le problème est que Mme Le Pen imagine, en s’emparant
du même discours, renforcer ses chances d’accéder au pouvoir. Elle se sent pousser
des ailes à la veille des élections européennes, osant même évoquer l’idée d’un
nouveau débat avec Emmanuel Macron. Les ailes sont fragiles, attention au
soleil.
Christian Jacob, l'Assemblée s'impatiente
Il aime la petite formule censée faire mouche mais son
panache d’opposant est si fade que plus son discours sonne la charge, plus il
sert la soupe à ses contradicteurs. Notre premier ministre prend toujours un
plaisir visible à le renvoyer dans ses cordes. Pâles
Républicains, leur peu de crédibilité continue de se faire siphonner par
LREM. Quant à ceux d’entre eux qui veulent continuer d’incarner la résistance
de droite, ils aboient comme des roquets hargneux et vains à la fois, prêts pour
survivre à se vautrer dans les délicieuses boues du populisme, cette fange
ultra-toxique pour la démocratie dont ils sembleraient maintenant parfaitement
s’accommoder. Un chose est sure, République et Républicains n’ont plus guère de
choses en commun.
Gérard Collomb, Monsieur Brun s’en retourne à Lyon
Marcel Pagnol a dépeint dans sa trilogie ce personnage
pittoresque, philosophe, toujours prompt à apaiser les tempêtes qui agitent le petit monde marseillais de Rive Neuve dans un verre
de Mandarin Citron. Lyonnais,
il l’était et le restait contre vents et marégraphe, même si ses affaires l’avaient
porté dans ce port méditerranéen à l’esprit aussi étroit qu’il a le coeur
large. C’est dans le même esprit que Monsieur Collomb, digne défenseur du sabaudet et de la cervelle de canut a déserté son Rhône familier pour la Seine lointaine, empressé qu’il était de faire
allégeance à ce jeune empereur dont il avait en quelque sorte été le Pygmalion.
Alors même qu’il avait dépassé de près de 10 ans l’âge légal de la retraite et
dont le confortable mandat d’élu de la 3ème ville de France lui assurait le statut fort enviable et
respectable de grand notable, vénéré comme un ancien préfet romain et jouissant
de prérogatives dignes d’un prince, il avait cru pouvoir s’enfoncer dans le
fauteuil du Ministre de l’Intérieur comme on apprécie une bonne pause, caressé
par la chaleur de braises qui se consument dans la cheminée voisine, relisant
une fois encore son inséparable Thucydide, à peine dérangé par l’écho feutré
des sonneries et des messageries parasitant jour et nuit les bureaux voisins.
Tout aurait dû si bien se passer, la semaine à Paris et le Week-End à Lyon.
Sauf qu’un bug est venu perturber le ronronnement de la machine. Un monsieur Benalla,
jeune inconnu qui avait retenu l’attention du jeune président avait surgi comme
l’étoile montante de la sécurité élyséenne. Notre Lyonnais crut d’abord a une
mauvaise blague mais lorsqu’il lui fallut couvrir les débordements parapoliciers de
ce dernier, il dût se rendre à l’évidence qu’il avait en fait été trompé
sur la marchandise. A partir de là, le fauteuil devint pour lui une vraie planche
à clous. Le président s’était émancipé sans reconnaissance malgré tout le
travail qu’il avait accompli pour l’amener là. Devenu ombrageux et plus vouté
que jamais, notre premier flic de France se souvint tout à coup que ce n’était
pas à Lyon qu’on aurait osé lui infliger pareil camouflet. Pris d’une brûtale
nostalgie, il n’eut bientôt plus que l’envie de fuir dans l'urgence cette Place
Beauveau devenue un épouvantail et pire encore le symbole de l’ingratitude du jeune
homme qu’il avait un an plus tôt élevé au pinacle.
Dans la précipitation, il
lance sa démission, sans souci des conséquences. Après tout, on l’a bien lâché
pour Benalla, pourquoi n’aurait-il pas à son tour droit à sa petite vendetta. Bravant l’autorité du président, n’écoutant
que son ressentiment, il se casse à Lyon par le premier TGV, laissant en plan
secrétaires, courriers, rendez-vous, agendas, réunions, missions,
responsabilités. C’est ce qu’on appelle couramment « filer à la Lyonnaise »
et que dans toute entreprise digne de ce nom, on qualifierait d’abandon de
poste.
Prêt à se sacrifier pour le président?! Prêt plutôt à lui
rendre la pareille. Las de la vie parisienne et de ses intrigues balzaciennes,
notre ex-ministre est rentré précipitamment à la maison choisissant de
redevenir enfin le premier à Lyon. Preuve en est qu’il ne fait pas bon être le
second à Rome, ni à Paris.
François Hollande, Mickey premier ministre
Fier d’avoir tourné le dos à ses promesses électorales. Fier
d’avoir trompé son électorat. Fier d’avoir anéanti la Gauche qui l’avait porté
au pouvoir. Fier d’avoir atteint le comble de l’impopularité. Fier de ne pas
avoir osé défendre son bilan devant les Français. Fier d’avoir fait perdre à la
France son rayonnement à l’étranger. Fier de tous ses échecs et de ses mauvais
choix.
Seule réussite, le mariage pour tous. Beau résultat pour quelqu’un
qui croit si peu en l’institution que lui-même n’a jamais voulu se marier.
Lui, Président, aurait surtout dû tenir sa langue, ce dont
il s’est montré incapable. Mais fort d’avoir été à l’origine du quinquennat le plus
calamiteux de la 5ème République, il s’attribue aujourd’hui, non
sans vergogne, le rôle de donneur de leçon présidentielle. Sa dernière saillie,
supprimer le premier ministre, une fonction qui selon lui ne représente plus rien ! Ses anciens collaborateurs apprécieront, MM
Ayrault, Valls et surtout Cazeneuve. Mais pourquoi n’a-t-il pas brigué un
second mandat avec autant de bonnes idées pour sauver le pays ? Patience, ce
sera en 2022 avec un PS revitalisé. Le retour de Pisistrate ! Ben voyons !
Remaniement ministériel
Tandis que MM Ciotti et Jacob s’époumonent à démontrer que
la France n’est plus gouvernée, que le pays sombre dans la crise, que c’est du
jamais vu depuis Adam et Eve (et encore, les textes n’évoquent aucun cataclysme
semblable), le gouvernement affiche de la sérénité ; Le Conseil des
Ministres a eu lieu comme chaque mercredi, le Président est parti pour deux
jours en Arménie. Et toujours pas de Ministre de l’Intérieur. C’est terrible.
Enfin, c’est pour le moins peu respectueux pour Edouard Philippe qui assure l’intérim,
comme s’il comptait pour du beurre. A entendre les Républicains, la police reste
confinée dans ses commissariats et la gendarmerie dans ses casernes, faute de
missions au moment où les voyous se déchaînent et où la France est mise à feu
et à sang. Cela me rappelle que la Belgique est restée plusieurs mois sans
gouvernement et que le pays n’a pas pourtant été englouti dans le chaos. Il ne
s’en serait, au contraire, pas si mal porté que cela. L’exécutif prend son temps,
redevenant en quelque sorte le maître des horloges. Que l’opposition s’impatiente
paraît d’autant plus paradoxal qu’en désaccord avec le gouvernement, quoiqu’il
dise ou qu’il fasse, à quoi peut lui servir de savoir qui sera le prochain
ministre, à moins peut-être de voir, une fois de plus, ses rangs désertés par
un des siens. C’est peut-être la vraie raison de tant de fébrilité, euh !
d’inquiétude.
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