Le temps de l'insouciance. Il y a un an, un siècle, une éternité |
Voilà qu’on se met à regretter l’inversion annoncée de la courbe du chômage qui
n’a jamais eu lieu, les lamentables opérations de restauration de l’ordre républicain
comme à Notre Dame des Landes, Sivens avec « l’assassinat » d’un
militant pacifiste ou l’Hôpital Necker et ses scènes dignes d’une nuit de
cristal. Voilà aussi qu’on regrette le tirage au sort à l’entrée de
l’Université préférant le hasard du chapeau à l’injustice de l’orientation selon
les compétences.
Voilà qu’on regrette déjà Léonarda, la rue du Cirque, le
« ça va mieux », enfin tout ce qui nous a exaspéré lors du précédent
quinquennat. On a affirmé que François Hollande avait signé sa perte en n’ayant
pas fait ce qu’il avait promis lors de sa campagne, mais voilà qu’on reproche à
présent à son successeur de suivre à la lettre ce qu’il a énoncé dans son
programme.
Etrange paradoxe qui fait de la France un pays vraiment à part et
pas nécessairement dans le bon sens. Emmanuel Macron l’avait reconnu, les
Français détestent les réformes, avait-il déclaré, parlant plutôt de
transformer ce fichu pays. Le voilà qui mesure désormais jour après jour la
difficulté de changer ce petit monde de ronchonneurs habitué à perdre, véritable
parangon de la "loose" selon Yannick Noah, obnubilé par la sauvegarde du matelas
illusoire de ses acquis d’un temps révolu, à l’abri derrière les murs de l’Etat
providence.
Face à un monde en pleine ébullition, où les menaces et les dangers
grignotent chaque jour un peu plus nos confortables routines et nos petits
avantages au risque de faire couler le rafiot sur lequel nous sommes embarqués,
le président de la France n’a eu d’autre choix que de relever un colossal défi,
allant si besoin à la confrontation là où ses prédécesseurs avaient choisi le
compromis du carnet de chèque et la stratégie mortifère de l’autruche.
Mais
cela ne suffit pas dans la mesure où il reste aux yeux de certains marqué par
le sceau de la trahison.
Illégitime, il l’est donc, car sans parcours politique
préalable, sans parti, sans passé d’appareil, il constitue une hérésie pour
tous ceux qui ont peiné des années durant à se faire une place dans la
hiérarchie. Pire, il a fréquenté le monde de l’argent, et cerise sur le gâteau,
a travaillé pour la banque Rotschild, un nom qui donne toujours des « haut
le cœur » à une frange de cette bonne vieille nation française, jadis
dreyfusarde, aujourd’hui antisioniste, mais surtout pas antisémite, enfin, pas
officiellement. Dans ce registre, l’élection d’Emmanuel Macron est donc, comme
on l’entend quotidiennement, une imposture, une usurpation. Sa mise à la porte,
son renversement sont de toute évidence la mission incombant à un peuple floué,
abusé, trompé, spolié dans le but de restaurer l’ordre naturel de la
république.
Pour ses opposants les plus virulents, l’imposture dont il s’est
rendu coupable en s’emparant du pouvoir avec, comme ils se plaisent à le
rappeler, seulement 25% des voix et surtout 12% des inscrits, soit une part négligeable
du corps électoral, rend d’autant plus impérative, voire sans délai sa
déchéance. Pendre son effigie au bout d’une corde avant d’y mettre le feu,
suggérer de l’assassiner, de le faire sauter, de le guillotiner, ou tout
bonnement de lui faire sa fête, tels sont les arguments utilisés sans retenue
et sans réserve à l’encontre de celui que l’on considère comme un voleur
d’élection, un président par effraction qui ne mérite qu’un châtiment à la
mesure du crime de lèse-république qu’il a commis.
Sidérée par le verdict des urnes, s’étant sentie humiliée
par l’arrivée au pouvoir d’un novice en politique, cette bulle insignifiante qui
faisait sourire en son temps Roselyne Bachelot tant, selon elle, le vide
qu’elle incarnait se traduirait à la fin par un pitoyable pschitt, la classe
politique traditionnelle n’a dès lors eu de cesse d’obtenir une revanche
sanglante. Dans le registre de l’opposition à tout crin, la France Insoumise a
décroché le pompon. Prétendument frustrée d’avoir été privée d’une victoire à
la Présidentielle pour quelques 600 000 voix, un petit rien, elle veut
désormais croire que son échec dans les urnes peut se transformer en victoire
dans la rue.
L'alliance bolivarienne, le gouffre promis en cas de victoire de LFI No comment |
Dès lors, tout est bon pour s’attaquer à sa politique. Les
opportunités que lui offrent les divers conflits du moment et les cinquante ans
de mai 68 sont autant de ballons d’oxygène pour les Insoumis. Ils se mettent
même à y croire. Après une première insurrection avortée en septembre dernier,
la mayonnaise de la révolution est en train de prendre, la déferlante humaine
est programmée pour le 26 mai.
A ce rythme, l’Elysée, ce sera pour juin. Et
alors la France baignera dans le bonheur, fut-ce malgré elle. Ce sera la fête à
tous les étages. Macron sera arrêté et traduit devant un tribunal d’exception
pour haute trahison.
Citoyens, le ci-devant Macron s'est rendu coupable de haute trahison. Votre verdict : "La Mort!", "La Mort", "La Mort", "La Mort", "La Mort par pendaison, comme un illettré qui n'est rien!" |
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