mercredi 16 mai 2018

Les urnes moins légitimes que la rue ?

Le temps de l'insouciance.
Il y a un an, un siècle, une éternité
Qu’il est déjà loin le temps de François Hollande, si loin même qu’on en parlerait presque avec un brin de nostalgie comme du bon vieux temps.
Voilà qu’on se met à regretter l’inversion annoncée de la courbe du chômage qui n’a jamais eu lieu, les lamentables opérations de restauration de l’ordre républicain comme à Notre Dame des Landes, Sivens avec « l’assassinat » d’un militant pacifiste ou l’Hôpital Necker et ses scènes dignes d’une nuit de cristal. Voilà aussi qu’on regrette le tirage au sort à l’entrée de l’Université préférant le hasard du chapeau à l’injustice de l’orientation selon les compétences. 
Voilà qu’on regrette déjà Léonarda, la rue du Cirque, le « ça va mieux », enfin tout ce qui nous a exaspéré lors du précédent quinquennat. On a affirmé que François Hollande avait signé sa perte en n’ayant pas fait ce qu’il avait promis lors de sa campagne, mais voilà qu’on reproche à présent à son successeur de suivre à la lettre ce qu’il a énoncé dans son programme. 
Etrange paradoxe qui fait de la France un pays vraiment à part et pas nécessairement dans le bon sens. Emmanuel Macron l’avait reconnu, les Français détestent les réformes, avait-il déclaré, parlant plutôt de transformer ce fichu pays. Le voilà qui mesure désormais jour après jour la difficulté de changer ce petit monde de ronchonneurs habitué à perdre, véritable parangon de la "loose" selon Yannick Noah, obnubilé par la sauvegarde du matelas illusoire de ses acquis d’un temps révolu, à l’abri derrière les murs de l’Etat providence. 
Face à un monde en pleine ébullition, où les menaces et les dangers grignotent chaque jour un peu plus nos confortables routines et nos petits avantages au risque de faire couler le rafiot sur lequel nous sommes embarqués, le président de la France n’a eu d’autre choix que de relever un colossal défi, allant si besoin à la confrontation là où ses prédécesseurs avaient choisi le compromis du carnet de chèque et la stratégie mortifère de l’autruche. 
Mais cela ne suffit pas dans la mesure où il reste aux yeux de certains marqué par le sceau de la trahison. 
Illégitime, il l’est donc, car sans parcours politique préalable, sans parti, sans passé d’appareil, il constitue une hérésie pour tous ceux qui ont peiné des années durant à se faire une place dans la hiérarchie. Pire, il a fréquenté le monde de l’argent, et cerise sur le gâteau, a travaillé pour la banque Rotschild, un nom qui donne toujours des « haut le cœur » à une frange de cette bonne vieille nation française, jadis dreyfusarde, aujourd’hui antisioniste, mais surtout pas antisémite, enfin, pas officiellement. Dans ce registre, l’élection d’Emmanuel Macron est donc, comme on l’entend quotidiennement, une imposture, une usurpation. Sa mise à la porte, son renversement sont de toute évidence la mission incombant à un peuple floué, abusé, trompé, spolié dans le but de restaurer l’ordre naturel de la république. 
Pour ses opposants les plus virulents, l’imposture dont il s’est rendu coupable en s’emparant du pouvoir avec, comme ils se plaisent à le rappeler, seulement 25% des voix et surtout 12% des inscrits, soit une part négligeable du corps électoral, rend d’autant plus impérative, voire sans délai sa déchéance. Pendre son effigie au bout d’une corde avant d’y mettre le feu, suggérer de l’assassiner, de le faire sauter, de le guillotiner, ou tout bonnement de lui faire sa fête, tels sont les arguments utilisés sans retenue et sans réserve à l’encontre de celui que l’on considère comme un voleur d’élection, un président par effraction qui ne mérite qu’un châtiment à la mesure du crime de lèse-république qu’il a commis.

Sidérée par le verdict des urnes, s’étant sentie humiliée par l’arrivée au pouvoir d’un novice en politique, cette bulle insignifiante qui faisait sourire en son temps Roselyne Bachelot tant, selon elle, le vide qu’elle incarnait se traduirait à la fin par un pitoyable pschitt, la classe politique traditionnelle n’a dès lors eu de cesse d’obtenir une revanche sanglante. Dans le registre de l’opposition à tout crin, la France Insoumise a décroché le pompon. Prétendument frustrée d’avoir été privée d’une victoire à la Présidentielle pour quelques 600 000 voix, un petit rien, elle veut désormais croire que son échec dans les urnes peut se transformer en victoire dans la rue.

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No comment
En fait, quoiqu’elle en dise, la France Insoumise se sent tellement bien dans l’opposition qu’elle savoure sans retenue la liberté qui lui est offerte de porter la charge contre ceux qui ont osé la priver du pouvoir qui lui revenait de droit. Profitant de ses talents de tribun, à l’instar de ses modèles revendiqués allant de Robespierre à Castro en passant par Lénine, tous inspirateurs de sa gestuelle et de sa manière à la fois autoritaire et magnanime de séduire un auditoire, Monsieur Mélenchon tire à tout va, mélangeant avec le même brio contre-vérités, éléments de langage populiste ou anticapitaliste, associant l’invective et les fake news pour ne pas dire les mensonges. Il excuse les extrémismes idéologiques voire religieux face à la soi-disant violence du gouvernement tout en justifiant la violence d’état quand il s’agit de celle de chefs d’état amis, au passage davantage des régimes autoritaires que des démocraties, en lutte contre les représentants de ce qu’il désigne comme l’Empire ( le terme qu’il a choisi en évoquant les Etats-Unis) et de ses sbires, au rang desquels la France de l’indigne Macron, l’homme à abattre. 
Dès lors, tout est bon pour s’attaquer à sa politique. Les opportunités que lui offrent les divers conflits du moment et les cinquante ans de mai 68 sont autant de ballons d’oxygène pour les Insoumis. Ils se mettent même à y croire. Après une première insurrection avortée en septembre dernier, la mayonnaise de la révolution est en train de prendre, la déferlante humaine est programmée pour le 26 mai. 
A ce rythme, l’Elysée, ce sera pour juin. Et alors la France baignera dans le bonheur, fut-ce malgré elle. Ce sera la fête à tous les étages. Macron sera arrêté et traduit devant un tribunal d’exception pour haute trahison. 
Citoyens, le ci-devant Macron s'est rendu coupable de haute trahison.
Votre verdict : "La Mort!", "La Mort", "La Mort", "La Mort", "La Mort par pendaison, comme un illettré qui n'est rien!"
 En route pour la 6ème République avec l’élection d’une Assemblée Constituante dont la France Insoumise obtiendra la majorité absolue, très absolue, l’opposition ayant été mise sous tutelle. Et après ? après, les usines aux ouvriers, les entreprises aux salariés, les syndicats devenus les commissariats du peuple, les patrons à la lanterne, les biens confisqués au nom de l’Etat, les milices populaires et religieuses, une rupture fracassante avec l’Europe, les règlements de compte, l’armée, les manifestations réprimées, les charges féroces des commandos russes appelés en renfort, des morts, encore des morts, la pénurie, plus d’Euros, plus rien. les Européens qui vivaient en France ont fait leurs bagages, alors partir, vite partir, impossible, les contrôles à la frontière, les Belges, les Allemands, maintenant les Italiens, on ne passe plus, l’arrestation, le camp …… un peu plus tard à la radio, le chef de l’Etat annonce en direct de Caracas qu’il instaure un état d’exception, la Terreur en souvenir de nos grands héros St Just et Fouquier-Tinville. Il se montrera, dit-il, impitoyable envers les ennemis de la Révolution, ce sera la mort, une détonation, et puis le noir………Non, il est temps de mettre fin à tout ça, ce cauchemar doit s’arrêter. Je me réveille traumatisé par ces dernières images. Il est 4 heures du matin, j’allume la télé, angoissé. On annonce qu’Air Macron One va bientôt se poser à Sydney. Ouf, j’ai cru un moment, mais non, l’enfer attendra.

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